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blée d'envoyer au roi une députation chargée de lui présenter le respect, l'amour et la fidélité de tous les habitans de sa bonne ville de Paris, et surtout le sentiment de gratitude et d'admiration dont ils sont pénétrés pour la démarche à jamais mémorable qu'il avait daigné faire la veille au milieu de l'Assemblée nationale.

On a pris en conséquence l'arrêté suivant :

« Il a été arrêté, à l'unanimité, que la dépu>> tation qui est à faire au roi devant être une » députation de la ville de Paris, il est important » de conserver à la masse générale de la commune » l'honneur du choix des membres qui doivent » composer le fond de la députation; sauf à ajou>>ter, au nombre des soixante personnes qui seront >> choisies dans les soixante districts de la ville de » Paris, tel nombre d'électeurs employés au bu ́» reau de l'Hôtel-de-Ville, qu'il conviendra. Il a » en conséquence été arrêté que sur-le-champ les >> soixante districts seraient assemblés au bruit de » la caisse, pour parvenir à la nomination de 60 » députés au nombre desquels pourront être >> choisis les électeurs eux-mêmes, et qui, aussitôt » après leur nomination, se rendront à l'Hôtel>> de-Ville pour concerter avec les autres membres » de la députation les remercimens et l'adresse qui » sont à faire à Sa Majesté.

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» Arrête de plus que le présent arrêté sera sur>>le-champ imprimé et affiché partout où besoin

>> est. >>>

C'est cette députation qui avait causé tant de frayeur à l'œil-de-bœuf (1).

Sur la représentation que les étudians des colléges se faisaient inscrire au rôle de la milice parisienne, et en considérant le danger, pour les études et pour les mœurs, que ces jeunes gens, soustraits à la discipline et à la subordination, ne fussent dans le cas de mener une vie licencieuse, il a été déclaré qu'ils étaient exempts du service militaire, et défendu de les inscrire sur les rôles.

Des députés du district de Sainte-Opportune sont venus complimenter M. Moreau de SaintMerry, et lui porter la reconnaissance des citoyens, due à un homme qui, par son courage, sa fermeté et son sang-froid, avait préservé la patrie d'une ruine entière. Cet éloge et ces remercîmens étaient mérités.

M. de La Fayette a sauvé de la fureur du peuple un abbé que l'on prenait pour l'abbé Roy, et qu'on voulait pendre. Cet abbé Roy était accusé d'avoir excité l'émeute contre M. Réveillon (2). L'autre abbé, nommé Cordier (3), a été reconnu pour très

:

(1) Il paraît certain, notamment d'après le récit de M. Hue, qu'au château de Versailles on avait conçu les plus sérieuses inquiétudes sur le voyage du roi on craignait qu'il ne fût assassiné, ou, du moins, retenu dans Paris. (Note des nouv. édit.) (2) On a parlé de cette circonstance dans la Notice des Mémoires de Ferrières. (Note des nouv. édit.) (3) On verra, page 81, que Bailly tombe dans une légère contradiction. Il dit que ce fut l'abbé Tessier qui fut pris pour l'abbé Roy. (Note des nouv. édit.)

bon patriote, et M. de La Fayette lui en a donne certificat.

Tous les corps militaires de Paris, par députés, ont prêté serment entre ses mains. Sur ce qu'il a représenté la nécessité d'organiser la garde bourgeoise, et d'y incorporer ceux des gardes - françaises qui avaient sauvé la ville de Paris, et sur ce qu'il a observé que la ville de Paris donnant l'exemple de cette institution, il est à désirer qu'elle donne la première le titre qui convient à cette troupe citoyenne, il a proposé la dénomination de garde nationale. Ce qui a été accepté par l'assemblée qui a ordonné en même temps l'exécution de l'arrêté du comité permanent concernant le comité militaire.

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Je dois dire que les nouvelles alarmantes et fàcheuses se reproduisaient de temps à autre et étaient dues, et en grande partie, à l'inquiétude encore subsistante, et peut-être aussi aux ennemis publics qui voulaient entretenir le désordre que craignait l'Assemblée nationale on se plaignait déjà que le roi ne vînt pas ; on disait que le peuple était trahi, amusé par de vaines promesses.

M. de Leutre a rendu compte qu'il a fait transporter à la Halle tous les approvisionnemens faits à l'École militaire mais qu'il n'en résulte pas moins que la Halle est dans un état de détresse effrayante; et qu'en conséquence il était nécessaire de visiter les hôpitaux et les maisons religieuses pour connaître la quantité des secours qu'on

en pourrait tirer. M. Le Fèvre Gineau a dit que plusieurs électeurs avaient commission d'aller aux environs de Paris reconnaître et presser l'arrivée des subsistances, qu'il allait lui à Saint-Denis Senlis, Creil et Pont; M. de Bonneville à Vernon, Mantes et Meulan, etc.

Des députés qu'on avait envoyés pour vérifier la marche annoncée des troupes de Saint-Denis sont revenus, et ont dit que tout y était tranquille; ils ont rapporté un écrit du commandant, M. le baron de Falckenhein, qui portait qu'il n'avait point d'ordre hostile contre Paris, qu'il ne tarderait même pas à recevoir l'ordre de quitter SaintDenis; mais il prévenait de ne pas laisser approcher des gens de la plaine et à portée de SaintDenis, parce qu'il serait obligé de les repousser. Cette déclaration, qui n'avait rien que de conforme à l'ordre militaire inquiéta; on la renvoya à M. de La Fayette qui en jugea ainsi : mais comme on avait arrêté sur la route deux officiers qui pouvaient être venus pour observer, il opina pour qu'on les gardât dans Paris sur leur parole; ils consentirent même à rester à l'Hôtel-de-Ville.

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Deux choses très-essentielles étaient totalement arrêtées, la levée des impôts aux barrières, et la circulation des voitures dans l'intérieur de Paris; le comité ordonna de nouveau le rétablissement de la perception des droits d'entrée, et cet arrêté fat confirmé par l'assemblée; mais elle trouva que les alarmes n'étaient pas assez complétement dé

truites, ni la sûreté assez établie, pour ordonner, dans ce moment de défiance générale, qu'aucune voiture ne fût arrêtée, pour faire rouvrir par ordre les boutiques, les ateliers, les manufactures, ainsi que les spectacles. L'assemblée suspendit cet arrêté, et jugea sagement qu'il fallait être parfaitement sûr de la tranquillité publique pour en déclarer authentiquement le parfait retour. On a arrêté des secours pour les pauvres ouvriers du faubourg Saint-Antoine, que le service public avait empêchés de pourvoir à leur nourriture, et on a chargé de la distribution le comité des sub

sistances.

On a reçu les réponses des districts qui nommaient leur député pour la députation au roi : quelques-uns, comme Saint-Eustache, SaintGermain-l'Auxerrois, Saint-Nicolas-des-Champs, ont dit qu'il n'était pas temps. Ce district de SaintEustache avait été assez loin, car il avait tancé les électeurs d'avoir fait la proposition; il revint sur ses pas et nomma son député.

Sur les onze heures du soir, un député à l'Assemblée nationale, M. Herwyn, est venu annoncer que le roi se rendrait le lendemain à Paris, et il a annoncé la grande députation de l'Assemblée, qui devait en faire part à l'Hôtel-de-Ville de Paris. Elle est arrivée à une heure du matin, et elle a été reçue avec les honneurs convenables.

Vendredi 17 juillet.

Je me levai de grand

matin, voulant partir pour Paris à sept heures,

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