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gouvernement moral de Dieu et du divin caractère, ainsi | Oh! alors, que dirons-nous de cette haute et sublime imque de son jugement sur le caractère de l'homme. Evi- pression que l'homme doit se former du caractère de demment ceci était adressé à leurs sentimens moraux; et Dieu ? Quel est le cœur en état de concevoir la ferveur de la justesse de l'impression produite sur leurs esprits, par cet amour avec lequel Dieu a tant aimé le monde, qu'il a conséquent la rectitude de leur foi, dépendait entière- donné pour lui son fils unique? Quelles notions avonsment de la condition où se trouvaient en eux ces senti- nous ou de péché ou de justice qui puissent nous rendre mens. S'ils n'avaient aucun sentiment de ce genre, il leur capables de recevoir une impression juste de la nécessité était impossible de croire à rien. Et, en proportion de la du sacrifice du Christ, afin que le pardon de l'homme force et de la pureté de ces sentimens moraux, existait pût être concilié avec la dignité de Dieu? Aucun esprit la justesse de leur compréhension et de leur foi sur le créé ne peut recevoir l'impression complète du divin casujet. Ainsi nous voyons que leur situation, par rapport ractère; le plus élevé des archanges ne peut voir la croix à la connaissance de l'Évangile, ne différait pas beau- de Jésus-Christ, ainsi que Dieu la voit lui-même : comcoup de la nôtre propre. Dans les deux cas, cette con- bien l'homme le peut moins encore, l'homme qui n'est naissance porte un certain caractère de proportion avec qu'un ver faible et rampant! La foi parfaite, dans une la direction et la force des sentimens moraux. histoire, de qualités morales de la plus haute excellence, suppose des facultés morales au degré le plus élevé de puissance et d'exercice, car il est impossible à des facultés qui ne seraient point dans cet état d'en recevoir l'impression d'une manière quelque peu correcte.

Un esprit sanctifié est disposé à recevoir les impressions saintes, un esprit non sanctifié est disposé à les rejeter, ou, pour mieux dire, il est incapable de les recevoir.

Il y a beaucoup d'ignorance et d'illusion volontaire dans l'étonnement exprimé si souvent de l'infidélité des Juifs. Ceci réclame de nous une considération sérieuse. Les Juifs ont cru ce qu'ils voyaient; ils ne pouvaient s'empêcher de le croire. Ils ont dit : « Cet homme fait « nombre de miracles; » mais ils ne croyaient pas à l'esprit et à l'intention de ce que faisait le Sauveur, et c'était là le point essentiel. Il en peut être et il en est ainsi avec un grand nombre d'entre nous. Maintenant, Ainsi, supposons qu'un ange ait été jusqu'ici dans supposons que les sens extérieurs d'un homme soient ca- l'ignorance de l'œuvre d'expiation; supposons que l'Épables de recevoir et qu'ils reçoivent actuellement une vangile soit en même temps et pour la première fois impression de ce fait dans la divine nature qu'on appelle | révélé à lui et à un pécheur endurci, quelle différence la doctrine de la Trinité, cet homme, avec une impres- dans la manière dont ils recevront l'Évangile et dans sion semblable toute récente encore, pourrait être en les sentimens qu'il excitera en eux! Avec quelle humble réalité un socinien tout comme auparavant, car l'esprit et reconnaissante joie, l'Etre saint applaudira et croira à et le sens de la doctrine se trouvent dans l'énergie de ce cette nouvelle et glorieuse manifestation du caractère de saint amour qui sauve le monde de sa ruine par le moyen son divin père ! Et plus il s'arrêtera à la considérer, plus de l'expiation du Christ et du don fait par le Saint-il s'en pénétrera, plus il sentira croitre en lui l'amour, Esprit. Or, dès que ce sens n'est pas découvert et senti, peu importe le nom qu'on veut substituer à sa place. Le socinianisme alors peut être virtuellement enseigné où son nom est proscrit, et la doctrine de la Trinité défendue d'une manière très orthodoxe où son esprit est inconnu et n'est pas aimé.

