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partout victorieuse, se signala par la conquête de plusieurs des Antilles. Le 12 février 1782, elle s'empara de SaintChristophe. Nièves et Montserrat se rendirent le 22 du même mois; mais, l'année suivante, la paix ayant rétabli le statu quo, Saint-Christophe fut rendu à la domination britannique.

Dès les premières années de son histoire comme colonie européenne, les habitants de Saint-Christophe se faisaient remarquer entre tous les autres colons par l'urbanité de leurs manières et la douceur de leurs mœurs. Les premiers Français qui s'y établirent, y ont laissé des traditions de politesse, qui se sont conservées même sous la domination anglaise. Du temps du père du Tertre, on l'appelait l'île Douce; et, vers le milieu du dix-huitième siècle, Rochefort retrace en ces termes la physionomie des différentes colonies françaises: « La noblesse était à Saint-Christophe, les bourgeois à la Guadeloupe, les soldats à la Martinique, et les paysans à la Grenade. »

L'aspect général de Saint-Christophe est d'une beauté remarquable. Le MontMisère, qui est un volcan éteint, d'une hauteur de trois mille cinq cents pieds, occupe toute la partie nord-ouest, et descend graduellement en chaînes inférieures, jusqu'à ce qu'il se perde, au sud, dans la plaine de la Basse-Terre.

Il y a un contraste des plus frappants entre la stérilité des montagnes et la fertilité des plaines. Les premières ne présentent à l'œil qu'une masse confuse de rochers brisés, dont les interstices sont remplis d'une matière argileuse qui arrête toute végétation. Les vallées, au contraire, sont d'une richesse extraordinaire. Le sol est léger; mais il est trèsfavorable à la culture du sucre, qui forme le principal revenu de l'île.

Les eaux sont assez rares. Quelques sources néanmoins descendent du MontMisère; et les eaux sont recueillies, avec beaucoup de soin, dans des réservoirs. Mais elles sont fortement imprégnées de particules salines qui leur donne un goût auquel il est fort difficile pour les étrangers de s'accoutumer.

On rencontre à Saint-Christophe une espèce de singes qui ne se voient pas dans les autres Antilles : ils sont de pe

tite taille, mais se réunissent en troupes nombreuses, qui font, dans les champs de cannes, des ravages considérables. On n'a pas encore pu imaginer un moyen de se préserver des invasions de ces hôtes incommodes.

La colonie de Saint-Christophe renferme quatre villes, dont la Basse-Terre est la capitale. La population de l'île est d'environ cinq mille blancs et trentecinq mille nègres.

Tabago. Découverte par Christophe Colomb, en 1496, cette île est séparée de la Trinité par un canal de dix lieues de largeur elle est aussi à une égale distance du continent espagnol; elle n'a que douze lieues de longueur sur quatre de largeur.

Tabago a été appelée l'ile Mélancolique, parce qu'elle présente, du côté du nord, une masse de montagnes sombres, terminées par des précipices abrupts, qui s'arrêtent brusquement au-dessus de la mer. Lorsqu'on en approche, l'île offre un aspect irrégulier; elle se compose principalement de montagnes coniques, entrecoupées de ravins étroits et profonds, et aboutissant à des plaines humides. L'ouest et le sud renferment des vallées d'une grande beauté et d'une fertilité remarquable, arrosées par des sources nombreuses.

L'île, après la découverte, demeura longtemps inhabitée, lorsqu'en 1632, les Hollandais s'y établirent au nombre de deux cents. Mais ils n'en restèrent pas longtemps paisibles possesseurs. Les Espagnols qui habitaient la Trinité, craignirent de voir s'élever une concurrence pour l'exploration du cours de l'Orénoque, que l'on croyait alors riche en sable d'or ils s'associèrent, en conséquence, quelques Indiens du continent, et firent avec eux une invasion dans la nouvelle colonie. Les Hollandais surpris, et trop inférieurs en nombre pour résister, furent massacrés; quelques-uns seulement purent se sauver dans les

bois.

En 1654, une seconde colonie hollandaise vint s'y fixer; mais, en 1666, l'île fut prise par les Anglais. Ceux-ci, attaqués immédiatement par les Francais, en furent chassés, et Tabago fut rendu à la Hollande. Mais, en 1677, cette dernière puissance étant en guerre avec

la France, l'île de Tabago fut attaquée et prise par une escadre, sous les ordres de d'Estrées; et par la paix de Nimègue, elle fut concédée à la France.

