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eft Jefus Chrift même, afin que ce fouverainPontife des biens celeftes me facrifie devant vous, me confacre à vous, me confomme en vous par cet efprit qui eft votre unité & votre fainteté perfonnelle.

Que mon ame & ma chair, loin de craindre ce moment qui doit féparer l'une d'avec l'autre, treffaillent par avance de joye & de l'impatience de s'aller unir à vous, ô Dieu vivant, Dieu faint, Dieu éternel, qui ferez, comme je l'efpere de votre feule mifericorde, le fan&tificateur de mon être, la vie de mon ame, & le Dieu de mon coeur dans l'éternité. I I. ·

PRIONS Jefus-Chrift le Souverain Prêtre qui doit offrir à Dieu la vie de fes membres auffi-bien que la fienne propre, qu'il daigne employer le pouvoir qu'il a fur notre vie pour en confommer le facrifice; qu'il jette promptement en terre cette femence corruptible, ce corps mortel, afin de le retirer de la terre comme un fruit tout nouveau, en le reffufcitant (a) incorruptible, glorieux, & plein de vigueur, & de l'offrir à Dieu en cet état, en l'élevant en fa préfence comme des prémices de bénediction & de fancti

(2) 1. Cor. 15. 41. Ø 50.

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fication: car la chair & le fang ne peu vent entrer dans le Royaume de Dieu, & ils font indignes d'être prefentez dans ce Temple & fur cet Autel fublime du Ciel. Notre ame ne peut non plus être portée dans le fein de Dieu pour y être confommée comme un holocaufte parfait, qu'elle ne foit dépouillée de fon corps, que fa vie mortelle ne foit détruite.

&

O Jefus, Souverain Pontife, Prêtre unique & univerfel, par qui tout doit être facrifié, offert, & confacré à Dieu, je vous abandonne avec joyę la vie qui eft déja à vous par votre fang. Sacrifiezla à la Majefté divine, & que ma mort devienne par votre oblation & par l'union avec votre facrifice, un facrifice agréable à Dieu & une partie de celui que vous offrez éternellement à fa fainteté, en lui confacrant votre Eglife & tous ses membres en vous & avec vous.

III.

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INVOQUONS P'Efprit faint & fanctificateur, par qui Jefus s'eft offert à Dieu fon Pere fur la Croix comme la victime, & par qui il a foupiré toute fa vie pour Paccompliffement de fon facrifice; afin qu'il fanctifie auffi le nôtre, & qu'il nous faffe entrer dans les difpofitions de Jesus

Chrift mourant par le plus faint des facrifices; & que jufqu'à ce que notre heure foit venue, il nous faffe gémir dans l'attente & par le defir de trouver bientôt dans l'accompliffement du nôtre, notre fanctification parfaite en Dieu, & la fanctification parfaite au nom de Dieu en nous, qui eft une fuite neceffaire de la perfection de notre facrifice. Car comme rien de créé n'eft faint qu'autant qu'il eft facrifié & confacré à Dieu; auffi tout ce qui eft facrifié & confacré à Dieu, devient faint par cette confécration. C'eft pourquoi ces deux mots font pris l'un pour l'autre dans l'Ecriture, & Jefus - Christ parlant lui-même de fon facrifice & du nôtre, l'appelle fanctification: Pro his ego fanctifico meipfum, ut fint & ipfi fanctificati in veritate: JE ME facrifie, ou je me fanctifie moi-même pour eux, afin qu'ils foient eux-mêmes facrifiez & Saniti fiez dans la verité.

Elprit faint, Efprit d'adoption, Efprit fanctificateur du facrifice chrétien, feu facré qui doit consumer la victime de mon cœur & de mon corps, comme un holocaufte à la gloire de mon Dieu, ve nez & beniffez ce facrifice préparé à P'honneur de fon faint nom. Confumez

en moi tout ce qui eft indigne de lui être offert. Embrafez-moi du defir de lui être pleinement facrifié. Formez en moi ce defir continuel qui doit faire toute la vie d'une veritable victime, & infpirez cer efprit de la priere des enfans de Dieu dans un cœur où vous avez été envoyé pour cet effet.

L

POUR LE MATIN.

Vertu

LA FOr.

A Foi eft l'effet du Batême, & le fondement de tout l'édifice de notre falut. C'est par la Foi que Jefus-Chrift refide en nous, & que nous demeurons en lui. C'est par la Foi qu'il opere en nous, que fa vie & fes myfteres nous font communiquez, que fon Efprit fe rend le maître de notre langue, de notre cœur, & de tout ce qui est en nous.

La Foi eft encore l'œil & la raifon du Chrétien: c'est par elle qu'il faut juger de tout. C'est par la Foi qu'il faut juger; par exemple, en quoi confifte le veritable bonheur, & quels font les moyens pour

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y arriver. C'est par elle qu'il faut travailler à détruire ces fauffes idées de felicité, qui ne naiffent que de l'illufion des fens & de la corruption du cœur.

Heureux qui au moins s'en défabuse pour une bonne fois avant la mort, & en qui Jefus-Chrift venant à lui, trouvera une foi vive, animée & vigilante : car il y en a peu à qui il n'arrive à la fin de leur vie ce que notre Seigneur a prédit qui arrivera à la fin du monde. A peiney trouve-t-il de la foi quand il vient à eux. On croit peut-être fans beaucoup de peine les veritez fpeculatives de nos myste- res mais de croire les veritez pratiques de la Religion, & d'être convaincu & perfuadé par la foi de la Morale & des maximes du Chriftianifme, c'eft ce qui eft plus rare qu'on ne pense. C'est de quoi on ne voit gueres de marques à la mort de la plupart des Chrétiens, qui fe fentent pour l'ordinaire très-peu de l'efprit de la foi. Je ne m'en étonne pas. Il faut avoir vécu de la foi, pour mourir dans l'efprit de la foi; & quand on n'a point travaillé avec foin à graver dans fon cœur & dans fa vie fes regles faintes & immuables, c'eft s'y prendre bien tard que de commencer à la mort, quoiqu'il

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