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Cet osmère répand une odeur assez forte. Des observateurs que ses couleurs avaient séduits, voulant trouver une perfection de plus dans leur poisson favori, ont dit que cette odeur ressemblait beaucoup à celle de la violette, et cela n'est pas vrai, je le répète; mais

le vrai est que cette odeur est à peu près celle qu'exhale le feuillage foulé des violettes, et nullement la fleur.

L'ensemble de l'éperlan présente un peu la forme d'un fuseau. La tête est petite, les yeux sont grands et ronds. Des dents menues et recourbées garnissent les deux mâchoires et le palais. Les écailles tombent aisément.

Cet osmère se tient dans les profondeurs des lacs dont le fond est sablonneux. Vers le printemps, il quitte sa retraite, et remonte dans les rivières en troupes très-nombreuses, pour déposer ou féconder ses œufs. Il multiplie avec tant de facilité, qu'on voit dans plusieurs marchés de l'Allemagne, de la Suède et de l'Angleterre, des tas énormes d'individus de cette espèce.

Il vit de vers et de petits animaux à coquille. On le pêche abondamment à l'embouchure de la Seine.

PÊCHE A L'ÉPERVIER.

Il faut bien connaître l'endroit où l'on pêche, avoir un garçon de bateau sage et prudent. On peut amorcer des places le soir, pour pêcher la nuit ou de grand ma

tin. Il faut chercher une eau tranquille et profonde, pour que le courant n'emporte pas l'amorce.

Le succès du pêcheur dépend de son adresse, et quelquefois aussi de la bonté du filet. Les éperviers les meilleurs sont ceux de quatre cent cinquante à cinq cents mailles.

On amorce en mettant de la terre molle et bien pétrie, du blé ou de l'orge bien cuite dans de l'eau; on peut y ajouter un peu d'avoine ou de chènevis.

Cette pêche se fait pendant quatre mois juin, juillet, août, septembre.

ÉPINOCHE.

Gasterosteas teraculeatus.

Skittspigg, en Suède.

Steckleback, en Angleterre. — Épinard, dans quelques départements méridionaux de la France. ·Steinbicker, dans plusieurs contrées de l'Allemagne. Ersskraper, dans quelques pays du Nord.

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C'est dans les eaux douces de l'Europe que vit l'épinoche.

Ce gastérosté est un des plus petits poissons que l'on connaisse, à peine parvient-il à la longueur d'un décimètre. Il se nourrit de vers, de chrysalides, d'insectes que les bords des eaux peuvent lui présenter, d'œufs de poisson; et malgré sa faiblesse, il attaque quelquefois des poissons, à la vérité extrêmement jeunes, et venant, pour ainsi dire, d'éclore. Les aiguil

lons, dont son dos est armé, et le bouclier ainsi que les lames dont son corps est revêtu, le défendent, mieux que l'on ne le croirait au premier coup d'œil, de l'attaque de plusieurs des animaux qui vivent dans les mêmes eaux que lui.

Il est plusieurs contrées où l'on répand les épinoches par milliers dans les champs, sur lesquels ils forment, en se corrompant, un excellent fumier; ou bien on les emploie à engraisser, dans les basses-cours voisines des lacs qui leur ont servi d'habitation, des canards, des cochons et d'autres animaux. On peut aussi exprimer de milliers d'épinoches une assez grande quantité d'huile bonne à brûler.

Les yeux de l'épinoche sont saillants, et ses måchoires presque aussi avancées l'une que l'autre; chaque ligne latérale est marquée ou recouverte par des plaques osseuses placées transversalement, plus petites vers la tête ainsi que vers la queue, et qui, au nombre de vingt-cinq, de vingt-six ou de vingt-sept, forment une sorte de cuirasse assez solide. Deux os allongés, durs et affermis antérieurement par un troisième, couvrent le ventre comme un bouclier; et de lå vient le nom générique de gastérosté que porte l'épinoche.

Au reste, l'iris, l'opercule branchial et les côtés de l'épinoche brillent de l'éclat de l'argent, ses nageoires de celui de l'or, et sa gorge ainsi que sa poitrine montrent chez le mâle celui du rubis.

L'épinoche est un poisson leste et agile, et très-fréquent dans les petites rivières. Son naturel est si peu farouche, qu'il vient jusque sur les pieds de ceux qui se baignent; communément il établit son domicile sous les algues et autres plantes aquatiques, et mange des vers de terre, qui servent même d'amorce pour le prendre. Il paraît que le soleil lui fait plaisir. Mais un procédé singulier et qui mérite d'être étudié, c'est que ce petit poisson va chercher au loin des brins d'herbe ou débris de végétaux, les apporte dans sa bouche, les dépose sur la vase, les y fixe à coups de tête, veille avec la plus grande attention à ses travaux. Est-ce un nid? Si d'autres épinoches approchent de cet endroit, bientôt il leur donne la chasse, et les poursuit au loin avec une vivacité étonnante.

EQUILLE.

Petit poisson excellent en friture. Il se cache souvent dans le sable, où on le prend à la marée basse avec des fourches, des bêches, des charrues. Mais une fois déterré, il n'est pas pris pour cela, il saute, s'échappe et rentre dans le sable, même assez dur, avec une grande rapidité.

Les pêcheurs prétendent l'avoir quand il s'ensable; c'est une erreur. J'ai vu leurs prévisions presque tou

jours trompées. C'est pour éviter un ennemi ou pour atteindre une proie, sans doute, qu'il agit ainsi. C'est une pêche très-amusante et qui se fait à pieds secs. (Voir LAURON).

ESPADON ou POISSON A SCIE.

Serra.

L'espadon est rangé au nombre des ennemis de la baleine, quoiqu'il en soit une espèce particulière. Sa tête est armée d'une défense osseuse, longue, plate et pyramidale. On lui a donné souvent les noms de poisson à scie, épée de mer, héron de mer, poisson empereur; il est plus connu sous le nom d'espadon. Il porte au-devant de la tête une espèce d'épée ou de scie dentelée des deux côtés; cette scie est longue d'une aune, recouverte d'une peau dure, et armée de piquants en forme de dents, plats et tranchants.

Quoique l'espadon n'ait que neuf ou dix pieds de longueur, il se rend formidable à la baleine; il la poursuit sans relâche. La baleine, qui n'a que sa queue pour défense, tâche d'en frapper son ennemi. Si elle l'attrape elle l'écrase d'un seul coup; mais l'espadon, plus agile, évite ordinairement le coup mortel. A l'instant il bondit en l'air, retombe sur la baleine et tâche non de la per

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