On en peut auffi compofer des Hymnes ou des Cantiques à l'honneur de Dieu, des Quatrains fur des fujets moraux & instructifs, & des Stances propres à faire le récit de quelque accident fâcheux. Les Vers de dix fillabes font beaux, quoi qu'ils n'ayent pas la pompe & l'harmonie de ceux de douze. On s'en fert d'ordinaire dans les Epîtres, les Chanfons, les Balades, les Rondeaux, les Contes ; & rarement dans les Poémes, les Odes, les Elégies, les Sonnets, & les Epigram mes. ARTICLE III. Des Vers de huit, de fept, & de fix fillabes. כל L Es Vers de huit fillabes, dit notre Auteur, font fort beaux, » & on en fait des pieces entie res. EXEMPLE. Souverain Monarque des Cieux, Je fçais qu'il n'appartient qu'aux Anges, Qui font fi purs devant tes yeux, De chanter tes faintes loüanges. peu Les Vers de fept fillabes ne font « pas fi beaux, &c. On s'en fert fouvent, &c. Neanmoins Mal- & herbe en fait une Ode entiere. EXEMPLE. Enfin après les tempêtes Nous fommes venus au port. Enfin nous voyons nos têtes દ Ceux de fix qui font la moitié « d'un grand Vers, font très-beaux, « mais on les joint toujours à d'au, « tres. M. Bertaut en a mis trois de « fuite. Evêque de Gräf fe. EXEMPLE. Felicité paffée Qui ne peut revenir, Que n'ai-je en te perdant, perdu le fouvenir, G OBSERVATION. Voici une des plus mauvaises explications qu'on puiffe imaginer enfait de Vers, c'eft-à-dire, en fait de préceptes pour faire des Vers. D. Lancelot s'eft avifé de dire ici, les Vers de buit fillabes font fort beaux &on en fait des pieces entieres, &c. Il est vrai qu'il ajoûte, néanmoins Malherbe en a fait une Ode entière. Et puis il finit cet article par cette autre belle régle, les Vers de fix, qui font la moitié d'un grand Vers, font très-beaux, mais on les joint toujours à d'autres, &c. 'En verité c'est se mocquer de fes Lecteurs, que de leur donner de telle's régles de Poéfie. Un jeune Commençant qui lira cet article, & qui jurera, comme on dit, in Verba Magiftri, c'est àdire, fur la foi de fon Maître, croira en effet que les Vers de huit fillabes font plus beaux que les Vers de fept, & cependant cela eft fort égal; encore à l'oreille les Vers de fept expriment les chofes plus vivement que ceux de huit fillabes. Il ne falloit donc pas louer les uns pour dépriser les autres : mais il falloit dire, ce qui eft vrai, fçavoir, que les Vers de huit fillabes, dont je donnerai tout à l'heure des Exemples, font plus faciles à faire que les Vers de fept, & en même temps il en falloit dire la raison, qui eft trèsaisée à deviner; c'est qu'ils font plus longs d'une fillabe, & par cette même raifon, plus les Vers font longs, plus ils font faciles à faire. Voilà qui eft fenfible. Enfuite D. Lancelot ajoûte, comme un précepte, que les Vers de fix fillabes, qui felon lui, font très beaux, doivent être joints à d'autres z car la disjonctive affirmative, mais on les joint toujours à d'autres, emporte cette affirmation. Or je dis que cela eft faux, & très faux, à cause que Bertaut Evêque de Séez l'a fait une fois; donc cela fe doit toujours faire. Voilà comme raisonne l'Auteur. Mais l'Auteur ne fçait ce qu'il dit. On feroit fi l'on vouloit, une piece entiere de Vers de fix fillabes, qui font très-agréables. Qui en doute? Mais cela trotteroit trop, c'est ce qu'il devoit dire. Paffons aux Vers de huit, dont il y a tant d'exemples dans les Poéfies de Malhera be. EXEMPLES. Appollon, à portes ouvertes, Peuvent |