Page images
PDF
EPUB

Si j'ai cherché à démontrer que les chimistes avaient méconnu jusqu'ici le véritable état du mercure dans plusieurs préparations pharmaceutiques, je n'ai été guidé que par le désir de porter quelque lumière sur l'emploi de ces médicamens. Il m'a paru intéressant de prouver aux médecins que l'oxidation du mercure uni avec la graisse pouvait être la cause de sa propriété médicamenteuse, que cette propriété variait en raison de la quantité de cet oxide et de la facilité avec laquelle il agit sur les matières animales ou sur les organes vivans. Les auteurs que j'ai contredits aiment trop la science et travaillent avec trop de succès à ses progrès pour ne pas rendre justice à mes intentions comme je rends justice à leur savoir et à leur zèle.

"

NOTICE

Sur la décomposition spontanée de l'acidule

tartareux;

PAR L. HECHT, Pharmacien à Strasbourg, professeur de PÉcole spéciale de Pharmacie.

La décomposition spontanée de l'acidule tartareux a déjà été observée par Machy, ensuite par Corvinus et Spielmann; cependant ces trois chimistes se sont trompés dans les conclusions déduites de leurs expériences. Ce n'est que depuis 1782 que M. Bertholet a décrit, avec beaucoup de soin et de clarté, les phénomènes de cette

empêcher le mouvement du vase pendant la trituration. Elle pourrait servir en même tems pour la préparation du cérat, de la pommade au garou, et d'autres préparations semblables que l'on fait ordinairement dans des mortiers de marbre. Ces mortiers peuvent convenir également, mais il faudrait avoir l'attention de ne les jamais employer pour des médicamens destinés à l'usage intérieur.

altération spontanée. Son Mémoire a été inséré dans le Recueil de ceux de l'Académie : le résultat des expé riences de ce savant est connu : l'acidule tartareux dissout dans l'eau se décompose peu-à-peu, son acide se détruit et se convertit en mucilage qui se réduit en un très-petit volume par la dessiccation; la liqueur saline devient insensiblement alcaline, et fournit par la cristallisation du carbonate de potasse un peu huileux qui se charbonne au feu. J'ai eu occasion de remarquer cette décomposition de l'acidule tartareux (tartre brut) sur une partie de cinq à six cents livres, sans que ce sel fût dissout auparavant dans l'eau. Voici le fait.

J'ai fait venir de Montpellier, il y a quelques années, du tartre brut; il a été transporté par eau, où il paraît avoir été exposé à l'humidité. En arrivant ici, ce tartre était méconnaissable, humide, sentant le moisi; je m'aperçus', en l'examinant de plus près, qu'il n'avait plus de saveur acide. Ne sachant à quoi l'employer, je fis porter le baril sur un grenier, où je l'oubliai pendant deux ans à-peuprès. Il me tomba sous la main, il y a quelque tems, et je trouvai à ma grande surprise que toute la masse avait l'aspect ́d'une matière végétale décomposée, ressemblant au ferreau, imprégnée de sel, et parsemée de cristaux trèsblancs et assez gros. J'ai séparé une certaine quantité dẹ ces cristaux, et je les ai soumis, ainsi que la matière végétale, à l'analyse suivante. ·

Examen des cristaux.

A. La forme des cristaux de ce sel est prismatique ; sá saveur est alcaline, sans être caustique ; il brunit le papier jaune de curcuma, et se dissout entiérement dans quatre fois son poids d'eau à la température ordinaire. Il se produit un froid très-considérable pendant la dissolution du sel.

B. En ajoutant à cette dissolution un acide quelconque,

il se fait une effervescence rapide : si après y avoir mis un excès d'acide, on y verse un carbonate alcalin ou de l'ammoniaque, il ne se produit aucun précipité.

C. La combinaison de ce sel avec l'acide nitrique pur m'a fourni un sel qui détona sur un charbon rouge, et que j'ai reconnu pour du nitrate de potasse.

D. Cent parties de ces cristaux chauffées dans un creuset de platine, se sont fondues en une masse blanche; elles ont perdu par cette fusion quinze parties. Cette masse s'est redissoute dans l'eau sans laisser aucune matière charbonneuse ni aucun autre précipité; en y ajoutant un acide, il y a eu une très-forte effervescence, de sorte que le sel me paraît n'avoir perdu par la fusion que l'eau qu'il contenait.

