la maison de notre ennemi, auffi bien que dans la maifon de notre Pere. On eft du monde quand on en eftime la loüange, & comme parle le Fils de Dieu, quand on recherche la gloire que les hommes fe donnent les uns aux autres, & qu'on ne recherche point la gloire qui vient de Dieu feul. On eft du monde quand de peur de déplaire aux grands du monde, ou ́de nuire à fa propre fortune, on leur cache la verité, ou qu'on refufe de parler en faveur de l'innocence opprimée. On eft du monde quand on aime les fpectacles & fes yains amusemens, ou quand fans les aimer, on les frequente de peur d'être taxé de fingularité ou de fcrupule par le monde; quand on perd le tems à jouer, à faire des vifites inutiles, à de longues converfations où l'on ne parle que de bagatelles, ou de chofes dangereufes. On est du monde quand on joint la frequentation des Sacremens avec une vie oifive & toute inutile, avec l'habitude de s'habiller d'une maniere mondaine, de fe trouver dans des compagnies du monde où l'on médit ordinairement du prochain, & de vivre dans la délicateffe & dans la bonne chere, dans le defir de s'élever au-deffus de fa condition. On doit encore remarquer qu'il faut beaucoup moins à une perfonne qui fait profeffion de fervir Dieu & d'une condition médiocre, pour meriter d'être traitée de mondaine au tribunal de Dieu, qu'il n'en faut à une perfonne de qualité, qui a un rang à garder, & qui eft née dans le grand monde. Et Dieu regarde avec plus d'horreur une perfonne inftruite des maximes de l'Evangile, élevée dans la pieté & à qui il a fait la grace de la feparer du monde, & de fes pompes, quand elle nourrit au fond de fon cœur une estime & une inclination fecrette pour les chofes du monde, ou qu'elle fe veut même diftinguer dans un état de pieté, par certains ajustemens & par une proprété affectée, ou par des manieres qui ne tendent qu'à s'attirer les yeux des hommes. Chacun doit donc s'étudier foi-même, felon fon état, & examiner devant Dieu en quoi il prend quelque part à l'efprit du monde, en quoi il eft du monde fans peut-être avoir deffein d'en être, & dans une condition même qui lui eft oppofée. Enfin S. Paul auroit crû être du monde, fi le monde n'eût point été à fon égard, & lui à l'égard du monde, comme un pendu & un crucifié. Il eft vrai cependant que nous devons prendre auffi-bien que faint Paul pour notre devife, ces paroles que l'on ne peut trop répéter à un Chrétien: Je regarde le monde comme un cruci fié, comme je fuis un crucifié au yeux du monde. CONCLUSION. Examen. Humiliation. Priere. Pleaume 119. Ad Dominum cùm tribularer, &c. Et le Pf. 136. Super flumina Babylonis, &c. Lecture, le Sermon fur la montagne en S. Matthieu, Chap. 5. 6. & 7. PSEAUME 119. Ad Dominum cum tribularer, &c, 'Ai élevé mes cris au Seigneur, lors que j'étois dans l'affliction: & il m'a J'ai exaucé. 2. Seigneur, délivrez mon ame des lévres injuftes: & de la langue trompeufe. 3. Quel plus grand mal peut-on ajoûter à celui d'une langue trompeuse? 4. Ses paroles font comme des fléches aiguës tirées par un puiffant bas: accompagnées de charbons brûlans. 5. Hélas que mon exil eft long! je vis ici parmi les tentes de Cedar: mon ame eft long-tems ici étrangere. 6. Je gardois un efprit de paix avec les ennemis de la paix : lors que je leur parlois, ils me perfécutoient fans sujet. 1. PSEAUME 136. Super flumina Babylonis, &c. Ous nous fommes affis fur le bord Ndes fleuves de Babylone : & nous fouvenant de Sion, nous n'avons pû retenir nos larmes. 2. Nous avons fufpendu nos inftrumens de mufique: aux faules qui font au milieu d'elle. 3. Ceux qui nous avoient amenez captifs: nous voulurent obliger de chanter des airs de rejoüiffance. 4. Et ceux qui nous avoient conduits, nous dirent : chantez-nous quelqu'un des cantiques que vous chantiez en Sion. 5. Comment pourrons-nous chanter les cantiques du Seigneur : dans une terre étrangere? 6. Si je t'oublie jamais, ô Jerufalem: que ma main droite feche & foit en oubli. 7. Que ma langue demeure attachée à mon palais: fi je ne me fouviens toujours de toi. 8. Si je ne me propofe toujours Jerufalem comme le premier objet de ma joye. 9. Souvenez-vous, Seigneur, des enfans d'Edom: & de ce ] qu'ils firent au jour de Jerufalem. 10. Qui dirent: Rafez-la, rafez-la: jufques aux fondemens.. 11.Fille de Babylone dont je vois déja la mifere: heureux celui qui te rendra le mal que tu nous as fait. 12. Heureux celui qui prendra tes enfans: & les brifera contre la pierre. I. De l'Evangile de faint Matthieu. CHAPITRE V. SERMON SUR LA MONTAGNE. fes Esus voyant tout ce peuple,monta J fur une montagne, où s'étant affis, es difciples s'approcherent de lui: 2. Et ouvrant fa bouche, il les enfeighoit, en difant: 3. Bienheureux les pauvres d'efprit: parce que le royaume du ciel eft à eux. 4. Bienheureux ceux qui font doux : parce qu'ils poffederont la terre.~ Si Bienheureux ceux qui pleurent: |