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est renommé pour son beurre et ses fromages. King's-County (le Comté du Roi) est beaucoup moins favorisé que celuici il n'est pas autant que lui traversé par de petits cours d'eau qui, débordant à certaines époques de l'année, déposent sur le sol un limon qui le fertilise.

Le comté de Saint-Jean est borné au sud et au sud-est par la baie de Fundy, au nord et au nord-ouest par le comté du Roi, à l'est par celui de Westmoreland, et à l'ouest par celui de Charlotte. La ville de Saint-Jean, qui en est le cheflieu, étant la principale, sinon l'unique place commerciale de la province, nous nous proposons de nous y arrêter plus longtemps. « A quelques milles au-dessus de cette ville, dit Bouchette, le SaintJean, resserré au sortir de la large baie qu'en se réunissant à lui forme le Kennebecasis, roule à travers des rochers

que le courant semble avoir détachés du rivage. Ce passage est ce qu'on appelle les Petites-Chutes, qui bien que leur pente ne soit pas considérable n'en font pas moins rugir et écumer la rivière trop à l'étroit dans son lit embarrassé. Peu audessous, le Saint-Jean, après avoir creusé le havre de ce nom, se jette dans la baie de Fundy. La ville de Saint-Jean est située sur une pointe de terre qui s'avance dans le havre vers l'embouchure de la rivière du même nom. Le sol sur lequel sont bâties les sept cents maisons, environ, dont elle se compose est raboteux, rocailleux, inégal comme celui de toute la contrée voisine. Ses rues sont tracées à angles droits, et dans plusieurs de ses parties elle montre plusieurs jolies maisons qui, presque toutes aujourd'hui, sont construites en briques. Elle contient, ajoute notre guide, qui cite ici un écrivain du pays (1), deux églises sur le bord oriental de la rivière, l'une desquelles est construite avec goût et possède un orgue élégant. Elle a, en outre, une belle église appartenant aux fidèles du culte écossais, une chapelle catholique et deux chapelles méthodistes. Ses autres édifices publics sont une maison de refuge, une prison, un hôpital de la marine, deux belles casernes, et les magasins du gouvernement. Ses établissements

(1) Sketches of New-Brunswick,etc., by an inhabitant of the province; St-John, 1825.

pour l'instruction publique sont une école de grammaire et plusieurs écoles primaires, deux bibliothèques publiques et trois imprimeries; elle compte plusieurs sociétés religieuses et de bienfaisance, et une société pour l'élève des chevaux. Une banque provinciale y a été créée au capital de 30,000 liv. st., porté à 50,000 liv. st. par un acte de la législature, en 1825. Elle possède une compagnie d'assurances maritimes, une chambre de commerce et une caisse d'épargne; on lui a incorporé Carleton, placé sur l'autre bord de la rivière et où se voient encore les ruines du vieux fort Frédérick. << La ville de Saint-Jean, ayant été érigée en commune, est gouvernée par un maire, un greffier, six aldermen et un égal nombre d'assistants sous le titre de Le maire, les aldermen et la communauté de la ville de Saint-Jean. Les autres officiers sont : un shériff et un coroner dont l'action s'étend sur tout le comté, un clerc de la commune (common clerck), un trésorier (chamberlain), un haut constable, six constables inférieurs et deux maréchaux. Le maire, le greffier, le clerc, le trésorier et le coroner sont désignés par le gouverneur et tiennent de son bon plaisir la charge dans laquelle ils doivent être confirmés chaque année. Les aldermen, les assistants et les officiers inférieurs sont élus, chaque année aussi, par les bourgeois. Le trésorier est désigné par le greffier, les aldermen et les assistants délibérant comme conseil de la commune (common-council). Le maire désigne le haut constable, le maréchal, les crieurs, les porteurs, les sonneurs, etc. Le maire ou le greffier avec trois aldermen et trois assistants constituent le conseil de la commune, auquel est dévolu le pouvoir de faire des lois, des ordonnances qui n'ont de vigueur que pour un an, à moins qu'elles ne soient confirmées par le gouverneur en conseil. Ils constituent aussi une cour de greffe (court of record) ou cour inférieure des plaidscommuns (1) pour la ville et le comté de Saint-Jean. Le maire tient de sa charge des pouvoirs étendus, tels que le droit de faire des bourgeois, de régler

