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dans la chapelle de cette dame. Un voile bien léger couvrit ce mariage, qui ne resta ignoré ni à la cour ni à la ville. Mme de Montesson continua à porter le même nom; son état dans le monde rappelait en quelque sorte celui de Me de Maintenon à la cour de Louis XIV; mais elle sut mieux que celle-ci répandre du charme sur les jours de son auguste époux, et du bonheur sur tous ceux qui l'entouraient. Sans faste et sans orgueil dans son intérieur, sa maison était ouverte non-seulement aux personnes illustres par leur naissance, mais aussi à celles qui s'étaient fait un nom dans les lettres, les sciences, et les arts. Le bon goût et les talens y régnaient encore plus que la magnificence. Ingénieuse dans le choix des amusemens de société, qui variaient tous les jours les plaisirs du prince, M de Montesson enrichissait cette société du tribut de ses propres talens, et faisait valoir ceux des personnes qui se plaisaient à la seconder. Les mémoires de cette époque (voyez la correspondance de Grimm, de Collé et autres) sont pleins de détails sur les fêtes élégantes et sur les représentations théâtrales qui se donnaient chez Me de Montesson. La plupart des pièces étaient de sa composition, et elle y jouait un rôle, ainsi que le duc d'Orléans. Voltaire fut invité à une de ces représentations, et applaudit avec transport aux pièces et aux acteurs. Il devint à son tour l'objet des plus flatteuses attentions. Le duc d'Orléans se réunit à la dame du lieu pour combler d'honneurs et de caresses l'auteur de tant de chefs-d'œuvre.

Quand Mme de Montesson s'approcha de sa loge, Voltaire se mit à genoux, et témoigna, par les expressions de la plus vive reconnaissance, combien il était sensible au bonheur dont on l'avait fait jouir. Les représentations continuèrent pendant plusieurs hivers; on regardait comme une grande faveur d'y être admis; et l'exécution théâtrale était aussi remarquable que le rang des acteurs et l'éclat de l'assemblée. Collé, dans son enthousiasme, compare MTM* de Montesson à Mile Clairon; et Grimm ajoute qu'elle jouait successivement, avec le même talent, les rôles de M1le d'Oligny, de Me Arnould, et de Mme Laruette. Les succès, toujours croissans, de Me de Montesson, ainsi que les vives instances de Molé et des principaux acteurs du ThéâtreFrançais, l'engagèrent enfin à faire paraître sur la scène publique une de ses pièces, la Comtesse de Chazelles, comédie en 5 actes et en vers. La pièce, présentée sans nom d'auteur, mais reçue à l'unanimité et aux vives acclamations des acteurs, jouée le 6 mai 1785, n'obtint pas les suffrages du parterre. Les juges se montrèrent d'autant plus sévères, que la plupart d'entre eux n'avaient jamais pu être admis aux représentations du théâtre particulier de l'auteur; exclusion qui ne disposait point à la bienveillance. La pièce alla cependant jusqu'à la fin, et aurait pu être reproduite avec quelques changemens; mais Me de Montesson là retira après la première représentation, s'en déclara l'auteur, et la fit imprimer à un petit nombre d'exemplaires, pour la

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soumettre au jugement de ses amis, et répondre aux critiques qui avaient été jusqu'à dire que la Comtesse de Chazelles était une pièce immorale. En 1785, M" de Montesson eut le malheur de perdre le duc d'Orléans, qui mourut dans ses bras, et à qui elle n'avait cessé, jusqu'au dernier moment, de prodiguer les plus tendres soins. Pendant cette union, sa conduite, modèle à la fois de dignité et de prudence, lui avait acquis l'estime et la considération générales. Mariée au premier prince du sang, mais sans avoir le titre de princesse, elle sut garder une mesure parfaite avec les premières personnes de l'état, qui s'empressaient autour d'elle, et sut également établir les nuances convenables dans son langage et ses manières, suivant les divers rapports où elle se trouvait dans la société. Respectueuse envers les princes du sang, elle en obtenait les mêmes formes de déférence qu'elle employait elle-même. Mme de Montesson fut payée du douaire qui lui avait été stipulé dans son contrat de mariage; et quel ques légères contestations s'étant élevées, le roi Louis XVI autorisa Mae de Montesson à signer tous ses actes: Veuve d'Orléans. Elle échappa heureusement aux plus grands dangers de la révolution; nulle haine personnelle ne la poursuivait, tandis que sa douceur et son affabilité lui avaient acquis de nombreux amis. Elle fut cependant arrêtée pendant le rè gne de la terreur, et ne sortit de prison qu'après le 9 thermidor. On savait qu'elle se plaisait à répandre des bienfaits dans la classe

