voir, comme fifa creation avoit efte beur ouvrage. Un Pape, non d'une, vieilleffe imbecille, qui fe laiffe gouverner par les autres; non d'une jeuneffe capable des emportemens de la paffion; mais d'une maturité & d'une force d'âge qui fait efperer un long & heureux gouvernement.. Or voicy, SAINT PERE, les raiSons qui m'ont fait prendre la liberté

de dedier à VOTRE SAINTETE cet Ouvrage, qui traite des Indulgences & du Jubilé. Premierement, parce que c'eft fpecialement à votre facrée dignité de fouverain Pontife que Jefus Chrift a accordé le pouvoir de repandre toutes les fois que vous en jugez la caufe legitime, la grace des Indulgences fur le troupeau des Fideles. Secondement, parce que ce Traité eft prefqu'une continuelle explication des Canons Ecclefiaftiques; fcience que VOTRE SAINTETE poffede au fouverain degré : mais bien plus encore que tout cela, parce

graces

que la renommée nous a appris que la douceur & la bonté en font le caractere particulier. En effet, le jour qu'Elle fut exaltée, Elle ne voulut point fe faire connoistre au monde Chrêtien fous d'autre nom que fous celuy de Clement, fans doute pour marquer la clemence qui luy eft naturelle, & qui porte déja dans tous les cœurs un tendre & refpectueux amour pour un Pere doux & affable, & toujours preft à faire des quand l'équité le luy permet. Vous Scavez mieux que perfonne, TRESSAINT PERE, que quoy que la Papauté vous éleve au deffus de tous les enfans de l'Eglife, vous en eftes cependant le Pere, & que fefus-Chrift dont vous eftes icy-bas le Vicaire, ne s'est fait connoître aux hommes que fous le caractere d'humanité & de benignité, pour faire mieux gouter les enfeignemens qu'il vouloit nous laiffer. Loin donc deformais du Gouvernement de l'Eǎ iiij

glife ces contre-temps de feverité, qui rendent odieux aux fideles le joug que Jefus Chrift a declaré doux & leger. Loin ces loix pleines d'un Zele amer, qui ne font qu'éloigner les cœurs, qui jettant les ames dans le defefpoir, augmentent le mal au lieu d'y remedier. On verra fous votre Pontificat la fainte douceur affeclée à la loy chretienne refleurir. C'est par une fingu liere Providence que vôtre Pontificat commence avec le fiecle ; ce qui nous Jemble une espece d'augure, que formais nos mœurs purifiées de toute tache des vices anciens, & degagécs de toutes les ombres des fauffes vertus, nous allons fous le meilleur de tous les Peres, fous CLEMENT XI, commencer un fiecle tout nouveau. Ce font les vœux finceres qu'adreffe Dieu,

DE VOTRE SAINTETE'

de

Le plus humble & le plus foumis de fes Enfans.

PREFACE.

E prefent Ouvrage n'a point d'autre but que d'inftruire les fideles fur les Indulgences. L'occafion en eft favorable, quand le Jubilé Centenaire, la plus celebre des Indulgences, vient de Rome où il fe celebra l'an paffé avec un concours fi édifiant, fe répandre cette année-cy fur tout le Monde Chrêtien. L'inftruction feroit inutile, fi la perfuafion eftoit univerfellement dans tous les efprits, telle qu'on la fouhaiteroit fur cette matiere; mais le prix en eftant auffi grand en foy, & la foy dans plufieurs auffi chancelante, on a

Cru, pour rendre de la gra ce qui fe prefente utile autant qu'elle le doit eftre, qu'il falloit apprendre aux Chrêtiens à l'eftimer, & pour cela leur former fur les principes folides de la Religion, une idée jufte des Indulgences.

Plufieurs tant anciens que modernes ont déja traité la matiere; il eft vray: mais eft-ce une raison de n'en pas écrire ? Il en eft des fciences comme des autres arts. L'invention est bien-tôt épuisée; il ne faut plus deformais travailler qu'à la perfection de ce qui a déja efté inventé; & un des plus mechans caracteres d'Ecrivain, eft l'affectation de dire des chofes nouvelles. On en connoît qui ont gâté l'Hiftoire qu'ils entrepre noient d'écrire, en fe voulant tirer de la route de ceux qui les avoient precedé, & leur feche differtation n'a pû juftifier au Pu