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ne prononcent aucune peine. La comtesse de Saint-Morys, devenue veuve par suite de cette querelle, non contente de faire retentir les tribunaux de ses plaintes, publia un mémoire et attaqua aucriminel celui qu'elle appelait l'assassin de son mari; elle impliqua dans cette affaire le duc de Mouchy pour avoir fait ce qu'exigeait l'honneur du corps dont le commandement lui était confié. Ce procès eut l'issue à laquelle on s'attendait généralement. M. Barbier Dufay et le duc de Mouchy furent renvoyés de la plainte portée contre eux, et la veuve Saint-Morys déboutée de sa demande.

MOUGIN (L'ABBÉ PIERRE-ANTOINE), astronome, correspondant de l'ancienne académie des sciences, naquit à Charquemont, près de Baume, département du Doubs, le 22 novembre 1735. Destiné par sa famille à l'état ecclésiastique, il fit ses études au séminaire de Besançon, et fut pourvu de la cure de la Grand'Combe des Bois, paroisse située sur le revers du Lomont. Sans ambition, et passionné pour l'astronomie, à l'étude de laquelle ses fonctions lui permet taient de consacrer tout le temps nécessaire, il fit des observations qu'il adressa à Lalande, en 1766, et qui lui valurent, de la part de ce célèbre astronome, une lettre très-flatteuse, un grand télescope, et divers instrumens dont la possession était indispensable pour donner de l'exactitude aux expériences. La révolution le surprit dans l'exécution d'un travail sur les comètes, qu'il avait promis de livrer à l'académie des sciences (à laquelle il appartenait comme

correspondant), et non au bureau des longitudes, comme le dit par erreur une biographie, le bureau des longitudes n'ayant été créé que depuis la révolution. Il fut nommé par ses concitoyens membre de l'administration centrale du département du Doubs; mais il refusa cet emploi, ne voulant pas se distraire de ses travaux habituels. Vers la fin de 1793, il fut obligé de quitter sa cure; et, pour éviter la persécution dont les personnes exerçant son ministère étaient l'objet, de se cacher « dans le creux

d'un vallon, d'où je ne vois plus »>le ciel », écrivait-il à Lalande. Sur les instances des membres de l'observatoire de Paris, il fut autorisé, par le gouvernement, à retourner à sa cure, dont on avait fait valoir la position pour la recherche des comètes. Lalande avait conçu pour Mougin une grande estime. Lorsqu'il annonça la Table de précession (ou changegemens annuels des étoiles en ascension droite) de ce laborieux et modeste savant, qu'il avait reçue en 1801, il dit : « Il y a tren>>te ans que nous recevons de ce digne pasteur des marques de zèle, d'application, de curiosité et de courage, qui sont bien rares, surtout dans les déserts. » On a de Mougin, qui mourut plus qu'octogénaire à la Grand'Combe, le 22 août 1816: 1° des Calculs dans la connaissance des temps, de 1775 à 1803; 2° les Tables du nonagésime, dans le volume de 1775 de la Connaissance des temps; 3° les Calculs de l'éclipse de soleil, observée à la Grand'Combe, le 19 janvier 1787, dans le Journal des Savans, p. 503, etc. Lalande exprime,

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dans son Histoire abrégée de l'astronomie, la crainte que les instrumens et les manuscrits de Mougin, achetés par un Suisse, ne soient perdus pour les sciences.

MOUGINS DE ROQUEFORT (N.), curé de Grasse, fut nommé, par le clergé de la sénéchaussée de Draguignan, député aux étatsgénéraux en 1789. Partisan zélé, mais sage, des idées nouvelles, il se prononça l'un des premiers en faveur de la réunion des trois ordres, prêta le serment civique, adhéra à la constitution civile du clergé, et devint secrétaire de l'assemblée constituante, le 9 avril 1791. Rendu aux fonctions ecclésiastiques à la fin de la session, il n'a plus reparu sur la scène politique. MOUGINS DE ROQUEFORT (N.), frère du précédent, maire et premier consul de la ville de Grasse, fit aussi partie des étatsgénéraux en qualité de député du bailliage de Draguignan. Il partagea les opinions de son frère, et montra des talens dans les matières judiciaires, qu'il traita de préférence. Il rentra dans la vie privée à la fin de la session de l'assemblée constituante.

MOULIN (N.), général des armées de la république, s'enrôla comme simple soldat, et obtint successivement tous ses grades jusqu'à celui d'officier - général, Chargé, en 1793, du commande ment d'un des corps de troupes employés dans la Vendée, il y acquit une nouvelle gloire,et termina, d'une manière héroïque, une carrière illustrée par plusieurs actions d'éclat. Grièvement blessé à l'affaire de Chollet, en février 1794, il est au moment de tomber