(1)Tribunaux dont la mission et la compétence sont à peu près les mêmes que celles de nos .tribunaux inférieurs,

les marchés, etc.; et les aldermen sont juges de paix pour le comté aussi bien que pour la ville. La commune tient à leur disposition une somme annuelle de 2,000 liv. st. environ destinée aux embellissements de la ville. « Le port de Saint-Jean, reprend Bouchette, le principal havre du comté et certainement de tout le littoral, est commode, sûr, profond et assez spacieux pour contenir un nombre considerable de bâtiments. Au milieu de l'entrée est une petite île, nommée Partridge, sur 'laquelle est construit un phare, et, plus loin, dans l'intérieur du havre, est une barre se prolongeant depuis le côté ouest jusqu'à la pointe de la péninsule sur laquelle la ville est bâtie. Cette barre, indiquée par des signaux, est entièrement découverte à la marée basse, bien

qu'il y ait encore assez de profondeur dans le canal pour de gros bâtiments. Dans ce mênie havre est une bonne pêcherie qui donne annuellement de dix à quinze mille barils de harengs, de deux à trois mille barils de saumons, et de un à deux mille barils d'aloses. Une

pêcherie de morue aurait pu également y être établie, mais jusqu'à present on s'est peu inquiété de cette espèce de produits. L'un des priviléges les plus précieux dont jouisse ce havre, où la marée varie de seize à vingt-quatre pieds de hauteur, est de n'être jamais embarrassé par les glaces, quelque rigoureux que puisse être l'hiver. Les importations consistent principalement en produits coloniaux et des manufactures anglaises. Une place aussi importante ne pouvait manquer d'être fortifiée. Les Anglais n'ont pourtant pas exagéré ici cette coûteuse précaution: ils n'épargnent rien sous ce rapport pour s'assurer la possession des points stratégiques dont ils se sont rendus maîtres dans la Méditerranée et en face de nos côtes de l'Océan. Ils sentent que dans ces parages ils peuvent être surpris par un ennemi redoutable, mais ils sont trop avisés pour condamner inutilement au repos sur les rivages du Nouveau-Brunswick des canons bien mieux placés sur leurs innombrables vaisseaux. Le reste du comté de Saint-Jean n'a rien de bien remarquable. Les terres y sont laissées en souffrance par une population qui se

presse sur le rivage et,'de préférence, sur un seul point de ce rivage. On assure pourtant que les rochers qui bordent la baie de Fundy sont riches en minéraux.

Si le comté de Saint-Jean laisse à désirer quant à l'agriculture, celui de Westmoreland est, au contraire, dans une situation des plus favorables sous ce rapport. Peuple, dans le principe, par des Français, dont les descendants y sont encore nombreux, son sol fertile est exploité avec intelligence; les céréales, le sel marin, la houille, sont autant de sources de produits assurés auxquels viennent encore se joindre ceux de la pêche et de la préparation de la morue. Le fort Cumberland, qui est à peu près le seul centre de population de ce comté, où l'on ne trouve guère que des fermes éparses çà et là, est construit sur un monticule au fond du bassin de Cumberland, à un mille du Missiquash, et sur la ligne par laquelle E.-N. Kendall indique un canal projeté qui, partant du cap Tormentine, à l'extrémité de la paroisse de Botsford, et à l'entrée nord de la baie Verte, longerait le littoral septentrional de cette baie, irait traverser la petite rìvière de Gaspereau, et se dirigeant ensuite au sud-ouest, parallèlement au Missiquash, mettrait le détroit de Northumberland et la baie de Fundy en communication directe. La carte de Kendall (1) expose beaucoup d'autres projets. Nous manquons malheureusement des documents qui nous seraient nécessaires pour distinguer les plus utiles et ceux de ce nombre qui sont peut-être exécutés aujourd'hui; mais nous en tirons toujours cet enseignement que, de même que le gouvernement britannique s'empresse d'accorder à chacune de ses colonies, à chaque portion de chacune de ses colonies qui le demande, une sorte d'existence individuelle qui flatte son amourpropre et empêche qu'elle ne s'allie à sa voisine pour réclamer, toutes les deux ensemble, les droits qu'on n'oserait pas alors leur refuser; de même il tient peu à faciliter la viabilité dans l'intérieur des terres. Les routes tracées au Canada sont presque toutes le résultat des nécessités de l'intérêt privé et sont établies comme le sait faire cet intérêt, unique

(1) Dressée en 1832.

ment préoccupé du but à atteindre prochainement. Nous devons croire Bouchette lorsque parlant des routes ouvertes à travers le Nouveau-Brunswick i s'exprime ainsi :

