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POUR LE VENDREDI DE PAQUES.

ÉPITRE.

I. ép. de saint Pierre, ch. III, v. 18.

MBs très-chers frères, Jésus-Christ a souffert une fois pour nos péchés, le juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu, étant mort en sa chair, mais étant ressuscité par l'Esprit, par lequel il alla prêcher aux esprits qui étaient retenus en prison, qui autrefois avaient été incrédules lorsque la patience de Dieu les attendait au temps de Noé, pendant qu'on préparait l'arche, en laquelle si peu de personnes, savoir huit seule. ment furent sauvées au milieu de l'eau ; ce qui était la figure à laquelle répond maintenant le baptême, qui, ne consistant pas dans la purification des souillures de la chair, mais dans la promesse que l'on a faite à Dieu de garder une conscience pure, nous sauve par la résurrection de Jésus-Christ, qui, ayant détruit la mort, afin que nous devinssions les héritiers de la vie éternelle, est monté au ciel, et est à la droite de Dieu.

LA souffrance est un état naturel à l'homme, et qui est nécessairement attaché à sa constitution physique. Notre corps est composé de fibres délicates dont l'arrangement est admirable et parfaitement approprié aux fonctions qui doivent en résulter, et d'humeurs différentes sur lesquelles influe la température, et qui sont susceptibles d'altération. Ce serait assurément une chose étonnante que l'harmonie de tant de parties si compliquées ne se dérangeât jamais: or, dans ce dérangement consistent la maladie et les souffrances. Il est déjà

assez étonnant que notre corps résiste à tant de choses, et dure encore si long-temps malgré les principes de destruction que nous portons en nous-mêmes, dont nous favorisons encore le développement par notre manière de vivre, et par peu de soin que nous prenons de maîtriser nos passions.

le

Ce que j'ai dit des maux physiques, je puis le dire également des peines morales. Nous vivons en société et entourés de relations, de circonstances ou favorables ou préjudiciables à nos intérêts et à notre satisfaction. Il en résulte des attachemens, soit aux personnes, soit aux choses. Si ces attachemens sont contredits, si des liens qui nous sont chers se rompent, si des projets dont nous souhaitons vivement la réussite manquent, si nos nombreux désirs sont déçus, nous souffrons, et ces angoisses sont plus cuisantes encore que celles qui nous viennent des maux du corps.

Il suit de là que, si nous souffrons, c'est que les souffrances sont de l'essence de notre nature, Ou de celle de notre condition dans l'état social; et ce devrait être un motif pour les supporter avec patience. Mais, dans les principes du christianisme, il en est un autre d'un bien plus grand poids; c'est que Dieu veut bien prendre en expiation de nos péchés des souffrances auxquelles nous ne serions pas moins sujets quand nous n'en tirerions pas cet avantage; de manière que, des maux d'esprit et de corps auxquels nous ne pourrions nous dérober, Dieu veut bien faire pour nous des moyens

de satisfaction et de salut, et permettre qu'ils se tournent en remèdes efficaces pour notre âme. Nés pécheurs et vivant dans le péché, ne sommesnous pas trop heureux de pouvoir satisfaire à la justice de Dieu par un peu de patience? Si nous avions ces considérations présentes à l'esprit, nos souffrances nous paraîtraient bien légères; et au lieu de nous en plaindre, nous remercierions Dien de ce qu'il daigne nous en envoyer.

Un autre motif qui devrait nous soutenir dans nos souffrances, ce sont celles auxquelles le Sauveur a bien voulu se soumettre. Si nous souffrons, nous l'avons bien mérité; mais Jésus innocent, Jésus sans péché, Jésus saint comme son divin père, qu'avait-il fait pour souffrir? Il s'est néanmoins assujetti à notre nature, et a bien voulu partager nos misères; et quoiqu'il fùt la justice même, il a permis qu'on le traitât en coupable, il a subi le supplice destiné aux criminels. Le juste est mort pour les injustes ? Et pourquoi ?. Ce n'était ni pour lui, ni pour sa gloire; mais, comme le dit saint Pierre, pour détruire la mort, et afin que nous devinssions les héritiers de la vie éternelle » (1). ·

Nous devons donc souffrir avec patience, soit les maux physiques, soit les peines morales : 1° parce que ce sont des inconvéniens attachés à notre nature, et contre lesquels nous nous roidirions inutilement, que nous aggravons même par notre impatience. 2oNous devons souffrir ces maux patiemment, et nous y soumettre avec résignation, parce (1) I, ép, de saint Pierre, III. 22.

que ce sont des moyens d'expier dans ce monde nos fautes, qu'il nous faudrait, dans une autre vie, expier d'une manière beaucoup plus douloureuse. Nous devons 3° souffrir ces maux nonseulement avec patience, mais encore avec joie, parce qu'en souffrant, et en souffrant patiemment, nous nous rendons conformes à Jésus-' Christ, qui est notre modèle.

ÉVANGILE.

Saint Matth., ch. XXVIII, V. 16.

Ex ce temps-là, les onze disciples s'en allèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait commandé de se trouver; et le voyant, ils l'adorèrent. Quelques-uns néanmoins furent en doute si c'était lui. Mais Jésus, s'approchant, leur parla ainsi : Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer toutes les choses que je vous ai commandées. Et assurez-vous que je serai toujours avec vous jusqu'à la fin du monde.

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CET évangile nous met sous les yeux plusieurs points de notre religion qui méritent une attention particulière. Nous y voyons, 1° que toute puissance a été donnée à Jésus-Christ dans le ciel et sur la terre, et que c'est en vertu de cette puissance qu'il a établi son Église et lui a donné des lois et un gouvernement; 2.° qu'étant le chef invisible de ce peuple nombreux de fidèles, soumis sur la terre aux préceptes de son saint Évangile, a délégué, pour les gouverner visiblement, des pasteurs auxquels il a communiqué une partie de

cette puissance, pour qu'ils en usassent suivant des règles qu'il a lui-même prescrites; 3° qu'il leur a donné une mission spéciale, et les a chargés de promulguer son Évangile et sa doctrine dans tout l'univers, « Allez, leur a-t-il dit, et instruisez toutes les nations »> (1).

D'où résulte la conséquence nécessaire que les peuples doivent être dociles aux instructions des pasteurs; car ce serait en vain Jésus-Christ que aurait établi des prédicateurs et des maîtres de la science du salut, s'il n'y avait point de disciples; et ce serait encore vainement que ces maitres seraient établis, si les disciples n'étaient pas obligés non seulement d'entendre avec docilité leurs instructions, mais même de pratiquer la doctrine qu'ils enseignent. Aussi Jésus-Christ, dit-il dans un autre endroit (2), « qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous méprise me méprise. » 3° Que ces mêmes maîtres, établis par Dieu, ont reçu l'ordre, non-seulement d'instruire les peuples, mais encore de les baptiser (3) ; que le baptême par conséquent est nécessaire, et qu'on ne peut être sauvé que par lui, suivant ces autres paroles de l'Écriture (4): A moins qu'on ne renaisse par l'eau et par le Saint-Esprit, on ne peut entrer dans le royaume du ciel. » 4° Que ce baptême doit se donner au nom des trois personnes de la sainte Trinité; de sorte que, quoique la rédemption soit attribuée au Fils en particulier, le fruit de cette

(1) Matth., XXVIII. 19.
(2) Luc, X. 16.

(3) Matth., XXVIII. 19.
(4) Jean, III. 3.

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