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Sera-t-il également permis d'attribuer au même composé un usage physiologique par rapport aux graines, et de voir dans la composition chimique de leurs enveloppes un soin de la nature pour les conserver en les couvrant d'une substance indissoluble et imputrescible? Ce que nous avons trouvé dans les feves et les lentilles se trouvera certainement dans une foule d'autres graines soumises au même examen. Celles qui n'offrent pas la même nature dans leurs tuniques, montrent tantôt des enveloppes ligneuses, cornées, ou des pellicules sèches enduites ou pénétrées de substance cireuse, d'huiles âcres et aromatiques, dans lesquelles le naturaliste doit reconnaître une égale propriété défensive et conservatrice.

OBSERVATIONS

Sur l'état du Mercure dans l'Onguent mercuriel, par P. F. G. BOULLAY; en réponse à un Mémoire de M. WAHREN sur le méme objet.

(Lues à la Société de Pharmacie de Paris, le 15 mai 1810.)

DANS le dernier N° du Bulletin de Pharmacie, M. Wahren a cherché, par des expériences multipliées, à mettre hors de doute l'oxidation du mercure pendant la préparation de l'onguent mercuriel. Cette opinion fut celle de plusieurs chimistes d'un grand nom, à l'époque de la révolution mémorable qui a renversé le phlogistique de Staal, et l'on pensa généralement que les métaux n'agissaient sur l'économie animale que par l'oxigène qui leur était uni. Cependant, un grand nombre de pharmaciens habitués à bien observer les phénomènes de leurs opérations, ne pa-, raissaient pas convaincus du rôle que l'on attribuait à l'oxigène dans ce genre de composition, ou dans ses analogues, pour le modus faciendi, telles que le mercure gommeux, l'emplâtre de vigo cum mercurio, etc..... Les expé

riences de M. Vogel (1) semblaient avoir détruit tous les doutes sur cette matière. Elles avaient même servi de base aux notes que j'ai publiées sur le même objet.

Aujourd'hui, M. Wahren considère non-seulement comme oxidé au minimum le mercure entrant dans la composition de l'onguent mercuriel, mais encore il en fait une véritable combinaison saline, à laquelle il donne le nom de sous-carbonate oxidulé de mercure.

Je ne discuterai pas en détail les expériences nombreuses sur lesquelles se fonde M. Wahren; je ne m'attacherai pas à prouver qu'on aurait peut-être tort d'admettre une foule de degrés d'oxidation du mercure, lesquels peuvent être les résultats d'une oxidation partielle ou du mélange des oxides connus à différens états. Je me défierai des intermèdes d'une grande activité, et sur-tout de l'emploi des alcalis si propres à favoriser la fixation de l'oxigène (2). Je tâcherai seulement, dans l'examen qui fait l'objet de la discussion, de prouver par une expérience simple, facile à répéter, la manière d'être du métal dans le médicament connu sous le nom d'onguent mercuriel à parties égales. Je la crois propre à faire cesser une incertitude déjà trop prolongée sur la véritable nature de ce composé pharmaco-chimique.

L'éther sulfurique est un bon dissolvant des graisses, ainsi qu'on l'a vu dans la notice qui précède cet article. Le contact à froid de cette liqueur a lieu avec les différens oxides de mercure, pendant plusieurs jours, sans que leur couleur subisse le moindre changement, et sans qu'il se manifeste aucune espèce de réduction. Je considère dono cet agent comme propre à mettre en évidence ce que je me propose de démontrer. A une haute température, l'éther peut

(1) Annales de chimie, tome LVIII, page 172 et suiv.

(2) Je citerai pour exemple les savons desquels on ne retire l'huile la plus fluide au moment du mélange, que dans un état concret,

devenir un puissant réductif; mais à froid, il ne s'exerce aucune action entre lui et les oxides métalliques; et c'est sans doute ce qui a fait proposer pour sa rectification l'oxide de manganèse, dont l'effet devait être borné à l'oxi génation de l'acide sulfureux.

EXPÉRIENCES.

A. A dix grammes d'onguent de mercure (3) introduit dans un flacon exactement bouché, j'ai ajouté successivement et en plusieurs fois, soixante grammes d'éther sulfurique. Une légère agitation a facilité son action. Après le repos et la décantation de la liqueur, le flacon contenait une matière blanchâtre, comme pulvérulente, composée d'une multitude de globules métalliques très-distincts à la loupe, et qui étendue sur les parois intérieurs du flacon par la seule inclinaison, s'y desséchait en présentant, à travers le verre, l'apparence d'une feuille métallique appliquée. Il s'en détachait de tems en tems des globules entraînés par leur pesanteur, à mesure qu'ils augmentaient de volume. Il suffisait d'exprimer cette matière entre deux feuilles de papier joseph, avec le moins d'effort possible, pour lui rendre tout son éclat, la faire couler, et favoriser sa réunion en une masse de fluide métallique. Le papier s'est trouvé sali par une petite quantité d'oxide gris (4), équivalant à peine à la cinquantième partie du mercure régénéré.

