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cités se trouvèrent naturellement investis de toutes leurs attributions; et, par conséquent, au droit de juger les différends entre particuliers, ils réunirent celui d'administrer les biens des communes, d'y faire les règlements de police, et d'en punir les infracteurs.

Par cette fusion du pouvoir municipal dans l'autorité judiciaire, disparurent, dans les villes préfectoriales, jusqu'aux dernières traces du droit, dont elles avaient joui si longtemps, de se gouverner elles-mêmes.

Cependant il en resta quelques vestiges dans la ville de Paris; mais elle ne dut cet avantage qu'à sa situation sur une rivière qui, par ses affluents, lui ouvrait des relations de commerce avec la plus grande partie du royaume.

On voit par d'anciens monuments que ce commerce était entre les mains des habitants les plus notables, qui formaient une société régie par une administration dont le chef avait le titre de maître de la marchandise de l'eau, et les membres celui de pairs bourgeois.

Ces monuments nous apprennent encore, qu'à l'époque de l'invasion des Francs, cette association avait déjà toute la consistance d'un corps politique; qu'elle était chargée de la confection et de l'entretien de tous les travaux relatifs à la navigation, tels

que les ponts, les ports,

les quais, les chemins de halage; qu'elle avait une juridiction qui s'étendait sur tous les débats relatifs à la navigation; enfin que, pour l'exercice de cette juridiction, elle avait un prétoire que l'on appelait le parloir aux bourgeois.

La nature de ces fonctions les attachait au pouvoir municipal. Cependant, comme elles appartenaient au maître de la marchandise de l'eau, lors de la suppression du défenseur de la cité, elles ne passèrent pas dans les attributions du tribunal substitué à ce magistrat. A l'égard des autres branches de l'administration communale, le comte et ses assesseurs, soit par insouciance, soit par incapacité, négligèrent tellement de s'en occuper, que toutes, à l'exception de la police intérieure de la ville, passèrent successivement au maître de la marchandise de l'eau et aux pairs bourgeois.

Sous le règne de saint Louis, le maître de la marchandise de l'eau et les pairs bourgeois étaient si généralement regardés comme les seuls officiers municipaux de la ville de Paris, qu'ils prirent les qualifications de prévôts des marchands et d'échevins, et que l'on donna celle d'Hôtel-de-Ville à la maison jusqu'alors désignée sous le nom de parloir aux bourgeois.

Comme le chef du tribunal ordinaire avait aussi

le titre de prévôt, Paris eut alors deux prévôts, l'un chargé de l'administration de la justice, l'autre investi du pouvoir municipal. Et quant à la police, le prévôt des marchands l'exerçait sur la rivière, et le prévôt de Paris sur toutes les autres parties de la ville.

Vers le milieu du dix-septième siècle, Paris avait déjà pris un tel accroissement en population et en surface, que le lieutenant civil du Châtelet, substitué au prévôt de Paris, et chargé tout à la fois de la distribution de la justice et de la manutention de la police, se trouvait dans l'impossibilité de remplir simultanément ces deux fonctions. En conséquence, par un édit du mois de mars 1667, aux trois lieutenants du prévôt de Paris, qui existaient alors, Louis XIV en ajouta un quatrième, qui, sous le nom de lieutenant général de la police, fut chargé de cette partie de l'administration intérieure de la ville.

Cet office fut conféré à M. de la Reynie. Paris. lui doit beaucoup, et son nom mérite d'être con

servé.

Mais, en sortant des mains du premier magistrat du Châtelet, la police n'en demeura pas moins attachée à ce tribunal. Le fonctionnaire était changé, mais les fonctions, restées les mêmes, conservaient le caractère qu'elles avaient auparavant, et le

magistrat qui était chargé de cette partie, l'exerçait sous l'autorité du parlement qui, sur la demande des particuliers, ou sur le réquisitoire du procureur général, annulait ou confirmait ses actes. Et même, lorsqu'il s'agissait de réformer des abus consacrés par le temps ou défendus par de nombreux intérêts, le parlement prenait l'initiative; et comme il était bien connu que l'on ne désobéissait pas impunément à ses arrêts, l'ordre s'établissait sans le concours du gouvernement, sans l'intervention de la force publique.

Enfin, lorsque des mouvements séditieux menaçaient la société, et que l'opinion publique était égarée au point que le peuple avait moins de confiance dans le gouvernement que dans ses magistrats, le parlement, toutes les chambres réunies, tenait des séances que l'on appelait de haute police.

A ces grandes et solennelles assemblées, assistaient des députés de la chambre des Comptes, de la cour des Aides, de la cour des Monnaies, le prévôt des marchands, et le lieutenant général de police.

Telle était l'organisation de la police. Quant aux autres branches de l'administration municipale, elles étaient confiées à un bureau et à des conseillers, dont la réunion formait ce que l'on appelait alors le Corps de ville.

Le bureau était composé du prévôt des marchands, de quatre échevins, d'un procureur du roi, et de la ville.

Le bureau, outre la connaissance des affaires municipales, avait la police de la rivière.

Le Corps de ville était formé du bureau, de vingt-six conseillers, ayant le titre de conseillers du roi, et de seize quarteniers, qui avaient chacun au-dessous d'eux quatre cinquanteniers, et seize di

zainiers.

L'élection du prévôt des marchands, subordonnée à la confirmation du Roi, avait lieu pour deux années. Les quatre échevins étaient renouvelés tous les ans, par moitié. L'un était tiré alternativement de la compagnie des conseillers et de celle des quarteniers; l'autre était pris parmi les six corps de marchands: mais dans les derniers temps, on s'était écarté de cette règle, en nommant à l'échevinage des avocats, des médecins, des notaires ou autres bourgeois notables.

Les électeurs du bureau de ville étaient les échevins, les conseillers, les quarteniers en exercice, et quelques bourgeois qualifiés notables, choisis par les quarteniers eux-mêmes.

Tel fut, sous le double rapport de l'administration et de la police, le régime intérieur de la ville de Paris, depuis l'établissement de la monar

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