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res, qu'il ne remit qu'en 1817. Ses concitoyens voulant lui donner une marque de leur reconnaissance pour la sagesse de son administration, l'élurent, à une très grande majorité, président du gouvernement. En vertu d'un acte du congrès, il se disposa à inspecter les côtes maritimes, et à cet effet, il se rendit successivement à Baltimore, à Philadelphie, à New-York, etc. Il s'efforça pendant cette tournée administrative de ranimer l'esprit public, et de le diriger exclusivement vers l'intérêt unique de la patrie. On rapporte qu'il déclara à Hartford qu'il entendait être, « non le chef » d'une secte ou faction, mais le >président des Etats-Unis. »Il a dressa au congrès un message, dans lequel il faisait le tableau le plus satisfaisant de la situation tant intérieure qu'extérieure des Etats-Unis, et déclarait que ja mais elle n'avait été aussi satisfaisante. Il terminait son éloquent rapport, « en félicitant la nation d'avoir atteint la quaran»tième année de son existence >politique, et de ce que l'expérience d'une génération entière avait consacré une constitution libre, et consolidé un gouver»nement dont la seule ambition est de favoriser les progrès des a lumières, le maintien d'une paix universelle et le bien-être de l'humanité. »But à la fois grand, juste et philantropique. Au mois de mars 1818, M. Monroë exposa à la chambre l'état des relations entre les Etats-Unis et l'Espagne, déclarant qu'il n'avait pas jugé utile d'accepter la médiation de l'Angleterre relativement à la prise

de possession d'Amelia, que le gouvernement américain ne devait pas considérer comme une conquête. M. Monroë a été réélu, le 4 mars 1821, président des ÉtatsUnis. Ce célèbre magistrat a prononcé à l'ouverture de la session du congrès pour 1824 un discours des plus remarquables, et qui offrira une des plus belles pages de l'histoire des gouvernemens, en laissant de profonds souvenirs dans la mémoire des peuples. Il y trace avec autant de simplicité que de grandeur, la marche du Nouveau-Monde, et y expose les principes de la véritable indépendance et ceux de la plus sage liberté : principes, qui ont fait la prospérité et consacré la puissance de ces nouveaux et célèbres états, à la gloire desquels la France s'est associée, en concourant à les défendre à l'époque ou à peine consolidés, ils appelaient un généreux appui. Dans ce mémorable discours, on voit le gouvernement réclamer les lumières des citoyeus et chercher à rapprocher, par la confiance la plus intime et la plus franche, les dépositaires de l'autorité et les peuples qui lui obéissent. On y voit surtout avec un vif intérêt les Etats-Unis devant toutes les nations poser comme principe fondamental, que le continent de l'Amérique, par la condition libre et indépendante dont il jouit, ne doit plus être considéré à l'avenir comme susceptible de former encore des colonies européennes. « Je ne suis »plus terre d'occupation, sem»ble dire le nouveau continent »à l'ancien; ici sont des hommes

maîtres du sol qu'ils habitent,

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» égaux des hommes dont ils sont »>issus jadis, et résolus à ne trai>> ter avec eux que sur le pied de la plus exacte justice. » Ce mémorable discours ajoute une nouvelle étendue à la carrière déjà si vaste du célèbre magistrat qui l'a prononcé.

MONSEIGNAT (HIPPOLYTE), jurisconsulte, ancien magistrat, membre de plusieurs assemblées législatives, chevalier de la légiond'honneur, est né à Rhodez, département de l'Aveyron, en 1764. Il fut reçu avocat en 1786, et s'étant prononcé en faveur du nouvel ordre de choses, il devint, en 1791, procureur de la commune qu'il habitait, et en 1793, juge au tribunal du district. M. Monseignat, qui n'approuvait pas les excès de la révolution, fut chargé de rédiger et de porter à la barre de la convention nationale, l'adresse votée par toutes les autorités réunies de Rhodez, , pour protester contre la violation de la liberté des députés dans le sanctuaire même des lois, le 31 mai; destitué à cette époque, il fut bientôt arrêté et conduit à la Force, comme suspect de fédéralisme. Mis en liberté par suite de la révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794), il se rendit, en 1798, en qualité de commissaire du directoire-exécutif, près de l'adininistration centrale du département de l'Aveyron. En 1799, le collége électoral de ce département l'élut au conseil des cinq-cents. Il fit partie de la première formation du corps-législatif en 1801, y fut conservé par sénat en 1802, et réélu en 1807. Nommé secrétaire en 1808, il devint en 1809, par les suffrages de