Non, ce n'est pas la simple explication des faits qui est l'objet de la foi chrétienne; non, ce n'est pas non plus l'impression faite sur les yeux seulement qui peut nous mettre en rapport de communion avec Dieu. Les facultés intimes de notre âme doivent recevoir cette impression, et pour les y rendre propres, il faut qu'elles soient jusqu'à certain point purifiées. Jésus vit dans la vanité glorieuse des sentimens des Juifs un empêchement à leur croyance en ses doctrines. « Comment au«riez-vous de la foi, leur dit-il, vous qui recevez de << l'honneur l'un de l'autre et ne cherchez pas l'honneur « qui vient de Dieu seulement? (Jean, v. 44.) »

la sainteté et le bonheur. Il n'éprouvera sur ce sujet ni difficulté, ni doute; il s'en réjouira en Dieu avec une ivresse et une ardeur inexprimables. Pourquoi est-il prêt à recevoir ainsi l'Évangile, aussitôt qu'il en entend parler? Parce que ses affections ont été déjà exercées et formées par d'autres manifestations du caractère divin, et que, bien que la dernière surpasse en gloire et en sublimité les précédentes, elle ne fait néanmoins que mettre dans un jour plus éclatant des principes déjà adorés et aimés des habitans de la demeure céleste. Cette mème affection avec laquelle, depuis sa création, il a considéré Dieu, et qu'un exercice continuel a fortifiée, c'est à elle que l'Évangile s'adresse; l'Évangile ne fait que lui donner une action plus vive et l'élever à un degré de force plus éminent.

Mais quelle réception le pécheur fera-t-il à l'Évangile? Que chacun de nos cœurs réponde; combien de fois et avec quelle obstination ne l'ont-ils pas rejeté? Avant de Combien de fois n'entendons-nous pas dire dans le le connaître, l'ange était heureux, cette découverte n'a monde que « tel homme ne peut estimer le caractère de fait qu'ajouter à une félicité déjà bien grande; mais «tel autre, attendu qu'il ne comprend pas ses sentimens. >> nous qui sommes misérables, ou du moins continuelleEt il en est ainsi réellement. Une grande diversité existe ment exposés à la misère, nous qui n'avons en perspecdans les caractères humains et dans les capacités hu- tive que cette misère, si nos mérites et notre force sont maines. Dans les sentimens de quelques-uns se trouve seuls examinés, nous dont l'unique espoir de bonheur une ferveur que des esprits plus froids ne peuvent conce-repose dans l'Évangile, eh bien! avec quelle légèreté, voir et à laquelle, par conséquent, ils ne peuvent croire. quelle indifférence, peut-être même avec quel mépris

et quelle indignation n'écoutons-nous pas ce qu'il nous | prédit que Jésus-Christ sera rejeté par les Juifs : « Faites enseigne! Et quand Dieu a bien voulu, dans l'abondance « que le cœur de ce peuple soit enflé, que leurs oreilles de sa miséricorde, nous inculquer un sentiment de son << soient pesantes et leurs yeux fermés, de peur qu'ils excellence, avec quelle indolence nous en avons joui,« ne voient avec leurs yeux, n'entendent avec leurs combien nous avons été froids et oublieux dans les ex- << oreilles, ne se convertissent et ne soient soulagés dans pressions de notre reconnaissance pour une telle faveur!« le bien. (Isaïe, v. 10.) » Ce passage est cité dans le Pourquoi tout cela arrive-t-il? Quelle est l'explication Nouveau-Testament par saint Jean (XXII. 39, 40), qui de cette malheureuse et pitoyable folie? C'est que nos attribue l'incrédulité du peuple à la situation d'esprit affections ont été si habituellement dirigées vers des qu'on vient de décrire. objets contraires au caractère et à la volonté de Dieu', qu'à peine peuvent-elles ressentir l'attraction de l'objet qui leur est propre, quand cet objet vient à leur être présenté.

