Page images
PDF
EPUB

qui démontre que la seule différence avec le sieur Masson est qu'il avait les cheveux et la barbe courts et crépus comme de la mousse.

«En 1671, un blanc appelé Larchec, revenant du Fort-Royal à la Martinique, dans un canot armé de huit nègres, les nègres s'écrièrent tous à la fois : « Un » béquet à la mer (un blanc)! » Le sieur Larchec, qui regardait d'un autre côté, ne se retourna pas assez vite et ne vit que le bouillonnement de l'eau. Les huit nègres affirmèrent qu'ils avaient vu un monstre marin, semblable à un homme jusqu'à la ceinture, et qu'ils n'avaient pas vu le reste; ce qui rendit alors incontestable à la Martinique l'existence des tritons.

« Sur les rivages de l'Inde, des Portugais prirent dans un filet, en pêchant, dix-sept tritons et sirènes; on ne put en faire parvenir que deux, une femme et une fille, au roi Emmanuel, à Lisbonne. Elles vécurent assez longtemps, ressemblant aux autres femmes, mais ne purent apprendre à parler. »

Si ce ne sont pas des femmes, ce sont encore moins des sirènes, dont la voix était si belle et si touchante. Le père Henriquez, jésuite, rapporte dans une de ses lettres, imprimée à Venise en 1548, qu'étant aux Indes orientales, il avait vu seize tritons, sept mâles et neuf femelles, qu'on avait pris d'un coup de filet.

Le 8 septembre 1725, on envoya de Brest à M. le comte de Maupas un procès-verbal dressé par un nommé Jean Martin, pilote d'un navire français appelé Marie

de-Grâce. Ce procès-verbal, signé par le capitaine et tous ceux de l'équipage qui savaient écrire, rapporte ce qui suit:

« C'était le 8 août 1720, jour de jeudi, les vents étant à l'est-sud-est, le navire étant mouillé sur le banc de Terre-Neuve. Sur les dix heures du matin, on vit à bâbord un homme marin. Un appelé Guillaume lui donna un coup de bâton. L'homme marin montra le poing et fit une figure irritée; puis, en nageant, il passa à tribord, puis à l'arrière, où il s'accrocha au gouvernail; il vint à l'avant et regarda la proue, où il y avait une tête de femme.

» Le capitaine alors voulut le harponner; mais il eut peur que ce ne fût le fantôme d'un matelot appelé la Commune, qui s'était tué à bord du navire le 18 du même mois d'août. Il fit encore des signes menaçants et s'éloigna en nageant jusqu'à ce qu'on le perdit de

vue. »

On rapporte, en outre, dans le procès-verbal : 1° Qu'il était presque en tout semblable à un homme;

2° Qu'il y avait sept navires mouillés à quelque distance et en vue de 1 Marie-de-Grâce.

Voilà à peu près tout ce qui s'est dit sérieusement de plus saillant sur les tritons et les sirènes. Cela prouve qu'il y a des hommes crédules, des hommes menteurs et quelques femmes qui ne parlent pas; mais ça ne

prouve pas qu'il y ait des hommes marins ni des si

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Les tanches sont aussi sujettes que les goujons à varier dans leurs nuances, suivant l'âge, le sexe, le climat, les aliments et les qualités de l'eau. Communément on remarque du jaune verdâtre sur leurs joues, du blanc sur leur gorge, du vert clair sur la partie supérieure de leurs côtés, du jaune sur la partie inférieure de ces dernières portions, du blanchâtre sur le ventre, du violet sur les nageoires; mais plusieurs individus montrent un vert plus éclairci ou plus voisin du noir; les mâles particulièrement ont les teintes moins obscures. La tête est grosse, le front large, l'œil petit, la lèvre épaisse, le dos un peu arqué, la peau noire; toute la surface de l'animal est couverte d'une matière visqueuse assez abondante pour empêcher de distinguer facilement les écailles.

On trouve des tanches dans presque toutes les parties du globe. Elles habitent dans les lacs et dans les marais; les eaux stagnantes et vaseuses sont celles qu'elles recherchent. Elles ne craignent pas les rigueurs de l'hi

ver; on n'a pas même besoin, dans certaines contrées, de casser en différents endroits la glace qui se forme au-dessus de leur asile; ce qui prouve qu'il n'est pas nécessaire d'y donner une issue aux gaz qui peuvent se produire dans leurs retraites, et ce qui paraît indiquer qu'elles y passent la saison du froid enfoncées dans le limon et au moins à demi engourdies, ainsi que l'ont pensé plusieurs naturalistes.

Elles se nourrissent des mêmes substances que les carpes.

Leur poids peut être de trois ou quatre kilogrammes. Leur chair, molle et quelquefois imprégnée d'une odeur de limon et de boue, est difficile à digérer. Quand on les a prises vivantes, on leur fait perdre cette mauvaise odeur en les laissant quelques heures dans un baquet d'eau claire. Mais, d'ailleurs, suivant les pays, les temps, les époques de l'année, les altérations ou les modifications des individus et une sorte de mode ou conven tion, elles ont été estimées ou dédaignées. On s'est même assez occupé de ces poissons dans beaucoup de contrées pour leur attribuer des propriétés très-extraordinaires. On a cru que, coupées en morceaux et mises sous la plante des pieds, elles guérissaient de la peste et des fièvres; qu'appliquées vivantes sur le front, elles apai saient les maux de tête; qu'attachées sur la nuque, elles calmaient l'inflammation des yeux; que placées sur le ventre, elles faisaient disparaître la jaunisse; que leur fiel chassait les vers, et que les poissons guérissaient

leurs blessures en se frottant contre la substance hui

leuse qui les enduit.

C'est le poisson qui résiste le mieux au charroi; mais il ruine le fond d'un étang, car on assure qu'il faut plus de terrain pour nourrir cent tanches que pour engraisser cinq cents carpes.

Les anciens nommaierit ce poisson piscis ignobilis, vilis et pauperiorum cibus. Le poëte Ausone, qui, selon Willughby, est le premier qui ait parlé de la tanche, l'a désignée sous le nom de vulgi solatium.

TERRIR.

Les pêcheurs disent que les poissons terrissent quand il fait chaud, pour dire qu'ils s'approchent de la terre ; et, quand les eaux sont fortes, ils gagnent la grande eau, où ils se retirent dans les grands fonds.

TESSURE.

Les pêcheurs cordiers appellent une tessure plusieurs pièces d'appelets jointes les unes au bout des

autres.

On appelle aussi tessure un certain nombre de pa

« PreviousContinue »