l'ayant entendu crier de la sorte, disaient : Il appelle Élie. : Vous avez des gardes, allez, faites-le garder comme vous l'entendrez. Ils s'en allèrent donc pour s'assurer du sépulcre; ils en scellèrent la pierre, et y mirent des gardes. VOILA donc le Sauveur de nouveau entre les mains des soldats qui l'avaient si cruellement traité. Ils lui ôtent le manteau de pourpre dont il l'avait revêtu par moquerie ; ils lui remettent ses habits, et se préparent à le conduire au lieu du supplice; mais auparavant ils chargent les épaules du fils de l'Homme, épuisé de fatigues et de douleur, du poids d'une lourde croix sur laquelle il doit être attaché. On se met en marche; mais à peine Jésus avait-il fait quelques pas, qu'il succombe sous le faix. Un nommé Simon, qui était de Cyrène, et qui venait des champs, passe sur la route. Moins par compassion, moins pour soulager Jésus, dont la faiblesse occasionnait du retard, que pour hâter le moment de son supplice, on contraint ce Simon de porter la croix du Sauveur. Dans la nombreuse troupe qui le suivait se trouvaient des femmes pieuses qui s'abandonnaient aux larmes et aux gémissemens. Jésus les entendit, et se tournant vers elles Filles de Jérusalem, leur dit-il, pourquoi pleurez-vous ? Ah! ne pleurez pas sur moi, qui remplis la volonté de mon père, mais pleurez sur vous et vos enfans; car le temps s'approche où l'on dira: Bienheureuses celles qui sont stériles! Tant d'infortunes affligeront cette malheureuse cité, que les habitans prieront les montagnes de tomber sur eux et de les déro ber à la colère du ciel; car si l'arbre qui porte du fruit est traité avec une telle rigueur, que doit-il arriver au bois sec et inutile? (1) On menait avec Jésus deux criminels qui devaient être exécutés en même temps que lui, et qu'on avait ordre d'attacher, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche. On croyait par là l'outrager davantage; et, par une providence remarquable, les ennemis de Jésus ne faisaient que concourir à l'accomplissement d'une prédiction d'Isaïe, qui annonçait cette circonstance de la passion du Sauveur. Ce prophète avait dit : « Il sera mis au nombre des scélérats (2). » Lorsqu'on fut arrivé sur le Calvaire, les soldats dépouillèrent Jésus, et lui présentèrent du vin mêlé de myrrhe. C'était un usage suivi à l'égard de ceux qu'on faisait moutir, parce qu'on croyait cette boisson propre à leur assoupir les sens, et à amortir en eux les grandes douleurs. Jésus porta les lèvres à cette liqueur; mais il n'en goûta point. Il avait bu jusqu'à la lie dans la coupe d'ignominie et d'angoisses, et n'avait pas besoin d'allégement; sa résignation suffisait à tout. Il s'étend de lui-même sur la croix. Les bourreaux l'y attachent au moyen de gros clous qu'ils lui enfoncent aux pieds et aux mains, et son sang ruisselle à gros bouillons. On élève ensuite la croix, et on l'enfonce rudement en terre. Quoique les souffrances de Jésus soient inouïes, il ne lui échappe ni un soupir ni un gémissement. S'il ouvre la bouche, c'est pour prier pour ses bour (1) Luc, XIII. 31. (2) Isaïe, LIII, 12. |