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PIECES JUSTIFICATIVES.

I

LA LITURGIE PARISIENNE

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Le principal argument des défenseurs de la liturgie parisienne dans la première partie de ce siècle était celui-ci Il est constant, disaient-ils, que la liturgie française est trop différente de la romaine pour qu'on puisse croire qu'elle en soit issue; on a au contraire tout lieu de la juger d'origine orientale, tant parce qu'elle présente d'abord en elle-même beaucoup d'analogie avec les rites des églises d'Orient, que parce que nos premiers apôtres nous vinrent d'Asie.

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L'étude consciencieuse des faits détruira aisément cette objection. Il est hors de doute que durant tout le moyen âge, et durant la période antérieure, il n'a existé dans tout le monde latin qu'une seule et même liturgie; et, que ce qu'on est convenu d'appeler la liturgie parisienne, adoptée dans presque toute la France vers la fin du XVIIIe siècle, ne saurait remonter au delà des premiers archevêques de Paris.

Il s'éleva à Rome sous Charlemagne, une dispute entre les chantres romains et les chantres français de la chapelle de l'empereur. Nos compatriotes prétendaient que leur chant était plus beau que celui de Rome, les Italiens soutenaient au contraire qu'ils suivaient exactement le chant de saint Grégoire et que les Français qui venaient de l'adopter, l'avaient déjá corrompu; la querelle s'échauffa. Des raisons on en vint aux injures: les Italiens traitaient les Français d'hommes grossiers qui ne savaient pas mieux vivre que chanter. Nos chantres perdaient patience, quand l'autorité de l'empereur s'entremit à propos pour empêcher qu'on en vínt aux mains.

Quel est le plus pur de la source ou du ruisseau

qui en coule? dit-il à ses chantres.

La source.

Eh bien! retournez à la source, car il est évident que vous avez corrompu le chant ecclésiastique.

Jusqu'au xvII® siècle, on ne remarque dans la liturgie suivie à Paris, que l'introduction de quelques hymnes ou offices détachés, composés par ordre des évêques et qui prenaient place dans le Missel. La publication du premier Missel parisien fut faite en 1615 sous l'inspiration du CARDINAL HENRI DE GONDY, le dernier évêque de Paris; elle fut suivie de la publication d'un Bréviaire à l'usage du diocèse en 1617.

Ces deux ouvrages ne contiennent aucune différence notable avec les missels et bréviaires adoptés à Rome.

HARLAY fit publier, vers 1670, une nouvelle édition du Rituel, du Missel et du Bréviaire de Paris; on y remarquait d'assez sérieuses innovations.

Ce fut aussi sous l'épiscopat de Harlay que Joseph de Voisin publia son Missel romain traduit en langue vulgaire (4 vol. in-12 1660). Le souverain-pontife proscrivit cet ouvrage, « comme une entreprise insensée, contraire aux lois ainsi qu'à l'usage de l'Eglise, et uniquement propre à occasionner la profanation des sacrés mystères. »

LE CARDINAL DE NOAILLES donna une nouvelle édition des livres liturgiques publiés par son prédécesseur, à l'usage du diocèse de Paris, tels que Bréviaire, Missel, Processionnal; il y ajouta un Rituel, un Cérémonial, un Martyrologe et un livre de Canons. Ces derniers livres, empreints de l'esprit qui animait l'archevêque, dérogeaient formellement aux rites et aux usages de l'Eglise universelle. Ils tendaient à former ce qu'on appela dans la suite la liturgie parisienne.

M. DE VINTIMILLE, le successeur de M. de Noailles sur le siége de Paris, consomma son œuvre liturgique. Il fit composer un Bréviaire parisien, par Viger, Mesenguy et Coffin: Mesenguy, acolyte, célèbre par ses écrits contre la bulle Unigenitus, en faveur de l'appel; Coffin, simple laïque, également janséniste renforcé, à qui le curé de Saint-Etienne du Mont, refusa les sacrements à l'article de la mort; Viger,

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