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des Saints. Nous devons, ajoûte-t-il, faire de faintes réfolutions de fête en fête comme fi nous étions affurez d'être alors rappellez du fiécle prefent pour paffer à la fête de l'éternité. C'eft pourquoi il faut avoir grand foin de nous y préparer dans les tems de pieté, en menant une vie plus fervente & plus fainte, & nous appliquant à remplir avec plus d'exactitude & de pieté tous nos devoirs, comme étant fur le point d'aller recevoir de Dieu la récompenfe de nos travaux. Que fi notre rappel eft differé, croyons que c'eft parce que nous n'y fommes pas affez bien préparez, & que nous fommes encore trop indignes de cette gloire fi grande & fi incompréhenfible qui doit être manifeftée en nous dans le tems que Dieu a marqué. Et que cette pensée nous infpire un nouveau zele pour nous difpofer à la mort d'une maniere plus parfaite. Heureux dit l'Evangile, heureux le ferviteur que fon maître trouvera veillant lorfqu'il viendra. Je vous dis en verité, qu'il l'établira fur tous fes biens.

Entre les folemnitez de l'Eglife, celles avec qui ces exercices ont plus de rapport, font la Fête de la Naiffance de notre Seigneur Jefus-Chrift, & celle de fa

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Réfurrection glorieufe & triomphante. Le tems de l'Avent qui nous prépare à recevoir Jefus-Chrift dans fon premier avenement, eft bien propre à nous prépa-. rer auffi à le recevoir venant une feconde fois au monde pour le juger, ou venant à nous pour nous délivrer par une fainte mort des miferes de la vie préfente. L'Eglife même applique les fidéles en ce faint tems à ces deux avenemens du Sauveur. Elle leur fait entendre dès le premier jour cette parole confolante pour ceux qui attendent leur liberateur: Regardez en haut, & levez la tête, parce que votre rédemption & votre délivrance eft proche. Enfin, c'est un tems de ferveur, de defirs de notre renouvellement, un tems de prieres, de gémiflemens & de foupirs, tel qu'eft cette vie à ceux qui en attendent

une autre.

Le tems de Carême, qui, felon les Peres de l'Eglife, nous reprefente le fiecle prefent, peut bien être un tems de préparation au fiecle à venir pour ceux à qui la Fête de Pâque & le tems pafcal font une image de la vie du ciel.C'est par cette même raifon que ce faint tems confacré à la vie reffufcitée de notre Sauveur, & qui eft affûrément le plus faint tems

de l'année, eft pour ceux qui en connoiffent la fainteté, un tems bien propre à élever fon cœur vers les biens éternels, & à foûpirer après cette vie bienheureuse dont nous adorons les prémices en JesusChrift. Je comprens dans cette Fête la Pentecôte qui en eft l'accompliffement & la perfection; & il y a de la confolation d'employer à attendre notre adoption parfaite & à demander la plenitude de l'efprit d'adoption dans le tems où la fainte Vierge & les Difciples de Jefus-Christ en furent remplis fi abondamment.

Enfin tout tems eft bon pour cela à celui à qui le tems n'eft rien, & qui n'a que l'éternité dans le cœur.

§. 5. Pour quelles fortes de perfonnes on a dreffé ces Exercices de pieté. ·

Je ne fçai, MADAME, fi ce que j'ai fait ici, eft ce que vous avez defiré de moi: mais j'ai crû au moins, que c'étoit à peu près ce qui vous convenoit davantage. Quoique j'y aïe envisagé la mort par des endroits par où elle eft aimable au Chrétien, & que je ne me fois appliqué ni à calmer les ames qui ne la peuvent regarder qu'avec crainte & avec horreur

ni à reveiller celles qui font enfevelies dans un profond oubli de ce dernier moment, & qui n'en craignent point affez les fuites;je ne crois pas que perfonne fonge à m'accufer ni d'infpirer aux ames un defir préfomptueux de la mort, ni de négliger celles qui ont befoin qu'on les intimide fur ce fajet. On parle à celles-ci dans un grand nombre d'ouvrages qui font entre les mains de tout le monde: & comme leur difpofition eft la plus commune parmi les Chrétiens, on a grande raifon de les preffer vivement de penser à la mort; & d'en confiderer avec crainte & avec frayeur les terribles fuites. Quant à celles qui pourront lire ce petit ouvrage, je fuppofe qu'elles vivent chrétiennement, & qu'elles font du nombre de ces Vierges fages, qui ont toûjours leurs lampes à la main, & qui ont foin que l'huile n'y manque pas; étant pleines de bonnes œuvres accompagnées d'une fincere humilité, & étant toûjours en état de paroître devant l'Epoux. Comme il vient à elles avec un cœur d'Epoux, il eft jufte de leur infpirer des difpofitions qui y répondent. Il y a des ames encore plus éminentes & qui ne touchent quafi pas à la terre ; des ames dont la vie n'eft qu'un gémiffement conti

nuel vers les biens du ciel, ou plutôt vers l'unique bien de l'éternité: fort differentes de ces ames adulteres, qui ne craignent leur Epoux, que parce qu'elles aiment le peché. Ce font des époufes chaftes & fidelles qui gémiffent de l'absence de leur Epoux, & qui loin de craindre fon retour, n'apprehendent rien tant que d'en être encore long-tems féparés.

Il y a de ces ames dans l'Eglife, dit « faint Auguftin, (a) quoiqu'elles y foient «< peut-être inconnues, mais quelque part qu'elles foient, que j'aurois de joye, dit-a il, d'en trouver une, de l'entendre par- « ler, & de me rendre fon difciple, une «< ame fainte, une ame toute de feu ; une « ame qui languit dans l'attente du regne «< de Dieu! Je n'ai garde d'entreprendre «< de lui parler; il n'appartient qu'à Dieu« d'entretenir & de confoler cette ame, « qui souffre en patience la vie presente « dans cette terre étrangere. Vous voulez, « lui dit fon Epoux celefte, que je vienne, «< & je connois que c'est tout ce que vous « defirez. Je connois votre cœur, & que « vous êtes en état d'attendre fans crain- « dre mon avenement. Je fçai combien « yous fouffrez de ce que je differe de ve- « (a) S. Aug. hom. 9. fur la 1. Ep. de S. Jean ch. 8,

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