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culièrement sur certains fonds où elles se rassemblent en grand nombre, et y séjournent plus longtemps qu'ailleurs; tout est pris généralement, car des bancs de sardines, comme ceux de harengs, se portent quelquefois en abondance d'un côté et ensuite d'un autre, et quelques-uns plus tôt, d'autres plus tard.

Il paraît qu'elles s'établissent volontiers aux endroits où il y a des herbiers, que les Bretons nomment jandres; c'est pour les en tirer que les pêcheurs bretons leur présentent un appât qu'ils appellent résure, au moyen duquel on ne bouleverse point le fond comme avec les filets traînants qu'on emploie en quelques endroits, et qui font un tort considérable à la multiplication de beaucoup d'espèces de poissons, notamment des sardines. Néanmoins, tous les pêcheurs ne conviennent pas que les sardines s'établissent sur les fonds; plusieurs pensent, et ce n'est pas sans fondement, qu'elles se tiennent souvent entre deux eaux, comme les harengs, pour éviter les poursuites de quantité de poissons qui s'en nourrissent. Étant prévenu qu'il y a beaucoup d'incertitude sur la marche des sardines, on peut dire que, communément, on en prend peu dans la Manche, depuis la Bretagne exclusivement jusqu'en Flandre, peut-être parce que les harengs, qui fréquentent beaucoup ces parages, en écartent les sardines; néanmoins, on en a quelquefois vu des bancs considérables vers l'embouchure de la Seine, mais c'est rarement; cependant il y en a sûrement quelques-unes dans la Manche, car on trouve sur les côtes de Caux quelques

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sardines confondues dans les manets avec les harengs et les célans.

On en fait des pêches considérables en Bretagne, et on en prend sur presque toutes les côtes d'Angleterre. Les Portugais en prennent beaucoup à la côte des Algarves; les Espagnols en prennent à Cadix; mais leur pêche la plus considérable est au royaume de Grenade: en outre, comme j'ai déjà dit, ce poisson est abondant dans la plupart des ports de la Méditerranée et dans ceux de l'Italie. On dit que la Sardaigne, qu'on appelait autrefois Cedregna, à cause du fleuve Cedro, un de ceux qui l'arrosent, a pris le nom de Sardinia, parce qu'il s'y rend une grande quantité de sardines, qui sont très-communes sur toutes les côtes de la Méditerranée.

Ceux qui se piquent d'être connaisseurs trouvent les petites sardines de Provence les plus fines ; néanmoins, on estime beaucoup celles qu'on pêche à Royan. On en prend dans d'autres parages qui sont aussi grosses que de moyens harengs, et leur goût en approche un peu; en cela, elles sont bien éloignées d'avoir la délicatesse et le goût fin des petites sardines de Royan et de Provence. Après celles-ci, on estime celles de Belle-Isle.

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On confond avec les vraies sardines des poissons qui sont seulement de la même famille, tels que les célans, les célerins, les sprets ou sprats, et d'autres. Il y a ordinairement, le long des côtes de Bretagne, mille ou douze cents chaloupes qui sont, tous les ans, occupées, pendant la saison des sardines, à en faire la pêche, et

