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ments d'infanterie légère, les quinze régiments de tirailleurs, les quinze régiments de voltigeurs, les deux régiments de flanqueurs qui existaient en dehors de cette organisation, servirent à compléter les cent cinq régiments d'infanterie, dont la force resta fixée à 1,379 hommes, dont 67 officiers et 1,312 sous-officiers et soldats.

La force totale de l'infanterie de ligne se trouva ainsi fixée à 144,795 hommes. Tout le reste des hommes fut renvoyé à ses foyers.

Dans l'amalgame qui eut lieu pour la formation de chacun des cent cinq régiments, les officiers et sous-officiers de tout grade furent placés titulairement suivant leur rang d'ancienneté. Pour diminuer le nombre des officiers qu'on était obligé de mettre en non-activité, l'ordonnance du 12 mai 1814 décida que l'on mettrait à la retraite tous les officiers qui, par l'ancienneté de leurs services, leurs blessures ou leurs infirmités, auraient des droits acquis à une solde de retraite, d'après les règlements en vigueur. On conservait à la suite de chaque régiment, et suivant l'ordre d'ancienneté, un chef de bataillon, un adjudant-major, six capitaines, six lieutenants, six sous-lieutenants, y compris un quartier-maître, qui, de même que les officiers titulaires, conservèrent le traitement d'activité. Tous les autres officiers, sans distinction de grades, y compris les officiers prisonniers qui allaient rentrer après l'organisation effectuée, devaient jouir, dans leurs foyers, d'un traitement égal à la moitié de la solde d'activité. Les deux tiers des nominations devaient se faire selon l'ancienneté, le dernier tiers était au choix du Roi.

Du moment que l'on repoussait l'idée d'un licenciement complet et d'une organisation complétement nouvelle, il n'était pas possible de mieux faire dans l'intérêt du pays et de l'armée.

On appliqua les mêmes principes à l'organisation de la cavalerie qui compta cinquante-six régiments.

La force de chacun de ces régiments fut fixée à 602 hommes de troupes et à 469 chevaux, avec 42 officiers et 58 chevaux d'officiers en dehors: c'était un total de 33,685 hommes de troupes, de 2,352 officiers et de 29,512 chevaux, y compris les chevaux d'officiers.

Les dénominations honorifiques, l'institution des officiers à la suite, la distribution des hommes des régiments supprimés dans les régiments conservés, l'avancement des deux tiers donné à l'ancienneté, la mise à la demi-solde de tous les officiers restés en dehors de la nouvelle organisation, furent appliqués à la cavalerie comme à l'infanterie.

La force totale du corps royal d'artillerie fut de huit régiments d'artillerie à pied, de quatre régiments d'artillerie à cheval, d'un bataillon de pontonniers, de douze compagnies d'ouvriers d'artillerie, de quatre escadrons du train et d'employés à la suite du corps. Chacun des régiments d'artillerie à pied comptait 1,414 hommes, en comprenant les officiers. Chacun des régiments d'artillerie à cheval comptait 444 hommes. L'effectif général de l'artillerie s'élevait à 11,312 hommes.

La force totale du corps royal du génie était de 4,824 hommes. Il se composait de trois régiments de sapeurs et mineurs, d'une compagnie d'ouvriers, d'une compagnie du train du génie.

Le total général de l'armée était de 223,812 hommes et de 32,164 chevaux.

Si la Restauration n'était point à l'abri des servitudes et des misères qui pèsent sur l'établissement de tous les gouvernements, elle renouvelait par la paix la population de la France et soulageait ses finances. Par suite de la réduction de l'effectif, plus de trois cent mille hommes présents sous les drapeaux ou prisonniers étaient rendus à leurs foyers, à la terre

qui manquait de bras, à l'industrie. Près de quatorze mille officiers retournaient dans leurs familles avec la demi-solde. C'était pour le moment, il est vrai, avec un brisement de cœur que ces vaillants hommes de guerre déposaient leurs épées; mais si la Restauration devait souffrir de leur injuste mécontentement, injuste, car la guerre n'est pas un état de choses normal, et ne saurait être qu'une nécessité malheureuse,

la France devait profiter de l'activité féconde de tous ceux d'entre eux qui étaient assez jeunes pour se créer de nouvelles carrières. La nation retrouvait le nerf de sa population. En même temps, l'immense réduction de l'effectif soulageait d'un doids annuel de trois cents millions nos finances obérées; c'était la différence entre l'état de guerre et l'état de paix.

