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après il parut un nouvel Edit qui confirmoit les Ordonnances, lefquelles avoient caufé le trouble, pas un Ecolier ni Régent ne fit le moindre mouvement.

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par

IL NEGOCIE AVEC LES

VOISINS,
POUR EM-
PESCHER

qu'ILS NE
SENT SON

TRAVER

LE MILA

D'Amboise fut bien content d'avoir fini cette querelle, si viste & si aisément. Il lui POTENTATS eust fort déplû de fe trouver plus long-tems aux prifes avec des gens de Collége, tandis qu'il eftoit après à négocier avec les Princes qui pouvoient traverfer fon grand deffein fur DESSEIN SUR Italie. Ce deffein eftoit de conquérir le Mi- NEZ, lanez. Grand & noble deffein, du reste difficile à executer moins la réfistance que l'on s'atendoit de trouver dans les Places fortes du Païs, qu'à caufe de l'allarme que le bruit feul de ce deffein avoit commencé de répandre. Tout Potentat, fage & habile, s'inquiette toûjours plus ou moins des entreprises de fes voisins , parce que ces entreprises, pour peu qu'elles aient de fuccès, donnent toûjours plus ou moins d'ateinte à l'équilibre si desiré entre les Princes de l'Europe. Calmer la jalousie en pareille occafion, c'estoit une chose bien difficile ; la calmer de maniere que ceux qui avoient intérest à empescher cette conquefte, la facilitaflent aux François, ce fut un bonheur extraordinaire ou un chef-d'œuvre de politique. D'Amboife fut affez habile, ou affez heureux, pour y réüffir.

L

Loüis

EXAMINER

TENTIONS

DU DUG DE
SUR LA PRO

LORRAINE

IL FAIT Louis XII. à fon Sacre, aiant efté proclaLES PRE- mé Roi de France & Duc de Milan, Ludovic Sforce, dit le More, qui joüiffoit de ce Duché, averti par-là de bonne heure de ce qu'on machinoit contre lui, n'avoit eu garde d'épargner ni argent ni foins pour fufciter au Rois tant d'affaires avec les voifins, que le Roi en: perdift la volonté de l'opprimer..

VENGE

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René II. Duc de Lorraine, bien paié par lo More, fut le premier qui parut vouloir inquiéter le Roi, en le preffant vivement de lui reftituër la Provence. Si ce fut un bien inefti-mable qu'une Province fi importante, qui ouvre le Commerce de la Mer Méditerannée, fust unie au Roïaume par l'industrie de Loüis XI. quel malheur n'euft-ce pas efté, si sous le régne de Louis XII. elle en euft efté détachée.. Le Roi répondit, qu'il vouloit que l'on fit ju-ftice, que fila chofe bien difcutée, il fe trouvoit que cette Province appartint au Duc de Lorraine, il estoit tout preft de la rendre. D'Amboise, quoi qu'effraié, moins de la demande du Duc, que de la generofité & de la facilité du Roi, ne laiffa pas de dire, comme lui, qu'il falloit, fans partialité, pefer le droit du Roi & celui du Duc. Le Miniftre ne rifquoit rien à parler ainfi ; au contraire, il en tiroit un avantage, en ce que cette prétention, qui avoit efté rejettée fous les deux ré

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gnes

gnes precedens, venant à l'eftre encore, en pleine connoiffance de caufe, fous un Roi jufte & genereux, il n'y auroit plus lieu de craindre, que profitant des conjonâures, le Duc ni fes Heritiers fongeaffent à la renouveller.

