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dans leurs attributions respectives. Il supprima également les nouveaux impôts, et remit en vigueur ceux qui étoient précédemment en usage. Il créa une commission chargée de rendre aux cardinaux, évêques, chapitres, etc., leurs biens non- aliénés. Cette même commission étoit chargée de faire payer aux religieux des deux sexes, dans le courant de mai, deux mois de la pension qui leur avoit été assignée. On leur défendoit de reprendre leur habit, S. S. se réservant de prendre un si important objet en considération, lorsqu'elle seroit de retour à Rome. Le 23 mai, à l'occasion de l'entrée du souverain Pontife dans sa capitale, il ordonna au Montde-Piété de rendre sans frais tous les gages jusqu'à la somme de 5 paoli (3 livres à peu près), et chargea en même temps les curés de distribuer des aumônes aux pauvres de leurs paroisses. On sait combien son entrée dans Rome fut marquée par les éclats de la joie du peuple. L'ivresse des Romains continua après ce premier moment, et n'est pas même encore calmée. Toutes les fois que S. S. sort, elle est l'objet des acclamations les plus vives. Le jour de la Pentecôte, elle assista à la messe solennelle dans la chapelle Sixtine au palais du Vatican, et donna la bénédiction papale au peuple. Elle ordonna qu'en actions de grâces le saint Sacrement fut exposé les 3, 4 et 5 juin dans la Basilique de Saint-Jean de Latran, et les trois jours suivans dans celle de SainteMarie Majeure. La Fête-Dieu fut célébrée avec une pompe signalée, et le saint Père donna lui-même dans la Basilique du Vatican la bénédiction du saint Sacrement. Depuis il a été constamment occupé de tous les détails qu'exige la situation des affaires. On a intimé l'ordre aux ecclésiastiques qui avoient prêté le dernier serment de le rétracter, faute de quoi ils seroient suspens à divinis, et depuis il a été accordé un sursis pour ceux qui n'auroient pas encore fait cet acte de soumission. L'affluence des demandes ayant empêché d'effectuer le paiement de la pension promise aux religieux

des deux sexes, on leur annonça qu'on les solderoit le 6 juin. Tous les tribunaux ont repris successivement leurs fonctions. Le 21 juin, celui du gouvernement a été réinstallé. Mr. Orengo, auditeur civil, et le lieutenant civil Pierdonati, y ont repris leur place. L'attention de S. S. s'est principalenient portée sur les biens ecclésiastiques, que la cupidité de l'usurpateur avoit envahis. Les débiteurs de rentes et loyers appartenant aux églises ont eu ordre d'acquitter leurs dettes. Les agens et receveurs des couvens et chapitres ont été chargés de présenter l'état des biens aliénés et de ceux qui ne l'étoient pas. Les receveurs de ces biens ont été aussi sommés de rendre leurs comptes. On avertit tous les cardinaux, prélats et autres, qui auroient des biens à réclamer, de le faire, et il a déjà été publié quatre listes de réclamans. S. S. se propose d'accorder des indemnités à ceux de ses sujets qui ont été le plus lésés dans la liquidation des dettes. Elle a nommé une commission chargée de lui présenter un travail sur le rétablissement des ordres religieux. On croit qu'il y aura des réformes à cet égard, et qu'il sera convoqué un chapitre composé des différens chefs d'ordre, et présidé par un membre du sacré collége. Les Juifs ont reçu des ordres très-sévères pour se renfermer, comme autrefois, dans leurs quartiers. Telles sont, en abrégé, les principales mesures qu'a prises le gouvernement. Tel est l'esprit qui l'anime. Il n'y a rien là qui ne soit une nouvelle preuve de la sagesse, de la modération et de l'esprit de paix qui a dicté toutes les démarches du souverain Pontife depuis ses malheurs.

-S. S. a éprouvé quelque incommodité, et a gardé ses appartemens pendant quatre ou cinq jours. Elle est mieux en ce moment, et tout fait croire que cet état d'indisposition n'aura point de suites fàcheuses.

FERMO. Le jour de la Pentecôte, S. Em. le cardinal César Brancadoro, archevêque de cette ville, a officié pontificalement dans son église métropolitaine. Il a en

même temps prononcé un discours, où il a retracé les grands bienfaits de la Providence dans les derniers événemens. Il a félicité ses diocésains de la constance et de l'attachement que la plupart ont témoignés, et a parlé avec modération de la foiblesse de ceux qui n'ont pu tenir tête à l'orage. Il a fini son homélie par des exhortations chrétiennes à ses auditeurs. Le retour de S. Em. dans son diocèse a fait un grand plaisir dans ce pays, qui a souffert beaucoup de la dernière persécution, et qui n'est même pas encore totalement affranchi des suites de la guerre.

PARIS. Bien des personnes désireroient que, dans un moment de restauration et de restitution générale, on rendit aux églises les monumens qui leur appartiennent, et qu'on en a enlevés, pour les accumuler dans le Musée dit des Petits-Augustins. Ces monumens étoient faits pour la place où on les avoit mis, dans les lieux qui les possédoient originairement. Ils sont déplacés dans le dépôt actuel. C'est à Saint-Sulpice que j'aimerois à voir M. Languet. Sa place est dans l'église qu'il a su terminer. La Sorbonne redemande Richelieu qui l'a bâtie. Les paroissiens de Saint-Eustache se réjouiroient de voir Colbert revenir parmi eux. Ces monumens, et beaucoup d'autres, sont des monumens religieux, et leur place est conséquemment dans nos églises et non dans un lieu profane ou devenu tel. Ils excitent à la prière en même temps. qu'ils font naître l'intérêt et la curiosité. Ils inspirent un sentiment de religion. On veut voir autour d'eux le recueillement. Le bruit des voix et la conversation des spectateurs trouble, en quelque sorte, la paix de ces illustres morts. Suivons leurs dernières volontés. Rendons-les à ces églises, où ils ont voulu laisser leurs cendres. Que la piété aille prier à leurs tombeaux. Que leurs familles puissent y porter leur hommage. Cette restitution avoit déjà été demandée sous le dernier gouvernement, et un ami des arts l'avoit réclamée sous le seul rapport des convenances et du goût. Nous y joignons aujourd'hui d'au

tres motifs non moins puissans, et nous sommes persuadés que le gouvernement accueillera les demandes qui lui seront faites à cet égard. Déjà on dit que plusieurs églises se disposent à porter leurs réclamations au pied

du trône.