E. Pour déterminer la quantité d'acide carbonique contenu dans ce sel, et n'ayant point d'appareil hydrargyropneumatique sous main, j'ai fait dissoudre cent parties de ces cristaux dans de l'eau distillée ; j'ai ajouté à la dissolution de l'eau de chaux, jusqu'à ce qu'elle ne blanchît plus le carbonate de chaux obtenu répondait à quatrevingt-huit parties qui représentent quarante-quatre d'acide carbonique. Suivant cès expériences, il ne reste pas le -moindre doute que ce sel ne soit du carbonate de potasse saturé, qui contient pour cent :

[merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Examen de la matière végétale décomposée, imprégnée de sel.

A. J'ai fait bouillir cette matière avec de l'eau distillée, j'ai filtré; il est resté un résidu assez considérable sur le papier; la liqueur était alcaline et faisait effervescence avec les acides.

B. J'ai introduit dans un creuset d'argent cent parties de cette matière préalablement desséchée, j'ai chauffé au rouge pendant une demi-heure; le résidu était charbonneux, d'un noir très-intense, d'une saveur fortement alcáline et réduit à moitié. J'ai fait bouillir ces cinquante parties de charbon avec de l'eau distillée ; j'ai porté le fout sur un filtre, et j'ai lavé le résidu, qui après la dessiccation ne répondait plus qu'à vingt-cinq parties. L'eau alcaline évaporée à siccité m'a donné vingt-deux parties de sel blanc et sec, que j'ai reconnu pour être du carbonate de potasse à l'état de souscarbonate.

C. Curieux de savoir si cette matière végétale ne contenait plus aucune trace d'acide tartareux, j'en ai fait bouillir une certaine quantité avec de l'eau pure ; j'ai séparé, à l'aide d'un filtre, la liqueur de la partie indissoluble ; j'ai ajouté à cette liqueur un excès d'acide muriatique, je l'ai chauffée ensuite pour en chasser l'acide carbonique qui aurait pu y être dissout, et j'y ai ajouté de l'eau de chaux, jusqu'à ce que la liqueur fût alcaline, mais je n'ai pas obtenu de précipité de tartrite de chaux.

Cette matière végétale contenait donc encore le quart de son poids de carbonate de potasse. Pour tirer quelque parti de ce tartre avarié, j'ai fait d'abord séparer les cristaux, et ensuite brûler le reste, qui m'a donné, par des dissolutions réitérées, de très-beau carbonate de potasse parfaitement pur.

ESSAI SUR LA POMMADE CITRINE;
PAR M. LAUDET, Pharmacien à Bordeaux..

(Extrait et observations par M. BOULLAY.)

Pour exécuter la prescription d'une pommade composée d'onguent citrin, 64 grammes; cérat, 24 grammes; huile IIeme Année. - Mai.

14

essentielle de roses, s. q. pour aromatiser, M. Laudet fit le mélange à la chaleur du bain-marie, afin, dit-il, d'offrir un médicament plus exact. Mais, au lieu d'un tout homogène, il se forma un précipité parsemé de globules de mercure, que la trituration dans un mortier de porcelaine ne fit pas disparaître, et la pommade prit par le refroidissement une couleur jaune sale tirant sur le gris.

Désirant se rendre compte d'un pareil phénomène et connaître le véritable état d'un médicament dans lequel les proportions de nitrate mercuriel paraissaient avoir varié, l'auteur du Mémoire entreprit les essais suivans.

PREMIÈRE EXPÉRIENCE.

Les pommades dont je me suis servi rougissaient la teinture de tournesol; l'une était blanchie par la vétusté, et offrait dans sa cassure des points grisâtres, tandis que l'autre était d'une belle couleur citrine.

DEUXIÈME EXPERIENCE.

J'ai pris 64 grammes de pommade citrine ancienne, faite d'après Baumé; je la plaçai dans un pot de faïence, et je la fis fondre au bain-marie, ayant soin d'agiter avec un tube de verre jusqu'à consistance solide. Ce moyen me fit apercevoir une matière gluante, de couleur grise lorsqu'elle était chaude, plus pesante, et ne se mêlant plus à la masse malgré l'agitation, parsemée d'une grande quantité de globules de mercure.

TROISIÈME EXPERIENCE.

J'ai fait fondre, pour terme de comparaison, 64 grammes de pommade citrine faite le même jour d'après Baumé; la dissolution de nitrate de mercure ne précipitant pas. par l'eau distillée, elle m'a fourni moins de matière immiscible, s'interposant plus facilement par la trituration dans toute la masse, offrant par le refroidissement une pommade d'un

« PreviousContinue »