Le droit du Duc eftoit fondé, fur ce que fa Mere foland eftoit fille de René d'Anjou, Roi titulaire des deux Siciles & Comte effectif de Provence; mais il y avoit tantoft vingt ans que ce Roi de Sicile avoit lui-mefme prononcé contre ce prétendu droit, en inftituant, pour Heritier du Comté de Provence, non le Duc, quoique fon petit - fils, mais Charles d'Anjou fon Neveu, qui en avoit joüi paifiblement. Ce Charles d'Anjou aiant, par fon Teftament, Loi irréfragable en Provence, qui eft Païs de droit escrit, inftitué pour Heritier Louis XI. fon cousin germain & fes fucceffeurs Rois de France, il n'y avoit plus lieu de douter, que felon la loi du Païs, cet important Comté ne fut uni à la Couronne, & qu'il ne le fuft pour toûjours. Auffi fut-ce le jugement qu'en rendirent les Commiffaires; jugement fi exact, que le Duc de Lorraine lui-mefme y acquiefca. Il n'avoit renouvellé cette demande furannée, que pour toucher de Ludovic cinquante mille ducats.

Un voifin plus à craindre, & avec qui le IL TRAITE

Lij

Roi

AVEC L'AR

CHIDUC

D'AUSTRI

SOUVERAIN

BAS, ET LE

DISPOSER A

RO FOI ET

DE LA FLAN-

L'ARTOIS,

ROLOIS..

1499.

Roi avoit bien plus à démefler, eftoit le PrinCHE, PRINCE ce des Païs-bas, Philippe Archiduc d'Auftriche,, DESPAIS fils de l'Empereur Maximilien & de Marie de Bourgogne, fille unique & feule Heritiere de RENDRE AU Charles le Hardi, dernier Duc de Bourgogne: HOMMAGE, de la feconde Race. Philippe reclamoit beau DRE, DE Coup de Villes & de Villages, dont Louis ET DU CHA.. XI. s'eftoit emparé; le Roi, de fon cofté, demandoit à Philippe qu'il lui rendift. foi & hommage, des Comtez, de Flandres, d'Ar tois, & du Charolois; & que, par Acte folennel, il renonçast pour toûjours au Duché. de Bourgogne. Cette négociation eftoit d'autant plus difficile, que l'Empereur, Pere de l'Archiduc, venoit de faire une irruption dans ce Duché ; l'irruption du Pere ne fit point de peine à d'Amboife. Il y avoit donné bon ordre. La difficulté eftoit. d'amener le fils à faire ce qu'on fouhaitoit.. De l'y contraindre par la force, il n'y avoit nulle apparence, parce que ce Prince eftoit puiffant,' & parce qu'eftant aimé de fes Peuples & de fes voifins, il ne pouvoit manquer d'eftre fortement fecouru; d'ailleurs le Roi ni d'Am boife ne vouloient point de guerre en Flandre, dans le deffein où ils eftoient de la porter en Italie. Pour fortir de cet embarras, le: tempérament que l'on prit fut de rendre à l'Archiduc une partie de fes Places, moien

nant

nant quoi il fut dit qu'il reconnoiftroit le Roi de France pour Seigneur, qu'il lui rendroit foi & hommage, de la Flandre, de l'Artois, & du Charolois; & qu'à l'égard de la Bourgogne, il s'en raporteroit à ce qui en feroit décidé par le Parlement de Paris; c'eftoit ouvrir à ce Prince un moyen honneste de renoncer à fes prétentions. Il rendit foi & hommage, dans Arras, la teste nuë, fans épée & fans ceinturon, entre les mains du Chancelier de France, qui eftoit affis & couvert, comme reprefentant le Roi.

Il ne fut pas auffi aifé de traiter avec l'Empereur; quoique dans l'irruption qu'il venoit de faire en Bourgogne, il euft fouffert plus de dommage qu'il n'en avoit caufé; il ne pouvoit fe déterminer à faire ni tréve ni paix, foit par irrésolution, soit à caufe de fes engagemens avec le Duc de Milan. Le Duc ayant facrifié une partie de fes trefors à raffafier l'avidité & l'indigence de l'Empereur, l'Empereur ne pouvoit moins faire en faveur d'un Allié, qui le païoit fi bien, que de ne figner aucun Traité où le Duc ne fuft pas compris. L'Archiduc d'un cofté, d'Amboife de l'autre, prefferent en vain l'Empereur, pendant un affez long-tems, de s'accommoder avec la France; tout ce qu'ils pûrent faire, l'un par fes follicitations, l'autre par fes intrigues, après

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