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pour leurs fonds d'État qu'elles prennent tant de soin de nous faire connaître et auquels elles ouvrent accès sur tous les grands marchés européens.

VIII-GUERRE, RUINE, OU RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ET ÉCONOMIQUE.

Mais ce qui, à notre avis, ressort jusqu'à l'évidence du travail auquel nous nous sommes livrés, c'est que l'Europe entière, avec le poids de ses dépenses militaires, avec la surcharge des dettes publiques et d'impôts qui l'écrasent, marche, si elle persévère dans cette voie, à la guerre, à la ruine, à une véritable révolution industrielle et économique. Quel que soit le pessimisme d'une telle conclusion, nous ne pouvons taire nos impressions. La paix de l'Europe n'est, à vrai dire, qu'un état de guerre latent, et cette situation qui semble la condition ordinaire du vieux continent pèse de deux manières sur le monde civilisé: elle lui enlève, d'une part, une bonne partie des capitaux constitués par l'épargne annuelle, par le travail de tous, pour entretenir des soldats, acheter des fusils, des canons, des munitions, construire des forteresses, des navires; d'autre part, elle l'empêche de se servir de ces capitaux énormes pour développer le commerce, l'industrie, le matériel de la production, diminuer les frais généraux de la nation. L'appréhension et les préparatifs de guerre deviennent aussi nuisibles et aussi coûteux que la guerre elle-même. Les finances de l'Europe sont tellement obérées qu'on peut craindre qu'elles ne conduisent fatalement les gouvernements à se demander si la guerre, avec ses éventualités terribles, ne doit pas être préférée au maintien d'une paix précaire et coûteuse. Si ce n'est point à la guerre que doivent aboutir les préparatifs militaires et les armements de l'Europe, ce pourrait bien être, ainsi que le disait, il y a vingt ans, lord Stanley, à “la banqueroute des États." Si ce n'est ni à la guerre ni à la ruine que doivent conduire de semblables folies, c'est assurément à une révolution industrielle et économique.

La vieille Europe lutte contre la concurrence de pays jeunes, riches, produisant à meilleur compte. Il est, au-delà de

l'Océan, une république puissante, l'Amérique, qui a su éteindre une dette que les nécessités d'une grande cause lui avaient fait contracter; elle offre au monde entier le spectacle d'une prospérité sans exemple. Tout récemment, le message du président Cleveland à l'ouverture du Congrès a traduit le sentiment d'un véritable embarras de richesses. En Asie, tous les peuples commencent à profiter des découvertes et des progrès que l'Europe a accomplis, et comme dans ces pays le prix de la main-d'œuvre et les charges publiques sont presque nuls, l'Europe entière éprouvera chaque année, de plus en plus, les effets de l'apparition sur la scène commerciale et industrielle, de tous ces peuples qui n'ont pas à payer, tous les ans, ni quatre milliards et demi pour les dépenses de la guerre, ni plus de cinq milliards pour les intérêts de leurs dettes publiques.

Le maréchal de Moltke disait récemment au Reichstag "qu'à la longue les peuples ne pourront plus supporter les charges militaires." Il aurait pu ajouter que le jour où les peuples se rendront compte de tout ce que leur coûte la guerre, même lorsqu'elle demeure à l'état de simple risque, lorsqu'ils considéreront la masse croissante d'intérêts que le progrès jette chaque jour du côté de la paix, les gouvernés sauront ce jour-là dicter leurs volontés à leurs gouvernants. Les 41 milliards d'augmentation des dettes publiques de l'Europe, depuis 1870, mis en regard des milliards de diminution de la dette de l'Amérique offrent un puissant enseignement. Non, les peuples ne pourront plus à la longue supporter de tels fardeaux; non, ils ne pourront plus continuer à travailler, à peiner, à souffrir, à élever péniblement leurs familles pour que leurs biens, leurs ressources, leurs épargnes, les êtres qui leurs sont chers, soient sacrifiés et détruits par la guerre dans des luttes gigantesques. Ils veulent la paix, profiter des bienfaits qu'elle procure, échanger paisiblement leurs produits, commercer, travailler; ils veulent tous une administration économe, des diminutions d'impôts.

À ces désirs, les gouvernements répondent en augmentant tous les ans les charges militaires, les préparatifs de guerre, les charges publiques.

Les peuples finiront par se lasser du maintien d'un tel état de choses qui nous ramène aux temps barbares: la civilisation qui a abattu les barrières entre les pays et les individus, rendu les comunications plus rapides et plus faciles, établi des chemins de fer et des routes, creusé des canaux, percé des montagnes et des isthmes, imposera la paix aux sociétés modernes d'une façon aussi irrésistible que la guerre s'imposait aux sauvages et aux sociétés anciennes. - Janvier, 1887.

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SCHAFT,"1 TRANSLATED IN THE "JOURNAL OF THE STATISTICAL SOCIETY," VOL. XLV. PP. 82-114.

THE

HE latter part of the present century has witnessed many changes in the economic and industrial conditions of the majority of the civilized countries of the world. Industries, arts, and manufactures have acquired a remarkable development; the more striking when we consider how rapidly the change has been effected. The progress made by individual States is easily traced by their degree of refinement and a study of their statistics; and from these it will be seen how quickly this transformation advances. Little less than a century ago the industries of certain countries and States were isolated and estranged; at the present time they are to a great extent united. It is not so long since that burdensome restraints were placed upon internal intercourse by reason of monopolies which were in the hands of guilds and corporations. In addition to this, staple rights and traffic rights, privileges which were granted to certain townships, had also the effect of restricting the progress of national, and in a far greater degree of individual, industries and trades. In some of the central European countries this state of affairs continued until very recently, and even when the horizon gradually began to widen among some of the more enlightened nations, this isolation still continued, though within extended boundaries. It was, however, not so much

1 Jahrgang, 1880, Stuttgart. Julius Maier, 1881.

2 The edition of the "Uebersichten" for 1887 has necessitated a number of changes in this translation. - B. R.

an isolation of town from town as province from province, and many European countries formed the type of a narrow minded policy of seclusion in their economic life. It was only during the decade from 1870 to 1880 that those administrative reforms were introduced which had the effect of causing the whole State to be recognized as a unit in respect of economic questions affecting the entire population. Soon after this important epoch in the history of economic progress, people became more sensible of the pressing need that existed of freeing commerce throughout the land from the burdensome restraints which had hitherto fettered it. As soon as the political horizon began to clear, the German States banded together and formed the Zollverein. Great Britain then proceeded to abolish protective tariffs; the continental States also, after a little time, reduced the existing high duties, repealed the guild and corporation laws, which until then had so paralyzed trade, and endeavored to enter into a species of political trades union with each other. It was not long before the European Governments, following the example set them by England and France in 1860, concluded a series of international commercial treaties, by which they reciprocally guaranteed to each other "most favored" treatment; and the subsequent modifications of the treaties thus contracted in the period 1860-68 were generally in a favorable direction, and tended to minimize the domain of customs' exclusion.

After the expiration of the treaty-period in 1877 we enter again upon a time of economic retrogression. The treaties. during later years were not collectively renewed, and although in some cases the duties had been raised, yet there was no actual return to the old system of restrictive and prohibitive tariffs. The force of circumstances imperatively demands that commercial relations should remain undisturbed, and not suffer from restraints placed upon free importation into the respective countries. In connection with the close economic combinations of all civilized nations, there has in our time been an increasing effort to attain a similarity of conditions with reference to industry, justice, and administration. The

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