Les affections de l'être spirituel ont été si accoutumées à l'excitation résultant des objets qui leur sont propres, c'est-à-dire le caractère de Dieu, ses œuvres et ses voies, ainsi que Dieu lui-même les a interprétées, qu'elles n'éprouveraient aucun mouvement de la présence de tout objet impropre. Le cœur de l'ange est si plein de Dieu, qu'il rejette chaque chose opposée à Dieu; mais le cœur du pécheur endurci est à peine ému par la présence de l'objet qui conviendrait à ses affections; il est si rempli de l'idée de soi et de celle du péché, qu'il faut la main toute puissante de Dieu pour y faire entrer les choses qui se rapportent à l'éternité. L'esprit humain ressemble exactement à un miroir, en cela que les impressions ne peuvent s'y produire que par le moyen des objets correspondans, et qu'aucun effort de notre part, sans l'intermédiaire de ces objets, ne peut produire ces impressions; mais il diffère d'un miroir en ce point que, par l'habitude, il devient de plus en plus susceptible des impressions produites par certaines classes d'objets, et qu'à la fin il se refuse à en recevoir aucune autre. Observons les progrès de l'avarice, de l'ambition et du penchant à la sensualité. Les esprits depuis long-temps accoutumés aux impressions qui leur viennent des objets de ces affections désordonnées semblent, à la fin, s'abandonner à elles entièrement et se refuser à tout autre genre d'excitation. Il y a, dans ce point de vue des lois qui régissent notre être moral, quelque chose de bien frappant et bien propre à inspirer la crainte. Chaque pensée, chaque désir, chaque action, nous rend plus accessibles aux invitations du ciel ou aux tentations de l'enfer. Les mouvemens de notre esprit peuvent être oubliés par nous, mais derrière eux ils ont laissé des traces qui peuvent avoir de l'influence sur notre destinée éternelle. Ils ne se terminent pas en eux-mêmes, dans leur propre rectitude, ou dans leur propre péché; ils ont renforcé en nous quelque principe et affaibli le principe opposé. A présent, ce principe forme-t-il une partie du caractère divin ou du caractère de l'enfer? Dans le premier cas, nous avons surmonté d'autant les mauvaises dispositions de notre cœur; dans le second cas, notre incrédulité se fortifie, car l'esprit alors est bien moins ouvert aux impressions qui nous viennent de la vérité. Nos affections, si habituellement elles sont mal dirigées, enveloppent l'âme ainsi qu'une armure impénétrable, et la défendent contre les atteintes de la vérité. C'est cette armure que décrit Isaïe, quand il

Que conclure alors? La foi est-elle le résultat du caractère, au lieu d'en être la cause et l'instrument ordonnateur? Elle est à la fois tout cela. Les objets de notre foi ne créent pas dans l'esprit des facultés qui n'y avaient encore aucune existence, mais elles les mettent en action, elles dirigent et fortifient les facultés qu'elles rencontrent en nous. La plus grande variété possible de couleurs offerte à un homme aveugle ne lui donnera pas le moyen de voir; mais si on la présente à un homme qui voit, ces nombreuses couleurs exerceront son organe et lui procureront, relativement à leurs nuances diverses, une puissance de discernement inconcevable pour ceux qui n'auront pas acquis la même habitude. Il en est ainsi quand on offre un objet estimable à une intelligence destituée de sentimens moraux : l'objet n'y peut créer ni amour ni estime; mais si la faculté existe, quoique languissante et faible faute d'exercice, l'objet en rapport avec elle l'excitera jusqu'à un certain point, et la fortifiera ensuite par l'exercice. De cette manière seulement peuvent se corriger et se fortifier nos facultés, soit intellectuelles, soit morales. Si nous les avons laissé dormir, il faut leur présenter leurs causes d'excitation; si elles ont été actives, mais dirigées vers de pernicieux objets, nous devons les remettre en contact avec leurs objets convenables et légitimes. L'impression faite par ces derniers sera peut-être d'abord très faible et très imparfaite, et nécessairement alors faible et imparfaite aussi sera notre croyance dans les objets; mais, par l'exercice, nos facultés acquerront la direction convenable, augmenteront en force; la foi attachée à leurs impressions s'accroîtra de même, et les progrès de celle-ci suivront pas à pas le développement de nos facultés.

