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talent devraient, par une habile économie de leurs facultés, réserver des succès à leurs vieux jours. Monsigny du moins avait trouvé des protecteurs sincères et des amis généreux, qui avaient pris soin de son avenir, et garanti son talent contre les atteintes de la misère. Vers l'an 1760, une place lui fut assurée dans la maison de l'avant-dernier duc d'Orléans. La révolution la lui enleva; mais les artistes du théâtre Favart, qui lui devaient une partie de leur fortune, lui firent une pension de 2400 francs. En 1800, il remplaça Piccini, dans la place supplémentaire d'inspecteur de l'enseignement au Conservatoire de musique. Successeur de Grétry, à l'institut impérial, en 1813, membre de la légion-d'honneur, en 1815, et de l'académie des beaux-arts, en 1816, il mourut, le 14 janvier 1817, à 88 ans, doyen des musiciens. M. Quatremère de Quincy a lu, en séance publique de l'académie des beaux-arts (octobre 1818), un éloge de ce compositeur; M. P. Hedoin a dédié au même musicien une Notice historique, beaucoup mieux écrite et beaucoup plus complète. M. de Lachabeaussière a composé quelques vers heureux, sous le titre d'Hommage à Monsigny.

MONTAGNAC (FRANÇOIS DE GAIN DE), évêque de Tarbes, naquit au château de Montagnac, dans le ci-devant Limousin, le 6 janvier 1744. Ses études ecclésiastiques terminées, il devint bientôt après aumônier du roi, et grandvicaire de Reims. Abbé de Quarante, dans le diocèse de Narbonne, il fut nommé, en 1782, évê

que de Tarbes, et sacré peu de temps après. Un nouveau bénéfice, qu'il obtint en 1788, lui fit résigner son abbaye de Quarante. Dès le commencement de la révolution, il s'en déclara l'ennemi, et se montra, avec une rare persévérance, opposé aux actes de l'assemblée constituante, publiant, dans différentes circonstances, des écrits fortement empreints de son opposition, adressés à ses diocésains. Il se retira en Espagne vers la fin de 1790; mais, au mois de mars 1791, étant revenu à Tarbes, il annonça, dans la chaire épiscopale, les motifs qui l'avaient porté à refuser de prêter serment à la nouvelle constitution civile du clergé. Cette conduite le fit dénoncer comme ennemi des nouvelles doctrines politiques, et des poursuites furent dirigées contre lui. Le gouvernement nomma, pour le remplacer, et occuper le siége constitutionnel du département des HautesPyrénées, M. de Molinier, ancien doctrinaire, que le prélat dépossédé chercha inutilement à ramener, selon ses propres expressions, « à des opinions moins schisma»tiques. » Menacé dans sa liberté, M. de Montagnac se retira de nouveau en Espagne, dans la vallée d'Aran, qui, étant très-rapprochée de son diocèse, lui permettait d'envoyer des exhortations et des instructions au clergé et aux personnes qui lui étaient restées fidèles. L'autorité française menaça les habitans du territoire étranger que M. de Montagnac habitait, d'employer la force pour les contraindre à éloigner le prélat dissident, s'il continuait d'y faire son

séjour. Il fut obligé d'en partir, et il se réfugia en Catalogne, dans le monastère de Montferrat. De ce lieu même, il rédigea plusieurs écrits, qu'il fit encore parvenir en France. Retiré en Italie, de Lugo, où il s'était fixé, il continua de rédiger et d'expédier à Tarbes des mandemens et instructions, datés de 1795 et de 1797. Il se prononça contre les concessions des prélats qui n'avaient point quitté la France, passa en Portugal, en 1800, envoya sa démission, et protesta contre le concordat de 1801; enfin, M. de Montagnac alla se fixer en Angleterre, où il mourut en 1806.

