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juridiction du chapitre, dans la vacance des siéges, concentrée en la personne d'un seul et unique grandvicaire, comme cela se pratique dans l'Eglise d'Italie. Car si la vacance pouvoit se prolonger, il seroit contre toutes les règles d'une bonne administration d'admettre un ordre de choses en France qui, loin de concentrer l'autorité dans le gouvernement du diocèse, la diviseroit entre plusieurs. On sait trop combien cette division de pouvoir affoiblit l'autorité, et entraîne avec elle de graves inconvéniens, le pire des maux dans un gouvernement quelconque étant d'en multiplier les chefs. Il n'y a que les hommes qui n'ont jamais traité des administrations qu'en théorie qui puissent en douter. On souhaiteroit encore que l'unique grand-vicaire ne fut pas révocable à la volonté du chapitre, et ne fut pas ainsi à la merci d'un corps qui pourroit, sur des plaintes légères ou mal fondées, l'éloigner. Pour faire le bien, il faut être long-temps en place, et pouvoir compter sur son autorité.

Ce Mémoire sur les administrations capitulaires paroît composé par un homme instruit de la matière. II est écrit d'ailleurs avec vigueur, et l'auteur a même quelquefois des mouvemens très-heureux. Je jugerois que s'il n'a pas encore beaucoup écrit, il est du moins fort en état d'écrire, et qu'il joint au zèle et aux connoissances de son état, le talent de la discussion et une logique pressante. Nous n'entrerons pas avec lui dans le fond de la question; mais nous croyons que, quelque opinion que l'on ait, à cet égard, on lira avec intérêt ce Mémoire, qui, s'il est prononcé, est du moins sage, mesuré et instructif, et qui présente des détails peu connus.

H.

Le Tour du Cercle, ou Tableau de nos malheurs et de nos crimes (1).

la

Une révolution imprévue change tout à coup face de l'Europe. Le François étonné regarde, en frémissant, le profond abîme qui menaçoit de l'engloutir, et qu'une main secourable vient de fermer. Le colosse tombé, tout le monde s'abandonne à la joie, au besoin d'exprimer ses sentimens; et pendant trois mois, Paris est inondé d'une multitude d'écrits qui se succèdent rapidement. Mais, comme il arrive à des ouvrages de circonstance, tous se ressemblent un peu, parce que tous ont la même chose à dire, parce qu'il n'est qu'un vou, qu'un sentiment dans tous les cœurs. Parmi cette prodigieuse quantité d'écrits, on en trouve fort peu cependant qui méritent de survivre à l'époque qui les a vus naître. L'attrait de la nouveauté disparoît bientôt, et le mérite réel peut seul se faire distinguer de la foule.

L'ouvrage dont nous allons parler est de ce petit nombre. L'auteur parcourt les divers événemens qui ont agité la France depuis le règne de Louis XVI, jusqu'au retour des Bourbons. Il parle d'abord de ceux qui, éblouis de l'éclat éphémère d'une fausse gloire encouragèrent, par des dangereuses louanges, l'ambition funeste d'un conquérant; puis il entre en matière, et présente un tableau fidèle de la France dans le temps de ses crimes et de ses malheurs; mais c'est

(1) Brochure in-8°.; prix, 1 fr. 25 cent. A Paris, chez Le Normant, rue de Seine; et au bureau du Journal.

sur les vertus de Louis XVI qu'il s'arrête principalement. Ce sont ses longues souffrances et celles de son auguste famille, qu'il retrace avec ces vifs sentimens qui naissent d'une ame fortement émue et pénétrée de son sujet.

Je suis persuadé que l'auteur est un excellent citoyen, un François digne de ce nom, fermement attaché à la cause de ses Rois, et prêt à les servir autrement que de sa plume. On pourroit en quelques endroits reprendre des inégalités ou des incorrections de style. Mais c'est l'épanchement du cœur, et le cœur ne sauroit juger sévèrement ce qui en part. L'auteur paroît d'ailleurs sincèrement religieux, et fait remarquer l'action de la Providence dans les événemens dont nous avons été témoins.

B...s.

Réflexions d'un propriétaire françois sur la liberté de la presse. Brochure.