Mais comment un sentiment mal dirigé d'abord peutil rentrer dans la voie convenable, à moins que l'objet qui lui est propre ne vienne à lui être présenté? Dans le commencement, la force d'attraction de cet objet pourra bien n'être pas sentie, mais elle produira toujours quelqu'effet, elle agira du moins comme force de diversion, elle ébranlera la supériorité d'influence acquise par le précédent objet, et préparera les voies à une admission plus facile de l'autre à quelque prochaine occasion. Quand il nous est impossible d'employer la force mécanique pour opérer sur les fils d'acier, nous nous servons de la pierre aimantée; si l'attraction les retient dans quelque endroit dont nous voulions les éloigner, tout ce que nous pouvons faire c'est de trouver et de mettre en usage un aimant plus fort que l'autre. On ne peut s'y prendre autrement avec les fils d'acier, il en est de même avec nos sentimens; le pouvoir des mains est sur eux sans aucune prise, il ne saurait les faire entrer dans la

direction que nous jugeons à propos de leur donner, nous devons employer alors l'influence magnétique et leur appliquer une cause juste et convenable d'excitation. L'intelligence que nous acquérons de la véritable excellence du nouvel objet augmente à mesure qu'elle est exercée, et la foi en cet objet s'augmente dans la même proportion. C'est ainsi que « la foi d'Abraham opérait « sur ses œuvres, et que ses œuvres contribuaient à la << perfection de sa foi. (Jacques, II. 22. ) » La foi d'Abraham dans le caractère de Dieu différait à la fin de ce qu'elle était au commencement. Chaque aperçu qui lui avait été donné de la perfection divine avait contribué à étendre ses moyens intellectuels, à corriger et à fortifier ses sentimens moraux, et de la sorte le préparait à recevoir dans l'avenir des impressions plus vraies et plus vives de ce caractère. A mesure qu'il augmentait en sainteté, il devenait plus capable de comprendre l'excellence et le sens de la sainteté divine; plus il augmentait en amour, plus il se trouvait en état de former des conceptions justes du divin amour. Ainsi sa foi ressemblait à la | lumière naissante, qui brille de plus en plus jusqu'à ce qu'elle arrive à la perfection complète du plus beau | jour.

Le saint amour de Dieu est l'attribut essentiellement glorifié dans l'œuvre d'expiation. C'est ce qui la couronne, c'est ce qui imprime un caractère à son ensemble. Ainsi, plus l'esprit est corrompu et dépravé, moins il est capable de comprendre et de croire à l'Évangile.

Et pourtant l'Évangile a été donné au monde pour que la foi qu'on lui accorderait pût sauver cet esprit corrompu et dépravé de la condamnation et en même temps de la puissance du péché, et il est bien propre en effet à opérer ce résultat. Mème dans les cœurs les plus souillés et les plus pervertis, des sentimens demeurent, qui aux heures du chagrin et de la crainte s'amollissent aux accens de la compassion et de la bonté. La Providence tient en réserve des événemens capables d'arrêter tout à coup le cœur le plus résolu et de le contraindre à sentir sa faiblesse réelle. Alors le fardeau du crime peut cesser de paraître léger, alors les avances miséricordieuses d'un père plein de puissance et de bonté peuvent n'être plus regardées avec la même indifférence.

