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la Chambre dissoute par leur opposition aux sures arbitraires du gouvernement royal, Bédoch, Dumolard, Flaugergues, Souque, Durbach, Raynouard, Barthélemy, Dupont de l'Eure, furent réélus; les anciens ministériels échouèrent. Les suffrages se portèrent principalement sur des hommes n'ayant point encore paru dans les assemblées mais connus comme dévoués aux idées libérales avocats, médecins, notaires, agriculteurs, magistrats, banquiers, négociants, grands industriels, professeurs, anciens fonctionnaires impériaux révoqués pour leur indépendance ou prétendus tels. Dans les collèges d'arrondissements, recrutés plus démocratiquement, on nomma un assez grand nombre de terroristes: Cambon, Garat, Merlin, Garnier de Saintes, Félix Lepelletier, Beaugeard, Pinel, Drouet, Cazenave, Barère, Poulain-Grandpré, -- sans parler de Fouché qui, ministre de Napoléon et ancien conventionnel, passa à ce double titre. Parmi les bonapartistes et les officiers généraux élus étaient le prince Lucien, Boulay, Regnaud, Ginou-Defermon, Fourreau-Beauregard, médecin de l'empereur à l'ile d'Elbe, Bory Saint-Vincent, Teste, Bignon, La Forêt, les deux fils du duc de Plaisance, Bigot de Préameneu, le comte de Bondy, les généraux Rapp, Grenier, Sébastiani, Mouton-Duvernet, Valence, César Faucher, Carrié, Becker, Bigarré, Sorbier. Aucun royaliste ne fut nommé ou du moins aucun ne fut nommé qui se présenta comme partisan de Louis XVIII. L'avocat millionnaire Roy, Siméon, ex-préfet du Nord, Delaite, ex-préfet de Seine-et-Oise, et Bonnaire, ex-préfet d'Ille-et-Vilaine, étaient secrètement royalistes, mais ils ne firent pas, avant le vote, profession de bourbonisme. A cause de son nom, qui rappelait l'ancien régime, le duc de Broglie échoua

dans l'Eure malgré ses opinions libérales et l'appu de l'administration'.

Sur les 629 membres de la chambre, on comptai environ 80 bonapartistes déterminés, 30 ou 40 jaco bins et 500 libéraux de tous les partis. Cette assem blée était hostile aux Bourbons à cause de leurs idées rétrogrades et de l'appui compromettant que leur prêtait l'étranger. Elle reconnaissait en Napo léon le chef du gouvernement national de la France mais elle redoutait son despotisme. Au défaut de li monarchie constitutionnelle avec le duc d'Orléans qui eût répondu exactement à l'opinion de la trè grande majorité d'entre eux, les députés voulaien soutenir l'empire, mais à la condition d'òter tou pouvoir à l'empereur.

1. Duc de Broglie, Souvenirs, I, 304-305.

CHAPITRE V

LA GUERRE EN VENDÉE

ET FOUCHÉ A PARIS

I. Préludes de l'insurrection de l'Ouest (10 avril-10 mai). d'armes et les premiers combats (11 mai-18 mai).

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II. Les envoyés de Fouché en Vendée. Combats d'Aizenay, de Saint-Gilles et des Mathes (20 mai-4 juin).

jaquelein (4 juin).

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Mort de La Roche

Ill. Intrigues et machinations de Fouché. Les entrevues de Bâle.

I

Le duc de Bourbon ayant vainement tenté à la fin de mars d'insurger la Vendée et la population paraissant accepter de bon cœur le gouvernement impérial', Napoléon se croyait assuré de la tranquillité de l'Ouest. Les garnisons d'Angers, de Nantes, de Rennes, de Vannes reçurent l'ordre de rejoindre les armées d'observation. Il n'allait rester dans toute l'étendue des 12°, 13° et 22° divisions militaires que les dépôts et la gendarmerie 2. Or « la pacification

1. Les craintes d'une guerre civile dans l'Ouest ont complètement disparu. Rapports du lieutenant de police d'Angers, 31 mars (Arch. nat. F. 7, 3774). ་ Dans le Maine-et-Loire, la Vendée, les Deux-Sèvres, les colonnes mobiles sont accueillies aux cris de: Vive l'empereur! J'ai parcouru la Vendée avec trois gendarmes seulement. Partout la population était contente. Rapport de Morand, 7 avril (Arch. Guerre). A la nouvelle de l'appel aux armes du duo de Bourbon, Morand avait été envoyé pour réprimer l'insurrection (Napoléon, Corresp., 21721). Mais quand il était arrivé, le 29 ou le 30 mars, tout l'Ouest était pacifié ou plutôt le paraissait. 2. Napoléon, Corresp., 21841. Cf. Davout, Corresp., 1621.

