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25. Ce fera la grace de Dieu, par Jesus-Chrift notre Seigneur. Et ainfi je fuis moi-même foûmis tout enfemble, & à la loi de Dieu felon l'efprit, & à la loi du peché felon la chair.

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DIMANCHE VIII. JOURNEE'.

La mort defirable au Chrétien comme étranger fur la terre, & citoyen du Ciel, par l'amour de la celefte patrie.

Sed libera nos à malo. Amen.

'Mais délivrez- nous du mal. Ainfi Loit-il.

N Chrétien n'eft point de ce mon

de, non plus que fon chef. Il y eft étranger, il y eft exilé, il y eft voyageur, comme parlent les deux plus grands Apôtres. (4) C'eft un prifonnier qui a ce monde pour prifon & qui demande fon rappel & fa délivrance: Libera nos. (b) C'est un paffant qui ne fonge qu'à avancer chemin pour arriver au terme de fon voyage & à fa patrie. C'eft un homme qui s'eft engagé à la course, & qui oubliant ce qui

(a) 1. Pierre 2. 11. (b) Hebr. 11. 13.

eft derriere, ( a ) s'avance vers ce qui est devant lui, & court inceffamment vers le bout de la carriere, pour remporter le prix de la félicité du ciel, à laquelle Dieu nous a appellez par Jefus-Chrift. Enfin c'est un homme qui vit en efprit dans le ciel comme en étant déja citoyen, & qui par l'inftinct de fa nouvelle naiffance en Jefus-Chrift, doit porter dans fon cœur. une continuelle oppofition au fiécle préfent. Pendant donc que nous habitons dans ce corps, nous fommes (b) éloignez du Seigneur & comme hors de notre patrie, & cette terre de ténébres, cette re-gion de l'ombre de la mort ne peut être qu'un lieu d'exil pour les enfans de la lu miere & de la vie. Mais ce n'eft pas feulement un païs étranger où nous fommes voyageurs, c'eft encore, un païs ennemi où nous avons tout à craindre, le diable notre ennemi irréconciliable en étant le prince, & toutes les paffions y combattant pour lui contre notre falut.

Que faifons-nous donc ici-bas ( 6 ) ? N'eft-ce pas notre avantage de fortir de la maifon de ce corps pour aller habiter avec le Seigneur qui eft notre cité, notre patrie, & notre monde ? Notre plus

(a) Philip. 3. 1-3. (b) z. Cor. 5.-6. (c) 2. Cor. p. 8./

ardent defir ne doit-il pas être de nous trouver au terme de notre course, notre plus grande joye de nous voir rappellez de notre exil, & notre fûreté de fortir au plûtôt d'un païs ennemi où nous ne pouvons être qu'avec péril (a)? Hé pourquoi donc notre cœur ne foupire-t-il pas vers cette patrie celeste, & vers la gloire ineffable qui nous y attend? Ah! fi nous fentions notre exil, fi nous en gemiffions, il nous feroit impoffible d'aimer le fieçle préfent, & de ne pas pouffer fans ceffe le cri d'un cœur enflammé d'amour vers celui qui nous appelle à lui. C'est le defir qui rend le cœur capable de le recevoir; & nous ferons en état d'en être remplis, fi nous le defirons de toute l'étendue de notre ame. C'est ce que Dieu veut produire en nous par fa fainte parole. C'est à quoi tendent les affemblées des peuples fidéles, la célébration des faints myftéres & des Sacremens, la fainteté du Baptême, les cantiques de louanges que nous offrons à Dieu, & les exhortations des Pafteurs. Tout cela aboutit non-feulement à jetter dans nos cœurs la femence de ce faint defir, & à l'y faire germer, mais encore à l'y faire croître & à l'étendre d'une

(a) S. Aug. tract. 40. in Joan.

maniere fi parfaite, qu'il foit capable de recevoir & de contenir ce que l'œil n'a point vû, ce que l'oreille n'a point entendu, & ce que le cœur de l'homme ne peut comprendre. Pefons ces veritez, mettons-les dans notre cœur, convainquons-nous-en dans la priere, &c.

I.

Demandons à Dieu par Jefus-Chrift, la haine du monde d'Adam, qui eft pour nous un païs étranger. Le monde d'Adam n'eft que pour les enfans d'Adam. Le monde futur eft la patrie des enfans du fiecle à venir, qui difent veritablement & de cœur: Notre Pere qui êtes dans le Ciel.

Ceux qui le veulent dire ainfi, fe doi vent fouvenir que le monde prefent ne peut être regardé d'eux qu'en deux manieres, ou comme une Egypte où ils obéïffent à Pharaon, ou comme un defert qu'ils traverfent pour gagner la terre promife fous la conduite de Dieu. Si nous l'aimons, c'eft une Egypte où nous fommes efclaves, où nous ramaffons des pailles, où nous portons le joug infupportable de la tirannie du vrai Pharaon, c'eftà-dire du diable, qui eft le Prince du monde. Si nous ne l'aimons pas, ce n'est pas un lieu de fervitude pour nous; mais c'est

un.

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