indigente; peut-être se rappelaiton encore que, dans le rigoureux hiver de 1788 à 1789, elle avait fait retirer les arbres et plantes exotiques de son orangerie et de ses serres, pour changer ces bâtimens en salles de travail, où les pauvres trouvaient de l'ouvrage, un abri contre l'intempérie de la saison, une nourriture saine et des secours de toute espèce. Napoléon, parvenu au pouvoir, eut constamment pour Mme de Montesson les plus grands égards. On assure qu'une circonstance particulière lui avait inspiré pour elle cette bienveillance remarquable. Elle avait rencontré dans la société Mme de Beauharnais, qui venait d'épouser le général Bonaparte. Pendant l'expédition d'Égypte, et après avoir passé ensemble la saison des eaux à Plombières, une liaison plus intime et une correspondance fréquente par lettres s'établirent entre ces deux dames. A son retour d'Égypte,et peu de jours après le 18 brumaire, le premier consul, en parcourant quelques papiers, trouva les lettres de Mm de Montesson à sa femme. Elles contenaient les plus sages, les plus utiles conseils. Il eut lieu d'en être content, et remarqua surtout cette phrase: Vous ne devez jamais, en aucune circonstance de votre vie, oublier que vous êtes la femme d'un grand homme. Me de Montesson ne profita de son crédit auprès du chef de l'état, que pour satisfaire de nobles sentimens : elle obtint de lui que la somme allouée annuellement aux membres de la famille d'Orléans, qui se trouvaient alors en Espagne, et qui avaient été privés de tous leurs liens en

France, fût considérablement augmentée. Chérie et vénérée de ceux qui lui appartenaient par les liens du sang, entourée des soins les plus délicats, Mme de Montesson eut une vieillesse calme et heu reuse. Elle mourut à Paris le 6 février 1806. Selon ses désirs, son corps fut transporté à Saint-Port, paroisse du château de Sainte-Assise, qui lui avait appartenu, et où le duc d'Orléans était mort. Par son testament, ce prince avait ordonné que son cœur et ses entrailles fussent portés dans cette église, «espérant que la da» me du lieu y serait inhumée à » ses côtés, et voulant qu'ils fus>> sent aussi unis après leur mort, » qu'ils l'avaient été pendant leur »vie. » Les funérailles de Mme de Montesson furent célébrées avec une pompe solennelle. Après avoir fait plusieurs legs considérables à divers membres de sa famille, elle avait institué pour son légataire universel le général comte de Valence, qui avait épousé sa nièce. Sous le titre d'OEuvres anonymes, Mme de Montesson a livré à l'impression le recueil de ses pièces de théâtre, de ses poésies, et de ses compositions en prose, 8 volumes grand in-8°: Didot, 1782. Cette collection, imprimée à un très petit nombre d'exemplaires et donnée uniquement à ses amis, est devenue très-rare. Rangée parmi les livres précieux, elle a été payée très-cher par des amateurs. On y trouve 16 pièces de théâtre, un roman, Pauline; Rosamonde, poëme en 5 chants; une lettre de Saint-Preux à milord Édouard; un conte allégorique, les Dix-huit Portes, anecdote tirée des fa

bliaux, etc. Il reste encore d'elle, ́ 'à ce qu'on assure, 2 tragédies qui n'ont point été imprimées, Elfrède et la prise de Grenade; et 2 Comédies. Élève distinguée de Van Spaendonck, elle a aussi laissé plusieurs tableaux de fleurs, dignes de l'école de ce peintre célèbre.

