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LES CALIFORNIES,

PAR M. FERDINAND DENIS.

Un des génies les plus éminents du dix-septième siècle, Bacon, n'hésite pas à ranger la Californie parmi ces régions vouées à toutes les hypothèses géographiques et que l'on croyait suffisamment indiquées sur la carte lorsqu'on avait inscrit leur nom avec la légende fatale: Terra incognita; heureux de ne pas substituer une erreur aux faits réels que l'on ignorait. En effet si dès l'année 1601 l'abréviateur d'Ortelius traçait d'une manière à peu près satisfaisante le contour du golfe de la Californie, et s'il prolongeait d'après des données imaginaires les côtes du nouveau monde au delà de la mer Vermeille, il inscrivait sur ce vaste espace le nom d'un royaume fantastique, et l'empire de Quivira occu pait toute la région destinée ter plus tard la haute Californie. Après représenles immenses travaux des Viscaïno, des Kunth, des Venégas; après les investigations scientifiques des Greenhow, des Mofras, des Fremont, il est permis sans doute de le supposer, nous touchons à l'époque où la géographie de ce vaste désert ne laissera plus de problèmes à résoudre; mais nous ne pouvons pas encore trop sourire de la naïveté pleine de bonne foi des vieux cosmographes. Sur la carte de Mitchell, publiée en 1846 à Philadelphie, on lit encore en gros caractères et sur un vaste espace : terres inexplorées.

La Vieille et la Nouvelle Californie, si différentes d'aspect, ont suivi longtemps les mêmes destinées : un événement politique dont on ne saurait encore prévoir les résultats vient de les séparer. La géographie continuera longtemps encore à réunir dans une même description ces deux régions appelées désormais à remplir des rôles bien divers. Avant

1re Livraison. (LES CALIFORnies, )

d'esquisser leur histoire politique et religieuse, nous allons essayer de les faire connaître, quoique d'une manière sommaire, au point de vue géographique.

Les deux pays réunis formaient naguère la république mexicaine; c'est une vaste encore une des principales divisions de région qui s'étend le long des rives de l'océan Pacifique, depuis les 22° 31' de latitude jusqu'aux 42° nord, formant ainsi une étendue de quatorze cent vingt milles. On la divisait tout récemment encore connaître les doubles dénominations (1). en deux provinces, dont nous allons faire

VIEILLE OU BASSE CALIFORNIE (2).

Cette contrée forme une étroite péninsule se déployant parallèlement avec le l'océan Pacifique, à l'est par le golfe de continent; elle est bornée à l'ouest par Californie, qui prend aussi le nom de mer Vermeille: son étendue est d'environ sept cent vingt milles, sur une largeur moyenne de cinquante milles. Elle présente une surface de 30,000 milles carrés.

(1) Ces évaluations sont empruntées au travail géograghique qui a été publié par M. Aun'avons pu nous procurer la Carte donnée à gustus Mitchell en 1846, à Philadelphie. Nous New-York, par J. Disturnell, en 1847. On pent consulter également la belle Carte de M. de Mofras.

(2) Nous aurions voulu donner ici l'étymologie positive du nom que porte la Californie; mais nous avons rencontré tant d'opinions diverses émises à ce sujet, et quelques-unes sont si peu admissibles, que force nous a été de dire avec M. Greenbow: «Elles n'ont pas même ⚫ le mérite d'être ingénieuses. » Le savant Warden reproduit l'une des moins déraisonnables,

et semble l'adopter. Les premiers Espagnols qui arrivèrent dans cette région, surpris, dit-on, des chaleurs extraordinaires dont ils avaient à soufardente. Miguel de Venegas voit dans le mot Califrir, l'appelèrent Calida fornax ou fournaise fornie une appellation indienne défigurée. Quoi que l'on puisse dire, cette dénomination ne s'étendait du temps de Cortez qu'à une seule baie.

ASPECT DU GOLFB; CLIMAT;

PRODUCTIONS.

En employant une image sensible pour tous ceux qui ont quelques notions géographiques, un voyageur moderne (1) a fait comprendre quelle était la forme approximative du golfe de Californie. La configuration de la mer Adriatique, dit-il, donne une idée assez exacte de la mer de Cortès.

