Page images
PDF
EPUB

homme souffrit, Jésus l'a souffert avec patience, et Jésus n'était point coupable. C'est donc un grand tort à nous, qui sommes coupables, de supporter impatiemment le peu que nous avons à souffrir. Voilà pour notre instruction dans les peines que Dieu pous envoie.

ES

POUR LE JOUR DE PAQUES.

ÉPITRE.

Saint Paul, I. ép. aux Corinth., ch. V, v. 7.

[ocr errors]

MBs frères, purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte toute nouvelle, comme vous êtes vraiment les pains purs; car Jésus-Christ a été immolé pour nous, lui qui est notre Pâque. C'est pourquoi célébrons la fête, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la corruption d'esprit, mais avec les pains purs de la sincérité et de la vérité.

Le soin du salut est de tous les temps, parce que c'est la grande affaire, et l'affaire la plus importante de la vie; la différer, la remettre à un temps plus opportun, se flatter qu'on fera mieux dans la suite ce qu'on ne se croit pas encore en disposition de faire assez bien, c'est d'abord s'abuser. Ce sont des prétextes que Dieu n'admet point, et que nous n'admettons pas nous-mêmes quand il s'agit de quelque intérêt temporel qui nous importe. S'il est question d'une entreprise dont nous croyons retirer de grands avantages, d'une grâce que nous sollicitons, d'une place que nous voulons obtenir,

[ocr errors]

d'une partie même de plaisir qu'on nous prépare et qui nous flatte, nous ne remettons pas tout cela à un autre temps; nous saisissons l'occasion, et nous nous ferions des reproches, si nous la laissions échapper. Pourquoi donc mettons-nous moins d'empressement pour les choses du salut? Pénétrons-nous de cette grande maxime : ce qui est nécessaire à faire, il faut le faire sans délai; car le lendemain n'est pas à nous.

C'est sans doute à cause de cette insouciance du salut, ou au moins à cause des éternels délais qu'on y apporte, que l'Église a consacré certains temps à des actes particuliers de piété qui nous rappellent des vérités que nous ne devrions jamais cesser d'avoir devant les yeux. Par exemple, pendant le Carême, elle nous avertit plus particulièrement de faire pénitence; elle nous remontre que la vie d'un chrétien doit être mortifiée, et que ce n'est que par le chemin de la croix, c'est-à-dire par les afflictions, qu'on arrive au port du salut. L'Eglise ainsi nous prépare à la célébration de la Pâque, regardée comme la fète de notre renouvellement à la grâce.

C'est à ce renouvellement spirituel que saint Paul exhorte les fidèles dans l'épître qui fait le su→ jet de cette instruction. Purifiez-vous, dit-il, du vieux levain, devenez une pâte nouvelle; préparez-vous à l'immolation de l'agneau sans tache, qui est la pâque des chrétiens. C'est, comme il est aisé de le voir, une allusion à la pâque des Juifs, figure imparfaite de la pâque des chrétiens.

On sait que la loi de Moïse prescrivait de s'abstenir de pain levé, et que le seul pain d'usage durant ce temps était du pain azyme ou sans levain. Les péchés sont quelquefois, dans l'Écriture, figurés par le levain. Abstenez-vous, y est-il dit, du levain des pharisiens (1), c'est-à-dire de l'orgueil et de l'hypocrisie, caractère distinctif de cette classe d'hommes. Ainsi, quand saint Paul recommande aux fidèles de se purifier du vieux levain, il entend qu'ils doivent se purifier de leurs péchés et de leurs habitudes vicieuses. Quand il leur dit de devenir une pâte nouvelle, il leur fait comprendre qu'il doit se former en eux un homme nouveau à la place du vieil homme, ou, en d'autres termes, qu'ils doivent imiter Jésus-Christ, qui est l'homme nouveau, et dont la vie a été sainte et sans taches, et dépouiller l'inclination au péché des enfans d'Adam, qui est le vieil homme, premier pécheur, et celui par qui le péché est entré dans le monde (2).

