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>> des avantages de la paix, d'autre >> lutte que la lutte sainte de la » félicité des peuples. La France » se plaît à proclamer avec fran>> chise le noble but de tous ses >> vœux. Jalouse de son indépendan»>ce, le principe invariable de sa » politique sera le respect le plus » absolu pour l'indépendance des Dautres nations. Si tels sont, com» me j'en ai eu l'heureuse confianles sentimens personnels de » V. M., le calme général est as» suré pour long-temps, et la jus»tice, assise aux confins des états, » suffit seule pour en garder les >> frontières. »

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Cette lettre, trop suspecte sans doute aux intérêts eux-mêmes, que Napoléon croyait pouvoir rétablir, n'eut point cours auprès de la politique étrangère, qui avait rigoureusement fermé toutes les avenues à toutes communications avec le gouvernement de Napoléon. Malgré ce rigoureux interdit, ce prince, à qui la confiance souriait comme une expression de sa volonté, renouvela des démarches auprès de la cour de Vienne, et en fit mê me auprès du prince de Talleyrand, plénipotentiaire du roi au congrès. Mais une victoire éclatante était de première nécessité pour Napoléon. Il s'y préparait par tous les moyens, et par tous les souvenirs de son génie et de son ascendant sur le soldat français. Il avait paru seul dans les rangs de la garde nationale, malgré les craintes qu'on avait cherché à lui inspirer. Il avait habilement cimenté l'alliance de cette garde avec la garde impériale par un

banquet de 15,000 couverts que la garde impériale avait donné au Champ-de-Mars à la garde nationale. Huit armées s'étaient formées depuis le retour de Napoléon; elles reçurent le nom d'armée du Nord, de la Moselle, du Rhin, du Jura, des Alpes, des Pyrénées; l'armée de réserve se réunissait à Paris et à Laon. Cent cinquante batteries étaient en marche pour toutes ces armées; 300 bouches à feu allaient être placées sur les hauteurs de Paris. Les corps francs et les partisans s'organisaient. La levée en masse des sept départemens frontières du Nord et de l'Est était préparée. Toutes les places étaient fortifiées jusque dans le centre de la France: tous les défilés étaient gardés, tous les passages retranchés : les redontes, les ouvrages de campagne s'élevaient partout où il y avait un obstacle à défendre, une issue à fermer, une route à protéger. La France était disposée comme une citadelle à soutenir l'assaut de l'Europe, et ses forces, placées pour la défense, étaient organisées, armées, approvisionnées pour l'invasion. Napoléon possédait au plus haut degré la magie militaire sur le soldat français; il avait rendu aux régimens ces beaux surnoms d'Invincible, de Terrible, d'Incomparable, d'un contre dix. Aussi de 80,000 hommes l'armée se trouva tout-àcoup portée à 200,000. Dix mille soldats d'élite entrèrent dans les vieux rangs de la garde. Les braves marins de Lutzen et de Bautzen formèrent un corps de 18,000.

d'un chef pour défendre avec lui contre l'étranger l'indépendance de la patrie, et celle qui après la victoire tient encore cette nation debout pour défendre sa liberté contre ce même chef. La fédération bretonne, qui produisit un traité entre les villes de Rennes et de Nantes, en est la preuve. Après avoir lu ce traité, qui lui avait été dénoncé, Napoléon disait : « C'est bon pour la » France, mais ce n'est pas bon » pour moi. » Jamais sans doute gloire plus grande ni plus utile n'eût été donnée à aucun peuple, si au 18 brumaire les Français avaient pu forcer Napoléon à devenir citoyen. Mais Napoléon avait une idée fixe, le pouvoir absolu. Son génie fut assez fort pour l'établir, trop peu pour le conserver, parce qu'il fallait pour ê tre toujours le maître, et l'être de tous les peuples, posséder une égale activité de prudence et de force aussi en 1815 les fédérés lui parurent des ennemis, les clubistes des factieux. Il n'était pas dans sa nature de vouloir en faire des citoyens il en fit des inécontens. Il dit un jour, « Les prêtres >> et les nobles jouent gros jeu. Si

La grosse cavalerie fut remontée par 10,000 chevaux de la gendarmerie. Eufin la garde nationale de France fut réorganisée en 3, 130 ba taillons, présentant une masse de 2,250,000 hommes, et 1,500 compagnies de chasseurs et de grenadiers de la garde nationale, formant 180,000 hommes, furent mises à la disposition du ministre de la guerre. Si Napoléon n'avait voulu être que le dictateur de la France en péril au lieu d'être son propre successeur à l'empire, qui peut dire que la république n'eût pas tenté de sortir de ses ruines? Napoléon en eut peur, quand il vit de près les fédérés, et qu'il entendit les motions des clubs qu'il avait fait rouvrir. Il en eut peur, et l'élan prêt à éclater sur toute la France d'une sorte de fanatisme national fut comprimé. Les provin ces montagneuses, dont la nature plus sauvage est plus en rapport avec les sentimens austères du patriotisme, avaient repris avec ardeur les souvenirs de ces grands efforts qui les avaient illustrées pour la cause de la liberté. Il y eut dans les Thermopyles des Vosges et du Jura de nombreux exemples des dévouemens antiques. Il y eut en Alsace et en Franche-»je leur lâche le peuple, ils seront Comté beaucoup de femines beaucoup de mères de Rome et de Sparte qui excitaient à la guerre leurs maris et leurs enfans. Ces vertus terribles pour les ennemis de la patrie étaient aussi bien redoutables pour celui qui ne voulait la délivrer que pour l'asservir. Cependant il pouvait exister en France, ou plutôt renaître, cette force morale qui fait lever toute une nation sous le drapeau