Mais cet écrivain, qui peint quelque fois avec enthousiasme les splendeurs de la végétation dans une autre partie des Californies, nous trace avec son exactitude ordinaire un tableau désolé des bords de cette mer intérieure. « Les deux

côtés de la mer Vermeille, nous dit M. Duflot de Mofras, courent parallèlement vers le nord-ouest; elles sont trèsbasses et remplies de marais salants peuplés de caïmans, de reptiles et d'insectes. L'aspect général du pays est horrible; l'imagination ne saurait rien concevoir de plus nu, de plus désolé. Il y a manque complet d'eau et de végéta tion; on ne voit que des mangliers et quelques arbustes épineux, tels que les cactus, les magueys et quelques acacias (le cactus opuntia, l'agave americana et le mimosa gummifera). Il est trèsrare de rencontrer au bord de la mer

des orangers et des palmiers. Il faut aller à plusieurs lieues dans l'intérieur pour trouver de la terre végétale. Le rivage est formé par du sable et des terrains calcaires impropres à la culture. A l'entrée du golfe, sur la côte orientale, on aperçoit au loin les sommets de la Sierra madre, qui sépare les provinces de Jalisco, Sinaloa et Sonora, et celles du nouveau Mexique, Chihuahua et Durango. La côte de la Vieille Californie presente sans interruption une suite de pics déchirés, d'origine volcanique et dépouillés de toute végétation. Cette chaîne de montagnes, qui vient du nord, se dirige dans toute la longueur de la presqu'île, vers le sud, et s'abaisse graduellement en arrivant au cap San-Lucas (2). »

Si ce pays stérile offre un aspect trop

(1) M. Duflot de Mofras, t. I, p. 202. (2) Le même, Exploration du territoire de P'Orégon, des Californies et de la mer Vermeille; Paris, 1844, 2 vol. in-8°, atlas.

rarement interrompu par des effets de paysages qui en tempèrent la sévérité, rien n'égale la pureté de son ciel et la limpidité de l'atmosphère. Quelque beau qu'il soit néanmoins, le climat de cette région est extrêmement chaud; le ther momètre s'élève jusqu'à 38° centigrades, et ce n'est guère qu'en arrivant au 30° de latitude que le froid commence à se faire sentir. Dans la basse Californie proprement dite l'été est la saison des pluies, et ce pays, ordinairement désolé par la sécheresse, voit se former alors des orages violents, accompagnés de trombes d'eau, auxquels suecèdent des coups de vent terribles. En d'autres circonstances un phénomène fort étrange a lieu dans ces parages, et il a surpris les voyageurs sans qu'ils le pussent expliquer. Souvent par un temps d'une sérénité parfaite, alors que nul nuage ne voile l'azur du ciel, la pluie tombe. Plusieurs voyageurs, notamment M. Duflot de Mofras, ont été témoins de ce fait et le rappellent dans leurs relations. Un autre phénomène, d'un caraetère plus merveilleux encore, anime les nuits sur ces rives de l'océan Pacifique. A des époques indéterminées, des étoiles filantes innombrables sillonnent l'obs

curité du ciel de leurs traits lumineux. Telle est la multiplicité de ces lueurs scintillantes, tel est l'éclat continu de ces gracieux météores qu'on les désigne dans le pays sous le nom de pluie d'étoiles. L'illustre Humboldt fut jadis témoin de ce phénomène en parcourant l'extrémité de la Nouvelle-Espagne, et il le décrit avec cette justesse d'expression, avec ce sentiment poetique, qui, sans rien enlever à l'exactitude des détails exigée par la science, sait faire comprendre en quelques traits les grands effets de la

nature.

Mais après avoir embrassé d'un coup d'œil ces généralités qui regardent plus particulièrement la Vieille Californie, nous allons examiner rapidement l'ensemble de ses productions; puis nous passerons aux régions que fertilisent de grands fleuves, et qui par cela même offrent pour l'avenir un intérêt que les anciennes missions ne sauraient désormais réclamer.

