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de la Hollande susdite, ne sera molesté ni son voyage interrompu par les commandants des vaisseaux de Sa Majesté ou des corsaires.

« Il est encore ordonné qu'aucun des bâtiments des États-Unis, qui aurait pris, avant le 20 juillet prochain, ses expéditions d'un port d'Amérique pour un autre port permis, et qui, pendant son voyage, et ayant eu connaissance du susdit arrangement provisoire, aurait changé sa destination pour se rendre dans quelqu'un des ports de Hollande, ne pourra être molesté ni son voyage interrompu par les commandants de quelqu'un des vaisseaux de Sa Majesté ou par des corsaires, à moins qu'un tel bâtiment n'eût été, pendant le cours de son voyage, informé de cet ordre, et qu'il n'eût été averti de ne point se rendre dans quelqu'un des ports de Hollande, et que, malgré cet avertissement, il n'eût fait une tentative pour se rendre dans un tel port.

« Il est encore ordonné qu'à compter du susdit 9 juin prochain, aucun bâtiment des susdits États-Unis qui aurait pris ses expéditions, ou qui serait destiné pour quelqu'un des ports ou places de Hollande, provenant d'une autre place ou d'un autre port non soumis aux restrictions du susdit ordre du 26 avril dernier, après avoir eu connaissance du susdit arrangement provisoire, ne pourra être molesté ni son voyage interrompu par les commandants des vaisseaux de Sa Majesté ou par des corsaires, pourvu qu'un tel bâtiment ait pris ses expéditions à l'endroit de son départ avant d'avoir eu connaissance de cet ordre, ou, à défaut de preuves qu'il en ait eu connaissance avant les époques postérieures à cet ordre, qui ont été fixées pour la connaissance présumée de l'ordre de Sa Majesté du 11 novembre 1807, par les ordres du 25 novembre 1807 et du 18 mai 1808, pour de certaines places et latitudes y mentionnées, à moins qu'un tel bâtiment n'ait été, pendant son voyage, informé de cet ordre ou averti de quelqu'un des bâtiments de Sa Majesté, ou par des corsaires, de ne point se rendre à un port de Hollande, et que, malgré cet avertissement, il ne fît des tantatives pour se rendre à un tel port.

« Et, en outre, Sa Majesté à trouvé bon d'ordonner, et il est ordonné par ces présentes, que les différents susdits ordres du 7 janvier et du 14 novembre 1807, ainsi qu'ils ont été changés par le susdit ordre du 26 avril dernier, seront également suspendus, autant qu'il est nécessaire pour la protection des bâtiments des susdits États-Unis qui auraient pris, entre le 9 juin et le 1er juillet prochain, leurs expéditions de quelqu'un des ports de Hollande pour quelque port non compris sous les restrictions du blocus; bien entendu cependant que rien du contenu du présent ordre ne sera étendu ni supposé pouvoir s'étendre à la protection des bâtiments ou de leurs chargements qui pourraient être sujets à la condamnation, ou à être detenus pour toute autre raison que pour la violation des susdits ordres du 7 janvier et du 11 novembre 1807, ainsi qu'ils ont été changés par le susdit ordre du 26 avril dernier. << Bien entendu aussi que rien du contenu de cet ordre ne sera étendu ni interprété s'étendre à la protection d'un bâtiment qui pourrait tenter d'entrer dans un port effectivement bloqué par quelqu'un des bâtiments de guerre de Sa Majesté.

« Et les très-honorables lords commissaires du trésor de Sa Majesté, les principaux secrétaires d'État de Sa Majesté, les lords commissaires de l'amirauté, le juge de la haute-cour d'amirauté et les juges des cours de vice-amirauté, sont chargés de donner, chacun en ce qui le concerne, les instructions nécessaires relativement à cet ordre.

Signé ÉTIENNE Cottrell. »

Quoiqu'il en soit, le traité ne fut pas ratifié, et M. Canning déclara que M. Erskine, ministre britannique aux États-Unis, avait outrepassé ses pouvoirs.

M. Jackson, envoyé pour remplacer M. Erskine, ayant pris, dans sa correspondance avec M. Smith, secrétaire d'État des ÉtatsUnis, un ton de nature à provoquer le mécontement le plus vif de la part du gouvernement de l'Union, fut renvoyé par le président.

Les négociations ultérieures, qui se prolongèrent fort longtemps, n'amenèrent aucun résultat satisfaisant; le commerce maritime des États-Unis continua de souffrir, de plus en plus, des procédés de la Grande-Bretagne ; il fallait un terme à cette situation. Le gouvernement de l'Union pensa que des hostilités réelles valaient mieux que des tiraillements continuels; il déclara, le 18 juin 1842, la guerre à l'Angleterre.