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>> tous dévorés dans un clin-d'œil. » Cependant qui avait rétabli les prêtres et les nobles? Une autre fois, en parlant des souverains de l'Europe, il disait : « Si demain »je mettais le bonnet rouge, ils » seraient tous perdus. » Il Raurait été lui-même. Mais si à son retour d'Égypte il ne se fût pas plu à confondre la révolution avec la terreur, ni lui ni les rois de l'Europe, n'auraient rien eu à

craindre de la liberté légale que la France lui demandait alors.

On était au 24 avril, et l'acte additionnel parut dans le Monitéur, malgré les inutiles efforts et les vives remontrances de quelques grands personnages.

Fouché de Nantes venait d'être surpris par Napoléon, dans une intrigue avec le prince de Metternich, mais Napoléon ne retira d'autre fruit de sa découverte, que la certitude d'être trahi par Fouché, et l'impossibilité de s'en défaire. Il avait été trompé dans toute cette affaire, au point de croire qu'il était le maître d'accepter la régence, et de placer son fils sur le trône de France; et comme il croyait tout ce qu'il espérait, il disait : « Puisqu'ils m'offrent la régence, mon >> attitude leur impose qu'ils me >> laissent encore un mois, et je ne >> les craindrai plus.

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Cependant Joachim Murat, qui avait trahi Napoléon en 1814, qui en récompense avait conservé sa couronne, qui enfin allait être reconnu par l'Angleterre elle-même légitime roi de Naples, comme Bernadotte l'avait été de Suède, Joachim, par une sorte de remords de vanité, s'était aussi mis dans la tête de ne plus craindre l'Europe, quoique Napoléon n'eût cessé depuis son départ de l'île d'Elbe, de l'engager à ne rien entreprendre. Une ridicule et fatale présomption lui fait rêver de devenir tout-à-coup l'arbitre de l'indépendance italienne; de longues et fastueuses proclamations vont porter jusqu'aux Alpes Juliennes, le nom du libérateur. Ce n'était pas celui de Napoléon, le seul cependant qui pût donner crédit à

l'entreprise de son beau-frère. Une étroite combinaison, ou peutêtre même un orgueil excessif, décida le roi Joachim à ne pas s'annoncer comme le lieutenant de Napoléon, dont le prestige, toujours historique pour ces belles contrées, parlait encore si haut aux rives de l'Adige, du Pô, du Tibre, aux palais de Gênes, à ceux de Venise, aux monumens triomphaux et civils qui attestaient sa grandeur et son amitié aux Lombards, aux Toscans et aux Romains. Le 28 mars, à la tête de 50,000 Napolitains, nation que ces peuples ne comptent pas dans les rangs de la patrie italienne, Joachim commença son irruption. Il croit qu'il donne sa bravoure à ses troupes, comme Napoléon donnait son génie à ses armées. Le désir de cette indé-. pendance était tel en Italie, que plusieurs villes se levèrent au preinier appel de Joachim. Mais le 5 avril, le général autrichien Bellegarde répond de Milan à la proclamation du roi de Naples, et le général anglais Bentinck y répond aussi de Livourne, en unissant ses armes à celles de l'Autriche. Les Allemands surpris, sont d'abord obligés de se replier, mais les généraux Bianchi et Neipperg combinent leurs mouvemens, prennent à leur tour l'offensive, chassent bientôt devant eux les bandes napolitaines, et le 2 et le 3 de mai, les mettent dans une déroute complète à la bataille de Tolentino.

L'intention de Joachim fut de servir Napoléon en s'élevant luimême, mais par cette folle entreprise, il contribua encore à la des

des conseillers de l'infortuné Joachim, abusa de la jactance de son caractère, causa sa perte, celle de l'Italie, et contribua puissamment à celle de Napoléon. Dès, ce mo

Cependant l'orage approche de la France, et la conjuration diplomatique resserre tous les liens des rois de l'Europe contre l'ennemi commun. Le 12 mai, un rapport était publié à Vienne par ordre du congrès. C'était un manifeste de l'autocratie future des rois sur les libertés publiques.

