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gratte la superficie à mesure que le carbonate de potasse s'y forme; et enfin, quand la lessive du produit du grattage de ces pyramides ne donne plus qu'un degré à l'aréomètre, on les fait entrer dans la composition des pyramides au salpêtre.

M. Boudet fait, à l'occasion du procédé relatif à l'extraction de la potasse, des réflexions qui le portent à conclure:

1°. Que les cendres sont une frite avec excès d'alcali; 2o. Qu'un premier lavage n'enlève à cette frite que l'alcali qui lui est surabondant ;

3°. Que cette frite, exposée à l'air, s'y décompose graduellement par l'acide carbonique contenu dans l'atmosphère, et qui vient s'emparer de l'alcali, partie constituante de la frite;

4°. Que ne pouvant avec profit suivre jusqu'au bout cette décomposition par l'acide carbonique, on a eu le bon esprit de lui substituer un acide plus puissant, l'acide nitrique, qui, agissant sur la frite, aussitôt et à mesure qu'il s'est formé à la surface des pyramides, donne un produit non moins avantageux que le premier.

ERRATA du N° d'Avril 1810.

Tableau des produits immédiats des végétaux, 3e classe, au lieu de : Produits dans lesquels l'hydrogène se trouve en plus grande quantité par rapport à l'eau; lisez : Substances dans lesquelles l'hydrogène est en plus grande quantité que l'oxigène par rapport à l'eau.

DE PHARMACIE.

N° VII. -2° Année.-JUILLET 1810.

MÉMOIRE

Pour servir à l'histoire des différentes espèces de Quinquina.

PAR M. LAUBERT, Pharmacien en chef de l'armée d'Espagne.

LES botanistes connaissent une vingtaine d'écorces du genre cinchona; mais le nombre de celles qui circulent dans le commerce est plus considérable.

On les débite seules, ou mêlées les unes avec les autres, sous les noms de cascarilla (1) de loxa, de calisaya, cascarilla roxa et huanuco.

(1) Le mot quinquina n'est pas employé au Pérou, et l'est très-peu en Espagne dans le commerce; on se sert du mot cascarilla, et on appelle cascarilleros ceux qui récoltent cette écorce. Le croton cascarilla de Linnée est connu au Pérou sous le nom de chacarilla. Il paraît que le mat quinquina, comme l'a observé M. de la Condamine, a été pris du fébrifuge qui était employé avant la découverte de cette écorce, particulièrement par les Jésuites, c'est-à-dire du myroxylon peruiferum, nommé au Pérou quinoquinos et quinaquina. Cette idée est d'autant plus vraisemblable le quinquina était aussi connu au commencement sous le nom de poudre des Jésuites, et que le genre du myroxylon peruiferum n'a été bien déterminé et décrit que de nos jours.

que

Nous dirons en passant que M. Ruiz pense que le myrospermum et le tulnifera doivent être compris sous le nom générique myroxylon. Heme Année. -Juillet,

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Cascarilla de loxa.

On comprend sous ce nom les quinquinas les plus estimés et les plus recherchés de la province de Loxa. Nous en connaissons cinq espèces, l'amarilla, la colorada, la peruviana, la delgada, la lampina. Les deux premières ont été de tout tems employées de préférence à la Pharmacie de S. M., et réservées pour les cadeaux destinés aux puissances étrangères. La péruviana est la plus estimée après les deux autres; mais il ne faut pas confondre avec cette espèce de loxa, la péruviana du commerce qu'on trouve rarement sans mélange, et qui contient presque toujours des écorces d'une qualité inférieure. Enfin la delgada et la lampina sont aussi très-recherchées et presqu'aussi estimées que la péruviana. M. Ruiz a donné la description des trois dernières dans sa Quinologie (2), et en a fait connaître les caractères botaniques.

A ces cinq espèces de loxa, on peut ajouter la casca

(2) On trouve la description de trois de ces espèces dans la Quinologie de M. Ruiz.

Cet ouvrage parut en 1792; il traite de la découverte du quinquina, de ses qualités, de son commerce, de son extraction des diverses provinces du Pérou, qui s'élevait de son tems à plus de 250,000 livres par an; des lieux qui produisent les espèces fines; de la récolte, dessiccation et transport des écorces; de la manière de préparer au Pérou l'extrait des écorces fraîches, etc. Il donne ensuite les caractères génériques du quinquina, avec la description de sept espèces, les qualités qui caractérisent les écorces du quinquina rouge, du calisaya, du quinquina à feuilles d'olivier. Dans le supplément, qui parut en 1801 sous le nom de MM. Ruiz et Pavon, ces savans botanistes donnèrent la description de quatre nouvelles espèces découvertes par Tafalla, les caractères de l'écorce connue sous le nom de huanuco, et du c. lactifera, la description du c. angustifolia, qui paraît être de la même espèce que le c. lancifolia de Mutis, la réponse à un mémoire de M. Zéa, sur les quinquinas de Mutis ou de Santa-Fé, enfin une lettre à M. Jussieu, pour répondre à quelques observations de ce savant botaniste sur les genres énoncés au prospectus de la Flore Péruvienne.

rilla, lagartijada, moins estimée à la vérité, et inconnue aux botanistes, mais regardée par eux et par le commerce comme un des quinquinas fins de cette province.