«Indépendamment des nombreuses voies de communication par eau qui sillonnent la vaste contrée que nous venons de parcourir, le long du SaintJean, depuis le Bas-Canada jusqu'à la baie de Fundy, on trouve des routes de terre partout où le voisinage de plusieurs établissements a fait sentir la nécessité de relier plus fortement entre eux les centres de population. On ne peut dire cependant que ces routes soient constamment utiles et qu'on puisse y compter comme moyen constant de communication. Peu d'entre elles sont carrossables pendant des trajets de quelque étendue, et à plusieurs époques de l'année elles sont complétement impraticables. »> Nous avons peu de chose à ajouter à ce que nous avons dit de l'agriculture dans cette province, où une population très-clair-semée s'occupe exclusivement de la pêche et surtout de l'exploitation des forêts. Le froment, dans les bonnes terres, rend en moyenne 6 pour 1. Le riz, confiné dans les plus pauvres cantons, rapporte dans la même proportion, et l'avoine, environ 10 pour 1. Le maïs réussit merveilleusement dans les terrains bas et humides, et donne de quarante à quarante-cinq boisseaux par acre. Les pois, les fèves, sont également d'un bon produit; mais le plus avantageux de tous est la pomme de terre, qui s'accommode de terres à peine défrichées, ne demande d'autre travail que celui de la houe, et donne de cent cinquante à deux cents boisseaux par acre. Malheureusement l'agriculture est si peu pratiquée dans ce pays, que de longtemps encore il ne pourra suffire aux besoins de ses habitants. Les îles et les basses terres sont abondantes en fourrages; aussi les bêtes à cornes qui y ont éte amenées d'Amérique y prospèrent-elles. La race des chevaux a été notablement améliorée dans ces dernières années par des importations d'étalons et de juments venus du comté d'York, en Angleterre. Enfin les moutons et les porcs sont également en grand nombre et de belle race. La province est placée sous la juridic

tion spirituelle de l'évêque de la Nouvelle-Ecosse. Il est bon d'observer, d'ailleurs, que presque toutes les sectes chrétiennes y sont représentées. Les premiers colons français étaient catholiques romains; les premiers colons anglais calvinistes; les loyalistes améri. cains qui y émigrèrent en 1782 étaient généralement anglicans, quakers ou mé. thodistes. Les émigrants venus depuis appartiennent à tous ces cultes différents. L'état de l'instruction est encore bien peu satisfaisant. Il n'était pas rare, il y a quelques années, de trouver dans les emplois publics des hommes dépourvus des notions les plus élémentaires louables efforts sont faits par le gouvernement et par les colons pour sortir de cette humiliante situation. Le collége de Frédéricton a été, en dernier lieu, suffisamment doté pour suffire à l'entretien de ses professeurs; ce qui, pendant longtemps, lui avait été impossible.

de

Le commerce est borné, quant aux exportations, aux bois de différentes sortes et aux pêcheries. Ces exportations ont principalement lieu pour les Indes occidentales et la Grande-Bretagne, qui livrent en échange, celles-ci du rhum, du café, du sucre, des mélasses; celle-là des grains, des spiritueux et des objets manufacturés. Le commerce du gypse, de la pierre à chaux et de la pierre à meules que le Nouveau-Brunswick faisait naguère avec les États-Unis est à peu près fini, bien que ces derniers aient encore un marché pour les pêcheries établies dans la baie de Fundy. Les coustructions navales entreprises d'abord avec ardeur ont été si constamment des causes de ruine pour ceux qui s'y sont livrés, qu'elles ont été à peu près complétement abandonnées.

Nous voudrions pouvoir indiquer les ressources de la province pendant une de ces dernières années : nous sommes malheureusement obligés de remonter jusqu'à l'année 1830, où nous trouvons 49,070 liv. st. pour les dépenses faites par l'administration locale.

La milice se compose de vingt-trois bataillons, chacun de six à huit compagnies de soixante-six hommes, un capitaine, deux officiers subalternes et trois sergents compris. Elle se recrute à raison de quatre compagnies par district.