Ainsi que l'a fait observer un voyageur moderne plusieurs fois cité, la

constitution géologique de la basse Californie a trop d'affinité avec celle du pays de Sonora (1) pour ne pas renfer mer quelques gisements de métaux. Aussi suppose-t-on que la montagne située près de Molejé renferme de l'or. La même localité fournit une sorte de céruse ou blanc de plomb natif, le sulfate de cuivre s'y présente en petits cristaux ; mais ce qui est plus précieux sans doute, on peut s'y procurer des pierres de construction d'une qualité excellente, et selon Clavigero on y a trouvé des marbres. Le plâtre s'y montre également; il se présente près de Molejé en plaques stratifiées et diaphanes, et M. de Mofras, à qui nous empruntons ces détails, dit que comme elles sont longues de quatre et cinq pieds, les missionnaires se servaient de ces plaques en guise de vitraux. Le cristal de roche, le soufre, le nitrate de potasse, le sel de soude, complètent, à quelques omissions près, cette rapide nomenclature.

Malgré son extrême aridité et le manque absolu de cours d'eau ayant une certaine étendue, le sol de la Californie présente une flore encore assez variée pour que nous ne tentions pas d'en donner ici même un simple aperçu; les cactus, les plantes épineuses y présentent surtout leurs formes austères. Des arbres de grande dimension y viennent également; mais on ne les rencontre qu'au sein des montagnes, et leur exploitation présente d'immenses diflicultés. Des chênes, des ilex, des liéges, des pins, le bois de fer d'une qualité analogue à celui du Brésil, l'ebénier, le veruis copal, l'arbre à goudron, forment ces forêts inexplorées et jusqu'à présent presque inutiles. Il est aussi un arbre d'une funeste célébrité, c'est le Pulo de la flecha, dont le suc empoisonné remplace dans ces contrées le curare de l'Orénoque, et rend quelquefois si redoutables les blessures faites par les Indiens.

Depuis bien des années les arbres fruitiers de l'Europe ont été transportés dans cette région; ils y réussissent dès qu'une irrigation suffisante peut être

(1) Nous donnons plus haut une description rapide de cette province mexicaine.

pratiquée, et la vigne y vient avec assez de vigueur pour y donner des vins d'une qualité excellente. Il en est de même des céréales: le blé y rend en certaines localités jusqu'à soixante pour un. fornies comme il prospère dans les Le mais prospère dans les deux Caliautres contrées américaines. A ces végétaux si précieux des zones tempérées il faut joindre le manioc, la canne à sucre, l'indigo, le tabac, et nombre de plantes propres à la teinture.

mérique est incontestablement plus borLa zoologie de cette portion de l'Anée que celle des régions arrosées par de nombreux courants d'eau; nous ferons observer néanmoins qu'un des caractères saillants de l'histoire naturelle dans ces contrées est surtout l'extrême variété de la conchyliologie. Les premiers explorateurs eux-mêmes furent frappés de la richesse, de l'éclat chatoyant, de l'intensité des couleurs répandues sur les beaux coquillages de la Californie. Un grave historien nous a peint la même surprise éprouvée par Viscaïno à l'aspect d'une rive couverte de ces merveilleuses productions. « Durant son second voyage, dit-il, il arriva sur une plage couverte de coquilles si belles et si resplendissantes que, quoiqu'elles fussent à demi enterrées dans le sable, le soleil venant à les frapper de ses rayons, ladite plage semblait estre un ciel estoilé. Les huîtres perlières de la Califormie acquirent bientôt une grande célébrité dans le Mexique, et furent même pendant longtemps l'unique objet qui attirât dans ces régions sauvages.

NOUVELLE OU HAUTE CALIFORNIE.

Cette région s'étend depuis l'océan Pacifique jusqu'aux monts Anahuac, et depuis les 42o de latitude nord jusqu'à l'origine du golfe de Californie. Au nord, il est borné par l'Orégon, au sud par la Vieille Californie et la province de Sonora ; son étendue du nord au sud est d'environ sept cents milles, et de l'est à l'ouest de six cents à huit cents milles : on estime sa surface à une étendue approximative de 420,000 milles carrés. Ainsi que nous le disions tout à l'heure, la géographie de l'intérieur est à peine connue : la région, entre autres, traversée par le Rio Colo

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