-Mr. della Genga, archevêque de Tyr, et nonce extraordinaire en France, a été grièvement malade. S. Exc. a reçu les sacremens de l'Eglise. Depuis, son état s'est amélioré. Non-seulement tout danger est passé mais on espère une heureuse et prompte convalescence.

- M. l'ancien évêque de Saint-Malo est arrivé, le 23 juillet, à Rome, et a déjà eu plusieurs conférences avec le cardinal secrétaire d'Etat. On s'attendoit qu'il auroit incessamment une audience du saint Père.

- Un ordre du Roi met à la disposition du séminaire métropolitain de Paris, les bâtimens non vendus qui appartenoient au séminaire de Saint-Sulpice, et qui sont déjà occupés par quelques élèves.

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TOURS. Par une ordonnance du 1°. juillet, M. l'archevêque a ordonné de rétablir la procession et les prières qui étoient autrefois en usage à la fête de l'Assomption. Il a rétabli également, pour son diocèse, l'usage du Catéchisme publié autrefois par M. de Conzié. Il remarque que, dès le 1. juin 1807, où il ordonna de se servir du Catéchisme approuvé par le cardinal-légat, il avoit annoncé que, d'après les remarques qui lui seroient transmises par les pasteurs les plus éclairés, il s'occuperoit de la réforme des omissions, longueurs et autres défauts qui se rencontreroient dans cet ouvrage. Ce travail, dit le prélat, étoit très-avancé; mais il devient inutile aujourd'hui. M. l'archevêque exhorte d'ailleurs de nouveau les pasteurs à se conformer aux règles que leur avoit tracées M. le cardinal de Boisgelin, dans son Mandement, du 2 juin 1804, sur l'instruction chrétienne.

BEAUVAIS. Dans le discours prononcé ici devant MM. les gardes du corps, par M. le vicaire-général d'A

t

miens, à la cérémonie du Te Deum pour la paix, on a remarqué le passage suivant, qui a paru surtout faire plaisir à la jeunesse guerrière à laquelle il s'adressoit :

<< Tandis que les descendans de saint Louis, miraculeusement rétablis sur son trône, nous rapportent la foi et la piété de ce saint monarque, et vous aussi, Messieurs, faites revivre les vertus de vos ancêtres. Avec les foibles débris de votre antique patrimoine, vous serez assez riches, si vous recueillez en entier cette portion de leur héritage.

Ce n'est pas que, séduit par le prestige attaché à l'ancienneté des noms ou des temps, je prétende que les vertus de vos aïeux furent exemptes de tout mélange d'erreur et de foiblesse. Nul siècle n'a eu le privilége de ne payer aucun tribut à l'imperfection de notre nature : mais du moins les penchans de cette nature corrompue trouvoient un contrepoids dans les principes profondément gravés d'une éducation chrétienne; mais du moins on ne calomnioit pas la loi qu'on avoit le malheur d'enfreindre; on ne blasphemoit pas le Dieu qu'on négligeoit de servir: mais, au milieu des orages des passions, on ne fermoit pas les yeux à cette lumière céleste qui nous en fait apercevoir les écueils, et qui nous montre la planche salutaire après le naufrage: on n'abandonnoit pas la foi qui nous révèle toute notre destinée; la foi, don ineffable sans lequel la vie n'a plus d'objet, la mort plus de consolation: on étoit pécheur, en un mot, et on n'étoit pas impie. J'en atteste ces fidèles et valeureux chevaliers, tige glorieuse de ces anciennes races dont plus d'un rejeton fait l'ornement de cet auditoire. Que ne puis-je les évoquer de leur tombe! Que ne m'est-il donné de faire apparoître à vos regards l'élite de la noblesse françoise le genou en terre, dans les plaines de Bouvines, invoquant avec ferveur la protection du Dieu des armées, recevant avec une pieuse simplicité la bénédiction de son Roi, et transportée d'une ardeur religieuse et guerrière, se signalant par une victoire tellement disputée, tellement mémorable, que seule elle eût suffi pour rendre à jamais célèbre le règne de Philippe-Auguste. Que j'aimerois à vous montrer de règne en règne, depuis le siècle de Charlemagne jusqu'au siècle de Louis-le-Grand, la bravoure et les vertus chrétiennes réunies dans des hommes que l'antiquité païenne se fat honorée de compter parmi ses héros et parmi ses sages. Qu'il me seroit doux de vous peindre la foi vive, la naïve piété d'un Duguesclin, dan Bayard, d'un Crillon, et de vous retracer les exemples éclatans d'un Condé, d'un Turenne, d'un maréchal de Villars » !

BOURGES. Les grands-vicaires de ce diocèse ont publié un Mandement, pour ordonner une messe d'actions de grâces et un Te Deum à l'occasion du retour du Pape dans ses Etats. Ce Mandement respire l'attachement au Saint-Siége et au Pontife vénérable qui l'occupe, et qui, par ses malheurs et ses vertus, a été un spectacle

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