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plus particuliérement les enfans, et que, d'après le peuple écossais, on nomme communément LE CROUP. Ce remède, que l'auteur présente comme un spécifique assuré, qu'il a également employé avec succès dans la coqueluche, dans l'angine trachéale des enfans, et qui, pour me servir de ses expressions, ne lui a jamais manqué de parole, est le sulfure de potasse ou foie de soufre ordinaire, que l'on donne intérieurement à la dose de six à dix grains, dose que l'on détermine, non pas d'après l'âge de l'enfant, mais d'après l'intensité des symptômes.

Dans les premiers tems de la maladie, on fait prendre à l'enfant deux doses de sulfure de potasse, l'une le matin, l'autre le soir; et lorsqu'il y a une amélioration remarquable, ce qui, suivant l'auteur, a lieu ordinairement après vingt-quatre heures, on se borne à une seule dose du remède par jour; mais il convient d'en continuer l'usage quelque tems pour détruire complètement la disposition à la maladie, ou en prévenir le retour.

On administre ce remède, soit sous forme de bol, soit délayé dans une petite quantité d'un sirop approprié. Pour les enfans les plus jeunes, l'auteur conseille de mêler la poudre de sulfure de potasse avec un peu de miel; on en fait une sorte de pâte molle que l'on met au bout du doigt; puis on porte le doigt dans la bouche de l'enfant, et on l'y laisse jusqu'à ce qu'il soit nétoyé et que le remède ait été avalé. Pour les enfans plus âgés, on peut se borner à délayer dans une cuiller de bois ou d'ivoire le sulfure de potasse avec un peu de sirop.

Quel que soit le mode d'administration que l'on emploie, si le malade vomit le remède aussitôt après l'avoir pris, faut sur-le-champ lui en donner une seconde dose; mais, comme, par son odeur, ce remède répugne sauvent au malade et aux assistans, il est nécessaire que le médecinole voye prendre au malade, ou qu'il ne s'en rapporte qu'à des personnes dont il connaît la fidélité, l'exactitude la plus

scrupuleuse à exécuter les prescriptions, qualités malheureusement trop rares dans ceux qui soignent les malades.

Je ne m'arrêterai pas à décrire, d'après l'auteur, quels sont les effets sensibles de ce remède, et encore moins à expliquer quel ́est son mode d'action sur l'organisme animal; l'abus des raisonnemens chimiques, comme le remarque expressément BERTHOLLET, n'est aujourd'hui que trop fréquent en médecine. Avant de chercher l'explication d'un fait, il faut commencer par le constater pour observer avec soin toutes ses circonstances; ainsi il est sage d'attendre les nouveaux résultats que l'expérience ne peut manquer de fournir sur cet objet aux médecins praticiens. Cependant comune, dans le cours de l'an X (1801), j'avais fait sur les animaux, avec le gaz hydrogène sulfuré et les sulfures, un grand nombre d'expériences dont le précis est imprimé dans le Journal de médecine, tome XV, vendémiuire an X1, (Je cite ces dates parce que, depuis quelque tems, M. Basile s'attribue ces expériences et les conclusions que j'en ai tirées. ) j'ajouterai qu'en faisant prendre à des animaux des sulfures alcalins, j'ai constamment observé que les sécrétions muqueuses devenaient plus fluides, plus abondantes, puisque tous ces animaux ont eu des vomissemens, des diarrhées de matières séreuses plus ou moins colorées et fétides; la température de leur corps m'a paru aussi un peu augmentée, leur sang moins coagulable et d'un rouge moins vif. D'après ces aperçus, il paraîtrait donc que le sulfure de potasse est bien indiqué dans le cas pour lequel on le propose aujourd'hui au surplus, ses propriétés n'avaient point échappé aux médecins praticiens; aussi tous s'accordent à regarder le soufre comme le dissolvant des humeurs pituiteuses, diaphorétique, expecto-` rant et même luxatif, soit qu'on en élève la dose, ou qu'on en continue l'usage, propriétés qui sont encore augmentées lorsqu'il est combiné avec un alcali.

Parmi les diverses préparations sulfureuses que l'on a Ieme Année. Janvier.

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faites pour l'usage intérieur, il en est une qui mérite d'être rappelée, sur-tout dans la circonstance actuelle; elle est décrite dans l'ouvrage de WILLIS, de Medicamentorum Operationibus, cap. VI, sous le titre de Syrupus diasulphuris; quelques-uns l'ont désignée sous le titre d'Arcanum Bechicum Willisi. Mais, si cette dénomination indique une des propriétés de la composition, elle est en même tems injurieuse pour l'auteur, parce que le médecin, c'est-à-dire l'homme probe, ami de l'humanité, au lieu de faire un secret de ses formules, s'empresse de les publier pour le bien public, et de les communiquer à ses collègues.