(3) J'ai fait prendre, dans six des Pharmacies les plus estimées de Paris, de l'onguent mercuriel; je l'ai traité, par comparaison, avec celui que j'ai préparé moi-même avec beaucoup de soin; je n'ai trouvé aucune différence importante dans les résultats.

(4) Cette portion de mercure oxidulé a toujours été admise par ceux qui croyaient le moins à l'oxidation totale. Sa proportion est d'autant moindre, que la graisse est exempte d'acide et d'eau. Elle augmente à mesure que la rancidité se manifeste. Il n'est pas étonnant qu'il y ait un peu d'acide carbonique et d'air interposés dans l'onguent de mercure; la trituration en opère l'interposition. La présence de ces gaz hâte sans douté la rancidité, et il serait avantageux d'opérer à vaisseaux ferinés,

En distillant au bain-marie la solution éthérée, on a recueilli l'éther dans l'état où il était primitivement, et la graisse est restée, dans la cornue, pure, très-blanche, et sans avoir changé de consistance.

B. J'ai trituré dans un mortier de porcelaine dix gram. de mercure avec vingt grammes de pommade oxigénée, préalablement lavée avec soin, et ensuite privée d'eau par la pression entre deux feuilles de papier gris. Le mercure a disparu promptement, ce que j'ai attribué à la consistance de la pommade, et à une certaine ténacité du mélange qui nuisait au rapprochement des globules de mercure. La trituration fut poussée au-delà de ce que l'on a coutume de le faire, et l'extinction était parfaite. Ce composé de graisse oxigénée et de mercure a été ensuite traité à froid par 200 grammes d'éther sulfurique, ajouté successivement et décanté à mesure qu'il était saturé. J'ai obtenu un résidu blanchâtre qui, étendu sur l'extérieur d'un flacon, avait le brillant métallique et se trouvait en tout semblable au produit de la première expérience.

L'éther employé comme dissolvant a laissé après son évaporation une graisse d'un beau jaune et de la consistance du suif, en un mot, dans l'état où elle se trouvait avant le mélange. On voit donc que, même en employant une graisse oxigénée, on n'oxidule pas l'onguent mercuriel, et qu'intimement combinée avec le principe qui la durcit et la colore, la graisse oxigénée peut servir à la division du mercure sans lui rien céder et sans retourner à son premier état. En effet, pourquoi la graisse, qui, suivant l'expérience rapportée par M. Wahren, page 205 de ce volume, a réduit l'oxide, rouge de mercure, serait-elle à son tour désoxidée par ce même métal?

Il me paraît tout simple de conclure de ce qui précède, 1o que l'éther dissolvant les graisses et les huiles animales, peut devenir un réactif précieux pour les isoler des substances sur lesquelles ce fluide n'a pas d'action, et qu'il s'applique très-bien à l'analyse de l'onguent mercuriel.

2o. Que cet onguent n'est qu'un simple mélange de mercure métallique très-divisé et comme pulvérisé, et retenu dans cet état par le moyen d'un corps gras.

3o. Que ce médicament employé en frictions doit agir sur l'économie animale comme mercure et non comme oxigénifère.

4°. Qu'il n'y a aucun avantage à employer la graisse traitée par l'acide nitrique pour préparer l'onguent mereuriel.

5°. Enfin, que l'emploi des oxides de mercure, sous prétexte d'abréger l'opération, serait une fraude, ou au moins une inexactitude répréhensible, puisqu'il en résulterait des médicamens qui pourraient avoir des propriétés différentes.

NOUVELLES EXPERIENCES

Pour constater l'état du Mercure dans plusieurs préparations mercurielles, et particulièrement dans l'onguent double;

PAR M. VOGEL, Préparateur-général à l'Ecole de
Pharmacie de Paris.

(Lues à la Société de Pharmacie, le 15 mai 1810.)

Il y a environ quatre ans que je fis des expériences sur IL la graisse et sur différens composés que cette substance fournit à la pharmacie. Je crus alors reconnoître que le mercure n'était pas oxidé dans l'onguent double récent, mais qu'il y était seulement divisé.

Dans la dernière séance du 15 avril, la Société a entendu la lecture d'un Mémoire de M. Wahren, sur l'état du mercure dans l'onguent mercuriel. L'auteur a conclu de ses expériences que le mercure est oxidé et combiné avec l'acide carbonique dans cel onguent, ainsi que dans plusieurs autres médicamens.

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