C'est dans ces dispositions qu'il faut célébrer la Pâque pour le faire avec fruit, el ressusciter véritablement avec Jésus-Christ et en Jésus-Christ.

ÉVANGILE.

Saint Marc, ch. XVI, v. I.

EN ce temps-là, Marie Madeleine, et Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des parfums, pour venir embaumer Jésus. Et le premier jour de la semaine, étant parties de

[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

grand matin, elles arrivèrent au sépulcre au lever du soleil. Elles disaient entre elles : Qui nous ôtera la pierre qui ferme l'entrée du sépulcre ? Mais, en regardant, elles virent que cette pierre, qui était fort grande, en avait été ôtée. Étant entrées dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis du côté droit, vêtu d'une robe blanche, dont elles furent fort effrayées; mais il leur dit : Ne craignez point; vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié; il est ressuscité, il n'est point ici; voici le lieu où on l'avait mis. Allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il s'en va devant vous en Galilée; c'est là que vous le verrez selon qu'il vous a dit.

IL n'était pas permis aux Juifs de faire aucune œuvre manuelle ou servile au jour du sabbat. Jésus-Christ avait été mis en croix le vendredi. Le soir même de ce jour, les saintes femmes dont il est parlé dans cet évangile achetèrent des parfums pour embaumer le corps de Jésus; mais ne pouvant vaquer à cette œuvre le lendemain, qui était le grand jour du sabbat et la fête de Pâques, elles furent obligées de remettre au troisième jour à rendre ce dernier devoir au corps du Sauveur. Dès l'aube du matin, et même avant que les ténèbres fussent tout-à-fait dissipées, elles prirent le chemin du tombeau. Il avait été creusé dans le roc. Une chose les inquiétait : c'est que l'entrée en avait été fermée par une grosse pierre difficile à manier; aussi se disaient-elles, en parlant entre elles: Qui pourra nous ôter cette pierre? Néanmoins cette difficulté ne les découragea pas. Elles approchèrent du tombeau; elles virent que la pierre en avait été ô:éc; elles y descendirent. Mais au lieu d'y trouver le corps de Jésus, elles y aper

curent à droite un jeune homme dont le corps resplendissait comme le soleil, et dont les vêtemens avaient la blancheur de la neige. C'était l'ange du Seigneur. Les saintes femmes furent extrêmement effrayées; mais l'ange les rassura. Que cherchezvous? leur dit-il. Jésus de Nazareth n'est plus ici; il est ressuscité, et voici le lieu où on l'avait placé. Allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il s'en va devant vous en Galilée, et que c'est là où vous le verrez, comme il vous l'a dit.

[ocr errors]

Cet évangile nons offre différens sujets de réflexion et d'instruction. La conduite des saintes femmes doit être notre modèle. Jésus est mort, et l'attachement qui les liait à Jésus vit toujours, prend même plus d'énergie. Elles ne se fient point aux soins de Joseph d'Arimathie, qui avait déjà embaumé Jésus; elles veulent elles mêmes remplir ce dernier devoir à l'égard du Sauveur, donner à ses dépouilles mortelles cette dernière marque de leur affection. Rien ne les arrête; la charité " l'amour l'emportent sur la crainte; la pierre qui ferme le tombeau les inquiète, mais ne suffit pas pour les détourner de leur résolution. Ces caractères sont ceux du véritable attachement, et doivent aussi être ceux du repentir du pécheur qui retourne sincèrement à Dieu. Il n'est retenu ni par ses anciens liens, ni par une mauvaise honte, ni par l'opinion qu'on pourra concevoir de lui; il se met en chemin dès l'aube du jour, c'est-à-dire le plus tôt qu'il peut; il n'attend pas même que les ténèbres qui offusquaient son âme soient tout-à-fait dissi

« PreviousContinue »