de l'Ouest » n'était qu'une expression du Moniteur. Depuis un an, les menées des nobles et les anathèmes des prêtres avaient réveillé, dans cette région, les haines anciennes contre les bleus. En avril et en juillet 1814, des milliers de paysans avaient pris les armes sous le prétexte de « faire rendre gorge aux acquéreurs » et dans le dessein de piller et d'exercer d'abominables représailles'. Ces hommes, fanatiques ou bandits, étaient toujours disposés à entrer en campagne. S'ils n'avaient répondu qu'en très petit nombre à l'appel du duc de Bourbon, c'est qu'ils étaient terrorisés par le retour foudroyant de Napoléon. Dans leur imagination, ils revoyaient le tout puissant empereur de 1811, acclamé par la France et reconnu par l'Europe. D'Autichamp et plusieurs autres chefs des anciennes armées de l'Ouest avaient bien compris l'état d'esprit du pays; c'est pourquoi ils avaient conseillé de retarder le soulèvement jusqu'au jour où une nouvelle marche des Alliés vers les frontières le rendrait à la fois plus facile et plus efficace.

Rentrés chez eux, ils s'occupèrent de préparer la prise d'armes. Pendant tout le mois d'avril, on tint des conférences au château de La Rochejaquelein, à Saint-Aubin de Baubigné, en présence du comte Auguste et de ses deux sœurs, mesdemoiselles Louise et Lucile. Puissamment secondés par le clergé des campagnes, d'Autichamp dans le Maine-et-Loire, Sapinaud et Saint-Hubert dans les Deux-Sèvres, Suzannet dans la Vendée, Robert, les neveux de Charette, La Salmonière et l'ancien chauffeur Tandais dans la Loire-Inférieure, d'Andigné dans la Mayenne, d'Ambrugeac et Châtelain dit Tranquille dans la Sarthe, Piquet Du Boisguy dans l'Ille-et-Vilaine, De

1. 1315, I, 28-29.

2. 1815, I, 393-396.

sol de Grisolles et Joseph Cadoudal dans le Morbihan fomentèrent l'insurrection. Les deux manifestes des puissances dont ils répandaient des copies annonçaient clairement la guerre ; le rappel des militaires en congé et la mobilisation des gardes nationales mécontentaient les paysans; le départ des troupes les enhardissait. De jour en jour, ils se montraient plus disposés à écouter les meneurs. Puis chaque parti a son contingent de gueux et de scélérats, pêcheurs en eau trouble qui, selon l'expression bretonne, « aiment mieux chercher leur pain que de le gagner ». Ceux-ci furent les premiers à donner l'exemple en prenant le fusil'.

Dès le 10 avril, des bandes parcourent les environs de Saint-Brieuc, de Vannes, de Rennes, de Vitré, de Fougères, de Bressuire, faisant le coup de feu avec la gendarmerie, maltraitant les acquéreurs, rançonnant et désarmant les habitants qui refusent de se joindre à eux. D'autres rassemblements se forment à Boispréau, à Chollet, à Machecoul, à Savenay, dans les forêts de La Guerche, de Teillay, de Loudéac. Le maire d'Ancenis demande des troupes pour défendre la ville. Aux Herbiers, quatre cents paysans armés de bâtons ferrés assaillent un détachement d'infanterie. La bande de Robert, dit le marquis de Carrabas', occupe Gallais. « La tranquillité est menacée, écrit de Rennes, le 16 avril, le général Caffarelli; elle sera compromise si l'on n'ajourne pas le départ des bataillons

1. Relation de Suzannet. Relation de d'Andigné. (Arch. Guerre, armée de l'Ouest.) Préfet de Maine-et-Loire à Davout, 19 avril. Chef d'escadrons de gendarmerie à Davout, Nantes, 19 et 30 avril. Miot de Mélito à Davout, Napoléon-Vendée, 30 avril. (Arch. Guerre.) Note du général Charpentier (Portefeuille de Buonaparte, 11). Canuel, Mém. sur la guerre de Vendée, 23-24. Lettre de Suzannet à Malartic, citée par Canuel, 401. D'Autichamp, Camp. de Vendée en 1815, 23-24. Seul de tous les chefs royalistes, Piquet Du Boisguy fut arrêté par la gendarmerie.

2. Correspondance générale, du 13 avril au 8 mai (Arch. Guerre).

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