Mais le cabinet de Versailles ne s'occupa guère de faire valoir cette conquête, et il ne s'y forma aucune colonie nouvelle; l'île était seulement visitée, de temps à autre, par les Français des autres Antilles, qui allaient y pêcher des

tortues.

Cependant, quelques spéculateurs anglais s'y établirent sans y être troublés; et, lorsque la guerre de 1755 livra l'île à la domination britannique, il s'y trouvait des colons tout prêts à l'obéissance. Par la paix de 1763, l'île fut cédée aux Anglais.

La guerre de l'indépendance américaine la fit encore changer de maîtres. Prise par les Français en 1781, elle leur fut abandonnée par le traité de 1783.

Dix ans après, au mois de mars 1793, les Anglais reprenaient cette colonie, presque sans combattre. Rendue à la France à la paix d'Amiens, reprise encore en 1803, elle fut enfin définitivement cédée à l'Angleterre par le traité de Paris, en 1814.

Cette île ne contient pas, comme la plupart des autres Antilles, de grandes montagnes. Les plus hautes terres s'élèvent doucement en collines ondulées, coupées par des vallées d'une grande fertilité, et au milieu desquelles des arbres de toute espèce répandent une agréable fraîcheur. Les cèdres surtout et les palmiers sont remarquables par leur hauteur et leur grosseur, qui dépasse de beaucoup les arbres de même nature dans les autres îles.

Parmi les différents animaux que l'on rencontre dans l'île, on remarque particulièrement des sangliers d'une espèce toute différente de ceux de l'Europe, et des cochons ayant au milieu du dos une petite ouverture que les habitants appellent un nombril. Les rats musqués et les chats sauvages, dont la fourrure est très-belle, sont assez communs dans cette île. Les oiseaux y sont en nombre considérable. Les tourterelles, les perroquets et les grives y voltigent en troupes si épaisses, que quelquefois le ciel s'en trouve comme obscurci.

La mer qui baigne les côtes abonde en tortues qui viennent, pendant le silence de la nuit, déposer leurs œufs dans les sables humides. Quant aux reptiles, il ne s'en trouve guère d'une espèce dangereuse, quoiqu'on rencontre quelquefois dans les bois des serpents d'une longueur de douze ou quinze pieds. Les nègres sont très-friands de leur chair et en vendent la peau, très-renommée pour ses belles écailles.

Sainte-Lucie. On ne sait pas précisément dans quelle année cette île fut découverte par Colomb. Ce qui est certain, c'est que les Espagnols n'y firent aucun établissement.

« Les Anglais, dit Raynal, en prirent possession, sans obstacle, au commencement de l'année 1639. Ils y vécu. rent paisiblement pendant environ dixhuit mois, quand un vaisseau de leur nation, qui était retenu à la Dominique par un calme, enleva quelques Caraïbes venus dans leurs canots apporter des fruits. » Cette violation flagrante de toute justice exaspéra les populations de toutes les îles voisines, qui se réunirent pour tirer vengeance des Anglais. Au mois d'août 1640, la faible colonie de Sainte-Lucie fut attaquée par des multitudes furieuses, et le peu d'habitants qui échappèrent à la mort, abandonnèrent l'île.

En 1650, un nouvel établissement fut commencé par quarante Français, sous la conduite d'un homme brave, actif et intelligent, nommé Rousselan. Ce chef sut s'attacher les indigènes, en s'unissant à une femme de leur race; et, grâce à cette alliance, la colonie promettait de devenir florissante, lorsqu'au bout de quatre ans Rousselan mourut.

Ses successeurs ne montrèrent pas la même prudence, et, par leurs vexations continuelles, ils aliénèrent les esprits des Caraïbes. En moins de dix ans, trois d'entre eux furent assassinés par les indigènes.