truction de ce prince, en appesantissant le joug autrichien sur cette malheureuse Italie, dont la destinée ne devait être décidée que par la victoire ou par la défaite de Napoléon. Napoléon ap-ment, le nom de Joachim devient prit avec douleur la levée de bou- sacré pour la France elle-même, clier de son beau-frère, à qui il et l'histoire a le droit d'appeler à avait prescrit d'attendre. Il en- la postérité du jugement qui a voya auprès de lui un général violé envers ce prince le caractère habile qui avait la confiance du inviolable de la royauté. Elle dira roi de Naples, mais il n'était déjà que Joachim est mort en roi et en plus temps: un mois avait suffi brave. pour détruire l'armée de Joachim, et pour le détrôner. Vainement sa bouillante valeur, encore excitée par son désespoir, l'avait vingt fois précipité seul au milieu des rangs ennemis, pour y chercher la mort. Hélas! il était invulnérable! « Je n'ai pu mourir, mada»me, dit-il à la reine, en rentrant » dans Naples. En peu d'heures le trône de Joachim avait disparu. Il avait dû fuir sur un bateau pêcheur, et la reine, toujours courageuse dans cette extrême fatalité, avait pu stipuler avec les Anglais son départ de Naples, et le transport de toute sa famille sur un vaisseau britannique, dans le port de Trieste. (Voyez JOACHIM MURAT, voyez la reine CAROLINE MURAT. Če funeste épisode de la catastrophe qui attendait Napoléon, lui enleva l'appui de l'Italie, dont l'immobilité silencieuse soutenue par l'attitude du prince le plus guerrier de l'Europe après Napoléon, eût imposé à l'Autriche, jusqu'au dénouement de la grande scène, dont le midi de la Belgique allait être le théâtre. Ces auspices furent malheureux. La présomptueuse ineptie

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...Les puissances ne se croient >> pas autorisées à imposer un gou. >> vernement à la France, mais » elles ne renonceront jamais AU >> DROIT d'empêcher, que sous le >> titre de gouvernement, il ne s'é>>tablisse en France un foyer de dé»sordre et de bouleversement pour >> les autres états... CET HOMME n'a »d'autre garantie à proposer à l'Europe que sa parole, etc....» La Prusse, l'Autriche et l'Angleterre, venaient donc d'acquérir le droit de faire oublier à l'Europe les nombreuses infractions aux traités avec la France, lesquels avaient eu une toute autre garantie que celle de la parole de leurs plénipotentiaires. On ne devait donc plus de part et d'autre, au moins extérieurement, procéder que par voie d'extermination. Car, malgré l'intérêt si fastueusement

publié du repos de l'Europe par l'anéantissement de Napoléon, et du rétablissement de la maison de Bourbon sur le trône de France, la marche des alliés vers le Rhin ne fut pas égale, et cette fois la conquête de la France n'était pas le prix de la course. Ainsi toute cette haute menace européenne pouvait tomber devant une bataille, où les seules armées anglaises et prussiennes répresentaient toute la coalition.

champ de bataille était choisi, et le nom de Fleurus allait reparaître encore dans les destinées de la France.

Napoléon ouvrit auparavant le champ-de-mai. C'était ressusciter de plus vieux souvenirs. Cette intervention gothique parut à quelques bons esprits déparer le péril de la grande crise de la France. Les anciens sacrifiaient aux dieux protecteurs et aux dieux infernaux avant les batailles qui pouvaient décider du sort de l'état. Mais quel était le but du moderne Napoléon, d'exhumer au 19° siècle un usage des premières races? qu'avaient de commun les libertés françaises sous Charlemagne avec celles qui venaient de passer sous le niveau de l'acte additionnel? Napoléon y parut aussi entouré de ses barons et de ses preux. Rien ne fut oublié de la pompe impériale, et même il y fut ajouté, afin que les 500 électeurs qui avaient été députés à Paris par tous les colléges électoraux, et que les députes des armées de terre et de mer, ne pussent pas ignorer la nature du pacte solennel qu'ils allaient contracter pour la France avec Napoléon. Le costume de Napoléon et celui de ses frères, quoique déjà connu et consacré, ne parut que théâ

Cependant toutes les précautions étaient prises, et la Suisse, qui l'année précédente avait laissé violer sa neutralité, se rangea d'elle-même du côté du plus fort, en signant le 20 mai la convention de Zurich, avec les quatre grandes puissances. Ce fut pour sa politique une occasion de vanité qu'elle ne dut pas laisser échapper, que celle d'être recherchée par des puissances qui pouvaient se passer de son consentement, en renouvelant, en 1815, l'occupation militaire de 1814. Le même jour, la convention de Capoue remettait aux Anglais et aux Autrichiens, pour le roi Ferdinand, toutes les places du royaume de Naples. Le 27, les trois souverains de Russie, d'Autriche et de Prusse, partaient de Vienne pour se rendre à leurs armées. Enfin, le 31 mai, un trai-tral et peu analogue avec la sévété était signé à Vienne entre les quatre grandes puissances et le nouveau roi des Pays-Bas. Ce traité reconnaissait l'érection de son royaume, et en arrêtait la délimitation, d'un côté aux provinces prussiennes et hanovriennes, de l'autre aux départemens français de la Moselle, de la Meuse, des Ardennes et du Nord. Ainsi le

rité des circonstances; la majorité des spectateurs, tous les électeurs et toute l'armée eussent préféré voir Napoléon, ses frères et sa cour, en habits de guerre, offrant à l'Europe le spectacle, et à la France la garantie de grands citoyens réunis pour un serment tout patriotique, celui de vaincre ou de mourir pour l'indépendance na

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