Pour faire ce sirop de sulfure de potasse, Willis prescrit de faire fondre quatre gros de sulfure de potasse dans deux livres de bon vin de Canarie, puis, après avoir filtré, d'y délayer deux livres de sucre cuit à la consistance d'électuaire.

Bate, dans sa Pharmacopea extemporanea, donne à-peuprès la même formule, et en vante l'efficacité contre l'asthme, la toux, la phthisie et même la peste.

Mais ce mode de préparation me paraît défectueux en plusieurs points; le vin doit nécessairement décomposer une partie du sulfure de potasse. Il serait infiniment plus simple et plus sûr de préparer ce sirop en faisant fondre deux gros de sulfure de potasse dans huit onces d'eau distillée de fenouil, d'hyssope ou autre analogue; puis, après avoir filtré le solutum, d'y faire fondre, à la simple chaleur du bain-marie, quinze onces de sucre blanc concassé; par ce moyen, on obtiendrait un sirop de bonne consistance, et qui contiendrait par once six grains de sulfure de potasse.

Quel que soit, au reste, le procédé que l'on adopte, il convient de ne préparer ce sirop qu'en petite quantité, et de le conserver dans un flacon bien bouché. Je terminerai cette longue lettre en rappelant que Willis dit expressément, en parlant de son sirop, qu'il est très-efficace contre

a toux et les autres affections des poumons, pourvu qu'il n'y ait ni chaleur des entrailles, ni fièvre hectique: modo absit præcordiorum æstus, et febris hectica.

Recevez, je vous prie, monsieur, l'assurance de tous. mes sentimens. CHAUSSIER.

FABRICATION DU SUCRE DE BETTERAVES.

EXTRAIT PAR M. BOULLAY,

D'une dissertation sur la manière d'extraire le sucre et sur les succédanées indigènes qui le fournissent, ainsi que sur les quantités qu'on en peut extraire;

PAR M. HERMBSTAEDT.

(Annales de Chimie, novembre 1809.)

DĖJA nous avons rendu compte, dans le N° II de ce Journal, de la méthode usitée en Silésie pour l'extraction et la fabrication du sucre de betteraves; nous avons pensé 'qu'il serait intéressant de puisser dans la dissertation de M. Hermbstaedt les détails propres à rendre plus complètes les connaissances déjà acquises sur cet objet.

Il résulte des nombreux essais tentés par M. Hermbstaedt: 1°. Toutes les betteraves ne sont point également propres à fournir la matière sucrée; les betteraves blanches en Tournissent une plus grande quantité. Viennent ensuite les jaunes; puis celles qui ont une écorce rouge et un centre blanc; et enfin celles à écorces rouges dont le centre est blanc et mêlé d'anneaux rouges.

2o. Les betteraves fournissent plus ou moins de sucre suivant la manière dont elles sont cultivées ; ainsi celles qu'on récolte dans une terre où les moutons auront par qué

que l'on aura fumée avec du fumier de mouton, ne donneront presque pas de principe sucré, mais beaucoup de nitrate de potasse. Il en est de même de la betterave cultivée dans une terre nouvellement fumée avec du fumier de cheval ; elle donne peu de sucre, mais beaucoup de muriate et de nitrate de potasse ; semée dans un terrain fumé nouvellement avec le fumier de vaches, elle contient du sucre, mais il est mélangé de phosphate et de malate d'ammoniaque en grande quantité, et d'un peu de muriate de po

tasse.

La betterave cultivée dans les jachères, moins volumineuse que dans les terres chargées d'engrais, est beaucoup plus riche en sucre; cultivée dans un fond limoneux et sablonneux, cette plante est plus sucrée que celle qui vient dans un terrain gras et argileux.

3. Pour fournir de bon sucre, la betterave doit être employée depuis la fin d'octobre jusqu'à la fin de janvier ; en février ses principes s'altèrent déjà, le sucre passe à l'état muqueux-sucré, et finit par disparaître entièrement.

4°. De cent livres de betteraves on retire au plus 4 livres de bon sucre brut, grenu, et au moins 2 livres et demie de sucre raffiné.

5o. Cent livres de betteraves coupées et exprimées rendent trente livres de suc, réductibles par l'évaporation à six ou sept livres de sirop. La pureté de ce sirop est altérée par du muriate de chaux, du muriate de potasse et du malate de chaux. Ces sels lui communiquent une saveur désagréable, qui s'oppose à son emploi dans cet état.

La machine employée pour raper les betteraves inventée et exécutée par M. le conseiller de guerre Siebeke, consiste en un cylindre de tôle muni d'ouvertures très-aiguës, à la manière des rapes ordinaires. Ce cylindre, mu sous un angle de 35 degiés, est surmonté d'une trémie élevée de moulin, dans laquelle sont les betteraves, qui tom

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