La question financière devait être portée devant les Chambres. Il n'y avait, pour les premiers moments, que des mesures provisoires à prendre. Le Roi adopta celles proposées par le baron Louis. Par une proclamation du 10 mai 1814, il prorogea, au nom du salut de l'État, l'exécution des lois antérieures sur les impôts existants, y compris l'administration des droits réunis, « jusqu'à ce que d'autres lois procurassent à ses peuples les soulagements qu'ils réclamaient et que les circonstances rendraient possibles. » On put marcher. Seulement, cet avantage financier fut balancé par un inconvénient politique. Il fallut donner un démenti aux promesses que Monsieur avait faites sur la route de Nancy à Paris, et M. le duc d'Angoulême à Bordeaux et dans les provinces du Midi, en répétant cette phrase: <«< Plus de conscription, plus de droits réunis! » Le mécontentement fut tel à Bordeaux qu'il y eut une émeute contre la perception des droits réunis, et le duc d'Angoulême dut s'y rendre pour calmer l'agitation des esprits. Les troubles s'apaisèrent, mais la considération du gouvernement royal souffrit de cette espérance imprudemment donnée et si promptement déçue.

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Le Roi avait naturellement chargé M. de Talleyrand de négocier avec les puissances coalisées le traité qui devait régler les nouvelles frontières de la France. La convention du 23 avril, signée par le comte d'Artois sur le conseil de M. de Talleyrand, posait les bases du traité à intervenir. Il y était dit, en effet, que la France reprendrait ses frontières du 1er janvier 1792. C'était du reste la condition sine qua non posée dès l'ouverture du congrès de Châtillon, l'ultimatum confirmé par traité de Chaumont, et que M. de Caulaincourt avait mission d'accepter pour Napoléon quand il rejoignit le quartier général des coalisés avant leur entrée à Paris. Cependant, d'après le traité définitif signé le 30 mai 1814, l'ancienne France resta agrandie de plusieurs fractions de territoire qui, venant s'ajouter aux départements du Nord, des Ardennes, de la Moselle, du Bas-Rhin et du Doubs et formant un nouveau département, celui du Mont-Blanc, pris sur la Savoie, ajoutaient au territoire national une étendue de cent cinquante milles carrés, et quatre cent cinquante mille âmes à sa population'. D'après cette déli

1. Ces adjonctions territoriales se décomposaient ainsi :

1° Du le département de Jemmapes les cantons de Dour, Merles-le-Château, Beaumont et Chimay, formant un angle rentrant entre le département du Nord et celui de Sambre-et-Meuse; par ordonnance royale du 18 août 1814, les trois premiers cantons furent réunis au département du Nord, le quatrième à celui des Ardennes.

2o Du le département de Sambre-et-Meuse, les cantons de Valcour, Florennes, Beauraing et Gediane. Ces cantons furent réunis, par une ordonnance datée du même jour, au département des Ardennes.

mitation, la forteresse de Landau restait à la France. Les cours alliées nous reconnaissaient en outre la possession de la principauté d'Avignon et du comtat Venaissin, réunis à la France par un décret de l'Assemblée constituante du 13 septembre 1791, mais contre lequel le gouvernement romain n'avait cessé de protester. Sauf ces adjonctions, la France perdait les conquêtes de la République et de l'Empire, montant à une population évaluée à 15,360,000 âmes; mais, plus heureuse dans son malheur que ne l'avaient été les puissances coalisées aux jours de leurs défaites, elle ne perdait que des conquêtes, au lieu d'être démembrée comme l'avaient été la Prusse et l'Autriche dans leur territoire.

Le gouvernement britannique prenait en outre, en son nom et au nom de ses alliés, l'engagement de restituer à la France les colonies et les établissements qu'elle possédait au 1er jan

3o Du le département de la Moselle, le canton de Tholey et ce qui est situé au midi d'une ligne à tirer depuis Perle jusqu'à Fromerdof.

4o Les cantons de Saarbruck et d'Arneval et une partie de celui de Lebach dans le département de la Moselle.

5o Une partie des départements du Mont-Tonnerre et du Bas-Rhin, telle que la forteresse de Landau. Il fut convenu que le thalweg du Rhin constituerait la limite.

6o Une légère rectification de limites entre le département du Doubs et la principauté de Neuchâtel.

7° Du côté du pays de Vaud, la frontière fut tracée de manière que les cantons de Frangy, une partie de ceux de Saint-Julien, de Régnier et de La Roche, restassent à la France. Par contre, celle-ci perdit la vallée de Dupes, située hors de cette ligne. Cette vallée, entièrement inhabitée, couverte de rochers et ne contenant que quelques pâturages, avait été acquise en 1802 par la France qui y avait fait construire une route servant à la communication entre Paris et Genève.

8o De l'ancien département du Mont-Blanc, la France acquérait la préfecture de Chambéry (sauf Montmeillan) et Annecy. Par une ordonnance du 8 novembre 1814, ces parcelles furent réunies en un département qui conserva le nom de département du Mont-Blanc.

9o Le comté de Montbéliard, que la France avait tenu en séquestre de 1723 à 1748, et qui avait été conquis par les armées françaises en 1792; ce comté fut réparti entre les départements du Doubs et de la Haute-Saône. (Voir l'Histoire des traités, par Scholl, tome X.)

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