III. Le menu peuple eft plus utile à un Etat que les riches, puifque c'eft lui qui fait tous les ouvrages penibles: c'est dans ce même peuple qu'on trouve les Laboureurs, les Vignerons, les Charpentiers, les menuifiers, les Maffons, les Soldats, les Tifferans, & tous les métiers en general qui rendent un Etat floriffant. C'eft pourquoi on ne fauroit trop avoir d'attention à fa confervation. IV. Jufqu'à prefent, c'est le menu peuple qui a toûjours porté le plus lourd fardeau des impofitions, ce qui l'a forcé d'abandonner la campagne, de fe retirer dans des villes franches, ou de paffer dans des païs étrangers. ས. Ce menu peuple est comme le Soldat qui mange tout, & qui n'épar gne rien de fa paye. Or fur la païe du Soldat on retient fon habillement & armes, & il n'y pense pas, n'ayant d'attention que fur le peu qui lui revient de refte. Il en eft de même de l'arti fan journalier: fi-tôt qu'il a reçu fes journées, ou le prix de la façon de fon ouvrage, il va le dépenfer au cabaret; & à peine en donne-t'il pour faire vivre fa famille: fi bien qu'il eft difficile de faire payer à ces fortes de gens la moindre impofition; au lieu que fi on faifoit comme aux Soldats, une retenuë fur les journées, ou façons, tant pour payer fa part d'impofitions, que l'éducation de fes enfans, & foulager lui & fa famille,dans les maladies qui peuvent leur arriver, il est certain qu'aucun d'eux ne s'y opoferoit, & qu'ils payeroient la meilleure partie des impofitions, fans en être incommodés, & même fans s'en apercevoir; d'autant que cette retenuë fe feroit fur les hommes, les femmes, enfans, Domestiques, valets & fervantes, & generalement fur tous ceux qui gagneroient quelque chofe, en quelque forte & pour maniére maniére que ce puiffe être : & tous ceux fur qui cette retenue feroit faite, en ayant connoiffance, feroient comme le Soldat; ils n'auroient d'attention qu'à ce qui leur en reviendroit de reste, & s'eftimeroient heureux de fe voir, au moyen de cette retenue, exempts de collecte & de toute forte d'impôts dont l'aprehenfion les empêche de vivre un peu largement, dans la crainte d'une augmentation de cote au premier rôle prochain.. VI.. Comme dans l'arrangement qu'on pourra prendre pour la Taille proportionnelle, il eft affez difficile de taxer l'industrie du menu peuple, qui fe trouve répandue dans une infinité de profeffions lucratives dans un tems, & qui ne leur produisent rien dans un autre ; ou enfin plus lucratives les unes que les autres, & dans une province, une ville ou village plus que dans un autre ; on eftime que l'établissement des chambres & Bourfes communes, propofé Tome I. F Utilité de bres en ouvriers feront bien oc cujes & ben-pa yés. en chaque paroiffe, eft fort utile pour parvenir à taxer l'industrie du menu peuple, à l'éducation des enfans & au foulagement des vieillards caducs & eftropiés; & des uns & des autres, lorfqu'ils feront malades, qui eft une attention les Rois doivent avoir, que par preference à l'augmentation de leur revenu puifque c'eft du nombre de leurs Sujets qu'ils tirent leurs forces & leur puiffance. و Ces chambres ainfi établies, les perces chame fonnes, qui les compaferont, feront à ce que les portée de connoître les differentes profeffions des habitans des paroiffes de leur demeure, & ce que chacun gagne par jour, ou par façon ou entreprises; & s'il arrive qu'ils ne le fachent pas parfaitement, ceux qui feront travailler, les inftruiront; au lieu que fi on ne fait pas cet établissement, on ne patviendra que très-imparfaitement à taxer l'induftrie: on ne foulagera point les pauvres dans leurs befoins: la dureté continuera dans les riches, qui feront leurs ouvrages eux-mêmes, plu τότ que d'occuper de pauvres journa- vés. Il n'y aura plus qu'à ordonner que L'éducatous les journaliers, mandeuvriers, fer- tion des viteurs, domeftiques, compagnons, & enfans du tous gens de métier, de quelque âge, pourvuë. comm in |