MONTEVERDE (N.), l'un des généraux de l'armée royale que l'Espagne envoya, en 1812, contre ses colonies insurgées, est aussi l'un des chefs qui, par leur inflexible sévérité, nuisirent le plus à là cause qu'ils étaient appelés à faire triompher. Monteverde, opposé à MIRANDA (voy. ce nom), dans l'état de Venezuela, commença brillamment la campagne. Maître de Barquisimeto, où nombre d'habitans se réunirent à ses drapeaux, il pénétra dans Araure, que les indépendans défendirent mal, et dont le chef tomba én son pouvoir; de là il se répandit dans les vastés plaines appartenant aux provinces de Barinas et de Caraccas, et s'efforça de s'emparer de la place de Barinas, où il de-ˆ vait trouver un point d'autant plus précieux qu'une fois y étant établi, il pouvait affamer les villes de la partie montagneuse de Venezuela, qui tiraient de ces plaines les bestiaux destinés à leur approvisionnement. Pendant qu'u ne partie de ses troupes occupait Barinas, il attaquait avec des forces supérieures San Carlos, où il eût échoué si la cavalerie des indépendans, en passant de son côté, ne lui eût assuré une victoire qu'il n'avait pu obtenir sur l'infanterie ces triomphes frappèrent de stupeur le parti des patriotes, dont les forcés, encore

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peu nombreuses et disséminées sur une grande étendue de terrain, ne pouvaient opposer une longue et utile résistance. Les indépendans éprouvèrent presque en même temps sur l'Orénoque les mêmes désavantages, et leur position devint extrêmement critique. Miranda, se voyant forcé de se retirer de Valenciay, s'établit dans les défilés de la Cabrera. Il espérait y arrêter long-temps les troupes de Monteverde. Trahi par les habitans des montagnes, que le général espagnol avait gagnés, il apprit, bientôt, que l'ennemi avait évité le passage des défilés; néanmoins il fit une si bonne contenance dans sa retraite sur Vittoria, distant de près de 60 lieues de Caraccas, que Monteverde ne put l'entamer. La mauvaise fortune des indépendans se signala plus particulièrement à PuertoCabello. Les prisonniers espagnols renfermés dans cette ville parvinrent à s'en rendre maîtres, circonstance qui détermina la retraite de BOLIVAR (voy. ce nom), et assura aux royalistes une supériorité marquée. La possession de Puerto-Caballo, où Monteverde trouva des munitions qui lui manquaient, lui permit de rétablir les communications avec Coro et Puerto Rico, où il put se procurer des renforts, qu'auparavant il était forcé de faire venir par terre et d'une distance de plus de 150 lieues. Le général espagnol usant de tout l'ascendant que lui donnait sa position, menaça des dernières rigueurs militaires les habitans de Caraccas, s'ils s'exposaient à être réduits de vive force. Miranda fut autorisé

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par le pouvoir exécutif, à capituler, et Monteverde consentit aux conditions suivantes : « 1° la >> constitution offerte par les Cor»tès à la nation espagnole, sera »établie » établie à Caraccas; 2° personne »> ne sera inquiété pour ses opi»nions; 3° toutes les propriétés particulières seront respectées; 4 chaque citoyen aura la faculté »>de quitter le territoire de Vene» zuela. >> En vertu de cette capitulation, signée et ratifiée de Monteverde, rapporte-t-on dans un ouvrage imprimé à l'étranger, les troupes royales furent mises en possession de Caraccas, du fort de la Guayra, des provinces de Cumana et de Barcelonne; mais cette convention ne tarda pas à être violée avec la perfidie dont cette guerre a fourni des exemples aussi nombreux que déplorables. Non-seulement Miranda, livré par un traître, fut retenu prisonnier et envoyé en Europe, ainsi que plusieurs de ses compagnons d'armes, mais d'autres articles furent enfreints avec la même audace. Une foule d'habitans sont incarcérés, et la florissante capitale de Venezuela est transformée en une vaste prison. Rien ne donnait lieu cependant à tant de rigueur, pas même l'excuse de la nécessité. Les patriotes avaient été battus complètement dans une attaque sur la Guayra, et deux départemens venaient d'être conquis par les royalistes de Maracaybo; enfin les Espagnols étaient vainqueurs sur tous les points. Mais l'abus que faisaient de leur triomphe les agens et les partisans de la métropole, ne servit qu'à rallumer plus fortement.