La constitution et le gouvernement local du Nouveau-Brunswick sont sur le modèle de ceux des autres colonies anglaises. Le pouvoir exécutif se compose d'un lieutenant gouverneur assisté d'un conseil de douze membres, lequel a des pouvoirs législatifs semblables à ceux dont est revêtue la chambre des lords, en Angleterre. Il y a, en outre, une assemblée de représentants formée de trentesix membres élus dans les différents comtés. Cette assemblée, qui siége à Frédéricton pendant les deux mois les plus rudes de l'hiver, doit consentir toutes les lois fiscales. Lorsque l'une de ces lois ainsi votées est en opposition avec quelqu'une de celles en vigueur dans la mère patrie, elle reste à l'état de projet jusqu'à ce qu'elle ait été adoptée par le parlement impérial. Les autres pouvoirs publics sont une cour de la chancellerie, dont le lieutenant gouverneur est lui-même le chancelier, et une cour suprême à laquelle ressortissent tous les tribunaux ordinaires.

NOUVELLE-ÉCOSSE.

Description géographique, limites, rivières, montagnes, etc., etc.

La Nouvelle-Écosse est située entre les 43° 25′ et 46° de latitude nord, et les 61° et 66° 30′ de longitude ouest méridien de Greenwich. Ses limites sont, au nord, le Missiquash, qui coupe l'isthme entre la baie Verte et le bassin de Cumberland; au nord-est le détroit de Northumberland et le canal de Canso; à l'est, au sud et à l'ouest l'océan Atlantique; au nord-ouest la baie de Fundy, celle de Chigneto et le bassin de Cumberland. Sa configuration générale, sans tenir compte des baies et golfes qui en creusent plus ou moins profondément les bords, est à peu près celle d'un carré long incliné, de sud en nord-est, dans le sens de sa longueur, de près de 4o 30'. Reliée au continent américain par l'étroit isthme dont nous venons de parler, cette vaste presqu'île a dans sa plus grande longueur, du cap Canso, à l'est-nord, tau cap Sainte-Marie à l'ouest-sud, rois cent quatre-vingt-trois milles anglais; sa largeur varie de cinquante à cent quatre milles, et on évalue sa superficie totale à environ seize mille milles carrés. Ses côtes, le long de la baie de

Fundy, ne présentent pas d'aussi nombreuses baies que celles qui forment les trois autres côtés. Cependant à l'entrée de cette baie on trouve la baie Sainte-Marie, plus loin celle d'Annapolis, et plus haut enfin celles de Greville et de Cobequid attenantes l'une à l'autre. Il serait presque impossible de compter toutes les baies, tous les havres, toutes les îles qui accidentent les autres parties orientale, méridionale et septentrionale. Nous indiquerons seulement, au sud, la baie de Townsend, encombrée d'une infinité de petites îles de toutes formes; à l'ouest, les havres de Barrington, de Shelburn de Liverpool, de Medway et de Lunebourg, les baies Mahone, Margarets et de Bristol, et le havre d'Halifax; au nord la baie de Chedabucto, celles de Pictou et Patameragouche. Cette province renferme plusieurs lacs dont quelques-uns sont assez vastes. Le lac Rossignol, le plus grand de tous, mais dont les bords n'avaient pas encore été complétement relevés il y a une dixaine d'années, est supposé avoir environ trente milles de long. De nombreux cours d'eau se dirigent en tous sens, et peut-être n'est-il pas de contrée plus abondamment arrosée. Les principaux sont l'Annapolis, qui coule parallèlement à la baie de Fundy, depuis les environs du bassin de Minas, au nord-est, jusqu'à la baie qui porte son nom et communique par un étroit canal avec celle de Fundy; le Shubenacadie, qui réunit le grand lac, proche d'Halifax, avec la baie de Cobequid; l'Avon, qui se jette dans la baie de Minas; la Have, aboutissant dans le havre de ce nom, près de celui de Lunebourg; le Mercy, allant du lac Rossignol au havre de Liverpool; le Medway, qui donne son nomi au havre dans lequel il se décharge; le Shelburn, qui est dans le même cas; la Clyde, la plus belle sinon la plus imposante des rivières de la Nouvelle-Écosse; le Tusket; la Sainte-Marie, etc.; aucun de ces cours d'eau n'a l'importance de ceux du Nouveau-Brunswick, et la même absence de montagnes que nous avons signalée dans cette dernière province se fait remarquer dans celle-ci.

