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et entourons-nous de bonnes œuvres comme d'un

mur de défense contre l'attaque de l'ennemi de notre salut.

A LA MESSE.

ÉPITRE.

Saint Paul, ép. aux Philipp., ch. II, v. 5.

MBs frères, soyez dans la même disposition et dans le même

sentiment où a été Jésus-Christ, qui, ayant la forme et la nature de Dieu, n'a point cru que ce fût pour lui une usurpation d'être égal à Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la forme et la nature de serviteur, en se rendant semblable aux hommes, et étant reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui au-dehors. Il s'est rabaissé lui-même, en se rendant obéissant jusqu'à la mort, et jusqu'à la mort de la croix. C'est pourquoi Dieu l'a élevé à une souveraine grandeur, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tous les noms, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu son père.

NULLE part dans l'Écriture on ne trouve une preuve plus formelle des deux natures de JésusChrist, qui font l'un des principaux objets de notre croyance, que dans cette épître.

D'abord Jésus-Christ est Dieu; car il a pris la forme et la nature de Dieu. Il s'est fait égal à Dieu, et n'a pas cru, dit l'Apôtre, que ce fût une usurpation. Jésus-Christ est donc Dieu; car, s'il ne l'était pas, comment en aurait-il la nature? comment oserait-il se dire son égal? Dieu ne peut avoir d'égal que lui-même; et c'est parce que JésusChrist est vraiment Dieu comme le Père qu'il se dit l'égal du Père, consubstantiel avec lui,

aussi ancien que lui, aussi puissant, aussi infini que lui.

Mais non-seulement Jésus-Christ est Dieu, il est encore homme; homme parfait, comme il est Dieu parfait, puisqu'il s'est rendu semblable aux autres hommes. Il fallait en Jésus-Christ ces deux natures pour nous racheter du péché et satisfaire pleinement à la justice divine; car, comme c'était l'homme qui avait péché, il fallait que ce fût l'homme qui satisfit; mais, comme l'homme, et surtout un pécheur, ne pouvait offrir une satisfaction suffisante, il fallait que l'homme chargé de satisfaire fût vraiment Dieu, afin de donner à la satisfaction un prix qui fût proportionné à la malice du péché. Ainsi dans ce peu de lignes d'une des épîtres de saint Paul nous trouvons et la condamnation d'une des principales doctrines (*) qui aient infesté l'Église, et une explication claire de la manière dont Jésus-Christ a satisfait pour nous dans l'ineffable mystère de notre rédemption, tant les saintes Ecritures sont fécondes en instructions appropriées à tout ce qu'il est nécessaire que nous sachions.

Quelle grande leçon d'humilité nous donne Jésus-Christ! et combien nous serions coupables de ne point en profiter! Il s'est anéanti lui-même, dit l'Apôtre, en prenant la forme et la nature d'un serviteur. Il s'est assujetti à nos misères, rabaissé au niveau de notre néant; et de quel front,

(*) Celle d'Eutychès, qui ensei- en Jésus-Christ, erreur condamnée gnait qu'il n'y avait qu'une nature dans le quatrième concile,

chétives créatures que nous sommes, oserions-nous nous refuser aux humiliations ? En les souffrant, Jésus-Christ nous a prouvé qu'elles étaient nécessaires. Il a prouvé encore que, quelque rang qu'on occupe dans le monde, on n'en est point à l'abri. Nous avons beau les éviter, il n'y a personne qu'elles n'atteignent. La seule différence qu'il y ait à cet égard, c'est que plus on est élevé, plus elles sont pénibles. Dieu aime à confondre l'orgueil; mais il aime aussi à élever les humbles.

L'auteur de l'Imitation donne, à ce sujet, des leçons excellentes qu'on ne peut trop avoir sous les yeux: «Ne vous glorifiez point, dit-il (1), ni de « votre naissance, ni de vos richesses; car rien << n'est plus périssable que les faveurs de la for« tune. Ne tirez point vanité de votre taille ou de « votre beauté, que la moindre infirmité altère et « flétrit: n'ayez point de complaisance en vous« même pour votre habileté ou votre esprit, de « peur de déplaire à Dieu, de qui viennent tous « vos avantages naturels. Ne vous croyez pas meil<«<leurs que les autres; ne vous enorgueillissez << pas de vos bonnes œuvres, parce que les juge<< mens de Dieu sont bien différens de ceux des « hommes ; et que souvent ce qui plaît aux hommes « lui déplaît. Si vous avez quelques bonnes qua◄lités, croyez, pour conserver l'humilité, qu'il y << en a encore plus dans les autres. Vous ne risquez « rien à vous mettre au-dessous de tous; au lieu « que vous risquez beaucoup en vous mettant au(1) Liv. I, ch. VIII. 2, 3.