sations. Dans quelques-uns, la conscience a souffert de grandes altérations; ce sont les affections, dans certains autres. Tous se sont détournés de Dieu, mais ils se sont détournés de différentes manières et à différens degrés. C'est précisément à cette diversité de situation que s'accommode l'Évangile. De même que, dans la nature extérieure, à défaut de l'odorat, la rose peut être présentée à la vue, et même, quand celle-ci vient à manquer, peut, au moyen du tact, nous communiquer l'idée de sa forme et de sa structure; de même dans le système spirituel, si la voix imposante de la sainteté accusant le pécheur de son crime ne parvient pas à éveiller sa conscience endormie, son esprit du moins peut être frappé du raisonnement que lui offre le système ou ses affections émues par la tendresse et la bonté qu'il y découvre. Je ne prétends pas dire que l'une de ces impressions suppléera au défaut des autres, que l'impression de la sagesse et de la raison du Christianisme remplacera l'impression de son amour et de sa sainteté, mais simplement que l'une préparera le chemin aux autres, en mettant le sujet tout entier sous notre considération plus immédiate. Le grand point, c'est que notre esprit avec toutes ses facultés se mette en contact et en rapport d'excitation avec l'Évangile; peu importe où son influence doit commencer et de quelle manière ses progrès s'effectueront. Nous avons vu qu'il s'adresse aux facultés les plus hautes; mais il arrive souvent que celles-ci sont tellement endurcies et si obstinément dirigées vers le mal, qu'à peine s'émeuvent-elles à la voix qui les avertit et les sollicite. Il convenait donc à la sagesse et à la miséricorde de Dieu d'approprier ces allusions aux autres principes moins susceptibles de corruption et de dépérissement. Et c'est ainsi qu'il les a dirigées vers les élémens constitutifs de notre nature; vers cet instinct qui, bien que mal dirigé, subsiste toujours en nous dans sa force et son impressionnabilité. Je parle ici du principe de notre propre conservation et du désir que nous avons sans cesse d'être heureux.

Ce principe est sans contredit d'une extrême puissance. La joie et le chagrin ne sont que de simples expressions de l'amour de soi-même, ce sont des sentimens qui nous dominent et nous gouvernent, leur influence dirigeante se maintient universellement et sans relâche; ils sont intimement unis avec les causes de notre amour et de notre haine, de notre espoir ou de notre crainte. Nous aimons et nous espérons ce qui nous donne de la joie; nous haïssons, nous évitons et nous craignons ce qui causerait notre chagrin. Ces sentimens existent et sont en activité dans l'esprit de chacun de nous, et notre caractère dé

L'Évangile a été envoyé à la race humaine tout entière, par conséquent il s'adresse à toutes les variétés du caractère humain. Chaque homme a dans le cœur quelque point accessible, et à chaque point de ce genre un message spécial est adressé dans l'Evangile de la part du Ciel. Sans doute nos facultés morales sont perverties à un degré considérable, mais quoique perverties elles ne sont pas effacées; quoique généralement dirigées verspend de la nature des objets par lesquels ils sont excités. des objets au-dessous d'elles et qui leur nuiseut, elles ne sont par mortes entièrement à leurs véritables objets. De grandes différences existent sous ce rapport parmi les hommes, elles proviennent de la constitution originelle aussi bien que de l'habitude. Quelques esprits sont tendus pour ainsi dire d'une manière si délicate et si harmonieuse, qu'ils vibrent d'une manière instinctive sous l'impression de tout ce qui est grand et généreux; d'autres sont entièrement dépourvus de pareilles sen

La manière dont l'Évangile fut annoncé par l'ange aux pasteurs de Bethléem indique que la joie était son ca. ractère distintif, et désigne nos instincts naturels comme les sentimens auxquels il est adressé. « Écoutez, dit le << messager céleste, je vous apporte des nouvelles de « grande joie et qui sont pour tout le peuple, car il « vous est né aujourd'hui, dans la cité de David, un « sauveur qui est le Christ dra Seigneur Dieu. » Ainsi le rejeton promis avait paru, celui qui était destiné à faire

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monde, n'avait trouvé aucun lieu de repos, celui qui n'avait cessé d'errer à la recherche infructueuse de n'importe quel objet qui pût l'intéresser et le sortir, ne fûtce que pour quelques momens, de la torpeur où était plongée son âme, celui-là trouve maintenant un objet que ses plus vastes désirs ne peuvent embrasser, la communion filiale avec Dieu ici-bas et la pleine jouissance de ce Dieu lui-même à travers une splendide éternité sur le seuil de laquelle il est déjà placé. Celui qui s'est senti trop faible pour résister aux chocs et aux tempêtes de la vie apprend à s'appuyer avec confiance sur le bras de, la Toute-Puissance. Celui qui, par la conscience de son péché, ne voit plus dans l'existence qu'un fardeau insupportable, mais qui en même temps ne peut jeter sur son état futur que des regards pleins d'une vague horreur, accourt à cette fontaine ouverte dans la maison de David à l'impureté et au péché, et il obtient la paix dans le Seigneur par le moyen de la foi en Jésus-Christ.

