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» 16 avril 1814. » — « Ministère de la guerre. Il est » ordonné à toutes les autorités militaires d'obéir aux » ordres qui leur seront donnés par M. de Maubreuil, lequel est autorisé à les requérir et à en disposer » selon qu'il jugera convenable. MM. les commandans » de corps veilleront à ce que les troupes soient miɛes sur-le-champ à sa disposition, et qu'il n'éprouve au» cun retard pour l'exécution des ordres dont il est chargé. Le commissaire provisoire au département » de la guerre, signé le général comte Dupont. Paris, » 16 avril 1814. »« Direction générale des postes » et relais de France. Le directeur général des postés » ordonne aux maîtres de postes de fournir, à l'instant, » à M. de Maubreuil, chargé d'une importante mission, la quantité de chevaux qui lui sera nécessaire, » et de veiller à ce qu'il n'éprouve aucun retard pour » l'exécution des ordres dont il est chargé, signé Bour» rienne. Hôtel des postes, Paris, 17 avril 1814. » P. S. Le directeur général ordonne aux maîtres de » postes de veiller, avec le plus grand soin, à ce que » le nombre de chevaux demandé par M. de Maubreuil » lui soit donné avant et de préférence à qui que ce » soit, et qu'il n'éprouve aucun retard. » << Traduc-» tion littérale de l'ordre du général Sacken. M. le

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général de Maubreuil étant chargé d'une haute mis»sion d'une très-grande importance, pour laquelle il » est autorisé à requérir les troupes de S. M. impé» riale, M. le général en chef de l'infanterie russe, >> baron de Sacken, ordonne aux commandans des troupes de les remettre à sa disposition, pour l'exé>>cution de sa mission, dès qu'il le demandera. Le géné»ral en chef de l'infanterie russe, gouverneur de Paris, » signé baron de Sacken. Paris, 17 avril 1814. » — « Traduction littérale de l'ordre du général prussien.

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» M. le général de Maubreuil étant autorisé à parcourir » la France pour des affaires d'une très-grande im»portance, et pour l'exécution de très-hautes missions, >> il est possible qu'il ait besoin de requérir les troupes » des hautes puissances; en conséquence, et suivant » l'ordre de M. le général en chef de l'infanterie russe, >> baron Sacken, il est ordonné à MM. les comman>> dans des troupes alliées de lui prêter main-forte sur » sa demande, pour l'exécution de ces hautes missions. » Le général-major, signé baron de Brokenhausen. » Paris, 17 avril 1814. »

Au retour de son expédition, M. de Maubreuil sera arrêté, et subira de longues poursuites judiciaires ; condamné à plusieurs années d'emprisonnement, il s'évadera des prisons de Douai (évasion qui donnera lieu à une foule de conjectures), et se réfugiera en Angleterre, où il publiera un mémoire (intitulé : Adresse au congrès de Vienne) explicatif, dira-t-il, de la mission qui lui aurait été donnée : il affirmera, dans ce mémoire, qu'il avait ordre d'assassiner l'exempereur et son fils; qu'il ne s'est chargé de cette commission que pour sauver leurs jours, empêchant de cette manière qu'elle ne fût confiée à des personnes capables d'exécuter un tel crime; il lancera les plus graves inculpations contre MM. le prince de Bénévent (Talleyrand), le général Dupont, Bourienne, RouxLaborie, etc.; contre MM. de Sémallé, de Vitrolles, qu'il accusera d'avoir détourné l'argent et les pierreries enlevés par lui à la princesse de Wirtemberg, reine de Westphalie; argent et pierreries que M. de Maubreuil assurera avoir rapportés aux Tuileries, etc. Mais quelle créance peut-on accorder à de telles inculpations? quelle confiance peut-on avoir dans les déclarations d'un homme qui aurait pu accepter une

mission semblable à celle dont il prétend avoir été chargé ? Nota. Un pêcheur de goujons, en tendant ses lignes dans la Seine, au pont de Louis XVI, retirera de l'eau un peigne de diamans; les recherches faites aussitôt dans ces lieux produiront la découverte des diamans qu'on dit avoir été enlevés à la reine de Westphalie; mais les joailliers reconnaîtront que toutes ces pierres sont fausses, en sorte que cette pêche merveilleuse aura été de nulle valeur.

Le maréchal Soult, qui a établi sa brave armée sur 18 avrit. les limites des départemens de la Haute-Garonne, de l'Aude et de l'Ariége, conclut avec Wellington un armistice entre les armées françaises des Pyrénées et l'armée anglo-espagnole.