le

ses collègues, l'un des sept membres destinés à former la commissionde législation civile et criminelle, qui seule était appelée à prendre part aux travaux préliminaires de la confection des lois. Choisi de nouveau en 1810 et continué en 1811, il fut nommé, par l'empereur, président de la commission de législation, reçut en récompense de ses services, la croix de la légion d'honneur, et s'associa activement aux discussions préparatoires du Code d'instruction criminelle et du Code pénal: il fit sur ce dernier, à la séance du 17 février 1810, un rapport qu'on lit avec le plus vif intérêt dans le recueil des matériaux de la législation de cette époque. Conseiller de préfecture en 1812, sous-préfet de Rhodez, et membre de la chambre des représentans en 1815, il a donné sa démission de toute fonction publique en 1816, et il se livre depuis cette époque aux occupations de jurisconsulte, dans lesquelles il s'est concilié l'estime publique.

MONSIAU (NICOLAS), peintre distingué, s'est fait plusieurs fois remarquer aux expositions du Louvre. Ses principales compositions sont la Mort d'Agis, et Louis XVI donnant des instructions à La Peyrouse; enfin une Scène du quatrième acte d' Iphigénie; la première de ces deux compositions a été commandée par le roi, et la seconde par le ministre de l'intérieur. Les autres tableaux de M. Monsiau sont: Eponine et Sabinus, qui lui a valu un prix d'encouragement; le lion de Florence; Aspasie; Molière lisant chez Ninon sa comédie du Tartufe; te

Tome 14.

M. de Monsigny.

Fremy

del et Sculp

Robert-Lefevre pino.

Mort de Raphaël; le Couronnement de Marie de Médicis, et la Prédication de Saint Denis. Il a composé les dessins d'une partie des gravures qui ornent la magnifique édition des Métamorphoses d'Ovide, par M. Villenave; une partie de ceux du recueil des OEuvres de l'abbé Delille; ceux qui représentest la mort de Cléopâtre, le triomphe de Paul Emile; et plusieurs autres. On trouve dans la manière de cet artiste, une grande facilité, du mouvement; mais on y cherche en vain de la chaleur et un meilleur ton de couleur. M. Monsiau avait été appelé à l'académie en 1790. Mais il ne fut pas compris dans l'organisation de lastitut national.

MONSIGNY (PIERRE-ALEXANDBE), rival de GRÉTRY, soutint, par la vérité de ses chants et la naïveté pathétique de son expression, une concurrence si redoutable. Il

chante d'instinct, disait Grétry; une sensibilité vraie lui inspirait »ces mélodies ravissantes qui, après 50 ans, répandent encore tant de charmes sur les partitions »du Déserteur et de Félix.» Il était né, le 17 octobre 1729, à Fauquemberg, en Artois, d'une famille noble. Employé dès l'âge de 19 ans dans la comptabilité du clergé, il sentit se développer en lui son goût inné pour la musique, en assistant à une représentation de la Servante maitresse de Pergolese. Son instinct musical, éveillé par le hasard, fut perfectionné par Gianotti, contre-basse de l'Opéra, et assez bon harmoniste. A peine 3 mois s'étaient écoulés que Monsigny essaie de composer luimême une partition, et donne, en

1759, à la foire Saint-Laurent, son petit opéra-comique des Aveux indiscrets. Cet ouvrage, qui précéda les chef-d'œuvres de Grétry de quelques années, place son auteur au rang des créateurs de notre second théâtre lyrique. En 1760, Monsigny donna le Maitre en droit; et, en 1761, le Cadi dupé: ces deux pièces sont de Lemonnier. Trop modeste pour sa gloire, il refusa long-temps de livrer au public son nom, qui fut cependant connu; la grâce de ses compositions et la terminaison italienne du mot Monsigny, le firent prendre pour un Italien. Il passa long-temps pour tel, et l'on ne parlait que de M. Moncini, c'est ainsi que l'on défigurait son nom dans les journaux. Sedaine, né pour l'art dramatique, comme Monsigny pour l'art musical, rechercha avec empressement l'auteur du Cadi dupé; leur liaison fut prompte et leur amitié vraie. C'est à l'alliance de ces deux talens que l'on doit Rose et Colas, le Déserteur, le Roi et le Fermier, qui eut plus de 200 représentation, et Félix ou l'Enfant trouvé. Ses autres alliances dramatiques furent moins heureuses. Il fit, avec Collé, l'Ile sonnante; avec Anseaume, le Rendez-vous bien employe; avec Favart, la Belle Arsene. Il a composé trois grands opéras, dont les paroles sont de Sedaine: Aline, reine de Golconde; et deux autres non représentés, Pagamin de Monegue, et Philemon et Baucis. La sensibilité vive et noble qui lui donnait ses succès en abrégea le cours. A 40 ans, après avoir beaucoup produit, il cessa de produire. Les hommes de

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