Page images
PDF
EPUB

propres mains son nom dans l'histoire. » Voilà la femme dévouée, désintéressée, courageuse, qui fut vraiment le modèle des épouses et des mères. Quand on fit, en 1814, toutes les démarches, toutes les instances possibles pour la faire divorcer, pour la marier à quelque prince riche et puissant, à quelque souverain peut-être, elle écrivit à son père, le roi de Wurtemberg : << Forcée par la politique d'épouser le roi mon époux, le sort a voulu que je me trouvasse la femme la plus heureuse qui puisse exister. Je porte à mon mari tous les sentiments réunis : amour, tendresse, estime. En ce moment douloureux, le meilleur des pères voudrait-il détruire mon bonheur intérieur, le seul qui me reste? » Et la noble princesse aima mieux l'exil et la pauvreté avec son époux que la patrie et la richesse sans lui.

Cette différence entre la conduite de Catherine de Wurtemberg et celle de Marie-Louise s'explique facilement. Il faut le reconnaître, les femmes ne poussent le dévouement et la charité jusqu'à l'héroïsme que lorsqu'elles ont pour mobile l'amour, amour humain ou amour divin, amour de l'amante pour son bien-aimé, de la femme pour son mari, de la mère pour son enfant, de la chrétienne pour son Dieu. Aiors, le sexe faible devient un sexe fort. Alors se réalisent les grandes paroles de l'Imitation de Jésus-Christ: « L'amour est capable de tout; il accomplit beau

coup de choses qui épuisent celui qui n'aime pas. L'amour veille sans cesse, et dans le sommell mème il ne dort point. Aucune fatigue ne le lasse, aucune crainte ne le trouble; mais comme une flamme vive et ardente, il s'élève toujours en haut, et s'ouvre un sûr passage au travers de tous les obstacles. » Pourquci des deux princesses l'une fut-elle sublime, l'autre vulgaire ? Pour une raison bien simple: Catherine de Wurtemberg était amoureuse de Jérôme ; Marie-Louise n'était pas amoureuse de Napoléon.

FIN

« PreviousContinue »