Napoléon part de Fontainebleau pour l'île d'Elbe, 20 avril. sa résidence future, suivant le traité de Paris du 11. On lui a refusé la satisfaction de voir sa femme et son fils! Au moment du départ, il harangue un groupe de ses anciens soldats. « Mes braves amis, je vous quitte; les puissances coalisées ont armé contre moi l'univers entier, mon armée même; vous seuls m'êtes restés fidèles; avec vous, je pourrais encore faire la guerre pendant trois ans ; je pourrais déchirer la France par des guerres civiles, mais j'ai préféré les intérêts de notre patrie à mon propre sort; j'aurais pu mourir, rien n'était plus facile; mais j'ai dû vivre pour écrire ce que nous avons fait. Vos exploits, braves guerriers, ne doivent pas être ensevelis dans l'oubli; je vous ai toujours trouvés dans le chemin de l'honneur et de la gloire; toujours vous m'avez été fidèles; soyez-le de même aux intérêts de notre chère patrie. Elle a bien souffert mais les destins de la France viendront à

20 avril,

bout de réparer ses malheurs. Que mon sort ne vous afflige pas de grands souvenirs me restent. Je serai toujours heureux lorsque j'apprendrai le bonheur de la France. Je vou 'rais vous presser tous sur mon cœur. J'embrasserai votre général et votre aigle. Adieu, mes enfans! » Le baiser de l'aigle parut théâtral, dit l'historien Koch, et néanmoins il fit impression sur les soldats peu accoutumés à ces scènes.

En voyant s'acheminer vers ce misérable rocher de la mer Toscane, celui qui se trouvait gêné sur le continent, et disait qu'il y étouffait, l'Europe croit son repos consolidé. Fausse persuasion! Dans quelques mois, l'Europe retentira du fracas des armes : la plus audacieuse tentative, exécutée par Napoléon, fournira de nouveaux prétextes aux usurpations des cabinets alliés. Plusieurs tentatives d'assassinat ont été méditées contre la personne de Napoléon; il courra de grands dangers à Avignon, à Orgon; mais les complots tramés par des personnages qui, plus tard, s'en feront un mérite comme royalistes purs, échoueront, et l'ex-empereur arrivera heureusement à SaintTropez.

Louis XVIII fait son entrée solennelle à Londres, et reçoit de grands honneurs en qualité de roi de France Complimenté par le prince régent, il lui répond: « Je prie V. A. R. d'agréer les plus vives et » les plus sincères actions de grâce pour les félicita» tions qu'elle vient de m'adresser. Je lui en rends de particulières pour les attentions soutenues dont j'ai » été l'objet, tant de la part de V. A. que de celle de » chacun des membres de votre illustre maison. C'est aux » conseils de V. A., à ce glorieux pays et à la con» fiance de ses habitans, que j'attribuerai toujours, après la divine Providence, le rétablissement de

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>> notre maison sur le trône de ses ancêtres, et cet » heureux état de choses qui promet de fermer les

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plaies, de calmer les passions et de rendre la paix, » le repos et le bonheur à tous les peuples. ». Le prince anglais reprend ": « V. M. voit ma conduite » d'un œil trop indulgent. Je ne puis réclamer d'autre » mérite que d'avoir rempli un devoir que me pres» crivaient ma propre inclination et tous les mo» tifs réunis.» Les remercimens offerts au régent par Louis XVIII sont d'autant plus expressifs, que le monarque n'ignore pas, 1°. que c'est d'après les instantes sollicitations de l'Angleterre que l'invasion de la France a été décidée; l'Autriche, la Prusse, et surtout la Russie, avaient exprimé l'intention de ne point passer le Rhin; le cabinet de Saint-James les a forcées, en quelque sorte, à porter leurs armes sur le territoire français ; 2o. le ministre Castlereagh a déterminé, par son inflexible persistance, les puissances alliées à rompre le congrès de Châtillon, et à rejeter toutes les propositions de Napoléon, quelles qu'elles fussent; 3o..le cabinet anglais a décidé, à Paris même, la reconnaissance des droits de la maison de Bourbon au trône de France.

Des conventions sont signées à Paris entre Mon, 23 avril. sieur, comte d'Artois, d'une part; les puissances alliées, d'autre part.

Art. 1er. Toutes les hostilités, sur terre et sur mer, sont suspendues entre la France et les puissances alliées. 2. Elles feront évacuer par leurs armées le territoire français, tel qu'il se trouvait le 1. janvier 1792, à mesure que les places occupées encore, hors de ces limites, par les troupes françaises, seront évacuées et remises aux alliés. 3. Les places ci

dessus désignées seront évacuées dans des délais qui

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