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Cracovie l'émigration polonaise, dont le séjour est devenu aussi préjudiciable pour la ville libre, que pour les provinces limitrophes des puissances protectrices. Combien cette imputation s'accorde avec la vérité, le temps et les circonstances le sauront éclaircir un jour. Dans la République de Cracovie, que les hautes Cours ont voulu être régie d'après les lois fondamentales qui lui furent magnanimement accordées, les fonctions du président du Sénat se bornent seulement à la faculté de faire au Gouvernement des motions tendant aux améliorations de l'administration du pays, et à sanctionner de sa signature les décisions prises par la majorité du Sénat; cependant on ne saura citer aucun arrêté, aucun rescrit du Sénat, dont on pourrait tirer les conséquences qu'on lui attribue, et lui prouver cette tendance supposée. Le maintien et la sécurité des émigrés polonais à Cracovie ne sauront jamais être imputés au Sénat, et d'autant moins au soussigné, vu que même pendant la réorganisation de ce pays, le Gouvernement pria la Commission qui en fut chargée, par la Note du 26 septembre 1833, de vouloir bien décider sur le sort des réfugiés et de leur procurer, soit la liberté de revenir dans leurs foyers, soit des passeports pour l'étranger; mais les représentations faites à ce sujet alors, comme aussi plus tard réitérées à plusieurs reprises à la conférence, étant toujours restées sans réponse, vu qu'on se reportait à une décision définitive que les hautes Cours s'étaient réservée à cet égard, le nombre des émigrés augmentait en attendant tous les jours à Cracovie, par suite des mesures d'expulsion prises contre eux en Gallicie, ce qui était d'autant plus facile, que le passage de Podgorze à Cracovie n'était sujet à aucune difficulté de la part des autorités autrichiennes.

Le second reproche fait au Gouvernement est d'avoir toléré dans la milice du pays des sujets des puissances protectrices, et parmi eux même ceux qui ont porté les armes contre leurs

propres souverains. Ce fait n'a jamais été nié, mais au contraire, au commencement d'abord de son organisation, le Gouvernement actuel a proposé à messieurs les commissaires plénipotentiaires une dissolution de la milice qui existait déjà, l'éloignement des gens suspects et leur remplacement par le moyen d'un recrutement des indigènes. Le rejet de cette mesure par le rescrit du 31 mai 1833 a mis le Sénat dans la nécessité de laisser la milice sur le même pied sur lequel il l'avait

trouvée.

Le troisième reproche repose sur les événements que nous avons eu tout récemment à déplorer, et dont nous sommes tous condamnés à supporter les tristes suites. Ceux-là consistent: dans les vitres cassées le 18 du mois dernier; dans l'assassinat de Pawlowski; et dans un marron lancé d'une fenêtre le jour d'un bal des citoyens, comme les gazettes de Vienne le rapportent. Le premier et le second de ces événements n'auraient certainement pas eu lieu, en jugeant d'après leurs auteurs, si la conférence des résidents avait bien voulu résoudre d'une manière favorable la communication du soussigné, en date du 30 mai 1835, ci-jointe en copie, et consentir à l'éloignement du pays de Xavier Boski, qui a cassé les vitres, et d'Eysmont, l'un des plus principaux complices, comme il commence à apparaître aujourd'hui, du meurtre de Pawlowski. Ainsi, la Note précitée après son laps de temps, équivalant presque à une année entière, laissée sans la moindre réponse, amena les tristes résultats, que le caractère turbulent desdits individus faisait prévoir d'avance et craindre au soussigné. L'entretien des asssociés politiques et l'envoi des écrits exaltés par l'émigration polonaise de France et de Belgique, ne saurait peser sur le Gouvernement, vu que chaque province avoisinante de notre État a une frontière et une douane bien gardée, et que tous les bureaux de poste dans notre ville sont entre les mains des autorités étrangères. Quant à l'envoi des émissaires et

considérations, car Votre Altesse saura le mieux les apprécier dans sa haute sagesse toujours guidée par des sentiments de justice et de bienveillance. Si l'abaissement du Gouvernement, si mon humiliation personnelle, étaient indispensables pour satisfaire à la volonté des hautes Cours, et amener les choses à l'état actuel, je m'y résigne sans murmurer, et j'implore seulement Votre Altesse de vouloir bien agréer ma justification, la faire comparer avec les actes originaux, et ayant jugé ainsi toute ma conduite, de daigner bien me conserver sa gracieuse protection, que j'étais à même d'éprouver pendant les trois dernières années de ma présidence, et que je me flatte n'avoir jamais déméritée.