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MOULIN (N.), général français, membre du directoire-exécutif, officier de la légion-d'honneur, frère du précédent, suivit la même carrière, et parvint des grades inférieurs au commandement des armées de la république. Il acquit de la réputation dans le commandement de l'armée des côtes de Brest, et dans celui de l'armée des Alpes, en 1794; il passa de ce dernier corps en Alsace, où il commandait une division, et, par un mouvement hardi autant que bien combiné, sauva, le 18 septembre 1796, le fort de Kehlprès de tomber entre les mains des troupes autrichiennes aux ordres du général Pétrarsch. Il fut chargé, en 1798 et 1799, du commandement de la division de Paris. L'agitation populaire du 30 prairial (18 juin 1799), à laquelle il ne fut pas étranger, le porta au directoire, dont Merlin, Treillard et La Reveillère-Lépaux, avaient cessé de faire partie. Il s'y lia avec Barras et Gohier, et projetait avec eux du changement de la constitution, lorsque la révolution du 18 brumaire et l'avénement du général en chef Bonaparte au consulat, les renversèrent à leur tour. Moulin chercha vainement à tenir tête à l'orage, refusa pendant long-temps de donner sa démission de direc

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MOULINES (GUILLAUME DE), pasteur de l'église réformée et historien, naquit à Berlin en 1728, et mourut le 14 mars 1802 dans la même ville; il était issu d'une famille protestante que la révocation de l'édit de Nantes avait forcée de s'expatrier. Il a cultivé avec succès plusieurs branches de la littérature, et ses ouvrages sont écrits en français : il fut toujours favorablement accueilli de Voltaire pendant le séjour que ce grand homme fit à Berlin. Guillaume de Moulines a publié : 1o Réflexions d'un jurisconsulte sur l'ordre de la procédure, et sur les décisions arbitraires et immédiates du souverain, Berlin, 1764, vol. in-8'; La Haye, 1777; 2° Lettre d'un habitant de Berlin à son ami à La Haye, La Haye, 1773: cette lettre est relative à un passage de l'histoire philosophique de l'abbé Raynal sur Frédéric II; 3° Traduction des 18 livres d'Ammien Marcellin, 3 vol. in-12, Berlin, 1775; Lyon, 1778; 4° les Ecrivains de l'histoire d'Auguste traduïts en français, 3 vol. in-12, Berlin, 1783; Paris, 1806: cet ouvrage, nécessaire à toute personne qui veut étudier avec fruit l'histoire des empereurs, offre le tableau fidèle et rapide du règne de plus de 70 princes qui, pendant la courte période de 160 années, ont successivement occupé le trône des Césars; en sorte que la durée moyenne du règne de chacun d'eux n'a été que d'un peu

plus de deux ans. Cette traduction joint au mérite de l'exactitude celui d'être écrite avec facilité; elle se fait lire avec intérêt.

MOULINIER (CHARLES-ETIENNE-FRANÇOIS), pasteur de l'église de Genève, né dans cette ville en 1757, a publié plusieurs ouvrages religieux: 1° un catéchisme élémentaire sous le titre de Lait de la parole, Genève, 1789; 2" Lettres à une mère chrétienne, 2o édition, 1821, in-8°; 3° Moyens de connaítre Dieu, 1815 : cet ouvrage a été réuni au précédent dans la dernière édition; 4° Instructions et méditations sur Jesus Christ, 1817, in-8°; 5' Promenades philosophiques et religieuses aux environs du Mont-Blanc, 2o édition, 1820, in-12; 6° Enseignement graduel des vérités religieuses par J.-C. et ses apôtres ; 7o Chaînes des vérités évangéliques; 8° Opuscules; 9° Leçons de la parole de Dieu sur l'étendue et l'origine du mal dans l'homme, 1821, in-8°; 10o Leçons de la parole de Dieu sur la divinité du Redempteur, 1822, in-8°; 11o Leçons de la parole de Dieu sur la rédemption de l'homme, 1823, in-8°. L'auteur de ces ouvrages s'est abstenu de toute controverse avec l'église romaine: aussi sa personne et ses écrits ont reçu les témoignages de l'estime de plusieurs ecclésiastiques de cette communion.

MOULLAND (N.), était, au commencement la révolution, commissaire du roi près le tribunal correctionnel de Bayeux (Calvados). Il adopta avec beaucoup de modération les nouveaux principes, et fut nommé, en 1798, député de ce département au con

seil des cinq-cents, d'où il passa l'année suivante au corps-législatif. Sorti en 1803 de cette assemblée, il n'a pas reparu dans les fonctions publiques.

MOULTRIE (GUILLAUME), major-général de l'armée des EtatsUnis, s'enrôla, en 1760, comme simple volontaire, et fit la guerre contre les Cherkoées, d'abord sous les ordres du gouverneur Littleton, ensuite sous ceux du colonel Montgommery. Il se distingua dans plusieurs rencontres et devint capitaine. En 1761, il eut la gloire de terminer lui-même cette guerre en battant, avec sa seule compagnie, ces différentes peuplades, qui furent forcées de recevoir la loi du vainqueur. Lorsque le cri d'indépendance se fit entendre dans les provinces américaines, le capitaine Moultrie y répondit un des premiers, et travailla dès-lors avec beaucoup d'activité à briser le joug de la métropole. Parvenu par ses services au grade de colonel du 2me régiment de la Caroline méridionale, il se distingua particulièrement à l'affaire de l'île de Sulivau, en rendant infructueuses les attaques de l'armée anglaise, quoiqu'il n'eût avec lui que 340 hommes de son régiment et quelques miliciens. Le congrès national lui décerna la récompense la plus flatteuse en ordonnant qu'à l'avenir le fort qu'il avait si vaillamment défendu porterait son nom. En 1779 il battit les Anglais à la bataille de Beaufort, commanda en second au siége de Charlestown, et vint à Philadelphie après la reddition de la place. Il fut nommé, en 1782, gouverneur de la Caroline, sa pa

