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semblée Constituante avait suscité au sein de l'Église. Enfin cette dernière et faible indennité des biens que la piété des fidèles avait légués au clergé a été supprimée, et est allée s'engloutir dans le gouffre de la banqueroute générale.

Le concordat est venu rendre à l'Eglise cette légitime indemnité, et il a été stipulé explicitement que les ventes des biens ecclésiastiques étaient ratifiées, en considération de l'engagement pris par l'Etat d'assurer des traitements convenables au clergé '. Nous examinerons tout à l'heure jusqu'à quel point ces traitements sont convenables. En attendant, nous devons constater que, selon les principes du droit public et du droit des gens, ils font partie intégrante de la dette nationale, tandis que le gouvernement prétend aujourd'hui que les traitements du clergé doivent être classés parmi les traitements des fonctionnaires publics, et révocables comme tels à sa volonté. On nous a même menacés de revenir aux catégories des septembriseurs, et de supprimer le traitement des ecclésiastiques qui

1 Articles du concordat de 1804:

« ART. 13. Sa Sainteté, pour le bien de la paix et l'heureux rétablissement de la religion catholique, déclare que ni elle ni ses successeurs ne troubleront en aucune manière les acquéreurs des biens ecclésiastiques aliénés, et qu'en conséquence la propriété de ces mêmes biens, les droits et revenus y attachés demeureront incommutables entre leurs mains ou celles de leurs ayants cause.

ART. 14. Le gouvernement ASSURERA un traitement convenable aux évêques et aux curés dont les diocèses et les paroisses seront compris dans la circonscription nouvelle ( Voyez, à l'Appendice, le texte entier du concordat, no 6). »

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n'accepteraient pas la formule imposée par le ministre des cultes pour la prière en faveur du roi1. Cet arbitraire dépasse même celui de l'Assemblée Législative, car alors on s'appuyait sur une loi, et non sur un caprice ministériel, pour prononcer les décrets d'ostracisme contre les prêtres non assermentés.

Voyons maintenant le sort que la législation et le gouvernement russe font à l'Eglise catholique en Pologne. Cette Eglise possède des biens considérables et en a conservé l'administration jusqu'en 1841. A cette époque (25 décembre), un ukase impérial a placé tousles biens ecclésiastiques sous l'admistration qui dirige les revenus du trésor public2. Le cabinet russe a été accusé, dans cette circonstance, d'avoir détourné une partie des biens dont il prenait l'administration; il a répondu que, loin de là, il avait été dans le cas de suppléer à l'insuffisancè des revenus de l'Eglise au moyen des ressources générales du trésor. Une note adressée au SaintSiége cite, entre autres, une somme de 50,000 florins que l'Etat accorde à l'Académie catholique de Varsovie. On a objecté encore au gouvernement russe que la mise en régie des biens de l'Église était

1 Il est d'usage immémorial en France que l'Eglise, en priant pour le roi, dise simplement : Domine, salvum fac regem. Le pouvoir a eu l'outrecuidance et l'ineptie de faire ajouter à ces mots : Ludovicum Philippum, comme si le pouvoir temporel avait le droit de dicter les formules de prières, et comme si, en priant pour le roi, on ne priait pas pour Louis-Philippe!

2 Voyez à l'Appendice, no 5, l'ukase du 25 décembre 4844.

contraire aux stipulations du traité de 1772, qui promettaient aux catholiques polonais le maintien du statu quo. Cette fois, le gouvernement russe ne pouvait pas nier la violation des traités; mais il a cru se justifier en disant que le traité était synallagmatique, et que, la République de Pologne, qui avait contracté vis-à-vis de la Russie des engagements, ne pouvant plus les remplir, la Russie se trouvait dégagée des siens. Cet argument, dans la bouche du gouvernement russe, est une amère dérision. N'est-ce pas lui, en effet, qui se trouve ajourd'hui au lieu et place du gouvernement polonais, et comment peut-il dire que la Pologne manque à ses engagements quand elle est ellemême sous sa domination? La violation des engagements de 1772 est patente et aucun subterfuge ne peut la dissimuler; tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a loin de là à ce qui s'est passé en France. Le clergé polonais a cessé d'administrer ses biens, mais il en a conservé la jouissance; on ne lui a pas fait faillite de 90 %, à supposer qu'il ait perdu quelque chose; on a même assuré aux ministres du culte catholique des traitements supérieurs à ceux de la religion dominante. D'après une note officielle adressée au Saint-Siége en 1833, les émoluments d'un évêque catholique sont de 20 à 80,000 roubles; ceux d'un évêque grec, de 2200 roubles. Les annates des prêtres catholiques s'élèvent jusqu'à 10,000 roubles; le casuel des prêtres grecs s'élève à 100 ou

500 roubles. Enfin les paroisses catholiques ont conservé l'administration et la jouissance de leurs biens-fonds, aux termes mêmes de l'ukase de 1841, de sorte qu'une église paroissiale catholique jouit du revenu de plusieurs milliers d'arpents, tandis qu'une paroisse grecque ne jouit que du revenu de 23 dessiatines'.

Depuis la rédaction de la note russe de 1833, la situation de l'Eglise schismatique a été améliorée; mais, si le clergé catholique a perdu une partie de sa supériorité de ce côté, il l'a conservée tout entière quand il se compare au clergé catholique de France. Et ce n'est pas dans les provinces polonaises seulement que nos coreligionnaires ont cet avantage, c'est encore dans les provinces russes proprement dites. On peut s'en convaincre par le tableau comparatif que nous donnons ici, et qui est emprunté à des documents authentiques.

TABLEAU COMPARATIF

DE L'ÉTAT DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE ET DE SON CLERGÉ,

en France et en Russie (la Pologne exceptée).

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Le nombre des catholiques est de Le nombre des catholiques est de

33,000,000.

Le nombre des diocèses est de 80.
Environ 400,000 âmes par diocèse.

2,700,000.

Le nombre des diocèses est de 6.
Environ 400,000 âmes par diocèse.

↑ Mémoire du comte Gourief, adressé au Saint-Siége en mai 1833, en réponse aux notes des mois de juin et septembre 1832.

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Environ 1,000 âmes par cure ou Environ 4,000 âmes par cure ou

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Un chanoine, généralement, 4,500 | Les chanoines reçoivent 140 à 175

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