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rédemption ne peut nous être appliqué qu'en vertu de la croyance au Père, au Fils, et au Saint-Esprit, personnes divines égales en sagesse, en puissance, coéternelles, incréées, ne faisant néanmoins qu'un seul et même Dieu, parce qu'elles n'ont qu'une seule nature et une seule divinité ; mystère ineffable que la raison ne comprend point, parce qu'il est au-dessus d'elle, et qu'elle doit adorer, parce qu'il a été proposé à la croyance de l'homme par une autorité qui ne peut ni se tromper ni le tromper. 5° Qu'il ne suffit pas d'être baptisé pour être sauvé, mais qu'il faut observer tout ce que Jésus-Christ a commandé. Or, il a ordonné de fuir le mal et de faire le bien. Il a recommandé l'observance des commandemens, et surtout celui de la charité. Enfin il a dit que celui qui les observe construit solidement l'édifice de son salut, au lieu que celui qui entend les paroles du salut sans les pratiquer est un insensé qui bâtit sur le sable (1). Mais à quoi eût servi que le Sau~ veur eût fondé une Église, si en même temps il n'avait donné à cette Église une stabilité que n'a aucun établissement humain? Elle avait commencé avec le monde par la promesse d'un sauveur; il fallait qu'elle durât autant que le monde : il faut donc que Dieu ne cesse pas de la protéger et de la conserver. C'est aussi la promesse qu'il a faite à ses disciples : « Je serai toujours avec vous, dit-il, et j'y serai jusqu'à la fin du monde » (2).

Tout passera donc, et subira tour à tour des ré(1) Matth. VII. 24, 26. (2) Matth XXVIII. 20.

volutions. Les empires se succéderont comme ils se sont déjà succédés; mais l'empire de JésusChrist ne cessera pas d'exister sur la terre jusqu'au moment où elle-même se dissoudra, et où commencera dans le ciel un nouvel empire de JésusChrist qui durera éternellement, et auquel sont attachées nos espérances et les seules consolations véritables qu'on puisse avoir dans cette vie.

POUR LE SAMEDI DE PAQUES.

ÉPITRE.

I. ep. de saint Pierre, ch. II, v. I.

MRS très-chers frères, vous étant dépouillés de toute sorte de malice, de tromperie, de dissimulation, d'envie et de médisance, comme des enfans nouvellement nés, désirez ardemment le lait spirituel et tout pur, afin qu'il vous fasse croître pour le salut, puisque vous avez déjà goûté combien le Seigneur est doux. Et vous approchant de lui comme d'une pierre vivante qui, bien que rejetée des hommes, a été néanmoins choisie de Dieu, et est précieuse devant ses yeux, entrez vous-même dans la structure de l'édifice, comme étant des pierres vivantes, pour composer une maison spirituelle et un ordre de saints prêtres, afin d'offrir à Dieu des sacrifices spirituels, qui lui soient agréables par Jésus-Christ. C'est pourquoi il est dit dans un lieu de l'Écriture: Je mets en Sion la principale pierre de l'angle, la pierre choisie et précieuse; et qui croira en celui qui est figuré par cette pierre, ne sera point confondu dans son espérance. C'est donc une pierre précieuse à vous qui croyez; mais, pour les incrédules, la pierre que les architectes ont réjetée, et qui néanmoins est devenue la tête de l'angle, leur est une pierre contre laquelle ils se heurtent, et une pierre qui les fait tomber, eux qui se

heurtent contre la parole de l'Évangile, la rejetant par une incrédulité à laquelle ils ont été abandonnés. Mais, quant à vous, vous êtes la race choisie, l'ordre des prêtres-rois, la nation sainte, et le peuple conquis, afin que vous publiiez les grandeurs de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ; vous qui autrefois n'étiez point son peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui autrefois n'aviez point obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde.