reculer les flots toujours croissans de la corruption hu- | plus ardens n'avaient pu prévoir! Celui qui, dans le maine, à briser la tète du serpent, et à détruire ce règne de péché, de douleur et de mort sous lequel la création tout entière avait si long-temps gémi. Il était venu, celui qui devait réparer au centuple la perte du premier paradis, en tirant le bien du mal et faisant sortir la vie de la mort; celui qui devait jeter les fondemens d'un royaume, non plus destiné à périr, mais au contraire à grandir et à s'étendre durant la succession infinie des siècles. La promesse était des plus générales, elle avait été donnée quand le péché et le chagrin commencèrent à être connus sur la terre, et annoncée comme devant être un remède contre tous les deux. Et maintenant sor. accomplissement arrivait. C'était là sans doute un message de grande joie. Hy a peut-être, assurément, il y a bien des âmes maudites qui n'ont pu voir un sujet de triomphe dans cette délivrance du péché, mais où est l'ètre de notre propre race qui n'a éprouvé de la joie, à cette perspective du chagrin, de la souffrance et de la mort abolis pour jamais? Donc le message de l'ange, quoiqu'il révélat les choses les plus sublimes à l'intelligence spirituelle, s'adressait également aux sentimens naturels de l'humanité.

Examinons-les bien, ces sentimens, contemplons ensuite le glorieux caractère de Dieu, et unissons-nous pour rendre grâce et louange à celui qui a daigné introduire, par de si obscures avenues, la lumière de ce caractère dans le cœur de l'homme. Si l'Évangile s'adressait simplement à nos sentimens généreux, à notre amour de ce qui est excellent et juste, à notre appréciation de ce qui est beau et aimable, il serait une chose bien différente de ce qu'il est réellement; il conviendrait à des êtres d'un autre ordre que nous, et à notre égard mériterait à peine qu'on lui donnât le nom de joyeuse nouvelle. (Mais et que le nom de notre Dieu en soit béni!) il s'est adressé à nous dans la forme qui adhère le plus étroitement à notre nature. Il nous a parlé comme à des êtres bas et corrompus, mais par dessus tout pénétrés de l'amour d'eux-mêmes. Il va à la rencontre du cri naturel que jette la misère, et des lassitudes comme des vœux que forme un esprit mal satisfait. Ses invitations les plus pressantes et les plus générales sont adressées dans l'Ancien et le Nouveau-Testament, non pas aux sentimens moraux, mais aux sentimens naturels, à la misère de l'homme et à son désir d'être heureux. Que celui qui a soif vienne à la fontaine d'eau vive. << (Isaïe, liv I.) Venez avec moi, vous tous qui êtes las et << pesamment chargés, et je vous donnerai le repos. « (Math. XI. 28.) Que celui qui est de bonne volonté << vienne boire librement à la source de la vie. (Rev. XXII. 17.) » C'est à cette porte misérable de notre nature que le Seigneur frappe, c'est par cette porte qu'il daigne entrer. Il est venu guérir les cœurs malades et consoler toutes les afflictions. Combien parmi nous, guidés par le seul instinct qui nous pousse à chercher le bonheur, ont essayé de l'Évangile comme d'un moyen désespéré et le seul qui restàt après tous les autres de trouver ce bien qui leur échappait sans cesse. O surprise et joie tout ensemble ! découverte que leurs vœux les

La foi de l'Évangile, quoiqu'on puisse d'abord la recevoir et s'en pénétrer pour la satisfaction des instincts naturels, contient en elle les vrais principes du caractère chrétien. D'abord on peut n'y voir que la délivrance de l'humaine misère; sous ce point de vue, elle attire à soi les misérables; mais à mesure qu'on distingue les moyens par lesquels s'effectue cette délivrance, le pouvoir moral de l'Évangile se développe, et cet Esprit, dont l'influence non sentie encore nous l'a envoyé ici-bas pour consolation, ouvre les yeux de notre intelligence au discernement de la vérité qu'il contient et prépare nos affections à le recevoir avec un véritable amour.