Au milieu des désordres qui résultaient de collisions continuelles, les Anglais attaquèrent la colonie et s'y établirent. Abandonnée de nouveau et tour à tour prise et reprise par des aventuriers des deux nations, Sainte-Lucie fut, par la paix d'Utrecht, déclarée une île neutre. Mais à peine ce traité était-il conclu,

que le maréchal d'Estrées obtint de la cour de Versailles la concession de l'ile: ily envoya, en 1718, des troupes et des habitants. Les Anglais réclamèrent; on fit droit à leurs plaintes. La petite colonie française fut rappelée. Aussitôt la cour d'Angleterre, par une violation du traité même qu'elle venait d'invoquer, fit concession du territoire de SainteLucie au duc de Montague. La France réclama à son tour, et l'Angleterre annula les lettres patentes de concession.

Cependant, dans chacune de ces entreprises, des colons des deux nations conservaient leurs établissements, et à la paix de 1731, la neutralité de SainteLucie fut encore stipulée. Mais en 1763, le traité de Paris fit une concession pleine et entière à la France de la souve raineté de cette colonie.

Il s'y fit alors des établissements beaucoup plus considérables. Des habitants des îles voisines, entre autres de la Grenade, de Saint-Vincent et de la Martinique, y accoururent. Les progrès de la culture repondirent à l'accroissement des colons. En 1769, la population se montait à douze mille sept cent quatrevingt-quatorze individus, y compris les esclaves et les libres. En 1772, elle était montée à quinze mille quatre cent soixante-seize.

La guerre vint troubler cette prospérité. En l'année 1779, Sainte-Lucie fut prise par le général anglais Abercrombie, à la tête de forces considérables : elle revint encore aux Français par le traité de 1783, fut reprise en 1794, restituée en 1802, et tomba enfin en 1803 sous la domination des Anglais, auxquels elle est toujours restée.

Au milieu de cette ile sont deux montagnes très-élevées, qui conservent tous les caractères de volcans éteints; on les appelle les aiguilles de Sainte-Alousie. Au pied de ces montagnes s'étendent de charmantes vallées, arrosées par de nombreuses sources d'eau.

Dans une de ces vallées, dit Raynal, il y a huit ou dix étangs dont les eaux sont toujours en ébullition, et conservent leur chaleur à une distance considérable de leurs réservoirs. Ce fait semblerait prouver que les feux souterrains de cette terre volcanique ne sont pas éteints. Il ne serait pas impossible qu'on fut plus

tard exposé à des éruptions subites.

Saint-Vincent. Les premiers colons de Saint-Vincent trouvèrent dans cette île deux races d'hommes bien distinctes. Les uns étaient noirs, les autres étaient rouges comme ceux qu'on appelait des Indiens; mais, d'après l'habitude prise, on leur donna indifféremment le nom de Caraïbes, en les distinguant cependant en Caraïbes rouges et Caraïbes noirs. Il est probable que cette race noire provenait de quelque bâtiment naufragé, qui avait jeté des Africains sur la côte, ou bien des désertions multipliées qui se faisaient parmi les esclaves des îles voisines.

Lorsque les planteurs français vinrent s'établir à Saint-Vincent, ils y amenèrent des esclaves pour les travaux de la culture. Les Caraïbes noirs, indignés de ressembler à des hommes dégradés par l'esclavage, craignant, en outre, que leur couleur ne devint un prétexte pour leur faire subir le même avilissement, s'enfuirent dans les retraites les plus obscures des bois. Ensuite, pour créer et perpétuer une distinction visible entre leur race et les esclaves transportés dans l'île, ils comprimerent le front des enfants nouveau-nés, de manière qu'il était entièrement aplati : ce fut depuis le signe de leur indépendance. De la sorte, la génération suivante devint comme une race nouvelle.

Les colons français furent bien accueillis par les Caraïbes rouges. Ce fut une raison pour les noirs de leur faire une guerre cruelle. Les Français ne virent pas avec déplaisir ces hostilités entre les deux races; mais, lorsque les Caraïbes rouges, toujours vaincus, n'eurent plus d'autre parti à prendre que d'abandonner l'île, les colons eurent à lutter contre les farouches vainqueurs, et ce ne fut qu'après de longs et sanglants efforts qu'ils purent dominer paisiblement dans la colonie.

Au bout de vingt ans, huit cents blancs et trois mille esclaves nègres étaient occupés à la culture d'un sol fertile; le montant des exportations était de quinze cent mille livres. La prospérité allait en croissant, lorsque les Anglais s'emparèrent de l'île, qui leur fut définitivement cédée par le traité de 1763.

