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paux appartiennent à des départements différents, il sera statué par ordonnance royale.

La part de la dépense définitivement assignée à chaque commune sera portée d'office aux budgets respectifs, conformément à l'article 39 de la présente loi.

73. En cas d'urgence, un arrêté du préfet suffira pour ordonner les travaux, et pourvoira à la dépense à l'aide d'un rôle provisoire. Il sera procédé ultérieurement à sa répartition définitive, dans la forme déterminée par l'article précédent.

TITRE VIII.

DISPOSITION SPÉCIALE.

74. Il sera statué par une loi spéciale sur l'administration municipale de la ville de Paris. (Cette loi n'a pas encore été rendue.)

NOTICE HISTORIQUE

SUR LA VIE ET LES OUVRAGES

DE M. HENRION DE PANSEY,

PAR M. LOUIS ROZET.

Placé par une étroite liaison de famille sous l'amitié tutélaire de M. le premier président Henrion de Pansey, comblé de ses bontés depuis mon enfance, admis par lui dans une intimité qui faisait mon bonheur, je n'ai pas dû laisser à d'autres le soin d'honorer sa mémoire en écrivant sa vie. Des relations de tous les jours m'ont rendu témoin ou confident des faits que je rapporte; cette biographie aura donc l'avantage de la fidélité historique, et j'ose espérer que les nombreux amis de M. le premier président me rendront ce témoignage. Puissent-ils penser aussi que je n'étais pas trop indigne de tracer le portrait d'un si grand magistrat!

Pierre-Paul-Nicolas Henrion de Pansey naquit le 28 mars 1742 à Tréverai, près de Ligny en Lorraine (1), d'une famille honorable et justement considérée. Après avoir fait ses études et son droit à Pont-à-Mousson, il vint à Paris en 1762 sans être bien savant, comme il le disait lui-même. Reçu avocat le 10 mars 1763, il fit un stage de quatre ans, prescrit alors par les règlements, et fut inscrit sur le

tableau en 1767.

(1) Aujourd'hui département de la Meuse.

A peine assis au barreau, M. Henrion conçut la noble pensée de s'y faire par son mérite seul un nom et une clientelle. Jeune, obscur, isolé, il sentait tout ce qu'il lui fallait de travaux, de courage et de persévérance, pour atteindre ce but; mais il avait une volonté forte, et les obstacles ne l'effrayaient pas.

<< Ne compter pour rien les travaux de l'enfance, et >> commencer les sérieuses, les véritables études, dans le >> temps où nous les finissons; regarder la jeunesse, non » comme un âge destiné par la nature au plaisir et au >> relâchement, mais comme un temps que la vertu con» sacre au travail et à l'application;... devenir invisible pour >> un temps; se réduire soi-même dans une captivité vo»lontaire, et s'ensevelir tout vivant dans une profonde >> retraite, pour y préparer de loin des armes toujours victo>> rieuses,» voilà les conseils que d'Aguesseau donne aux avocats M. Henrion, les suivant à la lettre, se déroba au monde pendant dix ans, et, caché dans son cabinet, s'y livra sans relâche aux plus solides méditations.

La France était alors soumise au régime féodal. Quoique le progrès des lumières minât sourdement ces institutions que M. Henrion appelait, en 1773, « un assemblage bizarre » de lambeaux gothiques et disparates, » personne ne pouvait encore prédire ni prévoir l'époque de leur chute: M. Henrion dut s'attacher aux lois existantes, et s'appliqua au droit féodal. Procédant avec ordre, il fouilla d'abord dans les fondements de l'édifice, interrogea les vieux monuments de notre histoire, et pénétra peu à peu dans ce vaste labyrinthe qui n'avait pas non plus effrayé Montesquieu. Mais comme il devait étudier les lois féodales en jurisconsulte plutôt qu'en publiciste, comme il avait besoin de les expliquer, et non pas mission de les réformer, il s'entoura des meilleurs écrits, les analysa, se les appropria par une méditation profonde, et finit par classer dans sa tête un corps complet de doctrine sur la législation et la jurisprudence féodales.

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Parmi les nombreux feudistes qu'il consultait, Dumoulin fut son meilleur et son plus savant maître. Occupé pendant dix ans d'une analyse du Traité des Fiefs, M. Henrion voulut laisser un témoignage spécial de sa reconnaissance et de son admiration pour ce grand jurisconsulte il prononça son éloge, en 1773, dans une de ces conférences où les jeunes avocats venaient comme aujourd'hui, sous les auspices des anciens, s'éclairer par une sorte d'enseignement mutuel, et préluder aux luttes judiciaires devant un tribunal simulé.

C'était un tableau bien digne de l'intérêt du barreau que la vie de Dumoulin, de cet avocat simple et fier, pauvre et désintéressé, supérieur à son siècle par ses lumières comme par sa raison; parent d'une reine d'Angleterre (1), et n'estimant que le mérite personnel; décidant sur la possession d'un trône (2), et donnant des consultations devant un pilier du palais (3); arbitre des princes et dédaignant toutes leurs offres; inspirant une telle confiance qu'un de ces princes (4) voulut le forcer, par des tourments et l'appareil de la mort, à se charger de sa cause; plus utile au roi Henri II par sa plume qu'une armée de trente mille hommes, suivant le témoignage du connétable Anne de Montmorency; appelé en Allemagne, et traînant sur ses pas des flots d'admirateurs; reçu par les villes, par une tête couronnée, et revenant aussi

(1) Élisabeth, par Anne de Boulen, sa mère. (2) Celui de Hesse.

(3) Dans ses ouvrages, écrits en latin, Dumoulin interrompt quelquefois la plus savante dissertation en ces termes : « Ici ma femme » vint m'avertir qu'elle n'avait plus d'argent pour le ménage; j'allai » donc au Palais donner quelques consultations, et je rapportai de » l'argent pour plusieurs jours. Je reprends ma dissertation. » Cette naïveté charmait M. Henrion.

(4) Le prince de Montbéliard, dans les états duquel se trouvait alors Dumoulin.

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