l'incendie qu'on se flattait d'avoir éteint à force de sévérité. La fortune changea bientôt cet état de choses. A la tête des insurgés de Cumana, Marino reprend la ville de Maturin, et repousse le corps royaliste qui veut l'en chasser. Monteverde en personne attaque la place au mois d'avril 1813, et est contraint de se retirer. Bientôt Bolivar, qui commande 6,000 soldats de la Nouvelle-Grenade, reprend l'offensive, et, dès ce moment, marche de succès en succès; il défait Monteyerde dans six combats différens. A Lostaguanes, le général espagnol est forcé, après la plus vigoureuse résistance, à se retirer sur PuertoCabello. Bolivar se dirige sur Caraccas, qu'il réduit par capitulation elle était avantageuse aux Espagnols, mais Monteverde refuse de la ratifier, déclarant : « que » ce serait déroger à la dignité es>>pagnole que de traiter avec des >> rebelles. » Des renforts qu'il reçoit d'Europe lui permettent de soutenir ce langage altier, et luimême attaque avec la plus grande audace les indépendans; mais ils étaient préparés à le bien recevoir de part et d'autre on fit des prodiges de valeur. La bataille d'Aqua-Caliente, où Monteverde se conduisit avec autant de talent que de courage, mais qu'il perdit entièrement, le força de se retirer de nouveau à PuertoCabello; il avait été grièvement blessé dans cette sanglante affaire, où les deux tiers de ses troupes restèrent sur le champ de bataille. Ces défaites successives le firent remplacer dans son commandement général par CAGICAL (voyez

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ce nom). Depuis cette époque, il a été entièrement perdu de vue. MONTFALCON(JEAN-BAPTISTE), médecin de Lyon, né dans cette ville en 1792, a inséré dans le Dictionnaire des Sciences médicales un grand nombre d'articles, qui se recommandent sous le double rapport de l'instruction et du style. Il est l'un des collaborateurs de la Biographie médicale, et du Journal complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales. On trouve plusieurs dissertations et analyses d'ouvrages, écrites par lui dans les Bulletins de la société médicale d'émulation, dans le Journal général de médecine et dans les Annales physiologiques. M. Montfalcon suit avec honneur les traces des Lecat et des Camper, et en 1822, trois couronnes académiques lui ont été décernées par des compagnies savantes. Il appartient à la plupart des académies des sciences et des sociétés de médecine de la France. Voici les titres de quelque-uns de ses ouvrages 1° Mémoire sur l'état actuel de la chirurgie, in-8°, Paris, 1816; 2o de l'Influence que l'âge exerce sur l'habileté des médecins, in-4°, Paris, 1818; 5° Quelques réflexions sur les rapports des médecins avec la société, in-8°, Lyon, 1818; 4° Iconographie littéraire, in-8o, Lyon, 1823; 5o Essai pour servir à l'histoire des fièvres ataxiques et adynamiques, in8°, Lyon, 1823.

MONTFORT (LE BARON JACQUES), maréchal-de-camp, commandant de l'ordre royal de la légion d'honneur et chevalier de Saint-Louis, naquit à Salanches en Savoie, le 22 juillet 1770. Il entra au service comme simple

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