Page images
PDF
EPUB

copistes; sa fausseté a été publiquement reconnue. Il est postérieur de cinq à six cents aus à l'auteur dont il porte le nom. D'ailleurs le véritable Esdras a démenti son homonyme posthume en disant, au chap. VI, que les Hébreux arrivés avant lui à Jérusalem, y vivaient « selon la lettre du livre de Moïse »; et, au chap. VII, qu'au départ de Babylone, il était « un scribe habile de la loi de Moïse. » A défaut de ces faits, la différence du style empêcherait toute méprise. Il nous reste encore un livre de lui, qu'on le lise et qu'on juge. Dans Moïse, le langage est pur, noble, attachant; dans Esdras, incorrect, dur, plat et ennuyeux. Là les expressions respirent la vie et la chaleur; ici, le froid et la mort '. Le célèbre érudit Eichorn pense que « l'on ne peut douter en histoire que Moïse ne soit auteur du Pentateuque »; l'autorité de Diodore de Sicile 3, d'Eupolème 4, de Ptolémée Héphestion 5, de Philon, de Flavius Josephe 6, de Celse 7, l'établit également, et un des auteurs du grand ouvrage de la Description de l'Égypte, M. du Bois-Aymé, a remarqué que, de bonne foi, « tous les critiques sont forcés de reconnaître le Pentateuque pour

[ocr errors]

Melang. de relig., mai 1824.

2 Allgemeine einleittung in das Alte Testament.

3 S. Cyrill contra Julianum, lib. I, p. 15.

4 Euseb. Præparat. evangel., lib. IX, no 26.

5 Photius. Biblioth., no 190, p. 486.-Édit. 1653.

6 Phil. De Vita Mosis. Jos. Contra apionem, lib. I et VIII. 7 Orig. Contrà Celsum, lib. I et IV.

la plus ancienne tradition écrite qui soit parvenue jusqu'à nous '. »

Ne pouvant rien contre l'authenticité du Pentateuque, ils ont prétendu, au nom de la science, convaincre son auteur et d'ignorance et d'imposture.

1° Ils ont soutenu que l'espace de six jours n'avait pu suffire à la création du monde, puisque, afin qu'il parvînt à l'état solide où nous le voyons, des intervalles de plusieurs milliers d'années avaient dû s'écouler entre chaque nouvel enfantement de la nature. Que la lumière, n'existant que par le soleil, n'avait pu paraître plus tôt que son auteur; que c'était mettre l'effet avant la cause.—Que la terre n'aurait pu produire la végétation sans l'influence de l'astre lumineux.

[ocr errors]

2° Que le déluge universel était une image fabuleuse. Ils prouvaient son impossibilité matérielle par la forme sphérique de la terre; son invraisemblance, par les propres circonstances de son récit. L'arche, même d'après les dimensions qu'a données Moïse, n'avait pu contenir tous les animaux dont les espèces sont aujourd'hui existantes, la nourriture nécessaire durant leur séquestration. Le narrateur peint l'arche s'arrêtant sur une montagne d'Arménie

1 Notice sur le séjour des Hébreux en Égypte.

peu après que la colombe lâchée par Noé a rapporté un rameau d'olivier à son bec, et il n'y a point d'oliviers en Arménie.-Si l'arche renfermait tous les hommes qui ont été sauvés, d'où viennent les races mongoles et éthiopiques, les races américaines dont les traits si distincts, si indigènes, leur isolement, et surtout leur existence si nouvellement connue, démentent tout croisement supposé avec des espèces issues de la famille caucasienne? De Noé et de ses enfans n'ont pu sortir le Yoloff, le Mantchéou, la peau rouge, le Barabras et leurs variétés.-Le chiffre de la population actuelle atteste une source plus large et plus ancienne de reproduction que celle que l'historien hébreu nous a désignée.

qua

3o Les tables astronomiques des nations les plus anciennement civilisées contredisent formellement l'âge que la Bible ose donner à notre globe. Les Chaldéens faisaient remonter à rante-sept mille ans leurs premières observations. La connaissance de la période sothique qu'on n'a pu acquérir qu'en la suivant un grand nombre de fois, et qui embrassait un cours de quatorze cent soixante ans, la division de notre zodiaque établi d'après les planisphères d'Esné et de Denderah, environ quinze mille ans avant notre ère, témoignent d'une antiquité que les dynasties égyptiennes et les listes des rois indiens achèvent de rendre incontestable.

1

[ocr errors]

S II.

Aux accusations d'une science superficielle, voici ce que répond la science positive du siècle où nous vivons.

« L'observation montre qu'il s'est écoulé un long espace de temps 1° entre la consolidation des couches primitives du globe et l'apparition de la vie à sa surface; 2o entre la création des diverses espèces de plantes et de diverses races d'animaux; 3° entre ceux-ci et la création de l'homme. Les preuves de ces faits sont irrécusables; puisque ces couches sont le produit d'une succession d'effets lents, et que les débris de plantes et d'animaux que certaines de ces couches renferment, supposent une prodigieuse succession de générations distinctes.... Mais nous n'avons aucun moyen d'apprécier la durée des époques dont il s'agit '. »

Qui dira en combien d'heures s'est accomplie la formation de l'univers?-Il est des secrets augustes à jamais cachés dans la nuit des âges, et que les efforts humains ne sauraient dérober. L'homme a appris de sa condition ce qu'il en devait savoir dans la sphère de sa destination et de son existence.-La cosmographie sacrée a De Férussac. Bull. univ. des sciences, sect. Sciences nat., t. X, no 137.

révélé ce qu'il appartient à notre science de connaître, mais rien par-delà.—Le mot yom (jour) ne signifie point l'espace compris entre l'aurore et le coucher du soleil; la langue hébraïque l'emploie souvent pour un temps quelconque déterminé 1. Moïse ne pouvait appeler jour, dans notre acception usuelle des époques où les astres lumineux n'étaient pas encore. Le soleil n'exista qu'au quatrième des jours mentionnés. D'ailleurs la Genèse emploie aussi le même mot jour pour tout le temps où le Seigneur-Dieu fit le ciel et la terre. (Ch. 2, v. 4.) Il suit de là que dans l'histoire de la création le mot jour exprime des périodes sans détermination de longueur. « Pour déterminer le sens véritable du mot jour dans la Genèse, dit un membre de la faculté des sciences physiques de Paris, il suffit de considérer livre est écrit en langue poétique, et que les mots qu'on a traduits par soir, matin, ont une tout autre signification. L'expression hereb que l'on a rendue par soir, signifie mélange, confusion, désordre, et est employée fréquemment en ce sens dans l'Écriture. (Exodus, c. 8, v. 24; et c. 12, v. 38.) Et le mot boquer, que l'on a traduit littéralement par matin, diluculum, époque où les objets commencent à être éclairés, à n'être plus confus, signifie poétiquement, et par autithèse avec l'expression précédente, ordre, dis

que ce

Salvador. Hist. des Instit. de Moïse, part. II, sect. 2,

ch. 1.

« PreviousContinue »