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a droit de s'approprier les biens de ses voisins? Oublie ton la protection qu'elle à donnée à l'Allemagne par les négociations à Bâle, à Rastatt, à Ratisbonne, en 1805 à Vienne?

A l'Allemagne? Pour savoir quels sont ses intérêts, il n'y a qu'à consulter son voeu. Les princes n'ignorent assurément pas ce qu'ils doivent desirer ou craindre; or tous, à l'exception d'un seul, disent que c'en est fait de l'Allemagne si la Saxe est sacrifiée.

La situation de l'Allemagne est un des obstacles les plus forts à la réunion de la Saxe à la Prusse; mille feux y couvent sous la cendre. Cette réunion seroit peut-être l'étincelle, qui embraseroit tout! Si cela arrivoit, la France resteroit-elle spectatrice tranquille de ces discordes civiles? Il est plutôt à croire, qu'elle en profiteroit, et peut-être feroit-elle sagement d'en profiter.

A l'Angleterre? Elle, à qui il faut surtout des marchés, que gagneroit-elle, si l'une des plus grandes villes de commerce de l'Allemagne, théâtre d'une des plus grandes foires du pays et de l'Europe, et jusqu'ici sous la domination d'un prince, avec lequel l'Angleterre ne pourroit jamais avoir des démêlés, passoit sous la domination d'une puissance, avec laquelle elle ne peut être sûre de conserver une éternelle paix? Un autre prétexte allégué en faveur de la réunion de la Saxe à la Prusse, c'est qu'on veut faire de cette dernière une barrière contre la Russie.

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Mais les souverains des deux pays sont unis par des liens, qui font, que tant qu'ils vivront tous deux, l'un n'aurà rien à craindre de l'autre ; cette précaution ne pourroit donc regarder qu'un

avenir fort éloigné; mais que diraient ceux, qui appuient avec tant de chaleur le projet de réunion, si témoins de cet avenir, ils voyaient la Prusse s'appuyer de la Russie, pour obtenir en Allemagne une extension, qu'ils lui auraient facilitée, et appayer à son tour la Russie dans des entreprises sur l'Empire ottoman? Non seulement la chose est possible, elle est encore probable, parce qu'elle est dans l'ordre naturel.

L'union de l'Autriche et de la Prusse est né cessaire au repos et à la sûreté de l'Allemagne; mais la disposition qu'on prétend faire de la Saxe, serait la chose du monde la plus propre à rallumer une rivalité qui a duré jusqu'aux désastres de la Prusse, et que ces désastres ont suspendue, mais n'ont pas peut-être éteinte.

Ainsi ces dispositions iraient contre le but même qui les aurait fait faire, et d'un premier mal naîtrait une foule de maux. Reconnaissons donc, que l'injustice est un mauvais fondement, sur lequel le monde politique ne saurait bâtir que pour sa ruine.

VI.
Erklärung

in dem pariser Amtsblatt (Moniteur universel) am 5. Dec. 1814., betreffend die Vereinigung Sachsens mit Preussen.

Le Journal de Bamberg contient l'article suivant sous la rubrique de Vienne, 9 novembre.

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Pendant que les gazettes allemandes annoncent comme décidé le sort de la Saxe, et que ce pays, gouverné par une des plus anciennes maisons souveraines d'Allemagne, doit tantôt appartenir tout entier au Roi de Prusse, tantôt la plus grande partie seulement, tandis que le reste, partagé en petites portions, passeroit à la branche Ernestine et à la maison d'Autriche; le fait est qu'il n'a rien paru d'officiel à cet égard; nous pouvons même assurer le contraire à nos lecteurs', et nous croyons que le sort futur de la Saxe est encore soumis à de sérieuses réflexions et discussions diplomatiques, et que, si l'on calcule d'après le nombre des puissances qui s'intéressent au maintien de la Saxe, la balance est plutôt en faveur de celle-ci. Il y a des principes généraux de droit public, qui sont reconnus par les hautes puissances du congrès de Vienne: elles ont d'avance renoncé à tout système de pure convenance ou d'intérêt personnel, et à toute espèce d'usurpation. Tout changement dans le système politique actuel n'a d'autre but que le bien général et le maintien de l'équilibre; tout agrandissement d'une puissance quelconque est, le résultat de l'accord unanime des autres puissances.. La maison d'Autriche n'abandonnera point, sans les motifs les plus pressans, les droits d'hérédité de la maison de Saxe sur ce pays, les petites puissances ont un intérêt qu'elles ne peuvent mécounoitre à soutenir ces droits, et la France veut, n'importe dans quelle vue, s'opposer également à un démembrement de la Saxe; on prétend mème savoir positivement, que le plenipotentiaire françois à remis une note extrèmement forte à ce sujet. La Saxe ne peut cesser d'exister que par une sorte de nécessité absolue, et peut être verrons- nous se