Cet amour doit être précédé du contentement. Il faut que les bienfaits de Dieu fassent notre joie, pour que nous les reconnaissions comme des bienfaits et qu'ils excitent en nous une juste reconnaissance. Avant d'ètre en état d'aimer Dieu, nous devons nous réjouir dans le caractère divin. Quand nous découvrons que le salut et le bonheur de nos àmes reposent pour l'éternité sur ce caractère, tel qu'il est manifesté dans la croix de JésusChrist, nous devons trouver de la joie dans cette manifestation et dans le caractère ainsi manifesté, et c'est ainsi que nous apprenons à les aimer. Et quand nous voyons l'infaillible justice de Dieu, si menaçante auparavant pour nos consciences criminelles, non-seulement nous sourire, mais devenir elle-même le fondement assuré de nos espérances dans les mérites du sang de Jésus-Christ, alors nous devons être heureux de cette justice dont les promesses ne trompent jamais, et le bonheur qu'elle nous cause nous enseigne à la contempler avec amour. Cet amour et ce bonheur deviendront de plus en plus désintéressés, nous arriverons à admirer la sublimité de Dieu avec un sentiment de joie, pur de toutes pensées n'ayant rapport qu'à nous-mêmes. << Ta bonté pleine de tendresse vaut mieux que ma vie! « s'écrie David dans le mouvement généreux d'un vé« ritable enfant de Dieu. Tes bienfaits sont grands, ils << sont dignes de toi; mais cet amour qui me les accorde « m'est bien plus cher et plus précieux encore que tes «bienfaits. Sans cet amour même, tes bienfaits me sem

«bleraient légers. » Ainsi l'amour de Dieu produit une | homme ne fait-elle, avec le temps, que se fortifier et ressemblance avec Dieu lui-même, ainsi la force de son devenir plus opiniàtre.

peuple consiste dans le bonheur que son peuple trouve en lui.

CHAPITRE IV.

Dépendance mutuelle de la foi et de la sanctification dans le développement de toutes deux.

On a vu que la crédibilité dans une vérité morale ou

Toutes les parties de la vérité divine sont liées ensemble de telle manière, que si l'une de ces parties est reçue, il en résulte pour notre cœur une disposition à recevoir tout le reste. Elles ne sont pas unies simplement comme les divisions d'un système intellectuel; tout en ayant cette sorte d'union, elles sont jointes aussi par la sym-spirituelle, quelle que soit cette vérité, prépare l'esprit pathie qui existe entre les sentimens excités par les objets que la vérité divine nous présente. Ainsi, quand je crois que les souffrances et la mort de la Divinité incarnée étaient nécessaires pour l'expiation du péché, et qu'elle s'y est soumise pour notre salut, ma raison est disposée sans contredit à admettre cette conséquence que le péché est une chose effrayante et odieuse; là git une connexion des deux doctrines, comme parties d'un système intellectuel. Mais il existe encore une connexion bien plus importante entre les sentimens qui sont produits par les deux doctrines.