Le 22 du même mois, Napoléon déclara la guerre à la Russie! Au moment même où un allié lui venait en aide sur mer, Napoléon se trouvait, sur le continent et par sa volonté, en face d'un ennemi puissant!

Afin de compléter le tablean d'une époque qui vit se développer autant d'événements de la plus haute importance, il convient de rétrograder un instant, jusqu'à l'année 1807, au moment où les traités de Tilsit qui donnèrent la paix au continent reconnurent l'existence des rois dont Napoléon avait signé le diplome, en traçant avec sa vaillante épée la limite de leurs États; et eurent, pour conséquence immédiate, l'adoption, par toutes les Puissances maritimes, moins la Suède, du système continental, c'est-à-dire la fermeture des ports de l'Europe au commerce maritime de l'Angleterre.

L'année 1808 fut signalée par les hostilités qui éclatèrent entre la Suède et la Russie; la réunion de nombreux territoires au territoire de l'empire français; l'abdication de Charles IV d'Espagne et celle de son fils, le roi Ferdinand VII: Napoléon leur donna pour successeur son propre frère, Joseph, roi de Naples. Ce prince vint placer, à Madrid, sur sa tête déjà couronnée le diadème qu'avait dignement porté Philippe V de Bourbon, et remit

aux mains d'un héros, Joachim Murat, grand-duc de Berg, le sceptre qu'avait tenu d'une main faible Ferdinand IV de Bourbon, roi des Deux-Siciles, lequel avait abandonné sa capitale italienne, pour aller se mettre, à Palerme, sous la protection oppressive d'un gouverneur anglais; enfin, le congrès de rois qui fut tenu à Erfurt, appartient encore aux fastes de l'année 1808.

En 4809, il faut enrégistrer la victoire de Wagram qui donne une archiduchesse d'Autriche pour compagne à l'homme le plus éminent de l'histoire, depuis Charlemagne ; la captivité en France du pape Pie VII, dont les États furent réunis à l'empire français; l'abdication du roi Gustave IV, le 29 mars, à Gripsholm; la paix conclue, le 17 septembre, à Friedrichsham, entre la Suède et la Russie, qui acquit la Finlande et l'a conservée; la paix conclue à Vienne, le 14 octobre, entre l'Autriche et la France; la paix signé, le 10 décembre, à Jonkiœping, entre le Danemarck et la Suède, qui, moins d'un mois plus tard, le 6 janvier 1810, signa également la paix avec la France, et rentra en possession de la Pomeranie et de l'ile de Rugen, que le congrès de Vienne, en 1815, a fait passer sous le sceptre du roi de Prusse. 1)

La guerre continuait d'ailleurs sur mer avec l'Angleterre, et sur le territoire du royaume d'Espagne; l'Europe toutefois semblait devoir respirer plus librement pendant quelques années: ce ne fut qu'un armistice de deux ans et demi !

Les années 1810 et 1811 sont remarquables par le mariage de Napoléon, célébré le 2 avril 1810, et par la naissance, le 20 mars 1814, du prince impérial, qui reçut au berceau le titre de Roi de Rome, prince infortuné dont le beau visage porta jusqu'au tombeau l'empreinte de la douleur; qui connut à peine les caresses de sa mère dont il fut séparé fort jeune, et la tendre et vive affection du père illustre qui, après avoir rempli l'Univers de sa renommée et l'avoir éclairé de sa gloire, s'est vu enchaîner vivant, en quelque sorte, sur un rocher battu, de tous les côtés, par les vagues de l'Océan, sous la surveillance d'un géolier méchant et tracassier, jusqu'au moment où il rendit, le 5 mai 1821, sa grande âme à Dieu !

C'est encore à cette époque qu'appartiennent le changement de dynastie royale en Suède, au profit d'un grand homme de guerre, le maréchal Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, élu, le 21 août

1) Voir dans la première partie, titre III, § 24, l'attaque que fit l'amiral Gambier, sur la rade des Basques, de la flotte française, au moyen de brûlots incendiaires, ⚫ expédition atroce», dit M. Thiers, «qui a coûté à l'Angleterre beaucoup plus qu'à ⚫ la France. »

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1810, prince royal de Suède, et qui a régné depuis sous le nom de Charles XIV Jean; la réunion, le 9 juillet 1810, du royaume de Hollande à l'empire français, par suite de l'abdication du roi Louis Napoléon, signée le premier jour de ce même mois; enfin, le soulèvement des immenses colonies espagnoles de l'Amérique du Sud, séparées à jamais de la mère-patrie, et dont l'indépendance politique a été reconnue, depuis cette époque, par toutes les Puissances du Globe, et par l'Espagne elle-même.