Cette île et les autres Antilles qui fu

rent livrées à l'Angleterre par le traité de 1763, reçurent le nom d'Iles-Cédées; et le gouvernement britannique ordonna de faire vendre à l'enchère toutes les terres sans exception, pour s'indemniser des frais de la guerre. Les cultivateurs français se trouvèrent donc entièrement ruinés par cette odieuse spoliation. Or, il était arrivé que les premiers planteurs avaient acheté leurs terres des Caraïbes rouges. Lorsque ceux-ci eurent été vaincus et expulsés par les Caraïbes noirs, les vainqueurs ne voulurent pas reconnaître les contrats de vente, et les Français furent obligés de racheter de nouveau leurs propriétés. Enfin, les Anglais les dépouillaient encore; de sorte que ceux qui voulurent se maintenir en possession, furent obligés de payer une troisième fois.

A la suite de cette spoliation, la culture eut beaucoup à souffrir, les principaux colons s'étant réfugiés à la Martinique et à la Guadeloupe. Mais les spéculateurs de Londres ayant envoyé un grand nombre de colons avec des capitaux, Saint-Vincent revint bientôt à la situation prospère dont elle était momentanément déchue.

Cependant, les Caraïbes noirs, qui, sous la domination française, s'étaient main tenus indépendants, résistèrent avec fureur aux nouveaux colons qui voulaient leur enlever leurs terres. Des troupes considérables furent appelées de l'Amérique septentrionale pour les soumettreMais ils opposèrent à toutes les tentatives un courage indomptable.

Enfin, les Anglais furent obligés de reconnaître par un traité les droits des Caraibes, auxquels furent accordées à perpétuité les plaines les plus fertiles de Saint-Vincent. Ce traité fut fait à la date du 27 février 1773.

Mais les Caraïbes conservaient toujours contre leurs vainqueurs un implacable ressentiment. Les gouverneurs des Antilles françaises en profitèrent pour entrer en communication avec eux. Un émissaire du marquis de Bouillé, gouverneur de la Martinique, nommé du Percin-Laroche, parut au milieu des Caraïbes, qui lui promirent de se joindre aux Français, aussitôt qu'ils se montreraient.

Confiants dans cette promesse,

les

Français débarquèrent le 16 juin 1779, et furent aussitôt rejoints par tous les Caraïbes. Les troupes anglaises, surprises et entourées, n'opposèrent aucune résistance, et capitulèrent sans brûler une amorce. Pendant quatre ans SaintVincent resta au pouvoir de la France; mais le traité de 1783 remit les Anglais en possession de l'île, qu'ils ont toujours gardée depuis.

Cependant, en 1794, les républicains français qui avaient repris la Guadeloupe, firent débarquer à Saint-Vincent quelques troupes, qui réussirent à faire soulever les Caraïbes. Cette population guerrière déploya dans la lutte la plus grande vigueur. Pendant près d'un an, elle tint tête aux troupes anglaises; et il fallut envoyer renforts sur renforts pour sauver la colonie. Enfin, le 8 juin 1795, le général Abercrombie accourut avec toutes les troupes qu'il put réunir dans les îles voisines, et une attaque générale contraignit à une capitulation le petit nombre de Français qui appuyaient les Caraïbes.

Quant à ceux-ci, ils tentèrent vainement de continuer la résistance. Poursuivis à outrance, traqués dans les bois, chassés comme des bêtes fauves, réduits à un petit nombre de combattants, ils durent se rendre à discrétion, et furent déportés à la petite île de Baliseau.

Depuis ce temps, la domination anglaise s'est raffermie à Saint-Vincent. Le gouvernement civil est composé d'un gouverneur, d'un conseil de douze membres et d'une assemblée représentative de dix-sept députés.

Le sol de Saint-Vincent est fertile; mais, quoique sa surface soit de quatrevingt-quatre mille acres, il n'y en a guère que vingt-cinq mille à l'état de culture.

Le coton est le principal produit; mais on y récolte aussi en suffisante quantité du sucre, du rhum, du café, du cacao et des bois de teinture.

La Barbade. Située à l'est de SainteLucie et de Saint-Vincent, la Barbade a environ seize lieues de longueur sur cinq de largeur.