C'ÉTAIT aux Juifs nouvellement convertis que saint Pierre adressait ces paroles. Mais les instructions qu'elles contiennent conviennent à tous les fidèles, et c'est pour qu'ils en profitent que l'Église les leur fait lire. Tous les chrétiens doivent se dépouiller de toute sorte de malice, de dissimulation d'envie et de médisance. Tous, en vertu de la régénération du baptême qui leur a donné une nouvelle vie spirituelle, doivent ressembler à des enfans nouvellement nés, et désirer ardemment le lait spirituel et pur de la parole de Dieu, qui les fasse croître dans la grâce. La religion du Christ est une religion de bonté, parce qu'elle défend non-seulement toute action préjudiciable à autrui, mais même la pensée de chercher à lui nuire. C'est une religion de respect pour le vrai, parce qu'elle condamne le mensonge, et de charité envers tous les hommes, dont elle fait un peuple de frères; c'est enfin une religion d'indulgence pour l'égarement d'autrui, et de commisération envers les pécheurs, puisque, pécheurs nous-mêmes, et étant pleins d'imperfections, nous avons besoin qu'on use envers nous de la même condescendance. Telles

sont les dispositions dans lesquelles tout chrétien doit être. C'est à nous à examiner si en effet elles se trouvent dans notre cœur, à prier Dieu de les y faire naître, si elles n'y sont point; ou à les y fortifier, si elles sont trop faibles: mais jusqu'à ce que nous les ayons acquises, ne nous flattons pas d'être véritablement chrétiens. Il n'y a point de christianisme sans charité. L'âme chrétienne ne doit connaître ni ressentiment ni aigreur; non que Dieu exige de nous que nous ne sentions point; mais il veut le sacrifice de notre sensibilité, de notre amour-propre, et de toutes celles de nos affections qui ne sont point dans l'ordre de nos devoirs.

Mettons-nous donc dans ces dispositions, afin de pouvoir, suivant le conseil de saint Pierre, nous approcher de Jésus-Christ, comme de la pierre vivante choisie de Dieu, et précieuse devant ses yeux, et afin que nous puissions entrer nousmêmes dans la structure de l'édifice, comme étant aussi des pierres vivantes pour composer la maison spirituelle, c'est-à-dire pour être de vrais membres vivans de l'Église car, quoique les pécheurs ne soient pas séparés de l'Église par le péché, ils cessent néanmoins, jusqu'à ce qu'ils soient rentrés en grâce par une conversion sincère et par le sacrement de pénitence, d'appartenir à cet ordre de saints dont parle saint Pierre, et dont les sacrifices sont agréables à Jésus-Christ.

Ceux-là sont encore bien plus loin du salut qui méconnaissent Jésus-Christ, et rejettent, comme l'ont fait les Juifs, la pierre choisie, la pierre de

venue la tête de l'angle, pierre alors qui, au lieu de leur être de quelque utilité, leur devient un sujet de chute, et vérifie ce que dit de Jésus le grandprêtre Siméon, qu'il était né pour la chute et 'le rétablissement de plusieurs d'Israël, et pour servir de but de contradiction (1); non que Jésus n'eût été envoyé pour le salut de tous, mais parce que, les Juifs l'ayant rejeté, il était devenu pour eux comme un écueil et un sujet de perdition, par leur faute.

Ceux, au contraire, qui l'ont écouté sont devenus une race choisie, une nation sainte, un peuple qu'il a conquis pour le ciel. Ils sont destinés à publier ses grandeurs; ils ont obtenu miséricorde. La grâce les élève au-dessus de leur condition en les faisant frères de Jésus-Christ; au-dessus de leur propre nature, en leur donnant des forces qu'ils ne pourraient trouver en eux-mêmes. Elle les associe au grand héritage du ciel et à l'espérance de la gloire future, à laquelle on ne peut parvenir que par la médiation et les mérites du Sauveur.

E.

ÉVANGILE.

Saint Jean. ch. XX, v. I.

N ce temps-là, le premier jour de la semaine, MarieMadeleine vint du matin au sépulcre, lorsqu'il faisait encore obscur, et elle vit que la pierre en avait été ôtée. Elle courut donc, et vint trouver Simon-Pierre, et cet autre disciple que Jésus aimait, et leur dit: Ils out enlevé le Seigneur du sépulcre, et nous ne savons où ils l'ont mis. Pierre sortit aussitôt

(1) Luc, II. 34.

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