pour celui qui en est l'auteur; & on fe trouve assez souvent à l'heure de la mort sans presque avoir fait réflexion, ou fans en avoir fait fur cette obligation essentielle. Je dis essentielle, car c'est un droit inalienable du domaine de Dieu, comme principe de tout être & de tout bien. C'est comme la foi & hommage que toutes les créatures raisonnables doivent à leur Souverain, & comme le cens & la redevance dont il a chargé le fond de notre être, & tous les biens que nous tenons de lui; & c'est donner atteinte aux droits de sa souveraineté & de sa gloire, que de manquer à une obligation auffi indispensable que l'action de grace & la reconnoif fance. S. Paul en fait un devoir capital & per petuel; & après avoir commencé fon Epître aux Romains par une action de graces, il nous fait connoître ensuite que les Philosophes payens ne font tombez dans la corruption, l'aveuglement, l'endurcissement & la reprobation, que parce qu'ils n'avoient pas glorifié Dieu, & ne lui avoient pas rendu graces de ses dons. C'est pourquoi il a très-grand soin d'instruire les Chrétiens de ce devoir, & de feur marquer qu'il faut rendre graces à Dieu toujours (a), incessamment (b), en toutes chofes (c), pour tout le monde (d), pour toute l'Eglife (e), & en faire une des principales occupations de la priere & de la vigilance chrétienne. Jesus-Christ même a commencé les plus grandes actions de sa vie par l'action de graces, & il l'a terminée par l'institution d'un sacrifice qui en porte le nom & qu'il a laissé à son Eglise, afin qu'elle eût moyen de rendre à Dieu la reconnoifsance qu'elle lui doit, pendant qu'elle feroit sur la terre, jusqu'à ce qu'elle fût réünie à lui dans le ciel, pour n'y faire autre chose avec lui, que de l'offrir luimême à Dieu comme l'action de grace subsistante, éternelle, & seule digne de Dieu: & elle ne l'offre jamais ici-bas fur nos Autels visibles, qu'après avoir fait connoître cette obligation à fes enfans par ces paroles folemnelles : >> Elevons nos cœurs, & rendons graces au Seigneur notre Dieu. Rien n'est plus digne, rien n'est plus jufte. Qüi, certes, il est & " de la dignité du Créateur, & du devoir « > de la créature, & autant du salut de >> l'homme, que de la justice qu'il doit à > son Dieu, de lui rendre graces en tout >> tems & en tous lieux. (a) 1. Cor. 1. 4. Ephef. 5.20. (d) 1. Tim. 2. 1. (b) Ephef. 1. 16. (C) 1. Theff. 5.18. (e) 2. Cor.1.1. 15. 9. 12. Il faut que ceux qui se préparent à la mort, ayent un soin particulier d'entrer dans cet esprit de Jesus-Christ, de saint Paul, & de toute l'Eglise; qu'ils réparent l'oubli des bienfaits de Dieu où ils ont peut-être vêcu, & qu'ils préviennent le tems de la mort où ils seront peut-être dans l'impuissance de s'en souvenir, en rendant à Dieu mille actions degraces, & en s'établissant dans une disposition permanente de reconnoissance pour tous les biens de la nature & de la grace qu'ils ont reçûs de lui; pour ceux que Dieu nous avoit destinez en les donnant à Adam, pour lui & pour sa posterité, quoiqu'ils soient péris en lui avant que de venir jusqu'à nous; pour ceux mêmes que nous attendons de sa bonté dans la terre des vivans, & dont nous joüiffons déja en quelque maniere par l'esperance. Mais fur-tout, ne nous lassons jamais de remercier Dieu du don qu'il nous a fait de Jesus-Chrift & de son Esprit, qui sont appellez les dons de Dieu par excellen ce; parce qu'ils font la source de tous les autres & qu'ils les renferment tous. Nous devons même regarder notre mort comme un sacrifice aussi-bien d'ac- tion de graces que d'expiation, & l'offrir par avance avec toutes ses circonftances en union de celle de Jesus-Chrift, & par l'Esprit saint par qui il s'est offert lui-même comme une hostie vivante & infiniment sainte. Ce que nous lui devons à lui-même en particulier pour s'être donné à nous en tant de manieres, nous marque afssez quelle doit être la reconnoissance de notre ame envers lui, & avec quel sentiment nous devons dire : Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens dont il m'a comblé ? : CONCLUSION. Examen. Humiliations. Priere. Regard fur Jesus-Christ. Reciter le Pseaume 102. Benedic, anima mea, Domino. Et le Pseaume 115. Credidi propter quod locutus fum. Lecture de S. Paul, 1. chap. de l'Epî tre aux Ephefiens. PSEAUME 102. Benedio, anima mea, Domino. loüent son saint nom. 2. O mon ame, benis le Seigneur : & n'oublie jamais toutes les graces que tu as reçûës de lui. 3. C'est lui qui te pardonnera toutes res offenses: c'est lui qui guérit toutes tes langueurs. 4. C'est lui qui rachete ta vie de la mort: c'est lui qui te couronne de miferi corde & de grace. 5. C'est lui qui remplit tous tes defirs par l'abondance de ses biens, qui te ré veille & te rajeunit comme l'aigle. 6. Le Seigneur fait mifericorde: il fait justice à tous ceux que l'on opprime. 7. Il a fait connoître ses voyes à Moïse: & ses volontez aux enfans d'Israël. 8. Le Seigneur eft clement & doux il est lent à punir, & plein de miferi corde. 9. Il ne témoignera pas toujours fon indignation: & il ne gardera pas éternel lement sa colere. 10. Il ne nous a pas traitez selon nos L |