trie, et remplit pendant long-temps ce poste honorable. Forcé d'en résigner les fonctions par suite de son grand âge et de sa mauvaise santé, il vécut dans la retraite et mourut à Charlestown, en 1805, à l'âge de 76 ans. Il a publié des Mémoires sur les événemens de la révolution dans la province de Géorgie et dans les Deux-Carolines.

MOUNIER (JEAN-JOSEPH), l'un des députés les plus célèbres des états-généraux, en 1789, naquit à Grenoble, le 12 novembre 1758. Son père, commerçant estimé, lui fit donner une excellente éducation; mais la sévérité souvent injuste de son premier instituteur, et les obstacles qu'il rencontra lorsque, méconnaissant sa vocation, il voulut entrer dans l'état militaire, jetèrent dans son cœur les premières semences de sa haine contre l'oppression et les priviléges. Mounier était né pour être jurisconsulte; il le sentit enfin, entra chez un avocat, où il passa quelque temps, obtint le titre de bachelier en droit à l'université d'Orange, et après trois ans d'études chez les membres les plus éclairés du parlement de Grenoble, il fut reçu avocat. A l'âge de 25 ans, il acheta la charge de juge royal, qu'il exerça pendant six années avec la plus grande distinction. Tout le temps qu'il ne donnait pas à ses fonctions était employé à l'histoire naturelle, å la politique et au droit public, et, s'étant lié avec quelques Anglais, il étudia leur langue, la théo¬ rie, et surtout la pratique de leurs institutions. Mounier s'était ainsi préparé, sans le savoir, aux événe

mens importans qui devaient suivre: aussi, lorsqu'après la convocation infructueuse des notables en 1787, l'arrêt du parlement de Paris, même année, exigeant la convocation immédiate des étatsgénéraux, l'annonce d'une cour plénière imaginée par les ministres pour réduire à l'obéissance les cours de justice, nouveauté que le parlement de Grenoble repoussa avec énergie; lorsque surtout après l'exil de ses magistrats, cette ville, craignant de perdre toutes ses libertés, eut demandé et obtenu une assemblée de ses notables, Mounier, juge royal, y parut avec tous les avantages que lui donnaient ses fonctions, ses qualités personnelles et ses connaissances politiques; il fut en quelque sorte l'âme de cette assemblée, et y posa les bases d'un gouvernement représentatif. Ce qu'il y eut de remarquable encore, c'est qu'on y voit consacrées, en quelque sorte, la Réunion des ordres, et l'Opinion par tête, qui devaient bientôt donner lieu aux plus vifs débats. Mounier attachait beaucoup d'importance à cette mesure : c'était alors l'opinion de toute la France; il y tenait plus fortement encore par ce qui venait de se passer sous ses yeux, et qui était si opposé à l'exemple donné par les anciens états-généraux, dont Voltaire avait dit :

Que de ces grands conseils, l'effet le plus commun Est de voir tous les maux sans en réparer un.

Il était persuadé que c'était le seul moyen d'établir une constitution sage, qui assurât les droits du prince et ceux du peuple, par le concours du monarque et de la

nation pour la formation des lois, la balance du pouvoir et l'éloignement de l'arbitraire. Cette assemblée, où triomphèrent les principes de Mounier sur la réunion des ordres et sur le vote par tête, fut suivie de deux autres assemblées également remarquables par la concorde qui régna entre les ordres réunis, l'oubli des intérêts personnels, et le respect pour l'autorité du monarque; Mounier y remplit les fonctions de secrétaire, et s'y montra orateur distingué. Au mois de janvier 1789, arriva à Grenoble l'instruction ministé→ rielle sur l'élection des députés aux états généraux; Mounier fut nommé le premier par acclamation, et quoique les états eussent consacré deux grandes innovations, débattues et arrêtées dans les états précédens, en défendant à leurs députés de voter sur aucune proposition autrement que dans la réunion des ordres et par tête, le commissaire du roi leur dit, en fermant leur session : « Une sages» se profonde a dirigé vos démar>>ches et présidé à vos choix. » Et lorsqu'au mois de mars, Mounier accompagna à Versailles l'archevêque de Vienne, qui avait présidé l'assemblée, et que le roi remerciait d'avoir sauvé le Dauphiné, l'archevêque répondit, Sire, ce n'est pas moi, c'est notre secrétaire-général; tant était connue la pureté des motifs qui avaient constamment dirigé Mounier dans ses opinions et dans ses votes. La réputation dont il jouissait à Grenoble le suivit aux états-généraux, environné d'abord d'une grande faveur, pour avoir puissamment influé sur la double représentation

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