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par un feul homme qui eft Jefus-Christ. 18.Comme donc c'eft par le peché d'un feul que tous les hommes font tombez dans la condamnation; ainsi c'est par juftice d'un feul que tous les hommes reçoivent la juftification & la vie.

la

19. Car comme plufieurs font devenus pecheurs par la défobeïffance d'un feul ainfi plufieurs feront rendus juftes par l'obéiffance d'un feul.

20. Or la loi eft furvenue pour donner lieu à l'abondance à la multiplication du peché. Mais où il y a eu une abondance de peché, Dieu a répandu une furabon dance de grace;

21. Afin que comme le peché avoit re gné en donnant la mort, la grace de mê me regne par la juftice en donnant la vie éternelle, par Jefus-Chrift notre Sei

gneur.

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MERCREDI IV. JOURNEE'.

La mort defirable au Chrétien comme difciple de Dieu; pour apprendre à l'aimer parfaitement &de tout fon cœur.

Fiat voluntas tua ficut in coelo & in terra.

Que votre volonté foit faite en la terre somme au ciel..

propre du Chrétien d'être le

Cdifciple du faint Efprit (3) Erunt om

nes docibiles Dei. Et l'unique fcience que Dieu entreprend de lurenfeigner, eft celle de l'amour de Dieu même. C'est à quoi aboutissent tous les grands deffeins que Dieu a formez de toute éternité fur le cœur de fes élus, que de fe faire aimer d'eux, mais de s'en faire aimer uniquement, parfaitement, éternellement, de

(a) Joan. 6. 45

toute l'étendue, de toutes les forces, & de toute la puiffance du cœur ; en un mot, s'en faire aimer fans bornes & fans mefure. Afin qu'ils ayent en eux ce même amour dont vous m'avez aimé, dit JesusChrist à fon Pere, & que je fois moi-même en eux. (a)

&

S'il a donné fon propre Fils pour ra cheter ce cœur efclave de l'amour de foimême & du monde, ce n'a été que pour Te fanctifier par l'infufion de fon Efprit, pour fe le confacrer par cette charité éternelle par laquelle le Pere & le Fils s'aiment eux-mêmes éternellement. Mais ce divin Maître qui enfeigne le cœur, a fa chaire dans le ciel (b): Cathedram ha bet in cœlo, qui corda docet. Et quoiqu'il fçache bien le faire entendre quand il lui plaît de ceux qui font encore eloignez de cette chaire célefte, l'ame néanmoins eft devenuë tellement terreftre, pour ainfi dire, & eft fi fort appefantie par cette maffe de chair qui l'environne, que pendant qu'elle y eft unie, elle n'apprend jamais bien cette leçon de l'amour de Dieu, & qu'elle ne parvient jamais à le fçavoir comme il faut en cette vie, en forte que la charité rempliffe toute la ca (a) Joan. 17. 16. [b) Saint Aug.

pacité du cœur, & qu'il n'y refte pas la moindre place pour la cupidité. C'eft dans le ciel (a) dit faint Auguftin, que les hommes n'étant plus enfeignez que de Dieu, éclairez, embrafez, & heureux de Dieu feul, n'aimeront que lui, ne se nourriront que de lui, & reffembleront aux Anges, felon la promeffe que Jesus Chrift en a faite aux fiens par ces paroles: Dans la vie reffufcitée il feront comme les Anges dans le Ciel. (b)

Autant que ces avantages nous doivent transporter de joye & d'impatience de les poffeder, autant devons-nous gémir de nous voir affujettis à des neceffitez toutes oppofées, que nous porterons tant que nous porterons lé corps d'Adam, & qui nous doivent faire desirer de nous en voir déchargez.

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La premiere neceffité eft de ne pouvoir écouter avec une application & une docilité parfaite ce divin Maître qui nous parle au fond du cœur, entraînez que nous fommes par des befoins infinis de cette vie malheureuse, & détournez par la voix de tant de paffions qui ne fçavent que trop fe faire entendre & fe faire obeïr.

(a) Aug. ferm. fur la mort, l. 2. ch, 6. (b) Matth. 22.30 6

Quand fera-ce donc, ô Efprit faint, que vous parlerez feul à mon cœur, que je n'écouterai plus que vous, &que vous m'apprendrez parfaitement cette grande leçon qui doit faire mon bonheur éternel? ce ne peut-être ici-bas. Il faut être féparé du bruit de la terre; il faut être élevé jufqu'à ce divin Docteur qui a fa chaire dans le ciel ; il faut que cette muraille de féparation, qui eft entre Dieu & notre ame, foit abattuë; que cette chair foit détruite, afin que les oreilles du cœur foient unies fans milieu à l'Esprit dont il doit être le difciple. Tirez-le donc à vous, ô Efprit faint, ce cœur qui est comme plongé dans la bouë de ma chair, qui le rend fi souvent fourd, & qui fait qu'entendant votre voix il ne l'entend point, ou ne l'entend qu'à demi. Car il faut que mes os foient brifez & humiliez jufques dans la terre, afin qu'ils puiffent avoir part à la joye dont le cœur fera comblé quand vous vous ferez entendre à lui de près, & en vous répandant intimement dans fa fubftance: Auditui meo dabis gaudium & lætitiam, & exultabunt offa bumiliata. Pl. 50.

II.

La feconde neceffité eft de ne pouvoir

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