dans cette saison, savoir, depuis le mois de juin jusqu'en octobre, quantité d'ouvriers, des laboureurs mêine, quittent leur profession ordinaire pour aller å la pêche, de sorte que quelquefois il n'y a que le maître et le second qui soient matelots. Les bateaux pêcheurs sont ordinairement équipés de quatre matelots, y compris le maître, qu'on nomme patron, le second, qu'on appelle brigadier, et deux matelots; quelquefois, au lieu d'un de ces matelots, on embarque deux novices. Le maître et le brigadier doivent avoir de l'expérience et être de bons marins; les autres sont pour la force et ne servent qu'à ramer. L'espèce de filet dont on fait le plus d'usage pour la pêche des sardines est celui qu'on appelle communément manet. Ces filets sont une simple nappe, mais il faut que l'ouverture des mailles soit proportionnée à la grosseur des poissons que l'on se propose de prendre, car les manets diffèrent des sennes, en ce qu'avec les sennes on rassemble tout le poisson qui se présente à son passage, et, en pliant le filet en deux, on le retient. On le prend en tirant le filet ou sur le rivage ou au bord des bateaux, tandis qu'avec les manets il faut que le poisson se maille et se bloque par les ouïes. Si les mailles sont trop larges, le poisson passe. au travers; si elles sont assez étroites pour que le poisson n'y puisse pas introduire la tête, il ne se prend pas. Il faut donc que l'ouverture de la maille soit tellement proportionnée à la grosseur du poisson, qu'il puisse introduire la tête, et que le corps, qui est plus gros, ne

puisse la traverser; alors il est pris, non-seulement parce que le poisson de sa nature ne peut reculer, mais encore parce que, s'il parvenait à reculer, il serait pris par les ouïes. Ceci bien entendu, comme il y a, ainsi que nous l'avons dit, des sardines de grosseurs fort différentes, il faut que les pêcheurs aient des manets dont les mailles soient de différentes ouvertures pour employer les uns ou les autres suivant la grosseur des poissons qu'ils rencontrent. Ordinairement, à la fin de la saison de la pêche des sardines, on emploie des manets qui ont les mailles plus ouvertes qu'au commencement.

SAUMON.

Salmo salar.
trois ans d'âge.
Lachs, ibid.

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Saumoneau, avant deux ans d'âge.

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Salm, dans quelques contrées de l'Allemagne. Sælmling, ibid., lorsqu'il n'a qu'un an. Weisslach, ibid., lorsqu'il est gras. Granlach, ibid., lorsqu'il est maigre. Kupferlachs, ibid., dans le temps du frai.— Wracklacks, ibid., après le temps du frai.

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Rothlachs, ibid., lorsqu'il Salmon, en Angleterre.

Ce poisson se plaît dans presque toutes les mers; dans celles qui se rapprochent le plus du pôle et dans celles qui sont les plus voisines de l'équateur. On le trouve sur les côtes occidentales de l'Europe, dans la Grande-Bretagne, auprès de tous les rivages de la Bal

tique, particulièrement dans le golfe de Riga, au Spitzberg, au Groënland, dans le nord de l'Amérique, dans l'Amérique méridionale, dans la Nouvelle-Hollande, au fond de la manche de Tartarie, au Kamtschatka, etc. Il préfère partout le voisinage des grands fleuves et des grandes rivières, dont les eaux douces et rapides lui servent d'habitation pendant une très-grande partie de l'année; il n'est point étranger aux lacs immenses ou aux mers intérieures qui ne paraissaient avoir aucune communication avec l'Océan. On le compte parmi les poissons de la mer Caspienne, et cependant on assure qu'on ne l'a jamais vu dans la Méditerranée. Aristote ne l'a pas connu. Pline ne parle que des individus de cette espèce que l'on avait pris dans les Gaules; et le savant professeur Pictet conjecture qu'on ne l'a point observé dans le lac de Genève, parce qu'il n'entre pas dans la Méditerranée, ou du moins parce qu'il y est très-rare.

Il tient le milieu entre les poissons marins et ceux des rivières. S'il croît dans la mer, il naît dans l'eau douce; si, pendant l'hiver, il se réfugie dans l'Océan, il passe la belle saison dans les fleuves. Il en recherche les eaux les plus pures; il ne supporte qu'avec peine ce qui peut en troubler la limpidité; et c'est presque toujours dans ces eaux claires qui coulent sur un fond de gravier que l'on rencontre les troupes les plus nombreuses des saumons les plus beaux.

Il parcourt avec facilité toute la longueur des plus grands fleuves. II parvient jusqu'en Bohême par l'Elbe,

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