MONTAGU (JEAN, COMTE DE SANDWICH), pair de la GrandeBretagne, naquit en 1718, à Westminster. Orphelin dès l'âge de quatre ans, il dut à la tendre sollicitude de son aïeul, lord Sandwich, une éducation ́brillante, qu'il perfectionna encore par les voyages. Son goût pour les antiquités le détermina, en 1738 et 1739, à des excursions scientifiques dans la Méditerranée, dont il rapporta différens objets, tels que momies, ibis, médailles, etc. Dans les principales pièces qui composaient sa collection, se trouvait une table de marbre de deux pieds de long, sur laquelle était gravée une inscription que le savant D. Taylor put seul déchiffrer, en 1743 : il donna à cette table le nom de marbre de Sandwich. La carrière politique de Montagu fut honorable. Dès 1729, il devint pair à la place de son aïeul; mais il ne put être admis à prendre séance que lorsqu'il eut atteint l'âge fixé par les statuts de la cham

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bre. Second lord de l'amirauté en 1744, pourvu d'un grade dans l'armée en 1745, ministre plénipotentiaire depuis 1746 jusqu'après la signature du traité d'Aixla Chapelle, en octobre 1748, membre du conseil privé à son retour à Londres, et premier lord de l'amirauté, il devint, pendant le voyage de Georges II en Hanovre, l'un des lords - justiciers du royaume. De 1751 à 1755, il ne fut point employé ; cette année même (1755), on le nomma vicetrésorier-adjoint d'Irlande, et on lui rendit, en 1762, son emploi de premier lord de l'amirauté. En 1765, la fortune politique de Montagu éprouva encore de nouvelles vicissitudes, et il resta éloigné des affaires publiques jusqu'en 1768, qu'il fut nommé à la place d'adjoint - directeur - général des postes. Pour la troisième fois, en 1783, il devint premier lord de l'amirauté, fonctions qu'il exerça pendant toute la durée de la guerre d'Amérique : il y renonça du moment que le ministère qui l'avait provoquée, eut été changé. C'est dans l'exercice de cet emploi, au milieu des circonstances les plus difficiles, que lord Sandwich a établi sa réputation d'homme d'état. Sa conduite, il est vrai, fut souvent alors l'objet des plus vives attaques; mais, mieux appréciée depuis, elle a acquis à Montagu l'estime de ses concitoyens. Il mourut le 30 avril 1792. Depuis plusieurs années, il s'était retiré des affaires publiques. Homme d'état distingué, homme privé, doué des qualités les plus estimables, il ne négligea aucune occasion de rendre service.

Après sa mort, John Cook, son chapelain, publia le Voyage fait par le comte de Sandwich dans la Méditerranée, dans les années 1738 et 1739, écrit par lui-même. Cet ouvrage est précédé d'une Notice historique de l'éditeur, sur Jean Montagu, comte de Sandwich. On attribue au noble pair une brochure assez remarquable, sous le titre de État de la question relative à l'hospice de Greenwich, brochure qui parut en 1779, en réponse à l'écrit intitulé Etat de l'hospice royal de Greenwich, par le capitaine Baillie, publié environ une année auparavant.

MONTAGU (GEORGE), naturaliste, membre de la société linnéenne, naquit en Angleterre, et se fit bientôt remarquer par ses connaissances dans l'histoire naturelle. Il mourut, jeune encore, en 1815, à Knowle, dans le Devonshire. Montagu a publié : 1o Dictionnaire ornithologique, 2 vol. in-8°, 1812; 2° Testacea britannica, ou Histoire naturelle des coquillages anglais, 1 vol. in-4°, 1808; 5° Supplément à l'ouvrage précédent, 1809.