Les botanistes de l'expédition du Pérou (3) croient que les espèces les plus fines de loxa sont les plus anciennement connues et employées en médecine; ils fondent particulièrement leur opinion sur la préférence qu'elles ont eue de tout tems à la Pharmacie royale, et sur la tradition des habitans de ce royaume, où la qualité fébrifuge du quinquina fut constatée pour la première fois (4).

Cette opinion n'est pas celle de M. Zéa et des botanistes de l'expédition de Santa-Fé (5) ; ils regardent le C. lancifolia de Mutis comme le plus ancien, et ils le désignent avec l'épithète de primitif : ce quinquina serait aussi, d'après eux, le plus efficace dans les fièvres intermittentes.

(3) L'expédition du Pérou a eu lieu en 1777; elle a duré onze ans. MM. Ruiz et Pavon furent choisis pour cette expédition comme botanis→ tes. Ils furent puissamment sécondés dans leurs recherches par M. Dombey, médecin et naturaliste français d'un raré mérite. Lorsque les membres de l'expédition quittèrent l'Amérique, M. Tafalla fut chargé par eux de continuer les travaux et les recherches botaniques. Ce savant, aidé de M. Menzanilla, a enrichi la botanique de plusieurs découvertes intéressantes, et a beaucoup augmenté la famille des quinquinas.

(4) On sait que le mot générique a été pris par Linnée du titre du vice-roi du Pérou D. Geronimo Fernandez de Cabrera, comte de Chinchon. Le vice-roi fit constater les qualités fébrifuges du quinquina, avant de le faire administrer à son épouse, et contribua beaucoup à en faire connaître l'efficacité.

(5) D. Joseph Celestino Mutis est parti pour la nouvelle Grenade en 1760 et en 1780. Il fut nommé directeur de l'expédition botanique de Santa-Fé, qui commença ses travaux en 1784; il eut pour associés MM. Valeuzuela, Landat et Cambler. On doit à ces savans une précieuse collection de matériaux botaniques. M. Mutis a publié dans les journaux périodiques de Santa-Fé ses observations médicales sur les quatre quinquinas désignés par lui sous les noms d'orangé, rouge, jaune et blanc, et qu'il dit avoir découverts. On sait que M. Lopes Ruis lui dispute la découverte des deux premiers.

1. Cascarilla amarilla ( jaune). ́

Ce quinquina, connu aussi au Pérou sous le nom de cascarilla de loxa, est le cinchona legitima de Ruiz (6). L'arbre auquel il appartient croît dans les provinces de Loxa, Cuenca, Jaen de Bracamoros et autres (7).

Cette écorce est mince, de la grosseur d'une plume d'oie ou à peu près, assez bien roulée (8), et recouverte

(6) M. Ruiz oroit que Linnée aurait dû employer le mot chinchona en place de cinchona, qui ne rappelle pas le véritable titre du vice-roi du Pérou.

(7) Le quinquina de Loxa, à l'usage de la pharmacie royale, provenait dans les derniers tems des montagnes Durituzinga, Guatizinga et Caranuma: l'expérience ayant prouvé aux praticiens qu'il doit êtré préféré à celui qu'on récolte à Quito, Jaen de Bracamoros, Cuença et autres endroits, D. Vicente Olmedo, botaniste distingué, était désigné par le roi pour surveiller la collection et la dessiccation de cette précieuse

écorce.

(8) La grosseur, la finesse et le roulage des écorces doivent être pris en considération lorsqu'on veut faire un bon choix. Il ne faut pas seulement s'assurer si une écorce est de bonne qualité, il faut savoir aussi si elle a été bien séchée et bien conservée ; si elle a fait partie d'une vieille branche ou d'une branche trop jeune, etc. et ces trois caractères peuvent être utiles pour fixer notre choix. Voici quelques ideés générales sur les inductions qu'on peut tirer de ces trois caractères.

Les écorces qui ont plus d'un pouce et demi de largeur doivent provenir du trone ou des grosses branches; le tems et les parasites peuvent avoir altéré ces écorces, et il faut faire une attention particulière à l'état dans lequel elles se trouvent. Celles qui n'ont pas la grosseur d'une plume à écrire doivent avoir appartenu à des branches trop jeunes, qui pourraient ne pas avoir acquis le degré convenable de maturité, selon le langage des cascarilleros.

Les mêmes observations doivent avoir lieu pour une écorce trop fine, oy trop épaisse ; mais, pour bien juger la finesse et l'épaisseur, il faut faire toujours attention à l'espèce à laquelle l'écorce appartient.

Quant au roulage, on sait que les écorces sont séparées des branches 'en bandes longitudinales, par le moyen d'un couteau très-fin. Elles se roulent sur elles-mêmes, parce que la surface interne, plus fibreuse et plus chargée d'humidité, doit supporter une retraite plus considérable

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