Au nombre des îles qui se pressent le long des côtes, nous ne devons pas oublier celle de Cap-Breton, autrefois l'IleRoyale. Cette île, ou plutôt ces deux îles

étendues parallèlement dans le sens de leur plus grande longueur et réunies à leurs extrémités sud par un isthme large de trois mille pieds tout au plus (mesure anglaise), gît par les 45° 27′ et 47° 5' de latitude nord, et par les 59° 38′ et 61° 50′ de longitude ouest. Elle présente dans sa plus grande largeur une surface de quatre-vingts milles, et dans sa totalité une superficie de deux millions d'acres, abstraction faite de l'espace occupé par la petite mer intérieure qui la partage en deux portions, l'une, la plus grande, à l'ouest, et l'autre à l'est. Aucun coin de terre ne porte l'empreinte plus visible de la commotion violente qui paraît avoir bouleversé jadis les continents. Il faut renoncer à décrire ces côtes aux innombrables et profondes dentelures qui présentent une capricieuse succession de baies, de golfes, de lacs intérieurs, communiquant à des havres et à des caps d'où semblent avoir été détachées les petites îles flottant sur l'eau en face d'eux, en face de ces golfes, de ces havres et de ces baies. L'ile de Terre-Neuve et l'île de CapBreton, distantes l'une de l'autre de seize lieues environ, ferment presque complétement l'entrée du golfe Saint-Laurent. Cette position et l'avantage d'offrir un nombre infini de points de relâche font de cette dernière île la clef du gigantesque golfe, et rendent la puissance qui en est maîtresse l'arbitre du commerce du Canada, de celui de l'île du PrinceÉdouard et de toutes les côtes environnantes. Le sol du Cap-Breton, élevé dans ses parties septentrionales et bas dans celles méridionales, est presque semblable en tout à celui de la Nouvelle-Ecosse proprement dite, dont nous indiquerons tout à l'heure la merveilleuse fécondité. La grande baie ou mer intérieure a reçu des Anglais le nom de Bras-d'or, corruption de celui de Labrador qu'elle portait du temps des Français et qui semble avoir une origine espagnole. Son entrée, située au nord-est, est divisée en deux canaux par la petite île de Boulardrie. Une barre obstrue le canal Sud ou petit Bras-d'or, et le rend impraticable pour les vaisseaux un peu lourdement chargés. Le grand Bras-d'or, ou canal Nord, est libre; on y fait jusqu'à soixante brasses; sa largeur est de trois milles environ, et sa longueur de trente-cinq.

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II y a un siècle, la Nouvelle-Écosse, La pêche sur le banc de Terre-Neuve et alors l'Acadie, n'était qu'une vaste forêt. le commerce des fourrures sur les bords du Saint-Laurent, dans le voisinage des grands lacs, avaient jusque-là absorbé l'attention de la France; l'Acadie n'était en réalité qu'un point de relâche. Il en glais. Cependant dès que ceux-ci ont été a longtemps été de même pour les Anen possession définitive de cette riche rager l'agriculture, et l'on doit reconnaîcontrée, ils se sont empressés d'y encoutre qu'elle y a fait de remarquables progrès. Le climat de la Nouvelle-Écosse, on a à peine besoin de le dire, est froid: l'hiver y dure depuis décembre jusinconnu. La neige n'est pas plutôt disqu'en mai; le printemps y est à peu près parue, que la végétation se développe subitement d'aspect. Les chaleurs y sont avec une vigueur extrême; le pays change pourtant moins grandes que dans le Nouveau-Brunswick, et les nuits, même tempérées. L'automne est la plus agréadans le courant du mois d'août, sont sont froides, mais le milieu du jour est ble des saisons; les matinées et les soirées doux sous un ciel toujours pur et transpays les miasmes qui aux États-Unis parent. On n'a point à redouter dans ce entretiennent les fièvres intermittentes. maladie qui soit particulière au climat : On n'y connaît ni la fièvre jaune ni aucune aussi les cas de longévité y sont-ils fort nombreux et compte-t-on parmi les Européens, comme parmi les Indiens, beaunaires. Un quart du sol de la province, ou coup de nonagénaires et même de centesoit deux millions cinq cent mille acres, sont de la plus grande fertilité; trois millions cinq cent mille acres sont d'un rapport moindre quoique très-avantad'une qualité inférieure, et autant envigeux encore; deux millions d'acres sont ron sont considérés comme stériles, bien qu'elles n'attendent vraiment que les soins du laboureur. Les meilleures terres sont au nord, les moins estimées au sud. Il est bon de remarquer, toutefois, que reux, et qu'au sud comme au nord, les cette grande division n'a rien de rigourivières et fécondées, par conséquent, par terres placées sur le bord des lacs et des de périodiques alluvions, à l'époque de la fonte des neiges, sont partout d'une

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