MONTAGU (ELISABETH), dame anglaise qui a cultivé la littérature avec quelque succès. Son père, Mathieu Robinson, seigneur de Horton, dans le comté de Dent, lui fit donner une éducation soi-, gnée, que le docteur Middelton se chargea de perfectionner. De très-bonne heure, elle se sentit du goût pour la littérature, et à huit ans, elle avait transcrit en entier le Spectateur. Liée avec les hommes les plus distingués dans les sciences et dans les lettres, elle comptait des succès litté

raires à un âge où les femmes ne songent encore qu'à se livrer aux plaisirs de la société. Le célèbre auteur du Dialogue des morts, lord Littelton, convient avec bonne foi qu'il a, comme écrivain, quelques obligations à cette dame. Mariée à lord Montagu de Allerthorpe, de l'illustre famille des comtes de Sandwich, elle le perdit de très-bonne heure, ainsi que, dans son enfance, un fils, seul fruit de leur union. Libre et maîtresse d'une immense fortune, elle voulut conserver toute son indépendance, et refusa de se remarier. Sa maison devint le rendez-vous des gens de lettres, et elle se consacra elle-même au culte des muses. Son principal ouvrage est un Essai sur le génie et les œuvres de Shakespeare, dans lequel elle entreprit, avec succès, la défense du père du théâtre anglais, contre l'autorité imposante de Voltaire. Lady Montagu mou. rut à Londres en 1800, dans sa belle maison de Portmann-Square, à un âge fort avancé. Cette dame, non moins célèbre par la finesse de son esprit que par l'originalité de son caractère, avait fondé, sous le titre de Club des bas bleus, une société littéraire dont les statuts étaient aussi bizarres que le titre. On lui prête encore quelques autres singularités, mais à tort, celle d'un dîner de fondation, qu'elle donnait tous les ans aux ramoneurs de Londres.

MONTAGUT-BARRAU (LE BARON DE), député par la noblesse de Comminges et de Nébouzan aux états-généraux, en 1789, vota avec la majorité de son ordre. Il protesta contre la réunion opérée

en juin, fut un des signataires des protestations des 12 et 15 septembre 1791, contre les actes de l'assemblée constituante, et disparut de la scène politique après la session.

MONTAIGU (ANNE-CHARLESBASSET), général de division, né à Versailles, le 10 juin 1751. Le goût qu'il manifesta de bonne heure pour la profession des armes, le fit entrer à dix-sept ans dans le corps de la gendarmerie. Après un service de 20 années consécutives, M. Montaigu le quitta au moment de la réforme, én 1788, mais il rentra de nouveau sous les drapeaux, en 1791, époque où le plus héroïque dévouement à la patrie éclatait de toutes parts. Le 3me bataillon de la Meurthe venait de se former; il en fut nommé adjudant - major, le 1er septembre, et se rendit à Metz, avec ce bataillon. Convaincu de la nécessité de rétablir la discipline militaire, alors un peu affaiblie, il fit, pour l'ordre du service, un réglement provisoire qui reçut l'approbation de M. de Belmont, lieutenant-général, commandant les troupes de Metz, et des villes environnantes. Ce réglement fut imprimé et envoyé à tous les bataillons de volontaires, qui l'exécutèrent par ordre du lieutenant-général. Nommé commandant de bataillon au camp de la Lune, en septembre 1792, et chef de brigade en 1793, M. Montaigu fut chargé provisoirement, en cette dernière qualité, du commandement de l'aile droite de l'armée des Ardennes. Avec 3 bataillons de grenadiers, et 2 de volontaires, il força les Prussiens à abandonner leur

camp, et ne cessa de les poursuivre, que lorsqu'ils eurent évacué, près de Longwy, le territoire francais. L'idée qu'on s'était faite de sa bravoure, inspirait autant de confiance au général en chef, qu'aux soldats, et déjà l'opinior. de l'un et des autres l'avait désigné, dans le cas où l'on serait obligé d'assiéger Verdun, occupé par l'ennemi, pour monter le premier à l'assaut. La reddition de cette ville le priva d'un honneur dont il était digne; mais il fut envoyé à l'avant-garde qui marcha contre Namur, et contribua à la prise du château, le 2 décembre 1793. Après de brillans succès, qui soumirent la Belgique à nos armes, la défection de quelques chefs amena d'éclatans revers : Dumouriez, battu à Nerwinde, crut couvrir la honte d'une défaite, en abandonnant son poste. Le chef de brigade Montaigu se soutint, pendant 20 jours, au poste de l'abbaye d'Hannon, entre deux camps ennemis qu'il sut contenir, ayant seulement avec lui trois bataillons, deux détachemens de cavalerie, et une demi - compagnie d'artillerie légère. Il participa à la brillante affaire qui eut lieu le 1er mai, près de Valenciennes; et chargé de s'emparer de deux villages, il s'acquitta, avec un succès complet, de cette mission. Lors de l'évacuation du camp de César, par les Français, le chef de brigade Montaigu occupait le village d'Escodœuvre, qu'il avait fortifié de manière à arrêter toutes les forces de la coalition, et protégea efficacement la retraite de notre armée, dont il sauva les voitures, qu'il parvint à conduire à Cam