* dessus d'un seul. Une paix continuelle accompagne l'humilité; mais la jalousie et la colère « agitent souvent le cœur de l'orgueilleux. D

POUR LE DIMANCHE DES RAMEAUX,

ET AUTRES JOURS AUXQUELS ON LIT LA PASSION A LA MESSE.

EN

SUR LA PASSION DE Notre seignEUR J. C.

PREMIÈRE PArtie.

Saint Matthieu, ch. XXVI, v. 1.

N ce temps-là, Jésus dit à ses disciples: Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours, et que le fils de l'homme sera livré pour être crucifié. Au même temps les princes des prêtres et les anciens du peuple s'assemblèrent dans la salle du grand-prêtre, appelé Caïphe, et tinrent conseil ensemble pour trouver le moyen de se saisir adroitement de Jésus et de le faire mourir ; et ils disaient: Il ne faut point que ce soit pendant la fête, de peur qu'il ne s'excite quelque tumulte parmi le peuple. Or, comme Jésus était en Béthanie, en la maison de Simon le lépreux, une femme vint à lui avec un vase d'albâtre plein d'une huile de parfum de grand prix qu'elle lui répandit sur la tête, lorsqu'il était à table. Ce que voyant ses disciples, ils s'en fâchèrent, et dirent: A quoi bon cette profusion et cette perte? On aurait pu vendre ce parfum bien cher, et en donner l'argent aux pauvres. Mais Jésus, sachant ce qu'ils disaient, leur dit : Pourquoi tourmentezvous cette femme? Ce qu'elle vient de faire envers moi est une bonne œuvre; car vous aurez toujours des pauvres parmi vous; mais, pour moi, vous ne m'aurez pas toujours; et lorsqu'elle a répandu ce parfum sur mon corps, elle l'a fait pour m'ensevelir par avance. Je vous dis, en vérité, que partout où sera prêché cet évangile, qui le doit être dans tout le

monde, on racontera, à la louange de cette femme, ce qu'elle vient de faire envers moi. Alors l'un des douze, appelé Judas Iscariote, s'en alla trouver les princes des prêtres, et leur dit : Que voulez-vous me donner, et je vous le mettrai entre les mains? Et ils convinrent de lui donner trente pièces d'argent. Depuis ce temps-là, il ne cherchait plus qu'une occasion favorable pour le livrer entre leurs mains. Or, le premier des jours où l'on mangeait des pains sans levain, les disciples vinrent trouver Jésus, et lui dirent: Où voulez-vous que nous préparions ce qu'il faut pour manger la Pâque? Jésus leur répondit: Allez dans la ville, chez un tel, et lui dites: Le maître vous envoie dire: Mon temps est proche, je viens faire la Pâque chez vous avec mes disciples. Les disciples firent ce que Jésus leur avait commandé, et préparèrent ce qu'il fallait pour la Pâque. Le soir donc étant venu, il se mit à table avec ses douze disciples; et lorsqu'ils mangeaient, il leur dit : Je vous dis, en vérité, que l'un de vous doit me trahir. Cette parole leur ayant causé une grande tristesse, chacun d'eux commença à lui dire : Serait-ce moi, Seigneur ? Il leur répondit: Celui qui met la main avec moi dans le plat doit me trahir. Pour ce qui est du fils de l'homme, il s'en va, selon ce qui a été écrit de lui; mais malheur à l'homme par qui le fils de l'homme sera trahi; il vaudrait mieux pour lui qu'il ne fût jamais venu au monde. Judas, qui fut celui qui le trahit, commença alors à lui dire: Est-ce moi, mon maître? Il lui répondit : C'est vous-même. Or, pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, et l'ayant béni, il le rompit, et le donna à ses disciples, en disant : Prenez, et mangez, ceci est mon corps; et, prenant le calice, après avoir rendu grâces, il le leur donna en disant : Buvez en tous, car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. Or, je vous dis que je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu'à ce jour auquel je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon père; et ayant chanté le cantique d'actions de grâces, ils s'en allèrent sur la montagne des Oliviers. Alors Jésus leur dit : Je vous serai à tous cette nuit une occasion de

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