Le roi Louis Napoléon n'avait accepté la couronne de Hollande qu'avec la résolution de défendre l'indépendance, la nationalité et les intérêts de ce pays; il règna en prenant ces principes pour guide. Après quatre ans d'exercice de la souveraine Puissance, reconnaissant que le resserrement, de plus en plus rigoureux, du blocus continental devait être, pour la nation hollandaise (dont l'existence était toute maritime et dont le négoce était le premier besoin), une cause de ruine qu'il ne pouvait conjurer, le roi Louis Napoléon descendit du trône le 9 juillet 1840.

Dans plusieurs autres pays, en Russie particulièrement, on souffrait vivement du blocus et des restrictions commerciales décrétées par l'Angleterre et par la France, bien que l'industrie intérieure eût fait, partout à peu près, des progrès réels, depuis que les échanges avec la Grande-Bretagne étaient interrompus et que cette nation manufacturière n'inondait plus de ses produits le continent européen.

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Le gouvernement britannique sût profiter et tirer parti de la lassitude qui se manifestait parmi les diverses populations, courbées sous le joug de la France. Habile dans tous les temps à susciter des ennemis à la France qu'il regarde, au point de vue surtout de l'industrie et du commerce maritime, comme la rivale la plus redoutable de l'Angleterre, il rechercha secrètement des alliances sur le continent.

Napoléon pour prévenir et contrebalancer les menées politiques de son ennemi, s'était lié, par des traités, le 24 février 1812, avec la Prusse, et, le 12 mars suivant, avec l'Autriche.

Il reconnaissait depuis quelque temps que son alliance avec la Russie devenait chancelante de plus en plus; il lui déclara la guerre le 22 juin.

Dès le 21 mars, la Russie avait attiré la Suède dans son alliance; le 28 mai, elle signa la paix, à Bucharest, avec la PorteOttomane.

De son côté, la cour de Suède se hâta de signer un traité de paix, à Oërebro, le 18 juillet, avec la Grande-Bretagne.

Enfin, la Russie qui négociait avec les Cortès d'Espagne, assemblées à Cadix, signa, le 20 juillet, avec leur envoyé et plénipotentiaire, à Welliki-Louki, un traité d'alliance et d'amitié.

Les hostilités commencèrent.

Chacun connait les brillants événements de guerre, pour l'armée française, au début de la campagne ouverte contre la Russie, et les catastrophes dont ils furent suivis.

Napoléon arriva vainqueur, le 14 septembre 1812, à Moscou, où il eut le tort incroyable de rester jusqu'au 18 octobre; son armée, étreinte par le climat glacé, tiraillée par les corps de Cosaques qui inquiétèrent sa retraite, arriva engourdie et mutilée en quelque sorte, mais cependant sans avoir perdu toute énergie, devant la Bérésina qu'elle passa le 26 et le 27 novembre.

Le 30 décembre, le général d'Yorck qui commandait les forces prussiennes, agissant, dit-on, à l'insu de son souverain dont tout ce qui ressemblait à la trahison eut révolté la loyauté, conclut une convention militaire secrète avec le général russe qui commandait les troupes auxquelles celles du général d'Yorck étaient opposées; un officier prussien, M. de Clausewitz, que sa haine contre Napoléon avait conduit sous le drapeau russe, servit d'intermédiaire en cette occasion.

Une fois ce fait immense accompli, et bien que le roi Frédéric-Guillaume III n'y eût point donné son assentiment préalable, une alliance fut conclue à Kalisch, le 23 février 1813, entre la Russie et la Prusse; cette dernière Puissance signa également le 14 juin, à Reichenbach, une convention en vertu de laquelle la Grande-Bretagne lui assura, pour l'année 1813, un subside de près de 70,000 livres sterling (1,750,000 francs).

L'Angleterre avait hâte de renverser la colossale puissance d'un ennemi qui avait entrepris de saper sa prospérité commerciale; elle fut, une seconde fois, depuis la révolution française, prodigue de ses trésors; elle distribua des subsides aux États du continent et les détacha tous successivement de l'alliance française, à l'exception du Danemarck qui, fidèle à sa politique loyale et à ses engagements, avait reserré son alliance avec la France, le 10 juillet 1812, et du roi de Saxe (dont une partie des régiments tournèrent leurs armes contre l'armée française, à la bataille de Leipzig, au mois d'octobre 1813). C'est ainsi que la Grande-Bretagne assura, pour l'année 1813, à la Suède un subside d'un million de livres sterling (25 millions de francs); à la Russie, d'un million 133,000 livres sterling (28,325,000 francs); et des subsides de moindre valeur à la Prusse, à la Bavière, au Wur

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