Page images
PDF
EPUB

к

Сс

licieux de la vie bienheureufe. Car il « eft neceffaire,dit un fçavant Auteur(a), « que celui-là meure de bon cœur, qui aime & qui defire le bonheur où la « mort nous conduit.Et ceux qui la fuïent «< fous prétexte de vouloir encore profiter dans la vertu, font moins voir un «< vrai defir d'y avancer, qu'une preuve «< certaine de leur peu d'avancement; puifque c'est dans le defir de la mort que « confifte le progrès de la pieté. Qu'ils a defirent donc ce qu'ils fuïent pour de- «< venir parfaits, & dès-là ils feront parfaits.<< Ne difons donc jamais ces paroles : Notre Pere qui êtes dans le Ciel, fans nous fouvenir que celui à qui nous parlons, eft, non-feulement le Pere & le principe de la vie de notre ame, mais encore qu'il en eft la fin & le centre; que là où eft notre Pere celeste, c'est là que nous doivent élever tous nos defirs, où nous devons tendre de tout notre cœur comme au lieu de notre établissement; & que ce Pere adorable voulant être lui-même dans l'éternité notre vie,notre repos &notre bonheur parfait, la mort, qui eft le paffage à cette felicité immuable, doit être l'objet de nos fouhaits & de notre impatience.

(a) Aug. vel alius aut qq. 17. in Matth.

POUR LE MATIN.

Vertu.

L'ESPRIT DE RELIGION.

LA premiere vertu dans laquelle on

[ocr errors]

doit fe renouveller pour fe préparer à paroître devant Dieu, en renferme plufieurs & j'appelle cette vertu compofée, la religion du cœur. Elle nous apprend avant toutes chofes, à bien connoître ce qu'on doit adorer ; & comment on le doit adorer; à n'adorer que Dieu, & à l'adorer par JESUS-CHRIST, c'est-à-dire, par fes mérites & par fa la gra ce, dans fon corps & par fon efprit, qui nous étant donné, nous infpire une difpofition intime & permanente d'eftime, de refpect, de foumiffion & de dépendance à l'égard de Dieu & de tout ce que nous connoiffons de fes perfections, de fes myfteres, de fa conduite, de fes dons; en un mot, de tout ce qui eft de Dieu : difpofition qui a fa racine dans une foi vive & amoureufe de fa grandeur, de fa fainteté, de fa fageffe, de fa toute-puiffance, & de fa bonté infinie.

Celui qui porte cette difpofition dans fon cœur, n'a jamais d'idées baffes de

1Etre infini & incréé. Il rejette toutes les penfées qui lui attribuent quelque chofe d'indigne de fa grandeur, ou qui le font entrer en comparaison avec fa créature. Il a continuellement dans l'efprit cette parole de l'Archange S. Michel: Quis ut Deus? Qui eft femblable à Dieu ? Et cette autre que Dieu même adresse aux hommes: Mes penfées & mes deffeins font bien differens des vôtres. Ma conduite & mes voyes font éloignées de celles des hommes, plus que le Ciel ne l'eft de la terre. Et tout ce qu'il voit en ce monde de plus grand, de plus élevé, de plus formidable & de plus magnifique, lui paroît un néant en le comparant avec Dieu.

Celui qui eft dans ces difpofitions ne pense jamais à Dieu, ni aux chofes de Dieu qu'avec le fentiment d'une profonde veneration; n'en parle qu'avec religion; n'écoute ou ne lit fa parole qu'avec tremblement ; fe tient avec respect en fa préfence, qu'il ne perd gueres de vûë: & quand les occafions fe préfentent de faire au dehors des actions de culte, & d'exercer les cérémonies & les pratiques exterieures de la religion, telles que font la priere, la pfalmodie, l'affiftance au facrifice de la fainte Meffe, &c. il fait voir

que c'eft de la plenitude de fon cœur,que fa religion fe répand devant les hommes, & que c'est en efprit & en verité qu'il adore Dieu.

Celui qui eft dans cette difpofition, n'a point d'autre regle de fa vie que la volonté de Dieu. Il fçait qu'il n'a reçu l'être que pour l'honorer par l'obéïffance. Il fait fes délices de dépendre de moment à moment de fes ordres, d'être dans fa main pour tous fes deffeins, de ne rien être & de ne rien faire dans le

tems & dans l'éternité que ce que cette volonté fouveraine a reglé, & de lui être uniquement attaché. C'est comme étoit difpofé le Roi Prophete, lorsqu'il difoit: (a) C'est mon bonheur que d'être attaché à Dieu, & de n'avoir de confiance ni d'ef perance qu'en lui.

Enfin, comme il ne peut donner de plus grande marque de fon attachement à la volonté de fon Dieu qu'en l'aimant plus que fa vie, ni un témoignage plus veritable de fon refpect pour fa grandeur, & du defir qu'il a de lui rendre hommage en toutes les manieres poffibles & aux dépens de tout, il est toujours prêt à lui offrir le facrifice de fa mort,

(a) Pf. 72.

s'eftimant trop heureux de pouvoir au moins par cette voye honorer fon fouverain pouvoir, & la perfection infinie de fon être & de fa vie immortelle.

CONCLUSION.

S'examiner fur l'ufage & l'abus qu'on en a fait, & fur l'omiffion des devoirs & des difpofitions que nous venons de

marquer.

S'en humilier devant Dieu & en faire quelque pénitence proportionnée, & en la maniere qui peut convenir à chacun felon fes forces & fon état.

Demander à Dieu un renouvellement de l'efprit, de religion & d'adoration,&c. & le demander par les mérites & par la mediation de Jefus-Chrift.

Reciter avec devotion le Pleaume 8. Domine Dominus nofter, quàm admirabile. Et le Pfeaume 32. Exultate, justi, in Domino, comme ci-après.

Et pour lecture de l'Evangile, le 4. ch. de S. Jean, ci-après page 19.

PSEAUME 3.

Domine Dominus nofter, quàm admirabile!

1.

terre!

Dieu notre Seigneur : que votre nom eft admirable dans toute la

« PreviousContinue »