Cette île fut découverte par les Portugais, on ne sait pas précisément à quelle date; mais ils la considérèrent comme trop peu importante pour s'y fixer. Cependant, par mesure de pré

voyance pour leurs navigateurs futurs, ils y débarquèrent un troupeau de porcs, quí, parcourant en liberté les bois, multiplièrent prodigieusement.

En l'année 1605, un vaisseau anglais toucha à la Barbade, et en prit possession au nom de Jacques Ier, roi d'Angleterre; mais il ne s'y fit alors aucun établissement. Quelques années après, un vaisseau marchand de la même nation, revenant du Brésil, fut chassé par la tempête sur les côtes de l'île, et contraint de s'y mettre à l'abri. Pendant le séjour forcé des marins, ils eurent occasion d'en admirer la fertilité et les ressources de toute nature.

A leur retour à Londres, il fut beaucoup parlé des richesses de la Barbade; et le comte de Marlborough obtint, par lettres patentes, la concession de l'île. De concert avec un riche négociant de la cité, le noble seigneur envoya une colonie de planteurs, qui y débarquèrent en 1624. A leur arrivée, ils jetèrent les fondements d'une ville qui, en l'honneur de leur souverain, fut appelée JamesTown. Bientôt, par leurs soins et leur travail, la Barbade acquit un degré de prospérité qui attira l'attention d'autres spéculateurs. Le comte de Carlisle avait, quelques années auparavant, obtenu de la couronne la concession de toutes les iles Caraïbes. Il prétendit que dans cette concession était comprise la Barbade. De longues discussions eurent lieu entre les deux seigneurs, jusqu'à ce que Charles Ier reconnut les droits du comte de Carlisle par de nouvelles lettres patentes en date du 10 avril 1629.

Malgré l'opposition des premiers colons, la propriété du comte de Carlisle demeura incontestable; et les nouveaux gouverneurs de l'île furent envoyés par lui.

Peu après, les troubles politiques et religieux de l'Angleterre occasionnèrent une foule d'émigrations; et beaucoup de familles persécutées se réfugièrent à la Barbade. Cette augmentation de population et de capital ajouta considérablement à la prospérité de la colonie. En même temps, les droits du comte de Carlisle étaient remis en question. Par les contrats primitifs, une valeur annuelle de quarante livres de coton devait être remise au comte par toute personne

tenant des terres rétrocédées par lui. Cette taxe fut d'abord fort inexactement servie, puis entièrement oubliée. Cependant, les rapports qui se faisaient sur l'état florissant de la colonie, furent connus du comte de Carlisle, fils du premier concessionnaire. Celui-ci, voulant faire renaître ses droits, les transporta à lord Willoughby, par un bail de vingt et un ans, pendant lesquels chacun des deux contractants devait recevoir la moitié de la redevance.

Lord Willoughby, en conséquence, sollicita et obtint l'emploi de gouverneur de la colonie.

Il se préparait donc, peu après son arrivée, à faire valoir les titres des concessionnaires, lorsque la révolution qui précipita Charles Ier du trône, le fit rappeler par Cromwell.

A la restauration, il invoqua l'appui de Charles II, qui, sans examen, rétablit en sa faveur les droits de redevance. Mais, les colons réclamèrent vivement contre une rente depuis longtemps prescrile; et, pour mettre la couronne de leur côté, ils prièrent le roi d'accepter la souveraineté de l'île, d'y envoyer un gouverneur de son choix, promettant de payer à la métropole un impôt de quatre et demi pour cent sur tous les produits de l'île.

Cette transaction offrait trop d'avantages à la couronne pour pouvoir être refusée; et par acte du 12 septembre 1663, la Barbade fut annexée au gouvernement britannique.

Malgré les commotions des guerres civiles, qui se firent ressentir jusque dans ces contrées éloignées, la Barbade se développait considérablement. En 1674, le total de la population se montait à cent vingt mille habitants. Mais en 1675 un terrible ouragan fit de tels ravages dans la colonie, que toutes les fortunes se trouvèrent compromises. De nombreuses pétitions furent adressées à la métropole, pour obtenir le dégrèvement de l'impôt de quatre et demi pour cent. Mais toutes les supplications furent vaines. Des gouverneurs avides et malhabiles occasionnèrent, en outre, de grands maux; et la colonie vit décroître ses ressources, à mesure que la métropole exigeait davantage. L'accroissement rapide de la population s'arrêta.

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