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pêchés de mourir; elle n'était destinée qu'à ali-
menter leur corps. Le pain au contraire dont parle
Jésus n'est point une nourriture terrestre ; il est
descendu du ciel: et cette expression doit se pren-
dre à la lettre, puisque ce pain est Jésus lui-même,
descendu véritablement du ciel, quant à sa personne
divine, pour venir habiter la terre, en prenant la
nature et la forme d'un homme. Ceux qui mangent
de ce pain ne meurent point; c'est-à-dire ne per-
dent point, et voient au contraire s'augmenter en
eux la vie spirituelle, puisque ce pain procure à
ceux qui le mangent, avec les dispositions conve-
nables, une augmentation de grâces. Celui qui
mange ce pain doit vivre éternellement, puis-
que, vivant dans la grâce, il mourra chrétienne-
ment, et passera
de cette vie dans une autre où
il jouira d'une béatitude éternelle. Enfin ce pain
est la véritable chair de Jésus-Christ, puisque
c'est la même chair que Jésus-Christ a donnée
pour la vie du monde, c'est-à-dire la même
chair qui a été immolée au sacrifice de la
croix. Il résulte de là que le pain eucharistique,
dont il est évidemment question dans ce passage,
contient réellement et véritablement le corps et
le sang de notre Seigneur Jésus-Christ; ce qui est
précisément le dogme enseigné par l'Église ca-
tholique.

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POUR LE JEUDI DE LA PENTECOTE.

ÉPITRE.

detés, ch. VIII, v. 5.

Ex ces jours-là, Philippe, étant venu dans la ville de Samarie, leur prêchait Jésus-Christ; et le peuple était attentif et écoutait avec une même ardeur ses discours, voyant les miracles qu'il faisait; car les esprits impurs sortaient des corps de plusieurs possédés en jetant de grands cris. Et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent aussi guéris; ce qui remplit la ville d'une grande joie.

PHILIPPE était un des sept premiers diacres choisis par les apôtres, pour faire aux fidèles les distributions d'usage; car, dans ces premiers temps de l'Église, tout était commun entre les chrétiens, et on distribuait à chacun selon ses besoins ; mais il est à remarquer que ce n'était pas seuleinent de ces distributions que les diacres étaient chargés, et que dès-lors le diaconat était un ordre sacré au-dessous du sacerdoce, lequel se conférait par l'imposition des mains (1), et qui donnait le pouvoir d'instruire particulièrement ceux qu'on préparait au baptême. En effet, nous avons vu ce même Philippe envoyé à un des premiers officiers de Candace, reine d'Ethiopie, pour l'instruire et le baptiser (2), et il remplit les mêmes fonctions à l'égard des Samaritains. J'ai cru devoir faire cette (1) Actes, VI. 6. (2) Actes, VIII, 26, 40.

remarque à cause de l'erreur de quelques communions chrétiennes séparées de l'église romaine, qui ont retranché le diaconat du nombre des ordres sacrés.

Le peuple, disent les Actes des apôtres, était attentif, et écoutait avec une même ardeur les discours de Philippe, voyant les miracles qu'il faisait. Ce texte nous offre la matière de deux observations; l'une qu'on ne peut écouter avec trop d'attention, et rechercher avec trop d'ardeur des instructions aussi importantes que celles qui tendent à nous assurer le bonheur d'une autre vie, et à régler nos mœurs et nos habitudes dans celle-ci; car il ne faut pas regarder les maximes évangéliques seulement comme des moyens de salut, mais aussi comme des règles de conduite qui nous seraient encore utiles, quoique dénuées alors de leur principal fondement, et qui le seraient à la société, dans la supposition impossible et absurde qu'il n'y aurait pas d'autre vie. Qu'enseigne en effet le christianisme Qu'il faut être bon, humain, charitable; qu'il faut remplir ses devoirs envers ses parens, envers les autres hommes, envers son prince, envers sa patrie; qu'il faut savoir modérer sa colère, réprimer ses passions. Or, je le demande, toutes ces vertus ne rendent-elles pas plus estimables, plus heureux même ceux qui les possèdent? On serait donc intéressé à les acquérir, quand il n'y aurait point d'autre vie; mais que doit-ce être quand il est impossible de douter que l'âme survive au corps, et que des peines ou des récom

penses nous attendent suivant que nous aurons négligé ou pratiqué ces vertus ?

L'autre observation est que la mission des apôtres était accompagnée de miracles nécessaires alors pour prouver qu'elle venait de Dieu. En effet, nul homme n'a droit d'exiger des autres hommes qu'il croie à une doctrine, à moins qu'il ne montre que c'est par l'autorité de Dieu qu'il l'annonce, et on ne peut douter de cette autorité quand la prédication est appuyée de miracles, c'est-à-dire d'œuvres qui ne peuvent être faites que par la puissance divine, et qui sont contre l'ordre accoutumé de la nature. Si le miracle est bien avoué, il est hors de doute qu'il est l'œuvre de Dieu, et que la doctrine prêchée ne peut être fausse, parce que Dieu ne prêterait pas le concours de sa puissance à l'erreur.

Mais ces miracles ne sont nécessaires que jusqu'à ce que la doctrine soit établie. Quand elle se trouve revêtue des autorités suffisantes pour qu'on ne puisse pas douter qu'elle n'émane que de Dieu, il n'est plus besoin de miracles. Dieu n'en fait pas inutilement il fournit à l'homme les moyens convenables pour l'éclairer ; et, s'il en est de naturels qui suffisent, il n'en emploie point d'extraordinaires. Cela nous explique pourquoi il y a eu des miracles lors de l'établissement de la religion chrétienne, et pourquoi il n'y en a plus, ou au moins pourquoi ils sont devenus très-rares? Car le bras de Dieu n'est point raccourci, et il est des circonstances où l'on ne peut nier qu'il en ait

fait. La bonté et la sagesse de Dieu se manifestent également, et par leur grand nombre lorsqu'il en fallait, et par leur cessation quand il n'en faut plus.

Il est aussi parlé dans cette épître d'un Simon, sur lequel il est bon de dire un mot pour le faire connaître. Il exerçait l'art de la magie avec quelque succès. Frappé des choses merveilleuses qu'il voyait les apôtres opérer, et surtout de ce qu'ils donnaient, par l'imposition des mains, le SaintEsprit, qui se manifestait quelquefois d'une manière visible, il se fit baptiser, et offrit à Pierre de l'argent pour obtenir de lui le même pouvoir; mais cette offre fut rejetée avec indignation. Ce même Simon voulut par la suite passer pour le Christ: étant à Rome, il promit au peuple qu'il s'éleverait dans les airs. Il parvint en effet, sans doute à l'aide du démon, à s'élever à une certaine hauteur; mais saint Pierre et saint Paul s'étant mis en prières, Simon tomba, et se cassa les jambes. On prétend que de désespoir il se précipita ensuite d'une fenêtre, et se tua. Eusèbe et les plus anciens auteurs ecclésiastiques rapportent ce fait (1). ÉVANGILE.

Ex

Saint Luc, ch. IX, v. 1.

N ce temps-là, Jésus, ayant appelé ses douze apôtres, leur donna puissance et autorité sur tous les démons, et le pouvoir de guérir les maladies. Puis il les envoya prêcher le royaume de Dieu et rendre la santé aux malades. Et il leur dit : Ne préparez rien pour le chemin, ni bâton, ni sac, ni pain, ni (1) Fleury, Hist. eccl., liv. II, c. 23.

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