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confirmer dans peu, le bruit généralement répandu ici, que la Saxe est rétablie. Ce n'est que lorsque les rapports de la Pologne et de la Saxe seront dé terminés, que l'on pourra statuer avec quelque certitude sur le sont des autres pays conquis de l'Al lemagne. On dit que le souverain d'un des plus grands états de l'Europe a déciaré, par un sentiment d'équité qui lui est propre, qu'il se retireroit de la partie de la Pologne qu'il occupe, aussitôt que la Pologne entière seroit réunie et formeroit un royaume indépendant, qui seroit gouverné comme tel par un Roi héréditaire, choisi dans la nation polonoise. L'avenir qui déroule les évènemens, nous fera connoître si ce oui-dire est fondé.“ (Extrait de la Gazette Universelle

tung - du 11 novembre 1814.)

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allgemeine Zei

-Au milieu de tant de bouleversemens et après les injustices qu'un seul homme a voulues, et que tous les états de l'Europe ont tour-à-tour ou souffertes ou tolérées, il est bien difficile que le congrès de Vienne répare les malheurs de vingt années remplies de sang et de larmes, et que chargé de la mission d'en préserver l'avenir, il acquitte toutes les dettes du passé. Mais avant de se refuser au devoir de redresser un tort, il doit démontrer aux contemporains et à la postérité la nécessité qui aura commandé un si grand sacrifice; et si, forcé peut-être de laisser subsister des injustices, le congrès en commettoit lui-même, il. sapperoit par les fondemens son propre ouvrage, et il perpétueroit l'anarchie de l'Europe. Aussi la Saxe, qu'on disoit menacée de perdre son Roi et son existence politique, n'aura t-elle point à craindre cette injustice, précisément parce qu'elle n'est point encore commise; et l'eût elle été, l'opinion Acten d. Congr. I. Bd. 28 St.

générale proclame déja hautement le danger qu'il y auroit à la consacrer.

Comment le congrès sanctionneroit-il le droit de disposer de la Saxe conquise, lorsque le souverain légitime et ses successeurs n'y ont point renoncé, et que le peuple saxon redemande son antique dynastie? Un Roi qui, pendant près de cinquante ans, a fait bénir son administration; un Roi loyal et toujours étranger à l'ambition, heureux d'avoir, dès le commencement de son règne réparé les maux d'une longue guerre, et malheureux seulement pour avoir voulu éviter les maux de celle qui déjà atteignoit sa capitale, mérite-t-il d'être dépouillé du patrimoine de ses pères, lorsque ses sujets, victimes non de son erreur, mais de la fatalité, lui tendent les bras du milieu de leurs ruines; et d'être traité en criminel sans forme de procès et sans jugement, lorsque tous les autres souverains se sont réunis par une réciprocité de regrets, d'oubli et d'indulgence?

Il est un souverain qu'au sein du malheur et de la résignation, la Providence a préservé de la contagion générale, qui, rendu à ses droits dès l'aurore de la restauration européenne, a pu le premier se montrer étranger à l'ambition et aux vengeances; et sorti de litige par un traité qui servira de base à tous les autres, applique à son gouvernement les maximes de magnanimité et de sagesse qui vont devenir la propriété commune du monde civilisé. Ce souverain seul, peut-être, seroit en droit de juger, et il absout le Roi de Saxe.

Dira-t-on que ce jugement lui est commandé par l'intérêt de sa politique? Non, ce n'est pas la politique de la France qui le commande, c'est la

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