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dans le dix-huitième canton de la pêche, sur la rivière de Seine;

» Que, s'il résulte du procès-verbal régulièrement dressé ledit jour et des aveux mêmes de Moriceau, que la ligne avec laquelle il pêchait était armée de deux hameçons et garnie de deux grains de plomb n° 4, destinés à faire plonger la ligne dans la partie inférieure de la rivière, ce poids ne pouvait suffire pour empêcher la ligne de flotter dans le courant, et que le contraire n'est pas même allégué;

» Que, dès lors, et par les motifs ci-dessus déduits, la ligne dont s'est servi Moriceau devant être considérée comme flottante, la prévention n'est pas établie :

>> Met l'appellation et le jugement dont est appel au něant; émendant, décharge Moriceau des condamnations contre lui prononcées; au principal, le renvoie des fins de la poursuite, condamne l'administration forestière et Louis Fabrège, partie civile, aux frais de première instance et d'appel. »

INSTRUCTION.

ET AVIS SUR LA PÊCHE A LA LIGNE.

C'est encore à M. Moriceau que nous empruntons les instructions suivantes sur la pêche à la ligne :

Les véritables amateurs n'aiment pas aller pêcher en

trop grande société, parce qu'ils savent bien qu'il n'est rien tel que la tranquillité pour réussir. Cependant deux amis qui vont d'habitude ensemble peuvent se rendre service. Si l'on a besoin d'un coup de main pour épuiser un poisson, si l'on renverse ses amorces, on est bien heureux d'avoir un compagnon qui puisse venir à son aide.

Quand vous arrivez au bord de l'eau, promenez-vous un peu sur le rivage pour choisir l'endroit le plus favorable; montez ensuite votre canne; attachez la ligne au-dessous de la virolle de la seconde pièce, puis faitesla descendre en tournant jusqu'au bout du scion où vous l'arrêterez par un nœud, nommé clef. Prenez la profondeur de l'eau pour savoir l'intervalle que vous devez mettre entre la flotte et l'hameçon; promenez votre sonde à droite et à gauche pour voir si le terrain est égal; si vous trouvez au fond des herbes et des grosses pierres, allez plus loin. Quand vous avez sondé, roulez sur votre scion une partie de la ligne et ne conservez que ce qu'il faut de bannière; la ligne flottante doit, en général, avoir un peu moins de longueur que la canne; moins la bannière est longue, plus on a de facilité pour piquer le poisson.

Jetez de l'amorce au fond, telle que du pain de chènevis ou des pelotes de terre glaise pétries avec des asticots; en les jetant dans l'eau, faites le moins de bruit possible. Les pêcheurs qui sont à même de faire tout cela dès la veille feront bien de ne pas le négliger;

ils ne seront pas exempts de jeter encore quelques pelotes pendant leur pêche et surtout à leur arrivée ; mais ils en jetteront moins alors pour ne pas rassasier le poisson.

Il faut jeter les amorces par morceaux plus ou moins gros, selon que le courant est plus ou moins rapide; observez aussi de les jeter un peu au-dessus pour qu'elles se rendent au fond en face de vous. Les poissons étant ennemis du froid et du vent, l'emplacement le plus agréable au pêcheur est souvent aussi le plus favorable à la pêche. Presque tous les poissons recherchent le soleil, surtout au printemps; placez-vous à l'abri d'un grand chapeau de paille: il est à observer toutefois que, pendant la saison d'été, le milieu du jour n'est pas le moment propice pour prendre beaucoup de poisson. Tant que vous n'en prendrez que des petits ou des moyens, vous les tirerez facilement de l'eau ; mais, si vous avez le bonheur d'en piquer un gros, c'est alors que vous devez déployer toute votre adresse.

Aussitôt que vous avez donné le coup pour ferrer, élevez votre scion, tendez votre ligne, que votre canne décrive une courbe en suivant le mouvement du poisson, ne cherchez pas à l'amener à fleur d'eau, laissez-le se fatiguer au fond, ne vous pressez pas de chercher à le voir; que votre ligne ne soit jamais lâche, car il s'élancerait et vous démonterait, observez bien surtout de ne jamais incliner la canne, vous n'auriez plus alors l'élasticité du scion pour soulager la ligne, et si le pois

son en ce moment faisait un grand effort, il vous échapperait infailliblement. Les premiers bonds sont les plus dangereux; petit à petit il s'épuise, il vient sur l'eau, il montre son ventre, mais ne vous Y fiez pas; fatiguez-le encore, car, quoique affaibli, la vue de l'épuisette lui donnera une nouvelle force.

Quand le danger est passé, faites-le approcher du bord, sortez-lui la tête de l'eau et tâchez de l'enlever avec l'épuisette du premier coup. A cet effet, posez l'épuisette dans l'eau, et avec la ligne, amenez le poisson au-dessus, ou approchez doucement l'épuisette par derrière et enlevez-le. Si vous êtes à même de pêcher souvent dans le même endroit, adoptez-le de préférence, car les poissons, trouvant à manger, fréquenteront cette place et ne s'en écarteront pas. Quand vous reployez vos lignes, examinez si les hameçons ne sont pas émoussés, si la racine ne menace pas de se couper, si le corps de ligne ne se pourrit pas.

Les pêcheurs soigneux de leurs ustensiles ont l'avantage de se monter plus finement et par cela même d'avoir plus de succès. Généralement partout et en tout temps, la pêche au coup doit se faire à fond, c'est-àdire que l'hameçon, en suivant le courant, doit passer å 54 millim. (2 pouces) de terre. La majeure partie des poissons se posent le ventre au fond, la tête tournée vers le courant, attendant dans cette attitude ce que l'eau leur amène de nourriture.

Chaque fois que vous retirez votre ligne de l'eau

pour la reporter vers le courant, donnez un coup comme pour ferrer, car il arrive souvent que l'on pique ainsi des poissons que l'on n'a pas vus mordre. Ne soyez jamais longtemps sans examiner l'hameçon, l'appât peut se trouver mangé ou rongé sans que vous vous en soyez aperçu, et vous perdez ainsi un temps précieux.

JANVIER.

Si vous êtes sage, vous resterez an coin du feu, et vous ferez des lignes pour une saison moins rigoureuse; ou vous irez à la chasse, ou au spectacle, ou au bal. Si vous êtes un pêcheur furieux, vous pourrez encore quelquefois prendre à la ligne des brochets, des chevennes, des anguilles, des gardons.

Mais beaucoup plus et plus sûrement des rhumes de cerveau, des pleurésies et des rhumatismes.

JUILLET.

C'est le matin et le soir qu'il faut pêcher en eau douce dans le mois de juillet. Les goujons ne mordent,

pour

Tous les autres

le moment, qu'aux vers rouges. poissons ne demandent pas mieux que de mordre. A la mer, on tend les cordes.

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