Si mon esprit est ému par l'amour que manifeste Jésus-Christ en mourant pour moi, le sentiment de son ineffable bonté, de sa compassion sans bornes, non-seulement excitera en moi la reconnaissance, ce qui serait une conséquence toute directe, mais encore il me préparera à recevoir l'impression d'autres objets analogues, tels que la sainteté de Dieu, mon indignité propre, les droits que mon prochain possède sur ma bienfaisance, et enfin le bonheur spirituel dont ont jouit dans le ciel. Et même aussi la joie que l'expiation par la mort de JésusChrist nous cause, en ne l'envisageant que comme moyen de salut, est bénie par l'esprit de Dieu, qui en fait sortir les fruits du saint amour, et dispose ainsi à la louange de la grâce divine les cœurs les plus corrompus et les plus endurcis. La joie que nous cause une entière délivrance adoucit le cœur et l'invite aux épanchemens. De cette manière, nous regardons le sang qui nous a rachetés avec tendresse et reconnaissance, et nous sommes conduits à nous réjouir dans l'amour de celui dont le sang a été répandu. Il y a bien des issues par lesquelles l'esprit divin introduit en nous ses armes puissantes: quelques-unes semblent à l'humaine raison plus vraisemblables que d'autres; mais où le doigt de Dieu opère, là aussi est le succès; où il n'est pas, les moyens en apparence les meilleurs sont inefficaces. Nous ne connaissons de cette influence que ce qui est nécessaire pour nous humilier et nous tenir dans la dépendance continuelle de l'assistance divine. Toutefois nous distinguons assez bien le mode de son application, pour apprendre que Dieu opère sur nos esprits en adressant la vérité à ces facultés naturelles dont sa puissance nous a fait

don.

L'homme qui excrce sans relâche sa foi dans les vérités qu'il connaît devient chaque jour plus propre à recevoir d'autres vérités, tandis que celui dont les affections sont dirigées vers les objets dangereux et faux devient moins susceptible chaque jour des impressions de ce qui est salutaire et juste. Aussi l'incrédulité de ce dernier

par son action à en recevoir plus facilement une autre, car elle exerce la même classe d'affections, et augmente ainsi leur susceptibilité aux impressions d'une révélation plus complète. Par cette raison, on devait supposer que les Juifs, qui avaient connu la vérité antérieurement, recevraient avec joie la doctrine du Christ, et que ceux qui ne croyaient pas au sens spirituel de leurs propres écritures rejetteraient le véritable Messie lors de son apparition. Ainsi, Siméon, Anne et ceux à qui elle s'adressait, Jean-Baptiste et tous les autres qui comprenaient et croyaient la nature spirituelle du royaume du Messie, avaient foi en Jésus-Christ, tandis que ceux dont les affections ne s'étaient point exercées sur le caractère spirituel de Dicu, et que lcs espérances du monde préoccupaient, au contraire, se trouvaient disposés à rejeter le Messie. Notre-Seigneur semble se référer à cette distinction dans le dixième chapitre de Jean. Ceux dont les affections avaient été convenablement exercées par la vérité déjà révélée reconnurent la voix de Jésus-Christ dès qu'elle se fit entendre. Ceux-là furent son troupeau. Ils étaient préparés à le recevoir, non-seulement par leur croyance dans les prophéties qui l'annonçaient, mais parce qu'ils avaient mis en harmonie avec sa doctrine le caractère de leurs esprits. Dans le seizième verset de ce chapitre, Jésus-Christ fait allusion soit à ceux des gentils qui, par l'enseignement de l'esprit saint, avaient reçu la vérité que révèlent les œuvres et les voies divines ainsi que le témoignage de la conscience, et qui de la sorte s'étaient préparés pour une lumière plus grande; soit à ceux en général et hors du cercle de la nation juive, dont les cœurs devaient plus tard s'ouvrir à la connaissance de l'Évangile. Dans les Actes (XIII. 48), il semble qu'une allusion à la distinction ci-dessus existe également, mais la traduction ne nous donne pas le sens du texte original. Assurément nous ne devons pas supposer que tous les gentils qui en ce lieu étaient destinés à embrasser l'Évangile le firent au même moment, et que leur nombre alors fut calculé et clos définitivement. L'intelligence de ce passage réclamait les mots : instruils dans ou préparés pour la vie éternelle, au lieu de réservés pour cette même vie. Le sens paraît être celui-ci : «Ceux des gentils qui, en fréquentant les synagogues des Juifs, ont appris la doctrine d'une vie éternelle par les mérites d'une expiation, ou bien, qui, sans cet avantage, se sont convaincus qu'ils étaient pécheurs et ne pouvaient être sauvés que par la grâce volontaire, ceux-là ont embrassé l'Évangile dès qu'il a paru, comme le développement, l'accomplissement et l'explication parfaite des vérités que déjà ils avaient partiellement reçues. »>

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