Signé WIELOGLOWSKI.

Cracovie, le 25 février 1836.

N° XXXIII.

La conférence des trois hautes Cours protectrices à S. E. M. le président et au louable Sénat de la ville libre de Cracovie. - Pour ne pas laisser aucun doute sur les intentions des hautes Cours protectrices relativement aux réfugiés qui, en vertu de la Note A de ce jour, devront être éloignés du territoire de la ville libre de Cracovie, les soussignés viennent d'être chargés de déclarer à S. E. M. le président et au louable Sénat, que cette mesure aura son application à tous les individus qui, non originaires du rayon de la République, ont participé à la dernière révolte en Pologne, soit en portant les armes en qualité d'officiers, de sous-officiers ou soldats, soit de toute autre manière, et qui se trouveraient à Cracovie ou dans son territoire sans pouvoir légitimer ce séjour par un passeport en règle ou une permission spéciale, délivrée à cet effet par l'autorité compétente d'une des puissances protectrices. Le service civil ou militaire sans distinction de grade, ainsi que le droit de cité

auxquels le Gouvernement de la République pourra avoir admis un de ces individus, ne l'exempte aucunement de la mesure générale en question. Les soussignés saisissent cette occasion pour offrir à S. E. M. le président et au Sénat l'assurance de leur haute considération.

Signé DE HARTMANN, E. baron STERNBERG, LIEHMANN. Cracovie, le 9 février 1836.

N° XXXIV.

La conférence des résidents des trois hautes Cours protectrices au Sénat de la ville libre de Cracovie.-Les soussignés résidents de Prusse et de Russie, et le soussigné chargé d'affaires d'Autriche, ont l'honneur d'informer le Sénat de la ville libre de Cracovie, que M. le président Wieloglowski leur a demandé d'être délivré de la gestion de l'emploi qui lui a été confié par la volonté des trois hautes Cours protectrices. Autorisés à accepter cette démission et à nommer le sénateur M. Haller président provisoire, jusqu'à la prochaine diète, les soussignés se font un devoir de porter cette décision de leurs Cours à la connaissance du Gouvernement, et invitent le Sénat à remettre immédiatement la direction des affaires entre les mains de M. Haller. Messieurs les sénateurs sont sans doute trop pénétrés de leurs devoirs envers le pays, qu'ils sont appelés d'administrer, pour ne pas contribuer de tout leur zèle et de tous leurs moyens à l'accomplissement de la tâche qui leur est confiée, et qui exige avant tout la stricte observation des obligations de Cracovie vis-à-vis des puissances protectrices. Ils ne sauraient par conséquent se dissimuler qu'une franche et loyale coopération de tous les membres du Gouvernement aux travaux et aux soins de leur chef, pent seule répondre à la juste attente des augustes Souverains, et faire jouir cet État des institutions et des franchises

qui lui ont été accordées. Le choix des trois Cours pour la présidence du Sénat étant tombé sur un de ses membres, les soussignés nourrissent l'espoir que cette marque de confiance inspirera à messieurs les sénateurs les sentiments d'une juste reconnaissance envers les puissances protectrices, et leur fournira de nouveaux motifs pour vouer leurs communs efforts au bien-être de Cracovie, et au maintien de l'ordre et de la tranquillité publique.

Signé DE HARTMANN, E. baron STERNBERG, LIEHMANN. Cracovie, le 25 février 1836.

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N° XXXV.

No 116. La conférence des résidents des trois hautes Cours protectrices à S. E. M. le président du Sénat de la ville libre de Cracovie. Par sa Note en date du 26 février, le Sénat de la ville libre de Cracovie a témoigné le désir qu'une commission mixte, composée de délégués des missions des hautes Cours protectrices, et de ceux du Gouvernement de Cracovie, fût établie dans le but de vérifier les titres des individus, qui, ayant pris part aux derniers troubles dans le royaume de Pologne, réclament la qualité de sujets de la République, et par là l'exemption de la règle générale mise en vigueur contre tous les étrangers de cette catégorie. Les hautes Cours protectrices ayant daigné consentir à cette proposition du Sénat, les soussignés s'empressent de l'en prévenir et de porter à sa connaissance que les personnes déléguées de leur part à cette commission sont : de la part de la mission d'Autriche, M. le commis du Gouvernement Wolfarth; de la part de la mission de Prusse, l'employé M. Klein; de la part de celle de Russie, l'assesseur de collége Korostofzoff. Les principes d'après lesquels cette commission aura à prononcer sur l'admission au

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