brai, en traversant avec ses troupes les marais qui bordent l'Escaut. Cette opération fut l'objet d'un rapport à la convention nationale, et d'une mention honorable. Le chef de brigade Montaigu reçut ensuite l'ordre d'aller au secours de Dunkerque, déjà bloqué en partie par les Anglais, et força ces derniers à une retraite précipitée, dans laquelle il leur prit 40 pièces de canon, une grande quantité de munitions de guerre, et leurs magasins de bois et de fourrages; il avait alors sous ses ordres 14 bataillons. Après avoir contribué aussi au débloquement de Maubeuge, et s'être signalé à la bataille de Vatignies, et dans plusieurs autres affaires, il fut nommé général de brigade, le " novembre 1793. Le jour même de sa nomination, la division dont il faisait partie, ayant poursuivi l'ennemi trop loin, se trouvait sur le point d'être tournée; on le chargea de la dégager. L'entreprise était périlleuse, cependant il y réussit, et Beaulieu, forcé à la retraite, abandonna ses positions et son camp baraqué. Le général Montaigu passa successivement de l'armée du Nord aux armées des Ardennes, de la Moselle, de Sambre-et-Meuse et du Rhin, et se distingua également dans toutes. Les bornes d'une notice biographique ne permettant pas d'entrer dans les détails de tant d'actions glorieuses, nous dirons seulement que le brave qui les fit obtint le grade de général de division le 2 prairial an 2 (21 mai 1794). En l'an 6, il eut le commandement de Bruxelles, où sa conduite lui mérita la reconnaissance des habi

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tans. Sa belle défense de Manheim, au mois de brumaire de la même année, lui fit le plus grand honneur aux yeux des militaires instruits, puisque cette ville, dont le siége n'avait point été prévu, se trouva dénuée de toutes ressources, et ne fut néanmoins rendue, par une capitulation honorable, qu'après 11 jours de tranchée ouverte, et 2 brèches au corps de la place, dont une de 280 pieds, et l'autre de 100 pieds de longueur. Cependant, quelques ennemis du général Montaigu cherchèrent par des insinuations perfides, à tromper le directoire-exécutif sur le compte de cet officier-général. Voyant son honneur compromis, il sollicita lui-même avec instance sa mise en jugement. Un conseil de guerre, formé par ordre du général Augereau, déclara, le 4 brumaire an 6 (24 novembre 1797). la conduite du général Montaigu irréprochable, et le renvoya fonctions. L'année suivante, il se trouva compris dans la réforme; son âge, déjà avancé, ne permit pas

à ses

de l'employer de nouveau.

MONTAIN (JEAN-FRANÇOISFRÉDÉRIC), né à Lyon, département du Rhône, le 2 mai 1778. Ik jouissait en paix, dans sa ville natale, de la considération qu'il avait acquise par ses talens comme médecin et par de nombreux services rendus à l'humanité, lorsque la conspiration de Rollet (voyez ce nom) attira sur lui les regards do l'autorité. Après avoir prodigué sur les champs de bataille les secours de son art à nos braves, pendant les premières guerres de la révolution, il se fit recevoir à la fa. culté de Montpellier, et alla exer.

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