Nous faisons d'autant plus volontiers mention de cette courte brochure, qu'elle nous a paru rédigée dans un très-bon esprit, et que nous avons quelque regret de n'avoir encore rien dit sur un sujet qui exerce si fort en ce moment tous les esprits, et qui fait naître tant d'écrits contradictoires. Nous aurions dû peutêtre aborder aussi cette grande question, et l'envisager sous les rapports sous lesquels on ne paroît pas considérer assez; savoir, sous les rapports de la religion, de la morale, de l'ordre social et politique. Il nous semble que la plupart de ceux qui ont traité cette matière, se sont mis à côté de la question. On s'est jeté sur les idées libérales, sur les inconvéniens du despotisme, sur les dangers de l'arbitraire. Nous

la

ne voyons pas trop ce que tout cela prouve en faveur d'une liberté illimitée de la presse. N'y auroit-il donc aucun milieu entre deux excès, et seroit-il vrai, comme l'a dit un partisan de la liberté dans toute son étendue, qu'il fallut ou permettre ou fusiller! Nous avouons que nous sommes persuadés qu'un gouvernement sage et ferme sauroit éviter ces deux extrêmes. Il y a, Dieu ya, merci, bien des degrés entre la licence et le despo

tisme.

L'auteur de cette brochure nous paroît avoir des idées saines sur la question qui nous occupe. C'est non-seulement un bon citoyen, plein de respect et de confiance pour son Roi; c'est encore un politique éclairé par l'expérience, et qui appelle le passé à notre secours pour nous guider. Il gourmande un peu les publicistes modernes. Quand il y auroit un peu de vivacité dans la forme, il nous semble avoir toute raison pour le fond, et nous nous rangeons de son avis à cet égard, dussions-nous passer pour illibéraux. Nous pourrons donner quelque jour des considérations sur cette matière délicate et importante.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Comme il paroît que quelques journaux étrangers ont parlé d'une manière peu exacte de ce qui s'est passé ici, et de l'esprit qui anime le gouvernement pontifical, nous avons cru que vous verriez avec plaisir quelques détails sur les principaux actes de ce gouvernement. Ils respirent la sagesse et la modération, en même temps que l'attachement aux règles et aux principes, et ils peuvent servir à réfuter les détracteurs de la religion et du clergé. S. S., en rétablissant l'ordre, a constam

de

ment montré pour les individus les ménagemens d'um père bien plus que la sévérité d'un maître. Elle s'est contentée des rétractations de ceux qui avoient fait quelque acte contraire à son autorité. Dès le 8 avril dernier, se trouvant alors à Imola, où le saint Père a été précédemment évêque, il fit connoître que ceux qui auroient pris part à l'usurpation, devoient souscrire à une déclaration qui leur seroit remise. Le 24 avril, étant à Césène, il annonça qu'il ne recevroit point à son audience les évêques de Citta della Pieve, de Pérouse, de Narni, Civita Castellana, d'Anagni, ainsi que les ecclésiastiques qui auroient tenu la même conduite que ces prélats. IL leur ordonna de se rendre à Rome et d'y attendre ses ordres. Mr. Atanasio, pro-vice-régent de Rome, qui avoit prêté le dernier serment, et concouru à beaucoup de mesures en faveur de l'usurpation, a publié, le 16 avril, une déclaration où il manifeste son repentir, et se soumet à ce qu'on ordonnera de lui. L'abbé Casolini, qui avoit aussi accepté des places, et montré même quelque zèle à servir la cause de l'ennemi de l'Eglise, a fait imprimer une rétractation très-précise et très-circonstaneiée. M. le due de Sora ayant fait offrir au Pape de lever 700 hommes pour son service, et de lui ériger une statue, S. S. l'a fait remercier de son zèle; mais elle n'a accepté ni l'une ni l'autre de ses offres. Les constitutions apostoliques et la modestie du saint Pères'opposoient à l'érection d'une statue en son honneur; et quant à la levée proposée, il en abandonnoit le soin au colonel Bracci, qui lui a montré une si constante fidélité, et qui a recouvré sa place auprès de lui. Par une proclamation du 4. mai, il défend aux particuliers. de faire aucune recherche sur le passé, et se réserve de statuer sur les coupables.. Un rescrit du cardinal-vicaire, della Somaglia, enjoint aux ecclésiastiques qui auroient quitté l'habit de leur état, de le reprendre. En même temps un édit de Mr. Rivarola, délégué du Pape à Rome, abolit le Code Napoléon, et rétablit tous les anciens tribunaux

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